Article
Progrès : la Côte d'Ivoire est en train de devenir laïque
- Titre
- Progrès : la Côte d'Ivoire est en train de devenir laïque
- Type
- Article de presse
- Créateur
- Ibn Youssouf
- Editeur
-
Alif
- Date
- avril 1993
- numéro
- 5
- pages
- 10
- nombre de pages
- 1
- Sujet
- Intégrisme
- Langue
- Français
- Est une partie de
-
Alif #05
- Identifiant
- iwac-article-0008390
- contenu
-
La Côte d'Ivoire est entrain de devenir laïque.
En Mars 1992, dans le numéro premier du Journal Alif nous nous interrogions en des termes clairs :
« La Côte d'Ivoire est elle un état laïc ? »
Naturellement cette interrogation a fait des vagues dans les milieux religieux, administratifs et politiques. Certaines autorités avaient vu à travers cette interrogation la montée de « l'intégrisme ». Or les musulmans ont le droit d'interroger la notion de laïcité car elle ne semble pas être appliquée à la lettre. Pourquoi ? Simplement parce que les faits et les pratiques de tous les jours démontraient et démontrent le contraire de ce que le texte fondamental stipule à son titre 1er article 2 : « La République de Côte d'Ivoire est une et indivisible LAÏQUE, démocratique et sociale ».
Un an après cette interrogation, les autorités de notre pays viennent de confirmer par le conseil des ministres du 11-03-93 que nous avions raison et que aujourd'hui encore nous avons raison, car ce qui est entrepris est le début de la recherche d'une certaine équité envers toutes les religions de ce pays. Nous pouvons affirmer sans risque de nous tromper que notre pays est entrain de devenir véritablement un état laïc et ce après trente deux ans d'injustices. La modification du décret N°65 - 127 du 2 avril 1965 fixant la liste et le régime des jours fériés est une bonne chose. Maintenant le lendemain de la nuit du destin, du jour de l'anniversaire de la naissance du prophète Mouhammad (P.S.L) et de la fête de la Tabaski ou la fête du Ramadan si celles-ci tombent un dimanche sont fériés et chômés.
<< Des pratiques existent encore >>
L'article 6 titre 1er stipule que la « République assure à tous, l'égalité devant la loi sans distinction d'origine, de race, de sexe ou de religion. Elle respecte toutes les croyances » Voilà pour la lettre. Faites un tour dans les écoles publiques à la veille des fêtes chrétiennes, les enseignants se croient obligés d'enseigner à tous les enfants toutes confessions confondues que Jésus (AS) est le fils de Dieu ou est Dieu. Or cette conception est opposable à la conception islamique. Les enfants au grand dam de leurs parents récitent les cantiques chrétiens. S'il faut saluer la retransmission en direct de la nuit du destin par la RTI, reconnaissons qu'il reste beaucoup à faire au niveau des médias. Les temps d'antennes de façon générale sont inversement proportionnels. Il est consacré peu de temps d'antenne aux musulmans alors qu'ils sont les plus nombreux. L'émission religieuse ALLAHOU AKBAR passe à des heures indues et cela malgré les plaintes répétées des musulmans. Cette situation dure depuis au moins dix ans. L'on s'interroge pourquoi fait-on subir tant de désagréments aux musulmans ? Il faut souhaiter que cette équité dont on parle tant soit effective. Et qu'elle procède d'une intention saine sans calcul politique.
<< Beaucoup reste à faire >>
Si les frères chrétiens sont heureux, ce n'est pas le cas des musulmans. Car à côté de nombreux édifices religieux (temple protestant à côté de l'immeuble SCIAM, l'Externat St-Paul à proximité de l'office du Bac, la cathédrale St-paul…) au plateau. Les musulmans se contentent de parkings et de jardins nauséabonds. Que dit la constitution ivoirienne lorsqu'une personne privée fait acte de dévolution d'une partie du territoire national en bail ou concession de longue durée à une puissance étrangère fut-elle religieuse ? Il faut souhaiter que les autorités ajoutent aux jours fériés musulmans existant, le 1er jour de la nouvelle année islamique qui est très important pour les musulmans. Lorsque l'on prend notre passeport sur l'une des pages, il est mentionné christian (prénom chrétien) pour désigner le prénom. Pourquoi ? Il est de notoriété publique et les textes de la constitution le disent que la Côte d'Ivoire est laïque. Donc il faut vite régulariser cette situation. La laïcité de notre pays doit être vécue pleinement par tous les fils de ce pays, car les injustices peuvent créer des frustrations et les frustrations le désordre... Aujourd'hui est plus que nécessaire de créer, de maintenir l'unité, la justice l'équité et la concorde. Ainsi nos législateurs à l'avenir devraient tenir compte des spécificités des musulmans à savoir penser au code du régime de succession, du mariage, du testament… On évitera d'imposer à toute une communauté les pratiques du droit que nous vivons dans notre pays inspiré plus du droit Judéo-chrétien que d'autre chose.
IBN YOUSSOUF
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