Après plus d’un siècle d’évangélisation et deux siècles d’islamisation, les populations togolaises, à l’origine adeptes de la religion traditionnelle, ont adopté les religions étrangères introduites sur leur territoire. Cette adoption est caractérisée par un syncrétisme dans les attitudes religieuses, conséquence de nombreux facteurs interactifs. En effet, l’analyse de la rencontre interreligieuse au Togo révèle de nombreux points d’achoppement. Le contexte global de l’évangélisation et de l’islamisation, celui de la double colonisation, allemande et française, a eu des incidences sur les rapports entre les populations et les acteurs religieux étrangers, sur la forme et le degré d’appropriation des religions étrangères par les populations locales. La recherche des raisons historiques profondes – qui expliquent le «flottement» des convertis catholiques, protestants, musulmans et leur recours fréquent à la religion traditionnelle – soulève le problème du rapport entre culture et religion, en particulier dans les pays colonisés, islamisés et évangélisés.
Les Musulmans au Togo constituent une minorité religieuse qu'on n'a pas connue de façon précise. La présence musulmane au Togo est relativement récente (deuxième moitié du 17ième siècle). On note une grande diversité ethnique et linguistique parmi les musulmans du Togo. Depuis que l'Union Musulmane du Togo s'est créée et avec l'arrivée au pouvoir du général Etienne Eyadema, l'Islam occupe une place de plus en plus marquante dans la vie de la nation togolaise.
Cette étude se propose de faire un inventaire le plus complet possible. Elle a les objectifs suivants: - faire un rappel historique de la pénétration musulmans; - donner des précisions numériques dont certaines du reste, ne sont qu'approximatives; - localiser et décrire les communautés musulmanes avec les éléments qui les composent, leurs mosquées, leurs écoles coraniques et leurs activités; - souligner l'importance des principaux centres de l'Islam; - évoquer les formes de l'Islam dans ce qu'il y a de traditionnel en Afrique noire; - exposer les tendances nouvelles qui se manifestent chez les Musulmans du Togo. Dix annexes: Documents du Congrès statutaire et constitutif des 1er, 2 et 3 mai 1970 de l'Union Musulman du Togo - Tableaux divers - Le destin de Kong, berceau des Tchokossi.
La situation sécuritaire dans le Sahel central est à ce point dégradée que la menace djihadiste déborde désormais sur la partie nord des pays côtiers d'Afrique de l'Ouest. Les régions de l'Est et des Cascades au Burkina Faso ou celles de Sikasso et de Kayes au Mali constituent des bases arrière permettant aux groupes djihadistes – et principalement à la Jama'at Nasr al-Islam wal Muslimin (JNIM) pour l'instant – de s'étendre au Bénin, en Côte d'Ivoire, et dans une moindre mesure au Togo, au Ghana, au Sénégal et en Guinée. Cette excroissance territoriale djihadiste va progressivement donner naissance à des foyers djihadistes de plus en plus endogènes dans ces États, composés de recrues locales et qui se nourrissent des fragilités propres aux territoires où ils se développent : tensions d'accès aux ressources, stigmatisation communautaire potentiellement exacerbée par des groupes d'autodéfense, existence de réseaux criminels prompts à se « djihadiser ». La propagation de l'idéologie djihadiste depuis le Sahel central au-delà des frontières sud constitue le moteur permettant d'exploiter et de transformer les frustrations et les injustices qui découlent de ces situations de fragilité. Comme au Sahel central où les autorités ont pris trop tardivement conscience de cette réalité. Pour les pays côtiers d'Afrique de l'Ouest, où la menace reste encore contenue en intensité et limitée géographiquement, il est encore temps de prévenir une dégradation de la situation sécuritaire. Pour cela, les autorités de ces États doivent aligner des réponses civiles et militaires qui soient adaptées à la nature de la menace et qui réduisent de façon radicale l'ampleur de ces fragilités.
La détérioration de la situation sécuritaire au Burkina Faso, qui a suivi la chute du président Blaise Compaoré en octobre 2014, laissait craindre une diffusion du djihadisme à la Côte d’Ivoire, au Ghana, au Bénin et au Togo. Ces pays côtiers du golfe de Guinée, qui furent longtemps épargnés par cette menace – à l’exception de l’attentat de Grand-Bassam en Côte d’Ivoire en mars 2016 – ont été la cible d’attaques dans les zones frontalières avec le Burkina Faso et le Niger au cours des dernières années. Ce texte souhaite aller au-delà d’une perspective strictement sécuritaire sur le Bénin et le Togo en se penchant plutôt, d’une part, sur les répercussions de la lutte contre le terrorisme sur la démocratie et, d’autre part, sur les conséquences de la sécuritisation de l’islam et plus particulièrement du salafisme – surtout présent au Togo – sur les minorités musulmanes des deux pays. Des leaders politiques et même musulmans ont en effet présenté l’islam radical et en l’occurrence le salafisme comme un enjeu de sécurité et une menace pour la cohabitation religieuse.
During the pre-colonial period, for mainly socio-political and economic reasons, today's Togolese space was home to large flows of migrants from the sub-region between the 16th and the end of the 19th century. These flows, followed by an almost perfect integration of migrants, allowed the continuation, recomposition and transformation of the different settlement areas. There was a very pronounced mixing of the identities of local and migrant communities. However, the erection of colonial borders at the end of the 19th century had slowed the traditional logic of the free movement of people and goods. Admittedly, the new migrants of the German colonial period succeeded in many ways in their integration, but this integration was also limited. At the same time, the dynamics of integration and identity mixing of the previous period were reinforced in Togolese space.
Le phénomène migratoire s’intensifie à travers le monde au gré des intérêts de ses acteurs. Migrants de tradition, des Sahéliens, pour des raisons diverses, se déplacent à travers la sous-région ouest africaine. Cet article s’appuie sur des données tirées des fonds documentaires et sur des entretiens approfondis avec des informateurs identifiés au moyen de la technique de choix raisonné pour analyser la migration et l’insertion socioéconomique et spatiale des migrants sahéliens au Togo de la fin du XIXe siècle jusqu’à 1975. L’analyse a permis de comprendre que le départ des Sahéliens de leur pays d’origine vers le Togo s’observait déjà avant l’érection des frontières coloniales. De plus, ce mouvement s’est poursuivi pendant et après la colonisation. Mais, les migrants se trouvaient confrontés à des difficultés d’insertion. En réaction, face à ces obstacles, ils avaient élaboré des stratégies de contournement par lesquelles ils ont réalisé, à partir des Zongo qui constituaient leur milieu d’accueil et de résidence, leur insertion socioéconomique et spatiale, même si celle-ci était limitée.
Si l’Université de Lomé, auparavant sous l’emprise du parti unique du Rassemblement du peuple togolais, est souvent perçue comme un haut lieu de la contestation parfois violente du pouvoir depuis le tournant des années 1990, elle est aussi caractérisée par une multiplication d’associations religieuses de différentes confessions. Cette communication propose de retracer l’histoire du militantisme islamique dans cet établissement d’enseignement supérieur laïc depuis la création de la Jeunesse estudiantine islamique de l’Université du Bénin dans les années 1980. L’engagement militant sur ce campus reflète, d’une part, les mutations plus larges qui ont caractérisé l’islam au Togo au cours des dernières décennies, dont le rôle joué par cette élite musulmane dans les débats politiques. D’autre part, il met en relief les défis auxquels font face les jeunes étudiant.e.s musulman.e.s en contexte minoritaire et autoritaire, qui sont exacerbés par la méfiance de l’État envers l’islam "politique" et les craintes plus récentes de l’extension du djihadisme aux pays côtiers du Golfe de Guinée.
The film 'Muslims in Mango', which was made during fieldwork among the Anufom in the period 1969-1971, gives an impression of how Islam manifests itself in northern Togo. It centres upon two aspects, writing and prayer. The present report deals briefly with the origins of the Anufom, literacy and writing, the degree of Islamization among the Anufom, the influence of Islam on daily life, Koran schools, 'Islamic magic', the use of written Arabic texts as magic, prayers, mosques, Friday services, the selection and installation of a new Imam, and the genealogy of the Imams of the Kambaya House in N'zara. The film commentary has also been included.
This is the first in a joint series of publications by ACLED and the GI-TOC profiling non-state armed groups in West Africa and exploring the intersections between their involvement in illicit economies and the provision of governance. The series brings new material and updated analyses using the ACLED database and qualitative research, examining how armed groups survive in their political and economic environments.
Each paper will examine the evolution, structure and tactics of armed groups, as well as their transnational relationships, means of financing, and governance practices. The series will offer a closer look at Jama’at Nusrat al-Islam wal-Muslimin (JNIM), bandit groups in north-western Nigeria and Ambazonian separatists in Cameroon, with a summative paper reflecting on broader findings.
This volume examines religiosity on university campuses in Sub-Saharan Africa. Focusing on both individuals and organized groups, the contributions open a window onto how religion becomes a factor, affects social interactions, is experienced and mobilized by various actors. It brings together case studies from various disciplinary backgrounds (anthropology, sociology, history, religious studies) and theoretical orientations to illustrate the significance of religiosity in recent developments on university campuses. It pays a particular attention to religion-informed activism and contributes a fresh analysis of processes that are shaping both the experience of being student and the university campus as a moral space. Finally, it sheds light onto the ways in which the campus becomes a site of a reformulation of both religiosity and sociality.
Das Verhältnis von Islam und Politik hat schon immer großes Interesse geweckt. Es scheint, so das öffentliche Gemüt, eine eindeutige Sache zu sein, dass der Islam von seinem Wesen aus politisch sei. Die spiegelbildliche Antwort auf diese These, dass der Islam als Religion mit der Politik nichts zu tun hätte und schließlich lediglich politisch missbraucht, instrumentalisiert würde, liest sich allerdings ebenso leichtfertig wie apodiktisch. Löst man sich von derartigen Vorstellungen vom scheinbar eindeutigen Verhältnis zwischen Politik und Religion, was keineswegs alleine für den Islam gilt, so ergibt sich ein weitaus komplexeres Bild. Ich möchte hier – nicht in systematischer Absicht – drei Exemplare aufgreifen, bei denen das Verhältnis zwischen Islam und Politik auf eine spezifische Weise thematisiert wird.
Connaissant bien la ville de Sokodé qu'ils ont arpentée, l'un en qualité de chercheur en sciences sociales, l'autre pour gérer un programme de développement local, les auteurs nous introduisent dans son intimité : son histoire, ses lieux de mémoire, les groupes sociaux qui ont fait la ville, également les nouveaux acteurs locaux. Mais en plus de cette approche monographique, ils nous font partager des convictions plus générales : La carte permet une vue d'ensemble indispensable pour que l'habitant, au-delà de sa vie de quartier et des itinéraires habituels, comprenne qu'il est citadin d'une ville. Ceci est d'autant plus important dans les agglomérations " multicentrées " que les appartenances résidentielles y sont très fortes : chacun est, d'abord, membre d'une communauté historique, ancien village devenu quartier urbain. On retrouve cette réalité structurelle dans un grand nombre d'anciennes cités marchandes d'Afrique de l'Ouest, qui furent fondées sur une alliance ternaire entre autochtones, clans immigrés spécialistes du pouvoir politique centralisé et commerçants musulmans. L'informatique révolutionne la cartographie de multiples façons : en facilitant la superposition des cartes, en projetant les cartes antérieures sur un fond topographique plus précis, en intégrant les périmètres urbains dans des cartes à plus petite échelle, en assurant le suivi du front d'urbanisation et de l'extension des réseaux, etc. Mais ces ouvertures méthodologiques sont, ici, inséparables d'une pratique de terrain en liaison avec les services techniques, avec les géomètres qui bornent les lotissements, avec les responsables de projets et - pourquoi pas ? - avec des associations de quartier. Cet atlas se veut donc autant un ouvrage didactique sur une ville particulière qu'une initiation à la gestion de la cité. Sont bien sûr concernés, en premier, les opérateurs de l'aménagement, également les édiles qui cherchent à promouvoir leur localité dans un contexte d'urbanisation générale où sévit la concurrence entre les chefs-lieux, mais aussi les citadins-citoyens qui entendent participer concrètement à la vie municipale : celle de leur ville de naissance ou d'accueil.
Les difficultés des États sahéliens et des acteurs internationaux à enrayer les activités des groupes armés djihadistes expliquent que des nuages sombres s’amoncellent autour de certains pays côtiers ouest-africains. Comment y faire face ?
The main conclusions drawn from this study are that since there seem not to have been any clear-cut guidelines or documented policy of the British and the French on Christians and Muslims in Africa, the colonial governments related with Islam based on the discretion or decision of the Governor General. But whether a policy or attitude, it is clear that it was acted upon, implemented and very consistent in action. After the independence of the Ghana and Togo, successive governments of the two countries under study have made efforts constitutionally, educationally and spiritually to foster Christian-Muslim relations since adherents of the two religions continue to interact and engage one another.
The new study provides important insights into the situation of Ghana and Togo on the security chessboard in the region between the Sahel and the Gulf of Guinea. Both countries have increasingly become the focus of jihadist groups in recent years, especially due to the deteriorating security situation in Burkina Faso and Mali. The study looks at the varying degrees of jihadist terrorist threat in the West African countries on the Gulf of Guinea and sheds light on intergovernmental approaches in order to arm themselves against the growing danger of jihadist terror.
This publication is the result of several field studies conducted by Promediation's local teams and consultants as part of their programmes in the Sahel and the Gulf of Guinea.
Faced with jihadist breakthrough in Burkina Faso, neighbouring states in West Africa's Gulf of Guinea increasingly fear attacks in their own territories. These countries should improve intelligence sharing, strengthen border controls and regain the trust of local populations.
(L’islam au). L’islamisation au Togo s’est faite au début du XVIIIe siècle par des marchands itinérants et par l’installation de groupes de populations islamisées. Faible, la progression de l’Islam est cependant constante, et touche façon inégale les régions et les groupes ethniques. Le 27 septembre 1963, l’Islam togolais qu’aucune structure n’organisait auparavant, se dote d’une Union musulmane du Togo (UMT) qui lui insuffle une nouvelle dynamique en l’inscrivant dans le champ monopartidaire du Rassemblement du peuple togolais.