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Dossier : les banques islamiques
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- Titre
- Dossier : les banques islamiques
- Créateur
- Abdoulaye Bio Tchané
- Editeur
- Ehuzu
- Date
- 2 octobre 1984
- Résumé
-
Depuis le début des années 1960 et l'émancipation d'un grand nombre de pays du Tiers Monde, est née une catégorie d'institutions de financement appelées banques islamiques. Ces banques qui ont surtout été connues au Moyen-Orient et dans le Maghreb ont commencé depuis 1982 à s'installer en Afrique de l'Ouest. Ainsi sont nées les filiales de la Dar Al Mal Al Islami à Dakar (Sénégal), Niamey (Niger) et Conakry (Guinée).
Ce système d'intermédiation financière était très peu connu dans notre sous-région si bien que ces banques se sont installées dans une quasi-indifférence dans les trois pays précités ; dans les autres Etats comme le Bénin, seuls quelques Initiés connaissent leur particularité.
Pour permettre une certaine vulgarisation de la notion, sont présentées dans cet article la philosophie, la stratégie et la structure financière de ces Institutions. La présentation est limitée à ces trois aspects pour des motifs techniques liés à la publication de cet article. C'est dans ces conditions que d'autres aspects tels que le rôle des banques dans la création monétaire, l'application de la loi bancaire aux banques islamiques ... ne seront pas abordés. - Page(s)
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- Relation
- Dossier : les banques islamiques
- Détenteur des droits
- La Nation
- Langue
- Français
- Source
- Bibliothèque du Congrès
- Contributeur
- Frédérick Madore
- Identifiant
- iwac-article-0004049
- contenu
-
Depuis le début des années 1960 et l'émancipation d'un grand nombre de pays du Tiers Monde, est née une catégorie d'institutions de financement appelées banques islamiques. Ces banques qui ont surtout été connues au Moyen-Orient et dans le Maghreb ont commencé depuis 1982 à s'installer en Afrique de l'Ouest. Ainsi sont nées les filiales de la Dar Al Mal Al Islami à Dakar (Sénégal), Niamey (Niger) et Conakry (Guinée).
Ce système d'intermédiation financière était très peu connu dans notre sous-région si bien que ces banques se sont installées dans une quasi-indifférence dans les trois pays précités ; dans les autres Etats comme le Bénin, seuls quelques Initiés connaissent leur particularité.
Pour permettre une certaine vulgarisation de la notion, sont présentées dans cet article la philosophie, la stratégie et la structure financière de ces Institutions. La présentation est limitée à ces trois aspects pour des motifs techniques liés à la publication de cet article. C'est dans ces conditions que d'autres aspects tels que le rôle des banques dans la création monétaire, l'application de la loi bancaire aux banques islamiques ... ne seront pas abordés.
I. — PHILOSOPHIE DE LA BANQUE ISLAMIQUE
La banque islamique est une institution de financement qui repose sur un principe essentiel : le refus du taux d’intérêt comme rémunération des capitaux.
A partir de ce principe et d'autres, se bâtira une philosophie de la banque islamique. Cette philosophie tire son inspiration des trois textes fondamentaux de la religion musulmane que sont : le Coran, la Sunna et les Hadiths.
A partir de l’élément central qu'est la prohibition de l'usure (RIBA) et du taux d'intérêt, les économistes islamiques vont forger des instruments de financement fondés sur l’idée de la participation.
La philosophie de la banque islamique repose donc sur deux séries de principes : d’une part ceux qui sont d’origine essentiellement réligieuse, et d’autre part ceux qui sont d'origine principalement économique.
A. — LES FONDEMENTS RELIGIEUX
Comme souligné plus haut, les fondements de la banque islamique sont d’abord d'origine réligieuse. Ils reposent en effet sur le Coran qui est le livre religieux par excellence puisque d’inspiration divine ; ensuite ils reposent sur la Sunna qui est l'ensemble des actes du Prophète Mohamed et des traditions pré-islamiques approuvées par lui ; enfin ils reposent sur les Hadiths, qui sont les actes et les paroles du Prophète Mohamed rapportés par des tiers. Ces textes contiennent en eux deux des principes sur lesquels est bâtie cette philosophie : la prohibition du taux d’intérêt et le paiement de la « Zekat ».
1o — PROHIBITION DE L’INTERET
La banque islamique accepte sans réserve le principe de la prohibition de l'intérêt formule dans le Coran. En Islam, l'excédent (Riba), perçu ou versé sur un prêt, est interdit quel que soit son montant. Ceci concerne aussi bien l’intérêt que l’usure. En effet, selon les textes de l’Islam précités, l’intérêt est proscrit.
Quatre différentes sourates ont traité de l'intérêt dans le Coran. Ceci a conduit à des tentatives en faveur d’une interprétation limitant la portée de cette interdiction à une simple prohibition de l’usure. En réalité les textes coraniques interdisent sans appel l’intérêt sous toutes ses formes monétaires.
Le premier verset du Coran y afférent (XXX, 38) précise que « ce que vous prêtez en vue de le voir cru en retour par les biens des autres, ne sera pas accru aux yeux de Dieu ». A cette formulation non assortie d’interdiction fait suite un second verset (IV, 160) qui consiste en une leçon tirée de l'exemple historique des juifs auxquels l’usure avait été interdite mais qui l’ont pratiquée et ont été châtiés de leur péché par la suite.
La première interdiction nette de l’intérêt intervient au verset III, 129, mais elle ne vise qu’une forme particulière d'intérêt qui s'appliquait en se multipliant. Le verset définitif de la prohibition de l'usure apparait vers la fin de la vie du Prophète et, il interdit tout excédent sur le capital prêté :
« Croyants, craignez Dieu et abandonnez tout ce qui vous reste de vos intérêts si vraiment vous avez la foi.
Si vous n'obéissez pas, attendez-vous à une guerre de la part de Dieu et de son Messager. Si vous vous repentez, vous n'aurez droit qu'à vos capitaux : ainsi vous ne lèserez personne et ne serez pas lésés.
S'il arrive que votre débiteur se trouve dans la difficulté, ne le pressez point, attendez qu'il soit dan$ l’aisance, le décharger de sa dette et lui en faire don, ce sera encore mieux pour vous ». — Verset II/276 — 278.
Hormis ces versets, on note également que de nombreux Hadiths ont porté sur l'interdiction de l'usure.
2° — LA ZEKAT
La « Zekat » est l'aumône prescrite par Dieu aux musulmans. Ce mot était compris originellement comme « croissance » ou « purification ». L'aumône prescrite a en effet pour vertu d'attirer une récompense du Seigneur et d'accroître la richesse du croyant. De même que l'adoration purifie l'âme, l'aumône purifie les biens matériels.
Dans son mécanisme, la « zekat » se présente comme une taxe versée spontanément par les assujettis aux bénéficiaires finaux. Elle est assise sur le capital et est payée selon des pourcentages variables et suivant la nature des biens qui lui servent d'assiette. Son taux normal est de 2,5% mais il atteint 15 % sur les terrains et 20% sur les produits de la mer.
Les personnes assujetties au paiement de la « Zekat » sont des MUSULMANS dont le patrimoine excède un certain minimum (« NISAB »).
Les bénéficiaires de la « Zekat » sont également définis par le Coran. Ce sont généralement les pauvres et les nécessiteux, les voyageurs en difficulté, les personnes endettées par suite d'un cas de force majeure, etc...
Certaines autorités religieuses ont admis que cette taxe puisse être remise directement aussi bien au bénéficiaire final que transmise à une institution de collecte qui gèrerait les fonds au bénéfice des nécessiteux. La banque islamique a donc inscrit la gestion de cette taxe à son programme, de façon à considérer ses objectifs économiques à des objectifs sociaux.
B. — FONDEMENTS ECONOMIQUES.
Au-delà de l'aspect économique que l'on peut trouver à la prohibition de l'intérêt et au paiement de la « Zekat » les économistes islamiques ont développé leurs théories de la monnaie et de l’épargne. Puis, ils ont développé la théorie de la participation comme instrument d’utilisation de la monnaie et de l'épargne.
DEFINITION DE LA MONNAIE
Les économistes reconnaissent traditionnellement à la monnaie les trois fonctions suivantes : instrument d'échange, étalon de valeurs, réserve de valeurs.
Les banquiers islamiques refusent quant à eux de considérer la monnaie comme étalon ou comme réserve de valeur. Ce faisant, ils se basent sur le processus historique de dématérialisation de la monnaie et sur le rôle de l’inflation dans les économies depuis le moyen âge. Pour eux la monnaie n’a pour fonction que celle de servir d'instrument d’échange. Par conséquent elle ne peut être considérée comme marchandise, donc ne peut être ni vendue, ni prêtée. Par suite elle ne peut avoir un prix, d’où la prohibition de taux d’intérêt comme rémunération de la monnaie. Dans l’optique islamique, la rémunération de la monnaie doit être liée à l'exercice de la fonction qu’elle est. Ainsi le résultat d'un financement n'est pas d'acquérir les inputs nécessaires au démarrage d'un projet, mais de produire des profits ; la rémunération du financier doit donc être liée aux résultats du projet.
— L'épargne
A la conception classique qui lie l'épargne au revenu et au taux d'intérêt, les économistes islamiques opposent un modèle de comportement liant l'épargne essentiellement à la motivation des individus.
D'après cette école, un potentiel d'épargne existe dans les pays en développement. Pour mieux la mobiliser il faut adapter les instruments financiers à l'environnement économique et modifier progressivement le comportement des agents économiques vis-à-vis de l'épargne.
— La participation
Les banquiers islamiques vont utiliser la participation pour remplacer le taux d'intérêt comme rémunération de l'épargne et du capital. L'instrument de base en matière de participation est la « MUDARABA ».
La « MUDARABA » est un contrat par lequel une personne — le « RAB AL MAAL » — remet un capital à un tiers — le « MUDAREB » — à charge pour ce dernier de le faire fructifier.
Des règles précises régissent ce contrat notamment en matière de répartition de profit. D'autres instruments existent comme la « MUSHARAKA » où les deux partenaires sont associés dans le capital de l'affaire.
II. — STRATEGIE DE LA BANQUE ISLAMIQUE
L'exposé de la philosophie de la banque islamique montre que sur le plan économique les principes de ce système d'intermédiation financière sont rationnels. Se fondant sur cette logique, les banques islamiques ont mis au point une stratégie de développement fondée sur deux piliers : l'intégration des masses et la décentralisation.
La banque islamique est un organisme financier à caractère social, il ne peut donc se désintéresser des masses. C'est pourquoi, pour d'une part mobiliser l'épargne par une modification progressive du comportement des masses et d'autre part assurer des financements de développement, la Banque Islamique fonde toute sa stratégie sur la décentralisation.
Dans la pratique la banque établit un lien direct entre les motivations et les incitations. Celles-ci se composent essentiellement :
— des concours sans intérêt que la banque accorde à la clientèle,
— des avantages des méthodes de participation : la limitation du rôle des garanties à sécuriser le contrat et non le capital.
(à suivre)
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