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Crime au nom d'Allah : islam et terrorisme
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- Titre
- Crime au nom d'Allah : islam et terrorisme
- Editeur
- La Voie
- Date
- 13 mai 1995
- Résumé
- L'islam fait-il bon ménage avec le terrorisme ? Des attentats et crimes perpétrés, çà et là, au nom de la religion de Mahomet pourraient pousser à le croire. Dans ce texte, Hazrat Mirza Tahir Ahmad, le fondateur de la religion ahmadiyya se prononce sur la question.
- Page(s)
- 11
- nombre de pages
- 1
- Langue
- Français
- Contributeur
- Frédérick Madore
- Identifiant
- iwac-article-0007647
- contenu
-
L'islam fait-il bon ménage avec le terrorisme ? Des attentats et crimes perpétrés, çà et là, au nom de la religion de Mahomet pourraient pousser à le croire. Dans ce texte, Hazrat Mirza Tahir Ahmad, le fondateur de la religion ahmadiyya se prononce sur la question.
C'est quoi le terrorisme "islamique", je me le demande ? L'Islam est au terrorisme comme la lumière est à l'obscurité, la vie à la mort ou la paix à la guerre. Naturellement qu'ils s'entrecroisent l'un et l'autre mais dans des directions diamétralement opposées. On les voit s'accrocher l'un à l'autre mais ils ne font jamais la route joyeusement ensemble, main dans la main.
L'Islam est au terrorisme comme la lumière est à l'obscurité, la vie à la mort ou la paix à la guerre.
Cependant, on ne peut nier qu'en de maintes occasions des musulmans se voient impliqués dans des activités terroristes au nom d'un groupe ou d'un pays à prédominance musulmane.
N'existe-t-il pas également d'autres groupes impliqués dans le terrorisme et la subvention à travers le monde ? Supposons qu'en se servant du même principe qui donna naissance au terme "terrorisme islamique", serait-il bien-séant d'étiquetter toutes autres formes de terrorisme ainsi : terrorisme Sikh, terrorisme hindou, terrorisme chrétien, terrorisme juif, terrorisme athée, terrorisme bouddhiste, terrorisme animiste et le terrorisme païen ?
Il n'est pas facile de fermer les yeux que les différentes formes de terrorisme qui malheureusement fleurissent dans les quatre coins du monde ; il est impossible en fait à un observateur de n'être pas au courant de la persécution, d'effusion de sang et de meurtres perpétrés au nom d'un prétendu idéal ou d'une noble cause. Le terrorisme est un problème mondial qui demande à être étudié minutieusement dans ses aspects les plus larges.
A moins de bien comprendre les forces œuvrant derrière la violence, on sera incapable de se faire une idée pourquoi quelques groupes et États musulmans se tournent vers le terrorisme afin d'atteindre certains objectifs.
Je suis pleinement convaincu que presque toutes les forces de violence communale qu'on voit dans le monde aujourd'hui - quelle que soit la nature sous laquelle elles se présentent ou quel que soit le lieu où elles se manifestent - sont essentiellement de caractère politique. L'exploiteur n'est pas la religion - celle-ci est elle-même exploitée pour des intérêts politiques internes ou externes.
Prenons comme exemple le terrorisme provoqué par le racisme - n'est-il pas essentiellement de nature politique après toutes analyses faites? Il existe d'autres petites manifestations de terrorisme nées de la religion et de la haine contre les systèmes sociaux et les cultures prévalants et elles sont généralement considérées comme des actes des anarchistes ou des fous. Il y a un type de terrorisme spécial qui a un lien avec la lutte de la mafia pour la suprématie - ce genre de terrorisme est dirigé par certaines factions contre d'autres à l'intérieur même de l'organisation.
Manifestement ce terrorisme n'est rien d'autre qu'une lutte pour le pouvoir et est de nature politique.
Lorsque nous examinons le soi-disant "terrorisme islamique", nous y découvrons des forces politiques œuvrant derrière une apparence religieuse. Assez souvent les vraies manipulations et explorateurs ne sont eux-mêmes pas des musulmans. Jetons un regard sur quelques exemples de terrorisme afin de diagnostiquer les raisons profondes du mal qui les ronge. Commençons par l'Iran et voyons comment le Khomeinyte vit le jour.
Il n'est un secret pour personne qu'à l'époque du Shah, une grande prospérité régnait en Iran. Les plans de développement industriel et économique hautement ambitieux présagaient un avenir brillant pour le pays. Mais le pain seulement peut-il suffire à l'homme?
Si cette grande révolution, n'en avait pas été une de nature essentiellement islamique, elle aurait été une révolution communiste et aurait pu être même plus sanglante et plus outrancière.
Dans la mesure où les Iraniens sous le gouvernement despotique du Shah étaient concernés, la réponse était un "non" catégorique. Ils voulaient être du nombre de ceux responsables du fonctionnement des affaires de leur propre pays. Ils ne supportaient plus que d'être satisfaits avec des panses bien remplies. Leur faim pour la dignité et le respect de soi et leur désir ardent pour la liberté et leur libération d'un système d'oppression hautement réglementé les rendirent de plus en plus nerveux et inconstants. Une telle situation était propice pour une révolution violence et sanglante.
Si cette grande révolution n'en avait pas été une de nature essentiellement islamique, elle aurait été une révolution communiste et aurait pu être même plus sanglante et plus outrancière. L'agitation qui allait secouer l'Iran du Nord au Sud, de l'Est à l'Ouest n'était que la séquelle naturelle et inévitable d'une longue oppression politique et de la négation des droits et des libertés fondamentales de l'homme et aussi de la subvention et de l'exploitation perpétrées par une grande puissance occidentale. L'Iran était conscient que le régime du Shah avait totalement l'appui, l'aide et la bénédiction du gouvernement des États-Unis. La haine et le désir de revanche du peuple iranien n'avaient pas comme seul objectif le renversement du régime du Shah et la destruction de toutes les forces internes qui d'une façon ou d'une autre étaient responsables pour le maintien de la monarchie.
Le sentiment d'être aidé par les États-Unis réveilla en la personne du Shah les plus abjects de ses tendances despotiques. Au début on avait à son égard un respect mêlé de crainte mais graduellement la peur fait place à la terreur. Avec le passage du temps, son attitude se durcit par la crainte de la révolte. Petit à petit, un type d'État policier des plus vils vit le jour et comme les jours s'écoulaient les Iraniens s'étaient rendus conscients que cet état policier avait le support total et sans équivoque du gouvernement des États-Unis. le Shah n'était qu'une simple marionnette dont les fils étaient attachés aux doigts astucieux et tripoteurs des États-Unis. Cela, comme nous l'avons indiqué plus haut, mena à une situation bien à point pour la révolution fortement attisée par une flamme dévorante de haine.
Il est clair que ce n'était certainement pas l'Islam qui engendra la révolution iranienne.
Ayatollah Khomeini capitalisa ainsi sur la situation qui prévalait en Iran. L'idéologie qu'il proposa pour donner un caractère à sa révolution était celle de l'islam Chia. Mais était-ce réellement l'attachement à l'Islam Chia qui provoqua un sentiment de haine envers les États-Unis ou le nom de l'islam pris pour n'être qu'une simple façade afin de cacher les vrais motifs Si Khomeiny n'avait pas levé l'étendard de l'islam, pourrait-on dire qu'il n'y aurait pas eu de révolution sous une autre appellation? N'est-ce pas un fait que si Khomeiny n'avait pas exploité la situation et ne lui avait pas donné une couleur islamique, la même situation de haine aurait pû être également exploitée par une philosophie non religieuse tel le nationalisme ou le socialisme scientifique?
En fait Khomeiny prit de vitesse les forces qui étaient à ses talons et s'il leur avait donné du temps, elles auraient pu le doubler et anéantir tout ce qu'il représentait. C'est la raison pour laquelle la situation en Iran devint extrêmement compliquée et confuse. L'impulsion première de la révolution n'était pas contre le communisme ou une quelconque philosophie de gauche mais contre le Shah et ses mentors. Mais comme il existait une réelle probabilité que la gauche prenne possession des mains de Khomeini les rênes de la révolution, il avait à livrer bataille sur trois fronts en même temps. Après avoir déposé le Shah, il entreprit non seulement la tâche d'éradiquer et d'exterminer tous ses partisans mais aussi de déraciner toute influence américaine là où on la soupçonnait d'étendre ses tentacules. Cette influence aurait en elle-même aidé à alimenter l'idéologie de la gauche qui, si on l'avait laissée se développer, aurait pu réussi à arracher des mains de Khomeiny le pouvoir et remplacer l'idéologie islamique par le Marxisme Léninisme. Heureusement pour Ayatollah Khomeiny, il était assez rusé et puissant pour lui permettre de manier l'épée à double tranchant de l'idéologie islamique non seulement contre la droite américaine mais aussi efficacement contre la gauche communiste. Quand tout est dit et fait, il est clair que ce n'était certainement pas l'Islam qui engendra la révolution iranienne. Les forces réelles à l'œuvre ne sont pas vraiment et essentiellement de caractère religieux. Des pouvoirs politiques ont exploité la réaction des Iraniens contre le Shah afin de parvenir purement à des fins politiques.
Le sentiment grandissement que ressent le peuple de l'Iran de son exploitation et de son assujettissement par des puissances étrangères de toutes sortes est en lui-même une longue histoire. Bien qu'une très grande majorité d'Iraniens soit musulmane, on ne peut ignorer ce fait que les Iraniens n'ont jamais pu oublier ou pardonner la conquête de leur patrie par les Arabes. Quoique les blessures paraissent être cicatrisées depuis longtemps et les nombreux facteurs déterminants telles une religion identique et une haine commune contre d'autres pays aient pu jouer un rôle important dans la consolidation des liens entre les Iraniens et les Arabes, on ne peut nier qu'il existe jusqu'aujourd'hui une vague de fond de mécontentement à l'égard de la domination arabe de l'Iran durant les quelques siècles écoulés. On ne peut aussi pas oublier que durant l'ère pré-islamique, l'Iran pouvait se vanter d'être une des plus puissantes et illustres civilisations qui aient jamais pu influencer l'humanité dans le monde. Au début de l'Islam, les Arabes ne savaient juste que deux mondes : celui de l'Ouest - dominé par l'empire romain et celui de l'Est commandé et dirigé par les Chosroe d'Iran. Les souvenirs de ce lointain et glorieux passé, quoique quelques peu atténués par la forte influence de la fraternité islamique, ne pouvaient être complètement effacés. Il a toujours subsisté dans les cœurs des intellectuels iraniens l'image tenace languissante de cette grande civilisation.
Les querelles du passé entre l'Iran et l'Arabie et les excursions punitives iraniennes à l'intérieur de l'Arabie laissèrent aussi de vilaines et d'irritantes cicatrices chez les arabes que même le temps - grand guérisseur - ne pouvait effacer. C'est humain après tout que les gens peuvent quelques fois voir cela difficile de se dissocier du passé et d'oublier les blessures et les insultes faire à leur honneur et intégrité. De tels chapitres de l'histoire ne sont jamais éternellement fermés, mais ouverts maintes et maintes fois.
Hazrat Mirza Tahir Ahmad, fondateur de Ahmadiyya