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Les sages sont à l'œuvre
- Classe de ressource
- Article
- Collections
- L'Observateur Paalga
- Titre
- Les sages sont à l'œuvre
- Editeur
- L'Observateur Paalga
- Date
- 14 juin 1999
- Résumé
- Annoncé par le message du chef de l'État le 21 mai, officiellement créé par décret du 1er juin 1999, le collège des sages a pris nominativement corps le jeudi dernier avec la désignation effective des représentants des différentes composantes de cet aréopage (cf. liste nominative).
- Sujet
- Aboubacar Sangoulé Lamizana
- Collège de sages
- Fédération des Églises et Missions Évangéliques
- Mahamoudou Tiemtoré
- Mama Sanou
- Assassinat de Norbert Zongo
- Cercle d'Études, de Recherches et de Formation Islamiques
- Réconciliation
- Violence
- Langue
- Français
- Contributeur
- Frédérick Madore
- Identifiant
- iwac-article-0002517
- contenu
-
Annoncé par le message du chef de l'État le 21 mai, officiellement créé par décret du 1er juin 1999, le collège des sages a pris nominativement corps le jeudi dernier avec la désignation effective des représentants des différentes composantes de cet aréopage (cf. liste nominative).
Les seize sages ont été reçus le samedi dernier en audience par le chef de l'Etat. Deux manquaient en fait à l'appel, en l'occurrence et par ordre d'ancienneté: monsieur Charles Bila Kaboré et monseigneur Paul Ouédraogo.
De sources dignes de foi, on indique qu'en dehors de cette audience présidentielle, le protocole ne prévoit pas de cérémonie officielle d'installation comme cela se voit souvent pour ce genre d'institution.
En clair et comme pour tenir le plus grand compte du facteur temps, le collège a débuté sans autre forme de procès ses travaux et installé ses quartiers au site du SIAO.
Rappelons qu'au terme du décret du 1er juin le collège des sages a pour mission d'œuvrer à la réconciliation des cœurs et à la consolidation de la paix sociale.
A cette fin, il est chargé:
- de passer en revue tous les problèmes pendants qui sous-tendent la crise actuelle;
- de proposer le traitement à réserver à tous les crimes impunis ainsi qu'à toutes les affaires d'homicide résultant ou présumés résulter de la violence en politique, pour la période allant de 1960 à nos jours;
- de faire des recommandations susceptibles de promouvoir la réconciliation nationale et la paix sociale.
Au vu de la liste nominative publiée jeudi dernier, L'Observateur paalga note avec satisfaction pour sa part, que ses craintes exprimées dans "Une lettre pour Laye" du vendredi 4 juin ont été prises en compte, puisque le collège compte en son sein deux dames.
Certes, deux sur seize, ce n'est peut-être pas particulièrement flatteur au regard du poids démographique des femmes dans notre pays, mais c'est tout de même un progrès dans une société à dominante phallocratique et où l'Assemblée nationale vient de donner le mauvais exemple en expurgeant de ses vice-présidences toute sensibilité féminine.
Mais qui sont nos deux femmes sages?
- madame Barry Henriette est psychologue de formation et enseignante à l'université de Ouagadougou.
Bien connue dans les milieux de l'éducation surtout en matière d'orientation et de pédagogie, elle a aussi une activité extraprofessionnelle florissante (conférences, débats-télévisés, etc.);
- madame Hien Wendkoun Pauline est conseillère des Affaires sociales et a été ministre des Affaires sociales et de la Condition féminine du 26 novembre 1982 au 4 juin 1983, c'est-à-dire sous le CSP. Elle est présentement consultante.
Quid des quatorze autres?
Les trois anciens présidents n'ont pas besoin d'être présentés, sinon qu'il faut retenir:
- que le général Sangoulé Lamizana est resté aux affaires du 3 janvier 1966 au 25 novembre 1980;
- que le colonel Saye Zerbo, venu au pouvoir le 25 novembre 1980, y est resté jusqu'au 7 novembre 1982:
- que le médecin-commandant Jean-Baptiste Ouédraogo, quant à lui, y sera resté moins d'un an, c'est-à-dire du 7 novembre 1982 au 4 août 1983. En résumé on a au titre des anciens présidents, un général, un colonel, un commandant. Un ordre dans lequel la providence a voulu mettre du sien, puisqu'on y trouve un musulman, un protestant et un catholique.
Au titre de la composante catholique:
- monseigneur. Anselme Sanou, évêque de Bobo-Dioulasso, lui non plus n'a pas besoin d'être présenté. Très connu et respecté dans son milieu pour ses connaissances et investigations théologiques, il est apprécié dans le monde profane pour sa dimension d'homme de culture. A ce titre, il a été et sera encore sollicité;
- monseigneur Paul Ouédraogo, évêque de Fada-N'Gourma. C'est la génération des jeunes prélats qui a déjà fait ses armes à l'occasion des travaux de la Commission constitutionnelle de 1990, où à ce qu'on dit, sa contribution fut des plus relevées.
Polyglotte, il est tout aussi à l'aise en mooré qu'en dioula (on devrait dire en dioula qu'en mooré) dans la célébration de la liturgie en attendant de l'être en gulmancéma;
Côté protestant
monsieur Compaoré Boenzemwendé Freeman est pasteur et président de la Fédération des Eglises et Missions évangéliques (FEME);
- Ouédraogo Yemdaogo Jean Charles pasteur et vice-président des Assemblées de Dieu et ancien président de la FEME.
Au-delà de leur rôle purement pastoral, ils sont connus pour s'investir dans les œuvres de développement dans les milieux populaires.
Quant à la composante musulmane, on notera qu'elle a beaucoup innové dans le choix de ses représentants. Non seulement elle a jeté son dévolu sur des figures tout à fait nouvelles mais encore, elle a su transcender les querelles de préséance qui handicapent souvent son efficacité.
A ce titre, ses deux représentants sont certainement proches du courant moderniste, et intellectuel, symbolisé par le CERFI (Centre d'étude, de recherche et de formation islamique), que des courants traditionnalistes:
- Marna Sanou, El hadj érudit en matière islamique a fréquenté les universités arabes d'Egypte et d'Arabie Saoudite. Il est actuellement enseignant dans une école franco-arabe à Bobo-Dioulasso;
- Mahamadi Tiemtoré, El hadj, a suivi le même cursus que son coréligionnaire, à quoi il faut ajouter qu'il est l'un des fils de feu El hadj Abdoul Salam Tiemtoré, ancien imam de Ouagadougou.
Venons-en aux deux représentants des chefs coutumiers.
- Tibo Augustin Congo est chef de Pawamtooré dans le Bazèga, Adjudant-chef-major à la retraite, il est un proche parent du Mooro naaba do Ouagadougou, comme son nom l'indique;
- Sidiki Sanou, inspecteur des Impôts (sauf erreur, il fut un des tout premiers nationaux à ce poste) à la retraite, ancien directeur de cabinet à l'Education nationale, il est très réputé pour sa discrétion et son calme. Il est substitut du chef bobo, qui en sa qualité de conseiller municipal n'a pas voulu cumuler.
Concernant maintenant les personnes ressources, nous avons déjà fait rapidement connaissance avec les deux dames cooptées à ce titre. Il reste donc :
- monsieur Charles Bila Kaboré, administrateur civil à la retraite, ancien ministre, .ancien vice-gouverneur de la BCEAO. Homme pondéré de consensus, il déclina la présidence de la République que le RDA lui offrait sur un plateau d'or en mai 78.
Rappelons que c'est le papa de l'ancien premier ministre et actuel vice-président de l'Assemblée nationale Rock Marc Christian Kaboré.
Passe actuellement sa retraite dans les œuvres paroissiales.
- monsieur Moussa Koné, banquier, directeur national de la BCEAO, récemment admis à la retraite.
La quinzaine d'années passées à la tête de la BCEAO à Ouagadougou ont mis en relief sa discrétion et sa disponibilité.
- monsieur Maurice Arsène Ouédraogo, administrateur civil, président de l'Association nationale des retraités du Burkina.
Très connu des milieux sportifs pour sa pratique personnelle et les nombreuses responsabilités qu'il y a assumées, il a participé ces derniers temps à nombre d'entreprises de médiation, comme celle qui aida à résoudre la crise SYNTSHA-Gouvernement en juillet 97.
Voici brièvement présentés ceux qui ont la chargé d'œuvrer à jeter les bases de la réconciliation nationale et auxquels on ne peut que souhaiter bon vent en attendant d'y revenir dans nos prochaines éditions.
L'Observateur
Composition du collège de sages
Décret n°99-158/PRES du 1er juin 1999
Anciens chefs d'Etat
1.- Sangoulé Lamizana
2 - Saye Zerbo
3 - Ouédraogo Jean-Baptiste
Notabilités coutumières et religieuses
a) Catholiques :
4 - Mgr Sanon Anselme
5 - Mgr Ouédraogo Paul
b) Protestants
6 - Compaoré Boenzemwendé Freeman
7 - Ouédraogo Yemdaogo Jean-Charles
c) Communauté musulmane
8 - Marna Sanou
9 - El hadj Tiemtoré Mahamadi
d) Chefs coutumiers
10 - Congo Tibo Augustin
11 - Sanou Sidiki
e) Personnes ressources
12 - Kaboré Bila Charles (administrateur civil à la retraite)
13 - Koné Moussa (banquier)
14 - Ouédraogo Maurice Arsène (administrateur civil, président des retraités)
15 - Mme Barry Henriette (Psychologue)
16 - Mme Hien Wenkoun Pauline (Consultante).
Fait partie de Les sages sont à l'œuvre