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Reprise des émissions religieuses à la Radio : la question de la religion doit être abordée sous le double aspect idéologique et politique
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- Titre
- Reprise des émissions religieuses à la Radio : la question de la religion doit être abordée sous le double aspect idéologique et politique
- Editeur
- Ehuzu
- Date
- 9 juillet 1985
- Résumé
- Du point de vue dus dispositions de l'article 135 de la Loi Fondamentale ou du point 9 du discours d'orientation de Goho, il ne se pose aucun problème en ce qui concerne la reprise des émissions religieuses à la radio. Car l'article 135 de la Loi Fondamentale garantit aux citoyens béninois la liberté de pratiquer ou de ne pas pratiquer une religion. Cette liberté ne peut être garantie en l’air ; il faut créer des conditions de sa Jouissance. Une liberté sans moyens d'exercice est une duperie. C'est pourquoi, pour être fidèle au respect de cette disposition de la Loi Fondamentale, le Parti et l'Etat doivent pouvoir donner les possibilités aux citoyens d'en jouir tant que cela ne pose aucun problème pour la Révolution, et c'est là justement les restrictions que le point 9 de Goho aborde : Vous pouvez donc pratiquer en toute liberté une religion aussi longtemps que cela ne constitue pas un frein à la Révolution, aussi longtemps que cela ne va pas contre les intérêts de la Révolution. Donc, si entre temps on a eu à suspendre les émissions religieuses à la radio, cela est conforme à l'ordre normal des choses. Cette suspension était nécessaire car, comme l'a dit un éducateur de la Révolution : « Pour redresser une barre de fer tordue, il faut la tordre en sens inverse ». Mais on doit pouvoir savoir où s'arrêter sinon, l'objectif d’avoir une barre de fer toute droite serait loupé. Nous pensons que ce qui a été fait jusqu'à présent, nous permet maintenant de faire exercer la liberté de croyance sans que cela soit un tort pour les intérêts de la Révolution.
- Page(s)
- 3
- Sujet
- Athéisme
- Catholiques
- Laïcité
- Marxisme-léninisme
- Mathieu Kérékou
- Médias
- NTIC et islam
- Protestants
- Révolution
- Détenteur des droits
- La Nation
- Langue
- Français
- Source
- Bibliothèque du Congrès
- Contributeur
- Frédérick Madore
- Identifiant
- iwac-article-0004051
- contenu
-
Du point de vue dus dispositions de l'article 135 de la Loi Fondamentale ou du point 9 du discours d'orientation de Goho, il ne se pose aucun problème en ce qui concerne la reprise des émissions religieuses à la radio. Car l'article 135 de la Loi Fondamentale garantit aux citoyens béninois la liberté de pratiquer ou de ne pas pratiquer une religion. Cette liberté ne peut être garantie en l’air ; il faut créer des conditions de sa Jouissance. Une liberté sans moyens d'exercice est une duperie. C'est pourquoi, pour être fidèle au respect de cette disposition de la Loi Fondamentale, le Parti et l'Etat doivent pouvoir donner les possibilités aux citoyens d'en jouir tant que cela ne pose aucun problème pour la Révolution, et c'est là justement les restrictions que le point 9 de Goho aborde : Vous pouvez donc pratiquer en toute liberté une religion aussi longtemps que cela ne constitue pas un frein à la Révolution, aussi longtemps que cela ne va pas contre les intérêts de la Révolution. Donc, si entre temps on a eu à suspendre les émissions religieuses à la radio, cela est conforme à l'ordre normal des choses. Cette suspension était nécessaire car, comme l'a dit un éducateur de la Révolution : « Pour redresser une barre de fer tordue, il faut la tordre en sens inverse ». Mais on doit pouvoir savoir où s'arrêter sinon, l'objectif d’avoir une barre de fer toute droite serait loupé. Nous pensons que ce qui a été fait jusqu'à présent, nous permet maintenant de faire exercer la liberté de croyance sans que cela soit un tort pour les intérêts de la Révolution.
Toutefois, Il est bon de préciser que la reprise n’est pas une initiative du Parti et de l'Etat, en quête d’émissions religieuses. Cela répond à un besoin, parce que s’inscrivant dans le sens de la satisfaction des aspirations des masses populaires de notre pays, comme cela a d'ailleurs toujours été le cas. Cette décision découle donc d’une démarche faite par les responsables de l’Eglise catholique auprès du chef de l’Etat dans un but humanitaire. Il s’agit surtout de permettre aux malades qui ne peuvent se déplacer pour aller à l'église d'écouter les messes par l'intermédiaire des mass médias. Dans sa bienveillance permanente à l'égard des problèmes de nos masses populaires, le président Kérékou a accepté que cette question soit abordée afin de préciser les conditions dans lesquelles on peut donner satisfaction à cette préoccupation d’une catégorie de citoyens qui, bien que malades et alités, ont le droit de jouir de cette garantie accordée par la Loi Fondamentale à tout citoyen.
Pour nous, il n’y a pas une religion d'Etat : le parti et l'Etat traitent toutes les religions sur le même pied d’égalité. C'est pourquoi, au lieu de se contenter seulement de résoudre de manière sectorielle, le problème posé par l’Eglise catholique, l'Etat révolutionnaire a jugé nécessaire et juste d’aborder cette question pour toutes les religions qui avaient déjà acquis ce statut avant la suspension. Donc ce n'est pas que l’Etat est en quête d’émissions religieuses, mais c’est parce que le problème a été posé comme tel et que nous savons que si nous commençons avec l’Eglise catholique, les autres religions qui ont déjà ce statut vont prochainement poser le même problème. Nous avons alors décidé de résoudre ce problème globalement pour toutes les religions. Sont concernées : les religions catholique, protestante, et musulmane.
S’agissant de la reprise des émissions religieuses à proprement parler, il est nécessaire d’aborder la question d’abord du point de vue de marxisme-léninisme, ensuite des positions de notre Parti sur la religion avant de savoir si on est en recul ou en avance sur les positions acquises sur le plan idéologique par notre Révolution. Du point de vue du marxisme, la question de la religion doit être abordée sous deux aspects : le point de vue idéologique et le point de vue politique. Du point de vue idéologique, la religion fait partie de la superstructure, reflet fidèle ou infidèle des conditions matérielles d’existence. Et à ce niveau, il est difficile de régler la question de la superstructure.
On ne peut régler la question religieuse sans avoir réglé celle des conditions matérielles d’existence des masses populaires. Car du point de vue du marxisme, c’est l'ignorance et la misère des masses populaires qui ont donné naissance à la croyance en un Dieu. C’est donc la misère qui a donné naissance à ce recours, à un être surnaturel pour résoudre les problèmes que la société n’est pas encore arrivée à résoudre. Donc vouloir s'attaquer à la religion, alors qu'on n’a pas réglé les conditions matérielles d’existence notamment les cinq besoins fondamentaux de I'homme, c'est engager une bataille perdue d’avance.
Certes il y a cette phrase : « la religion est l'opium du peuple ». Mais ce n’est pas être un matérialiste dialecticien que de prendre cette phrase et de la répéter sans savoir dans quel contexte elle a été énoncée. Cette phrase a été énoncée dans les conditions où il n’y avait pas de séparation entre le pouvoir temporel et le pouvoir spirituel.
Ceux qui détenaient le pouvoir temporel utilisaient le pouvoir spirituel pour endormir les masses.
Dans ces conditions effectivement, dans les conditions où le pouvoir temporel est exercé par les classes réactionnaires et les forces d'oppression, la religion ne peut être qu'au service de la répression.
Mais lorsqu'on n'est pas dans cette situation et qu'on cite cette phrase-là pour faire œuvre de marxiste, on tombe dans l'idéalisme, et la métaphysique.
Le deuxième aspect de la question, c’est l'aspect politique. La religion peut être abordée d'un point de vue politique. C’est-à-dire, prendre en compte l’ensemble des préoccupations des masses. Et pour une révolution qui se veut démocratique et populaire, les masses comptent beaucoup. Satisfaire leurs aspirations, à la fois politique, économique, culturelle et spirituelle, est une question politique. Ce qui ne force pas l'avant-garde à reculer ; l'avant-garde doit être toujours à l’avant-garde tant sur les questions politiques que sur les questions spirituelles.
Donc accorder des facilités pour la pratique religieuse aux masses, ce n'est pas demander aux membres du Bureau Politique, du Comité Central, du Parti qui se réclament du marxisme-léninisme de courir encore dans les Eglises et dans les Mosquées. Ce serait alors là un recul. Mais la masse existe et c'est par rapport à la masse, que l'avant-garde est l'avant-garde.
Si la masse pouvait comprendre les choses comme nous, nous n'aurons plus une mission d'avant-garde. C'est pourquoi, même du point de vue politique, reprendre les émissions religieuses à la radio est une position juste. Dans toute société, il faut tenir grand compte de ceux qui doivent être entraînés par l'avant-garde. Et l'avant-garde ne doit pas toujours traiter les questions sur la base de sa compréhension des problèmes mais aussi sur la base de la compréhension ceux-là qu'elle a mission de diriger.
Voilà ce qui est du principe général du marxisme, sur la question de la religion.
En ce qui concerne notre propre expérience, comme il a été dit dans les statuts de notre Parti, à l'article 7 des obligations de membre du Parti, il faut étudier, et appliquer de manière créatrice cl vivante le Marxisme-Léninisme en tenant compte des réalités de notre société et en dégageant des lois particulières à la Révolution béninoise. Et c’est ce qui explique déjà avant la fondation du Parti, l'inscription du point 9 du Discours de Goho.
On avait compris que la question religieuse dans la société béninoise, est une question sociale. Si l'on n'a vait précisé l’attitude de notre Révolution vis-à-vis des religions, la réaction aurait utilisé le fait qu'on n'a proclamé le marxisme-léninisme pour dresser les masses contre la Révolution. C'est pourquoi on les a dévancés en disant que la Révolution est neutre, pourvu que dans votre pratique religieuse vous n'alliez pas contre la Révolution. Et après la fondation du Parti, la question de l’application créatrice et vivante du marxisme léninisme au niveau de noire pays a été clairement définie. On n'a pas posé par exemple comme critère pour être membre du Parti qu'il faut être d'abord un athé. Tout simplement parce que le marxisme léninisme lui-même n’est pas un athéisme. Ce n'est pas parce qu’on ne va pas à l'Eglise ou bien à la Mosquée qu'on est un marxiste.
Vous savez bien que parmi les athés il y a des exploiteurs comme des expoités. Parmi les religieux, il y a des exploiteurs comme des exploités. Donc la question de la religion ne peut pas être appréciée comme une question de classe en tant que telle c'est seulement dans son utilisation que telle ou telle de classe peut s’en servir pour régler leur problème politique. Dans les statuts de notre Parti, il y a seulement un point qui concerne, la question religieuse. C'est le point qui dit ; « Ne peuvent pas être membre du Parti, ceux qui appartiennent à la Rose Croix, Témoins de Jéhovah - Christianisme Céleste... qui sont des religions effectivement que la masse ne connaît pas encore. Ce sont des religions nouvelles dont le Parti n'a pas encore pénétré toutes les formes sous lesquelles elles se pratiquent. On ne peut pas faire accepter à ces religions à des gens tant que, on ne comprendra pas en réalité tout ce qui se cache derrière. Si vous êtes musulman, et que vous êtes rosicrucien, vous ne pouvez pas être membre du Parti. Si vous êtes musulman et témoin de Jéhovah, vous ne pouvez pas être membre du Parti.
Voilà donc comment il faut comprendre cette question. Il ne s'agit pas de recul, il s'agit de tenir compte de la situation concrète de chez nous.
On pourrait conclure que regardant le point 9 de Goho, on n’éprouve aucun problème à permettre à la religion catholique, protestante, musulmane, qui sont des religions de masse, de reprendre leurs émissions à la radio.
Dans notre société, la religion est devenue plus un fait social que spirituel. Alors ne pas tenir compte de cela, c’est justement être un anti-marxiste.
Comme l’a dit Marx lui-même « le marxisme c'est l’analyse concrète, d’une situation concrète.