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L'islam et l'Afrique : plus de dix siècles de dialogue
- Classe de ressource
- Article
- Collections
- Daho-Express
- Titre
- L'islam et l'Afrique : plus de dix siècles de dialogue
- Créateur
- National Academies Press
- Editeur
- Daho-Express
- Date
- 31 octobre 1973
- Résumé
- (NAP). — La conversion du président Bongo à la foi musulmane coïncide semble-t-il avec une période de renaissance de l’islam en Afrique.
- Page(s)
- 5
- Sujet
- Christianisme
- Coopération arabe
- Hassan II
- islamisation
- Jean-Claude Froelich
- Mahomet
- Omar Bongo
- Pèlerinage
- Religions endogènes
- Détenteur des droits
- La Nation
- Langue
- Français
- Source
- Bibliothèque du Congrès
- Identifiant
- iwac-article-0004014
- contenu
-
(NAP). — La conversion du président Bongo à la foi musulmane coïncide semble-t-il avec une période de renaissance de l’islam en Afrique.
La religion instituée par le prophète Mohamed est pratiquée par 95 % des populations au nord du Sahara. Si, au sud, elle n’est pas majoritaire, elle occupe néanmoins une situation prédominante. Elle est, en effet, la religion structurée qui compte le plus grand nombre de fidèles.
Selon les estimations du professeur Jean Claude Froelich, « sur un total de 175 à 180 millions d’Africains noirs, il y a 45 à 50 millions de musulmans et 25 à 30 millions de chrétiens ».
La répartition des croyants des di verses confessions est inégale. Dans les Etats islamisés de l’ouest (Sénégal, Mali, Haute-Volta, Niger, Nigéria du Nord, Cameroun du Nord et Guinée), sur un total de 37 millions d’habitants, il y a 20 millions do musulmans, 16 millions d’animistes et moins d’un million de chrétiens. Dans l’Afrique islamisée do l’Est (Soudan oriental, Kenya, Ouganda, Tanzanie) sur 51 millions d’habitants, il y a 18 millions de musulmans, 21 millions d’animistes et 11 millions de chrétiens.
La seule région où la situation de l’Islam n’est pas pour l’instant prédominante est constituée par ce que les géographes ont appelé pendant longtemps « l’Afrique forestière » : Libéria, sud de la Cote d’Ivoire, Ghana, Dahomey, sud du Nigeria et Cameroun, Gabon, Congo, Zaïre. Sur un total de 80 millions d’habitants, on y dénombre 6 millions de musulmans, 52 millions d’animistes et 22 millions de chrétiens.
L’ATTIRANCE DU MONOTHEISME
Un mouvement irréversible pousse depuis plus de dix siècles les animistes, dont la philosophie religieuse est orientée vers un certain monothéisme, à rallier, un Jour ou l’autre, l’une des deux religions ou le monothéisme est devenu un dogme, c’est-à-dire le Christianisme ou l’Islam.
Des deux, l’islam est la plus anciennement implantée sur le continent africain hormis l’Ethiopie. Elle a gagné le sud du Sahara au XIe siècle. Les Berbères du Maghreb qui la propageaient avaient des dispositions particulières pour dialoguer avec leurs frères africains de l’autre coté du désert. Comme eux, ils provenaient, pour un grand nombre, du tronc commun animiste, le christianisme n’ayant touché, en Afrique du Nord, que les citadins des côtes méditerranéennes. Comme eux aussi, ils étaient demeurés fidèles aux antiques civilisations pastorales et rurales.
A CAUSE DE LA FORET
Si les habitants de « l’Afrique forestière » ne connurent pas l’Islam à la même époque, ce fut en raison du manque de communications et non du manque d’affinités. On ne pouvait pas pénétrer à cheval dans la forêt et accéder aux plaines et aux côtes où vivaient d’autres Africains.
Les animistes de l’Afrique forestière » ne trouvèrent une issue à leurs aspirations monothéistes que lorsque les premiers missionnaires chrétiens débarquèrent avec les Portugais, dans le courant du XVe siècle. L’Islam n’avait plus le moyen d’y affirmer sa présence. La période de son apogée était passée. La civilisation islamique s’engageait, sous la domination ottomane, vers un lent déclin.
LES CONSEQUENCES DU SOMMET ISLAMIQUE DE 1969
La renaissance islamique a commencé en Afrique avec la décolonisation des mondes arabe et africain. Entre le Moyen-Orient, haut lieu de la foi musulmane, le Maghreb et l’Afrique noire, de nouvelles relations se sont peu à peu établies. Une conférence a marqué un tournant décisif dans ce mouvement de convergence : le premier sommet islamique présidé par le roi Hassan II en septembre 1959 à Rabat.
Pour la première fois, la plupart des Etats africains situés au sud du Sahara participaient à une réunion qui avait pour critère de rassemblement l’appartenance à une religion commune. Le sommet eut une conséquence importante qui, à l’époque, passa inaperçue de beaucoup de commentateurs : les Etats se mirent d’accord pour améliorer les conditions do pélérinage à la Mecque Les résultats ne se sont pas fait attendre et la progression se poursuit toujours : la ville sainte, qui avait reçu 57 000 pèlerins africains en 1971, en a accueilli 72 000 en 1972. La progression a été sensible, même en Afrique centrale (151 pélerins en 1971 et 229 en 1972). Au Gabon, au Congo, au Zaïre, la foi musulmane qui n’est pas, au demeurant, très répandue connaît aujourd'hui un indiscutable développement. L’Islam semble posséder un atout majeur : plus de dix siècles de dialogue avec les animistes en lesquels il n'a jamais vu des « païens » mais des frères dont il se propose de préciser les perspectives métaphysiques.
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