Article
Entretien avec Konaté Siriman (Imam de la grande Mosquée d'Agboville)
- Titre
- Entretien avec Konaté Siriman (Imam de la grande Mosquée d'Agboville)
- Type
- Article de presse
- Créateur
- Jean-Claude Coulibaly
- Editeur
-
Le Patriote
- Date
- 4 août 2005
- DescriptionAI
- L'Imam Konaté Siriman d'Agboville, acteur clé du dénouement d'une crise survenue le 24 juillet, explique son rôle dans la gestion des événements. Il affirme que la communauté musulmane n'était pas impliquée et qu'il a œuvré pour la paix en informant les autorités et en éloignant les jeunes. Ayant reçu de nombreuses délégations (politiques, militaires, internationales), il a constamment prôné le retour à la paix, le bon voisinage et la cohabitation pour Agboville et l'ensemble du pays.
- Langue
- Français
- Contributeur
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Frédérick Madore
- Identifiant
- iwac-article-0011455
- contenu
-
Interview réalisée à Agboville par Jean-Claude Coulibaly
Aux premières heures des tristes événements d'Agboville, l'Imam Konaté Siriman, de la grande mosquée de Dioulakro a été, malgré lui, l'un des acteurs clés du dénouement heureux de la crise. Dans l'interview qu'il nous a accordée, à son domicile à Agboville, il raconte comment cette crise a été gérée et ce qu'il a réellement dit aux délégations qui sont venues le voir. Mais il tient, avant tout, à souligner que la communauté musulmane d'Agboville n'a rien à voir dans cette affaire. Interview.
Agboville a été le théâtre, le dimanche 24 juillet dernier, d'événements douloureux. Des assaillants mystérieux ont occupé la ville pendant plusieurs heures. Avez-vous vu ces individus ?
J'ignore complètement cette histoire. J'ai appris que des individus sont venus à Agboville. Mais, moi-même, je n'ai pas vu une seule personne de mes yeux. J'étais à la maison. C'est mon enfant qui m'a appelé quand ils sont arrivés. A mon arrivée, j'ai entendu des bruits. Immédiatement, j'ai formé un comité, avec mon collègue Fadiga, pour aller informer les autorités, les notables Abbey. Tout ce qui est autorité à Agboville et notables, je vous rassure qu'il n'y a pas eu un seul dioula ou musulman engagé dans cette affaire. J'ai même demandé qu'ils nous transmettent tous les enfants musulmans qu'ils prendront dans cette affaire. Et nous allons le transférer au Commissariat. Nous avons donc tout fait pour éviter que nos enfants s'engagent dans cette aventure. J'ai entendu qu'ils sont allés casser la prison et que des drogués s'en sont mêlés. Tout de même, il faut dire que je ne peux pas tout maîtriser. Mais, j'ai fait mon devoir. Tout le monde m'a écouté. Nos frères Abbey nous ont aidé dans nos actions. Voilà comment cette affaire a été gérée.
Avez-vous parlé avec eux ?
J'ai entendu qu'ils étaient à la mosquée. J'ai envoyé les enfants pour leur dire de quitter la mosquée. Ils sont donc partis de la mosquée. Voilà ce que je sais dans cette histoire.
Il paraît que les gens sont rentrés dans les maisons pour faire des ratissages. Ces personnes ont même été montrées à la télé. Pouvez-vous confirmer cela ?
Nous, les Imams, nous sommes des hommes de vérité. Nous devons nous appuyer sur Dieu et bannir tout ce qui est mensonge. Personnellement, sur ce sujet, je n'ai rien vu, donc ne peux rien dire.
Un journal de la place a écrit que lors d'une rencontre, avec les responsables militaires, vous avez tenu certains leaders politiques pour responsable des souffrances de la communauté musulmane et dioula en Côte d'Ivoire. Est-ce vrai ?
Nous disons aux journalistes qui viennent nous voir que nous sommes des hommes de Dieu. Nous ne faisons pas de la politique. Nous faisons de notre mieux pour calmer la situation. Je n'ai jamais rencontré un journaliste de ce journal dont vous parlez. J'ai toujours dit que nous sommes des leaders d'opinions qui oeuvrent pour la paix. Je le dis encore, je n'ai jamais parlé de cela.
Est-il vrai qu'il y a eu des ratissages à Dioulakro et Sokouradjan après le passage des soi-disants assaillants dont la communauté dioula était, dit-on, complice ?
Les militaires ont eu à fouiller les coins et les recoins qu'on leur indiquait. Ce qui est normal, parce qu'ils avaient besoin d'être rassurés. C'est ce que je peux dire sur ce sujet.
Quelles sont les différentes délégations que vous avez reçues après les événements ?
Le Front populaire ivoirien(FPI) avec à sa tête M. Affi N'Guessan. Il était avec Aboudrahamane Sangaré et tous les autres. Ensuite, il y a eu la délégation de l'armée avec à sa tête le chef d'Etat-major, le Général Mangou. Il était accompagné du maire, du préfet et Mme la Sous-préfet. Il y avait également le député. Le Général Fall de l'ONUCI, la Licorne et le représentant du Président de l'Afrique du Sud ont rendu visite à l'Imam que je suis. Enfin, il y a eu Blé Goudé qui est venu me rendre à la mosquée après la prière de 13 heures. Je crois que la gendarmerie et la police qui sont aussi venues. C'était en tout cas un véritable ballet diplomatique. L' Imam était devenu subitement un héros national.
Quel discours tenez-vous à la population d'Agboville, sans exception, après ces moments troubles ?
Je demande à la population de préserver nos relations de bon voisinage, de continuer à vivre ensemble comme avant. Pour que Agboville retrouve la paix. Je souhaite aussi la paix pour toute la région de l'Agnéby et pour le pays entier.
Quel discours avez-vous tenu à tous ceux qui sont venus vous voir ?
C'est toujours le même discours de paix. J'ai fait des bénédictions à l'endroit de ces personnes. Que ce soit la force Licorne, l'armée et le Général Mangou, la délégation du FPI ou Blé Goudé, j'ai demandé à toutes ces personnes d'oeuvrer pour la retour de la paix. Et j'ai fait des bénédictions pour cela.