Article
Financement du Hadj 2005 : comment les musulmans se sont débrouillés dans la crise
- Titre
- Financement du Hadj 2005 : comment les musulmans se sont débrouillés dans la crise
- Type
- Article de presse
- Créateur
- Sindou Cissé
- Editeur
-
Le Patriote
- Date
- 5 janvier 2005
- DescriptionAI
- Des musulmans de Côte d'Ivoire se rendent en Arabie Saoudite pour le Hadj 2005, dont les frais s'élèvent à 1,5 million de FCFA pour plus de deux mille participants. Le texte explore les diverses sources de financement de ce pèlerinage, incluant l'épargne personnelle, le soutien familial (époux, enfants) et l'aide d'élus politiques (maires, Président). Il présente des témoignages de pèlerins, majoritairement des femmes, détaillant leurs motivations, leurs appréhensions et leur gratitude face à cette expérience religieuse.
- Sujet
- Hadj
- Langue
- Français
- Contributeur
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Frédérick Madore
- Identifiant
- iwac-article-0011436
- contenu
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Des musulmans de Côte d'Ivoire se rendent, depuis le dimanche dernier, en Arabie Saoudite pour le Hadj 2005.
Comme l'année dernière, les frais de ce voyage ont été fixés à 1,5 million de FCFA. Plus de deux mille personnes ont pu s'acquitter de cette somme. Certains d'entre eux nous ont expliqué l'origine de leur financement et l'état d'esprit dans lequel ils abordent cette expérience religieuse.
Parmi les candidats au pèlerinage à la Mecque, édition 2005, il y a M. Koné Mamadou. Enseignant de son état, il sera bientôt à la retraite. Il affirme avoir rêvé au Hadj depuis très longtemps. Pour concrétiser ce rêve, le fonctionnaire d'Etat qu'il est a choisi, il y a cinq ans, de faire une épargne spéciale au niveau de sa banque. C'est cet argent qui devait lui permettre de financer son voyage en terre sainte l'an dernier. Mais, Koné Mamadou n'est pas allé au Hadj 2004. Il a plutôt préféré aider son épouse à s'y rendre. « J'ai estimé qu'elle était spirituellement plus prête que moi, j'ai donc voulu que ce soit elle qui ouvre la voie », a-t-il expliqué. Tout de même, il s'adonne à ses activités spirituelles. Il est en effet le président de la Communauté musulmane des II Plateaux « Aghien » (commune de Cocody). Toute chose qui fait de lui un guide religieux et un modèle de croyant. Ce voyage pour la Mecque n'est pas le premier voyage aérien pour M. Koné. En 1976, il avait déjà voyagé à bord d'un avion. Mais, cela remonte à si longtemps qu'il a l'impression d'être à sa première expérience. Il ne cache pas son appréhension. Non seulement pour le vol, mais aussi pour le séjour en Arabie Saoudite. De ce fait, il ne cesse d'imaginer nuit et jour son séjour dans ce pays, loin de sa famille. Heureusement, son épouse est à ses côtés pour le rassurer. Quant à El Hadj Kaba Bintou-Mry, résidant à Koumassi, il est aussi candidat au pèlerinage à la Mecque cette année. Mais lui, comme son nom l'indique, a déjà effectué le Hadj. L' Islam n'interdit pas à un fidèle d'accompli ce rite plusieurs fois. Grâce à son commerce, El Hadj Kaba a pu réunir 1,5 millions FCFA, nécessaire pour son voyage de cette année. Ce deuxième pèlerinage qu'il effectue est celui de son frère cadet, Kaba Bounafou, décédé au cours d'un accident de la circulation. Le défunt recevra les retombées de ce rite dans sa tombe, selon la religion. M. Kaba et M. Koné sont deux des rares pèlerins hommes que nous avons rencontrés.
L'apport des époux, des enfants
Chaque année, la majorité des candidats au Hadj est constituée de femmes. L'une d'entre elles, Mme Sylla Matogoma, habite Marcory (Groupement foncier). Son voyage est financé par son époux. Il le lui a annoncé depuis deux mois. Depuis lors, affirme-t-elle, elle ne fait que penser au jour du départ. « Je pense à la réalité du terrain là-bas. Je souhaite accomplir le Hadj comme Dieu l'a prescrit », explique-t-elle. Son époux, bien que musulman, n'a jamais été à la Mecque, mais il n'a pas hésité à lui apporter son aide, pour qu'elle soit la première à s'y rendre. Dame Matogoma estime que son sort est la volonté de Dieu : « Les gens disent que le voyage à la Mecque est la réponse à un appel. Lorsque Dieu t'appelle, tu t'en vas », rappelle-t-elle.
Mme Touré Gnamoué, elle, habite Marcory- SICOGI. Elle est aussi candidate au Hadj 2005. Il y a quelques semaines, l'un de ses fils lui a annoncé qu'il lui offrirait le voyage en terre sainte.
Dame Farama Traoré, qui vit à Abobo, prendra aussi part au Hadj 2005. Elle n'a pas eu les mots forts, pour remercier le maire de la commune d'Abobo, M. Adama Toungara et son épouse. Ce sont eux qui lui ont permis d'être sur la liste des pèlerins de cette année. Elle s'impatiente de poser ses pieds sur la terre sainte, chose qu'elle n'avait jamais imaginée auparavant, du fait de sa situation sociale.
et des politiques
En Côte d'Ivoire, les frais du pèlerinage ont des origines diverses. Ils viennent des pèlerins eux-mêmes ou de certains membres de leurs familles, mais aussi de personnes étrangères. Souvent des élus. Cette année, par exemple, il revient que le Président de la République aurait financé le Hadj de deux cents (200) personnes. Des maires ont aussi permis, à certains de leurs administrés, de se rendre à la Mecque. C'est le cas d'une dame qui nous demande de transmettons ses remerciements au maire d'Abobo, M. Adama Toungara et son épouse. Le maire de Koumassi permet aussi, chaque année, à certaines fidèles musulmans de se rendre à la Mecque.