Article
Marketing politique auprès du Président Kadhafi : Gbagbo, le mauvais ami des Musulmans
- Titre
- Marketing politique auprès du Président Kadhafi : Gbagbo, le mauvais ami des Musulmans
- Type
- Article de presse
- Créateur
- Charles Sanga
- Editeur
-
Le Patriote
- Date
- 14 mai 2004
- DescriptionAI
- Alors que la Côte d'Ivoire cherche une issue pacifique à sa crise, le président Laurent Gbagbo tente de rallier des soutiens pour reprendre la guerre. Lors d'une visite en Libye, il a cherché à corriger l'image d'un régime anti-musulman, affirmant avoir beaucoup fait pour cette communauté. Cependant, le texte réfute ces allégations, détaillant de nombreuses persécutions subies par les musulmans sous son pouvoir, telles que des mosquées profanées, des imams assassinés et des massacres ciblés, le présentant comme un persécuteur plutôt qu'un allié.
- Sujet
- Hadj
- Laurent Gbagbo
- Charnier de Yopougon
- Assassinat d'imams
- Laïcité
-
Mouammar Kadhafi
- Aboubacar Fofana
- Couverture spatiale
-
Arabie saoudite
-
Côte d'Ivoire
-
Libye
- Tripoli
- Yopougon
- Koumassi
- La Mecque
- Benghazi
- Langue
- Français
- Contributeur
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Frédérick Madore
- Identifiant
- iwac-article-0011382
- contenu
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Alors que les Ivoiriens sont engagés avec la communauté internationale à trouver une issue heureuse et durable à la crise politico-militaire qui secoue notre pays, le clan présidentiel rame à contre-courant. Laurent Gbagbo a parcouru l'Afrique de l'ouest sans trouver d'allier à sa volonté de reprise de la guerre contre l'ex-rébellion.
Mardi dernier, il s'est rendu en Libye chez le Président Mouammar Kadhafi.
A tripoli, Gbagbo a parlé comme s'il se trouvait en Arabie Saoudite : « Il y avait des perceptions qu'il fallait certainement corriger. Je crois qu'il y a des gens qui répandent partout que nous étions à la tête d'un régime anti-musulman. Je crois que ce sont des questions qu'il faut aborder maintenant avec beaucoup de tranquillité. Il est vrai qu'il se trouve des gens qui, à l'intérieur comme à l'extérieur de la Côte d'Ivoire, continuent de raconter des histoires. J'ai donc exposé au Président Kadhafi, ce qui est la réalité ivoirienne », a fait savoir le Chef de l'Etat aux journalistes à l'aéroport de Benghazi. Il poursuit : « Je lui ai dit que je n'avais pas souvenance qu'un gouvernement ivoirien ait fait autant pour la communauté musulmane que depuis que je dirige la Côte d'Ivoire. Je l'ai fait pas par devoir mais parce que des citoyens ivoiriens sont musulmans et j'ai agi ainsi non pour rechercher des lauriers.»
Ainsi donc, Laurent Gbagbo se présente comme l'ami des musulmans de son pays. Y a-t-il à s'en enorgueillir s'il est vrai que le chef de l'Etat gouverne pour tous les Ivoiriens de toutes les confessions ? Pourquoi ne fait-il pas cas des largesses de son régime envers la communauté chrétienne ?
En cette période de réconciliation, les questions religieuses sont forcément sujettes à polémiques parce que sensibles. Mais, Gbagbo a décidé d'en parler pour se dédouaner de toutes les brimades dont les membres de la communauté musulmane sont l'objet depuis son installation à la présidence de la République.
Ainsi donc, le chef des refondateurs soutient avoir fait plus pour les musulmans que Houphouët ne l'a fait en 33 ans. Ce n'est pourtant pas Gbagbo, mais Bédié, qui a ouvert une ambassade de Côte d'Ivoire en Arabie Saoudite. Il participe certes à la prise en charge du pèlerinage à la Mecque de certains fidèles. Mais il le fait aussi pour les chrétiens. Et avant lui Houphouet et Bédié faisaient de même. Au contraire, jamais la laïcité de l'Etat n'a été autant tourmentée qu'elle ne l'est ces dernières années. Sous Gbagbo, 13 mosquées ont été profanées ou brûlées. Le charnier de Yopougon et les massacres des 25, 26 et 27 mars derniers étaient ciblées contre certaines communautés ethniques et réligieuses. C'est l'ONu qui l'affirme. Sous Gbagbo, des Imams ont été assassinés (Samassi Mahmoud et Lamine Touré), d'autres ont été contraint à l'exil (Aboubacar Fofana, Aboubacar Samassi) . Des grenades lacrymogènes ont été jetées dans des mosquées au moment où des fidèles s'y trouvaient en prière (ex. :La grande mosquée de Koumassi).
Les perquisitions sont devenues fréquentes dans les lieux de cultes musulmans. On estime à environ 2.000 le nombre de personnes portant des noms à consonance musulmane tuées depuis que Gbagbo est arrivée au pouvoir.
Gbagbo ne peut donc pas se prévaloir d'être un soutien, un ami des musulmans. Au contraire il est celui qui les a le plus persécutés.