Article
Cheick Boikary Fofana (Président du COSIM) «Il faut mettre fin à cette transition qui n'a que trop duré»
- Titre
- Cheick Boikary Fofana (Président du COSIM) «Il faut mettre fin à cette transition qui n'a que trop duré»
- Type
- Article de presse
- Editeur
-
Le Patriote
- Date
- 27 décembre 2009
- DescriptionAI
- Le Conseil supérieur des Imams (COSIM) de Côte d'Ivoire exprime sa préoccupation face à la situation sociopolitique et aux reports des élections, exhortant tous les acteurs à organiser des scrutins justes et transparents pour mettre fin à la longue transition. Il appelle à la paix, à la cohésion sociale et au respect des codes de conduite électoraux par les partis, les médias et les forces de sécurité. Le COSIM insiste également sur la neutralité des mosquées et la primauté de l'intérêt national pour une sortie de crise réussie.
- Sujet
- Élection présidentielle ivoirienne de 2010
- Commission Électorale Indépendante
-
Conseil Supérieur des Imams, des Mosquées et des Affaires islamiques
- Aboubacar Fofana
- Couverture spatiale
-
Côte d'Ivoire
- Langue
- Français
- Contributeur
-
Frédérick Madore
- Identifiant
- iwac-article-0011226
- contenu
-
La situation sociopolitique de la Côte d'Ivoire avec en prime le report répété de la date des échéances électorales, ne laisse personne indifférent. Le Conseil supérieur des Imams (COSIM), se dit préoccupé par cette situation. A l'occasion de la nouvelle année musulmane (1431 Hégire), le COSIM a fait une déclaration hier au cabinet du Cheick Boikary Fofana aux II Plateaux). Le président du COSIM a invité les acteurs politiques à aller aux élections à l'effet de mettre fin à une transition qui n'a que trop duré.
La célébration de la nouvelle année musulmane 1431 H précède de quelques jours le nouvel an grégorien, l'an 2010.
Le Conseil Supérieur des Imams en Côte d'Ivoire, au nom de l'ensemble de la communauté musulmane, souhaite une bonne et heureuse année 2010 à toute la communauté nationale et internationale.
Ces deux célébrations arrivent à une période importante pour l'avenir de notre pays. Tous les regards sont tournés vers les prochaines élections présidentielles, promises pour le courant du premier trimestre de cette nouvelle année 2010 ;
C'est ici le lieu de féliciter l'ensemble des acteurs politiques qui, depuis le début de la crise ouverte en septembre 2002, n'ont pas ménagé leurs efforts pour passer du conflit armé au dialogue constructif et aboutir aujourd'hui à l'affichage de la liste électorale provisoire.
Les questions épineuses de l'identité nationale et des élections justes, transparentes et inclusives sont en passe d'être réglées.
L'espoir renaît:
Certes, des difficultés réelles et sérieuses existent encore et reste à surmonter.
Les revendications sociales multiples sont l'expression de pressantes attentes du peuple.
La paix des coeurs et la cohésion sociale restent fragiles. La confiance est une quête loin d'être achevée;
Et pourtant, au point où notre nation est arrivée, nous ne devons ni faiblir ni céder au découragement.
L'avenir de notre nation et de notre peuple exige de tous, des efforts soutenus et une synergie d'action. C'est pourquoi, le conseil supérieur des imams en Côte d'Ivoire invite les populations, dans leur globalité, à mettre l'intérêt supérieur de la nation au dessus des intérêts particuliers.
Malgré des maux de plus en plus croissants que nous subissons depuis de longues années, (injustice, famine, maladie, pauvreté, déscolarisation, insécurité, délinquance, chômage, corruption, impunité,...).
En dépit des espoirs maintes fois déçus de la tenue des élections dans notre pays,
Nous ne devons pas perdre de vue ce qui est essentiel:
Mettre fin à une transition qui n'a que trop duré pour enfin emprunter le chemin de notre développement,
La constitution de notre pays affirme que la souveraineté appartient au peuple, qui assume selon le Saint Coran, la lieutenance d'Allah sur terre.
La tenue d'élections honnêtes et démocratiques est une expression de la souveraineté du peuple, et donc, une expression de votre souveraineté.
.L'autorité et la légitimité des pouvoirs publics qui seront issus de ces élections, reposeront sur votre volonté librement exprimée au cours de ces élections.
C'est pourquoi en dépit de la légitimité des diverses revendications, nous devons tous ensemble Å"uvrer au maintien de la paix et de la cohésion sociale afin de ne pas entraver la bonne fin du processus de sortie de crise en cours.
Aux institutions en charge de l'organisation des élections
Nous devons encourager la Commission Electorale Indépendante (CEl) à conduire le processus électoral jusqu'à son terme et dans les délais annoncés, avec équité, justice et sincérité.
Nous remercions et félicitons la communauté internationale pour son engagement aux côtés de la Côte d'Ivoire à travers les organes de l'ONU et de la Facilitation.
Nous les encourageons à poursuivre avec détermination leurs actions en faveur de la sortie de crise en Côte d'Ivoire.
A tous les autres organes qui participent à ce processus, nous lançons un appel solennel à respecter la volonté du peuple lorsqu'elle se sera librement exprimée.
Lorsqu'un gouvernement tire sa légitimité de la volonté du peuple, les risques d'alternance non démocratiques sont réduits.
Aux partis, groupements politiques et médias
Sous l'égide des Nations Unies et de la Commission Electorale Indépendante, les partis, groupements politiques et les Médias ont signé, chacun en ce qui le concerne, un code de bonne conduite.
Au-delà de ces signatures, le respect scrupuleux de ces différents codes constitue l'enjeu majeur.
Le respect de ces codes constitue également et surtout, la condition indispensable pour l'instauration d'un environnement apaisé pour les scrutins à venir.
La valeur d'une nation, et à une moindre échelle la valeur d'un individu se mesure au respect de la parole donnée ou de l'engagement librement souscrit.
Quant aux forces de défense et de sécurité, elles doivent s'en tenir à leur strict rôle de gardiens des valeurs républicaines, en garantissant de façon impartiale, la sécurité des biens et des personnes sur l'ensemble du territoire.
A l'ensemble de la communauté musulmane nationale
Vous faites partie intégrante de la nation ivoirienne.
Vous ne devez vous distinguer que par vos qualités spirituelles et morales ainsi que par vos qualités de citoyens vertueux et compétents.
Poursuivez sans relâche vos efforts en faveur de l'Å"uvre de paix, de réconciliation, de construction et de cohésion de la nation.
En même temps, gardons et protégeons jalousement nos lieux de cultes et nos mosquées des empoignades politiques et politiciennes.
La mosquée est un espace sacré et neutre qui doit bénéficier de l'immunité.
Elle constitue un lieu de culte entièrement voué à l'adoration d'Allah (SWT) et doit être respecté par tous comme tel, surtout en ces périodes sensibles de précampagne et de campagne électorales.
Le Saint Coran, sourate 72, verset 18 ne prescrit-il pas :
«Les mosquées sont entièrement consacrées à Allah ! N'y invoquez donc personne d'autre avec Allah»
Chers fidèles
Ce verset nous interpelle tous, guides religieux, vieux, cadres musulmans, femmes, jeunes, à nous abstenir de toute confusion qui mènerait à abandonner nos mosquées à des actions et à des activités non cultuelles.
A tous les imams de Côte d'Ivoire
Vous êtes les héritiers du prophète MUHAMAD (SAW) et les gardiens de la sacralité de nos mosquées.
Perpétuez l'oeuvre du Saint Prophète (SAW).
Que personne n'oublie les évènements douloureux de l'an 2000 où injustement, des mosquées ont été brûlées, des imams et des fidèles tués, des exemplaires du Saint Coran et autres ouvrages religieux islamiques brûlés et profanées;
Notre noble mission doit demeurer le socle moral de notre nation.
«La République de Côte d'Ivoire est laïque...», selon la loi fondamentale.
Tous ceux qui recherchent les suffrages du peuple doivent y veiller .au cours de leurs campagnes.
Nous devons nous féliciter, toutes religions confondues, d'avoir su éviter jusqu'à présent à notre pays un amalgame des problèmes politiques et des problèmes religieux.
Gardons-nous donc de favoriser, par nos comportements, le risque de mettre à mal lacohésion nationale.
Nous approchons la fin du processus de sortie de crise.
Ensemble, nous devons tous rester vigilants, solidaires et constituer une forteresse contre la tentation de nous laisser instrumentaliser.
Rappelons-nous constamment cet enseignement du Saint Coran:
«Dis: Ô mes serviteurs qui avez commis des excès à votre détriment ne désespérez pas de la miséricorde d'Allah)} Coran 39 : verset 53
Bonne et heureuse année 1431 H (2010),
Que La Paix d'Allah vous accompagne, Salam Alaykoum !