Article
Tentative d'assassinat à la mosquée de la Riviera Golf : qui en veut aux Imams ?
- Titre
- Tentative d'assassinat à la mosquée de la Riviera Golf : qui en veut aux Imams ?
- Type
- Article de presse
- Créateur
- Dembélé Al Séni
- Editeur
-
Le Patriote
- Date
- 13 février 2004
- DescriptionAI
- En Côte d'Ivoire, cinq Imams ont échappé à une tentative d'assassinat par un tireur embusqué à la mosquée de la Riviera Golf, utilisant un fusil de type gendarmerie. Cet acte, qui rompt une période d'accalmie, soulève des interrogations sur ses commanditaires. Deux pistes sont envisagées : des opposants au Président Gbagbo cherchant à le déstabiliser, ou le clan présidentiel lui-même, ayant déjà ciblé des religieux musulmans par le passé. Malgré cette attaque, les Imams réaffirment leur engagement pour la justice.
- Sujet
- Front populaire ivoirien
- Laurent Gbagbo
- Assassinat d'imams
-
Conseil Supérieur des Imams, des Mosquées et des Affaires islamiques
- Langue
- Français
- Contributeur
-
Frédérick Madore
- Identifiant
- iwac-article-0011174
- contenu
-
On avait cru l'insécurité en Côte d'Ivoire revenue à un seuil tolérable. Mais, c'est sans compter avec les amoureux de la violence, du sang et de la surchauffe permanente.
Ceux pour qui, calme et sérénité signifient galère. Pour eux, le pays doit, en tout temps, être maintenu dans un minimum de tension. Situation qui justifie les rallonges budgétaires et les commissions sur achat d'armes. Mardi dernier, pour mettre un terme à l'accalmie observée depuis plusieurs semaines dans le pays, ces forces du mal ont choisi de jeter leur dévolue sur... les Imams.
A la mosquée de la Riviera Golf où ils étaient en réunion, cinq Imams ont, en effet, essuyé le tir d'un tireur embusqué. La balle, tirée d'un fusil à lunette a raté sa cible. Elle est passée à 60 cm environ d'un des dignitaires religieux en conclave. L'arme de l'attentat, après vérification de la balle, est de type «FR-F1» de marque française couramment utilisée par les éléments de la gendarmerie nationale.
La question qui revient sur toutes les lèvres après cette opération : qui en veut aux Imams ? Naturellement, se pose également la question relative au pourquoi d'un tel acharnement contre les religieux musulmans. Une piste pourrait permettre de voir dans cette action une opération des opposants au Chef de l'Etat.
Rentré d'une visite de travail en France, au cours de laquelle il a été reçu à déjeuner par Chirac, Gbagbo semble s'être remis sur la selle diplomatique. Ragaillardi par ce qui apparaît aux yeux de ses partisans comme une légitimation de son pouvoir dépecé, émietté par «Marcoussis et Kléber» en 2003, Gbagbo se sent sur une image. En pole position pour dicter sa volonté dans l'application qu'il veut sélective de «Marcoussis», le chemin pour sa réélection en 2005 ne souffrirait alors d'aucun doute. Dans un tel décor idyllique pour l'enfant de «Mama», l'assassinat d'un Imam relancerait les antagonismes surtout religieux. Scénario propice pour accuser Gbagbo, éclabousser son «aura» actuelle et l'embourber dans de nouveaux marais.
La deuxième piste amène fort logiquement dans le sillage du clan présidentiel. Depuis le déclenchement de la crise militaro-politique le 19 septembre 2003, les Imams ont été accusés de tous les péchés d'Israël. Mamadou Koulibaly et tous les pontes du régime FPI les ont indexés. L'épouse du Chef de l'Etat, Simone Ehivet Gbagbo, lors d'une tournée en Israël pour l'achat d'armes, avait sur les antennes de la Télévision nationale, accusé la communauté musulmane. «Les mosquées sont transformées en tribune politique pour inciter à la haine contre la République», avait-elle affirmé. Du coup, les chefs religieux que sont les Imams étaient à nouveau jetés en pâture aux fauves du régime. Eux qui ont lâchement et sauvagement abattus trois de ces guides religieux musulmans : Sylla à Daloa en octobre 2002, Samassi et Diakité à Abidjan en 2003.
Et apparemment, les vampires qui adorent le sang religieux sont de retour. Malgré tout, ces hommes qui ont offert leur vie au Créateur, ce qui les rend libre d'esprit, entendent continuer leur combat pour la justice, la liberté et la dignité humaine. D'ailleurs, pour éclairer l'opinion, le COSIM organise demain samedi à 16h 30, un point de presse à la Mosquée de l'Avenue 08 à Treichville. Comme pour dire que les balles ne peuvent rien contre la foi.