Article
Conflit armé en Côte d'Ivoire : Mme Gbagbo et les musulmanes échangent
- Titre
- Conflit armé en Côte d'Ivoire : Mme Gbagbo et les musulmanes échangent
- Type
- Article de presse
- Créateur
- Théodore Tomin
- Editeur
-
Le Jour
- Date
- 23 décembre 2002
- DescriptionAI
- Une rencontre de concertation a eu lieu entre Mme Simone Gbagbo et les femmes musulmanes de Côte d'Ivoire pour aborder la crise politico-militaire. Les représentantes musulmanes ont dénoncé la discrimination ethnique et religieuse, les doutes sur leur nationalité et les tracasseries subies. Mme Gbagbo s'est engagée à chercher des solutions et a exhorté les femmes à inciter leurs proches à cesser la rébellion pour favoriser la résolution des problèmes du pays.
- nombre de pages
- 1
- Sujet
- Mariam Fofana
- Confédération des Femmes Musulmanes de Côte d'Ivoire
- Femme en islam
- Simone Gbagbo
- Langue
- Français
- Contributeur
-
Frédérick Madore
- Identifiant
- iwac-article-0011193
- contenu
-
Conflit armé en Côte d'Ivoire
Mme Gbagbo et les musulmanes échangent
Une rencontre d'échanges et de concertation a eu lieu, samedi dernier au palais de la culture de Treichville, entre Mme Simone Ehivet Gbagbo et les femmes musulmanes de Côte d'Ivoire. Celle-ci se situe dans le cadre de la recherche de solutions à la crise politico-militaire qui a secoué le pays.
Mme Simone Ehivet Gbagbo, épouse du président ivoirien, et ses compatriotes musulmanes se sont parlé, en toute franchise, samedi dernier au palais de la culture de Treichville. Des vérités ont été crachées de part et d'autre. Le cadre s'y prêtant, elles se sont plus attardées sur l'origine du conflit actuel qui secoue la Côte d'Ivoire qu'aux solutions pour en sortir.
D'entrée de jeu, l'épouse du chef de l'Etat ivoirien a demandé à ses sœurs en islam, de lui ouvrir leur cœur et de dire tout ce qu'elles pensent de la situation actuelle en Côte d'Ivoire. « Nous, les femmes, n'avons pas le droit de rester indifférentes à cette guerre qui ronge le nord et l'ouest du pays. Alors, dites-moi ce qui fait mal au cœur des Sénoufo, des Malinké et des musulmanes que vous êtes. Je suis venue vous écouter et savoir ce que vous faites dans la recherche de solutions à cette crise ».
Prenant la parole, la présidente de la Confédération des femmes musulmanes de Côte d'Ivoire (Cofemci), Mme Fofana, a lu un message conjoint de toutes les femmes de son organisation. Dans cette adresse à l'épouse du chef de l'Etat, la Cofemci qui regroupe toutes les associations de femmes musulmanes (CSI, CID Oummat islamique, etc), s'est engagée à se mettre au-dessus de toute considération partisane et d'œuvrer en faveur de la consolidation de la paix. Toutefois, a-t-elle fait remarquer, cela passe par le devoir de vérité, l'un des socles de l'islam qui impose de dire sans complaisance, ce qui apparaît être à l'origine de la facture sociale en Côte d'Ivoire.
Pour les musulmanes, la cause de cette crise est avant tout socio-culturelle, avant d'être politique. Et les facteurs les plus déterminants, a précisé Mme Fofana, sont entre autres, la méconnaissance de la culture de l'autre, la réduction de la nation à la tribu par certains compatriotes et le code de nationalité. Se voulant plus explicite, la porte-parole de la Cofemci a affirmé « qu'une crise ethnique et religieuse, née de la catégorisation des Ivoiriens et leur hiérarchisation, selon l'appartenance ethnique et religieuse, a contribué à créer un véritable fossé entre le nord et le sud ». Mais, le problème réel auquel sont confrontés les musulmans de Côte d'Ivoire, selon Mme Fofana, est lié au doute sur leur nationalité, les tracasseries en tous genres, les brimades, les contrôles intempestifs, les persécutions contre les noms à consonance nordiste et musulmane.
La Cofemci a également dénoncé la violation des lieux de culte, des domiciles des imams, les exécutions sommaires, les enlèvements abusifs et les difficultés d'obtention des documents administratifs. L'épineuse question du racket des forces de l'ordre n'a pas été occultée à la rencontre de samedi dernier.
En réponse à toutes ces préoccupations, Mme Simone Gbagbo s'est dite satisfaite, d'autant plus que l'essentiel, pour elle, était de se parler dans la franchise. C'est pourquoi, l'épouse du chef de l'Etat a pris des engagements solennels en vue d'aider, dans la mesure de ses possibilités, à trouver des solutions aux préoccupations de ses sœurs musulmanes. Mais, pour elle, le préalable est de faire en sorte que la Côte d'Ivoire retrouve sa stabilité d'antan.
Concernant l'opération d'identification, la première dame envisage l'organisation de séminaires d'explications. Au passage, la première dame a demandé aux musulmanes et aux ressortissantes du nord de sensibiliser leurs enfants et leurs hommes, afin qu'ils se mettent à l'écart de la rébellion. Car, a-t-elle conclu, « plus vite on mettra un terme à cette guerre, mieux on pourra s'asseoir et discuter des vrais problèmes de la Côte d'Ivoire. Parce qu'il n'y a pas de problème sans solutions ».
Mme Simone Gbagbo à ses sœurs musulmanes : « Parlez à vos enfants, à vos hommes engagés dans le combats ».
THÉODORE TOMIN