Article
Imam Mahmoud Samassi : un homme de foi et de devoir
- Titre
- Imam Mahmoud Samassi : un homme de foi et de devoir
- Type
- Article de presse
- Créateur
- Yacouba Touré
- Editeur
-
Le Jour
- Date
- 18 janvier 2003
- DescriptionAI
- Imam Mahmoud Samassi (décédé en 2003) était une figure centrale du renouveau islamique en Côte d'Ivoire dès les années 1980. Après des études islamiques en Orient, il a exercé comme professeur de mathématiques tout en étant un imam dévoué, œuvrant sans relâche pour l'organisation et la formation de la jeunesse musulmane (Aeemci) et des cadres à travers le pays. Reconnu pour ses sermons, son engagement infatigable et sa participation aux dialogues interreligieux, il a dédié sa vie à la propagation de la foi islamique, étant considéré comme un martyr après son assassinat.
- nombre de pages
- 1
- Langue
- Français
- Contributeur
-
Frédérick Madore
- Identifiant
- iwac-article-0011213
- contenu
-
Imam Mahmoud Samassi
Un homme de foi et de devoir
Mes premières rencontres avec Mahmoud remontent au début des années 80, au moment où la communauté musulmane de la Riviéra organisait des causeries-débats hebdomadaires dans les salons de ses membres-fondateurs. Une belle période inoubliable qui a vu de jeunes cadres formés dans des universités occidentales participer au Renouveau islamique de leur pays : La Côte d'Ivoire. Nous bénéficions de l'encadrement de quatre imams très dévoués : Cheick Ahmed Tidjane Ba, Boubacar Fofana, Mohamed Lamine Kaba et Salia Traoré.
Mahmoud Samassi faisait partie d'un groupe de jeunes Ivoiriens qui, après le Bac et quelques années d'études à l'université d'Abidjan, avaient choisi de partir en Orient, à la quête de la science et du savoir islamiques. Très tôt, alors qu'il était encore jeune étudiant, Mahmoud se signalait déjà par son engagement et la densité de ses sermons. Il était présent sur tous les fronts du combat islamique, tirant ainsi ses coreligionnaires à sortir de l'hibernation dans laquelle les avaient maintenus les successeurs de l'administration coloniale.
Ses études terminées, cet éveilleur de conscience rentra au bercail comme d'autres compatriotes de la belle aventure saoudienne. Mais une de ses particularités est d'avoir réussi, non sans difficultés, à intégrer la fonction publique ivoirienne. Il fut affecté dans un collège de Divo. Ce jeune professeur de mathématiques abattit un travail titanesque, qui fit de lui un modèle pour la jeunesse scolaire de toute la localité. Cette prise de conscience va aboutir à une meilleure organisation de l'Aeemci. Les fonctionnaires et cadres musulmans aussi. C'est ainsi qu'on les verra tous mobilisés pour le succès de Divo 92, séminaire annuel de l'Aeemci pour la formation religieuse de la jeunesse musulmane. Il faut signaler que le frère couvrait aussi Gagnoa et Tiassalé, où il se rendait les week-ends et pendant les vacances scolaires.
Lorsqu'il est affecté au Lycée moderne de Treichville, Mahmoud Samassi est nommé quelque temps après, imam par le Cosim. Cela va évidemment accroître sa tâche. En plus de ses nombreuses heures de cours, il consacre une grande partie de son temps à la formation et à l'encadrement des pèlerins... Il était infatigable ! Je le vois encore à Minah, lors du pèlerinage de 1987, sous les tentes à 4h du matin, invitant les pèlerins à rompre leur sommeil pour la prière de l'aube. Mahmoud, je te vois toujours et partout propager la foi islamique notamment lors des séminaires de formation de l'Aeemci... à Korhogo en 1984, à Bondoukou en 1990, à Divo, mais aussi au Centre culturel libanais de Marcory, débattre de l'avenir de la jeunesse ivoirienne avec des pasteurs, des abbés et des hommes politiques. Tu savais donner avec pertinence le point de vue de l'Islam.
C'est cet homme de foi et de devoir, qui vient de quitter le lundi 6 janvier 2003, la planète terre, un lieu de transit pour la demeure éternelle, la vraie et certainement la meilleure pour lui. Ceux qui l'ont lâchement et froidement abattu sont perdants, ils ne peuvent jamais atteindre le but visé, car l'Imam avait déjà atteint ses objectifs, la graine ayant déjà germé, donné de belles plantes solides et bien incrustées.
Pour terminer, les assassins doivent savoir aussi qu'un homme comme l'Imam Mahmoud Samassi n'était nullement attaché à ce bas-monde. Son bref séjour terrestre a été entièrement consacré à l'Islam, sans s'en servir personnellement. Il était de ceux qui avaient parfaitement compris ceci : «Je n'ai créé les djinns et les hommes que pour m'adorer» (Sourate LI, les Ouragans verset 56). Le missionnaire Samassi a eu la fin qu'il avait certainement souhaitée, mourir en martyr !
Yacouba Touré - Mandjou
mandjouyt@yahoo.fr