Article
Imam Dosso Mamadou, secrétaire général du conseil national islamique (Cni) à propos de la menace Djihadiste : "Voici pourquoi la Côte d'Ivoire est dans le viseur des Djihadistes"
- Titre
- Imam Dosso Mamadou, secrétaire général du conseil national islamique (Cni) à propos de la menace Djihadiste : "Voici pourquoi la Côte d'Ivoire est dans le viseur des Djihadistes"
- Type
- Article de presse
- Créateur
- Abou Traoré
- Editeur
-
Le Jour Plus
- Date
- 10 juin 2013
- Résumé
- Depuis les événements du Mali, la Côte d'lvoire, à l'instar de nombre de pays d'Afrique de l'Ouest, redoute des actes terroristes sur son sol de la part d'islamistes. Dans cette interview, I'Imam Dosso Mamadou, secrétaire général du conseil national islamique (Cni) dresse un tour d'horizon de la menace Djihadiste, ses causes profondes et des éléments pour lutter contre ce fléau.
- pages
- 8
- nombre de pages
- 1
- Langue
- Français
- Contributeur
-
Frédérick Madore
- Identifiant
- iwac-article-0010585
- contenu
-
Depuis les événements du Mali, la Côte d'lvoire, à l'instar de nombre de pays d'Afrique de l'Ouest, redoute des actes terroristes sur son sol de la part d'islamistes. Dans cette interview, I'Imam Dosso Mamadou, secrétaire général du conseil national islamique (Cni) dresse un tour d'horizon de la menace Djihadiste, ses causes profondes et des éléments pour lutter contre ce fléau.
On parle de plus en plus de menaces des djihadistes en Côte d'Ivoire. Estce une réalité ou une vue de l'esprit? Au plan socio politique, cette menace est probable, sans vouloir paniquer l'opinion. Les raisons sont que depuis le Président feu Félix Houphouët Boigny jusqu'à son excellence Alassane Ouattara l'actuel chef de l'Etat, en passant par les présidents Bédié, Gué et Gbagbo, les pouvoirs publics ivoiriens gèrent la question religieuse avec moins d'offensive administrative que politique. Toutes choses qui font des dignitaires religieux, des leaders d'opinion adoubés ou haïs par leurs fidèles, plus pour leur militantesne politique que pour leur culture confessionnelle ou leur piété. Alors qu'on sait que les communautés religieuses forment plus de $80 \%$ du corps social en Côte d'Ivoire. Ce sont des chiffres de l'INS après le recensement des populations et de l'Habitat en 1998. Les religieux plus ou moins proches des politiques de par leur activisme, militent en confondant les revendications politiques aux causes religieuses. Bref, le Président Alassane Ouattara en tant que Président en exercice de la CEDEAO, est aussi responsable de ce qui arrive au nord Mali. Des structures religieuses se disant politiquement opposés à lui, pourraientfavoriser des actions terroristes éventuelles. Qu'Allah nous en préserve.
La communauté musulmane à travers sa branche radicale est accusée. Votre commentaire?
Je m'élève contre la stigmatisation des gens, à plus forte raison des croyants. Ce sont des pratiques qui marginalisent. Les marginaux revendiquent leur appartenance à la foi par des actions violentes. Cette analyse doit interpeler les pouvoirs publics qui doivent éviter de se comporter en membres de structures religieuses parmi plusieurs autres, lorsqu'il y'agit notamment de faits cultuels comme le Hadj, leur assistance pendant le ramadan, la tabaski, etc.Nous n'avons pas intérêt à pousser nos coreligionnaires dans les bras de branches radicales ici ou ailleurs. Le radicalisme, par ailleurs appelé intégrisme ou djihadisme naît de la gestion partisane par les pouvoirs publics, des pratiques et de l'emprise des religions sur la société. Le coran que lisent les membres d'Angar Dîne au Nord Mali, de Bokoharam au Nigeria est le même que celui que nous lisons en Côte d'Ivoire, y compris les exégèses. Seul le milieu socio politique détermine le vécu de ces sentences divines d'une localité à l'autre.
Selon vous qu'est ce qui peut expliquer les attentats des djihadistes? Le coran ou une mauvaise interprétation de la parole Sainte?
Les intégrismes sont en laisnce dans toutes les contrées du monde. Ils ressurgissent périodiquement en réaction à certains événements. A titre d'exemples les revendications des intégristes juifs sont souvent liées aux colonies de peuplement par Israël du territoire palestinien occupé. Des remous avec mort d'homme et incendies ont été provoqués par des projections de film, dont celles de « la dernière tentation du Christ "et « les oiseaux se cachent pour mourir». La condamnation à mort de l'écrivain anglo-indien Salman Ruubdie fut causée par la publication de son roman de science-fiction « les versets sataniques». Les soulèvements et menaces de morts provoqués par la publication des douze (12) caricatures du Prophète Muhammad (Paix et salut sur lui) du journal danois Jyllands-Posten, Etc. Ce sont des événements sociaux dont les auteurs cherchent références dans la religion. Ces genres d'incursion du temporel dans l'intemporel provoquent des conflits de religions qui endeuillent la planète : Au Kosovo, en Tchétchénie et à Chypre les chrétiens orthodoxes sont opposés aux musulmans. Au Cachemire, les musulmans sont opposés aux hindous. Au proche orient, les juifs sont opposés aux musulmans. En Irlande du Nord, les protestants sont opposés aux catholiques. Au Tibet, les athées sont opposés aux bouddhistes. Au Nigeria (2ème pays abritant le plus d'évangélistes après les Etats Unis), les musulmans que Boko Haram dit représenter sont opposés aux chrétiens pentecôtistes. Cette liste de conflits dits religieux n'est pas exhaustive. Ce n'est ni une mauvaise interprétation des paroles divines, ni une autre compréhension du coran.
Selon vous qu'est-ce qu'il faut faire pour lutter contre les menaces djihadistes?
D'abord, il faut clairement définir ou redéfinir l'identité laique de la Côte d'Ivoire. Vous savez que la liberté de culte qui était un acquis, l'est de moins en moins par, entre autres choses, le fait que des associations cultuelles sont désormais associées à l'administration, pour légaliser l'existence d'autres associations cultuelles. Autrement dit, les pouvoirs publics se montrent de moins en moins équitables entre les structures religieuses par leur prolongement politique dans le champ religieux. Ensuite, les pouvoirs publics ont intérêt à prendre impartialement en compte les préoccupations de toutes les structures cultuelles qu'ils ont eux-mêmes reconnues. Pour rap. pel, les structures cultuelles ne sont pas des partis politiques à apprécier par leur capacité de mobilization ou leur nombre d'élus. Ce sont des groupes naturels constitués sur la base d'objectifs clairement posés dans des statuts et règlement intérieur qu'elles ont déposés à la tutelle, c'est-à-dire au Ministère de l'Intérieur. Enfin, il faut mettre fin aux préjugés défavorables, causes des marginalisations, elles-mêmes provocant des frustrations qui ne laissent aux victimes que la violence comme instruments de revendication.
Quel doit être le comportement de la communauté musulmane face à cette menace djihadiste qui sème la peur chez les populations?
Les membres de la communauté musulmane ont intérêt à rester accrochés au câble d'Allah qu'est l'unité de foi, à l'opposé des clivages politiques ou ethniques.
Vos recettes pour lutter efficacement contre la menace Djihadiste?
Il faut lutter efficacement contre l'inculture tant religieuse que générale. Celle-ci crée de faux complexes. A cet égard, notre communauté est en train de s'organiser pour que ses écoles soient labélisées. C'est-à-dire qu'elles soient à même de relever les défis de l'Education des enfants dans des cadres aussi performants et modernes qu'ailleurs en Europe où en Amérique. Si ce combat est bien mené, le Ministère de l'Education Nationale nous accompagne, ce sera la meilleure stratégie de lutte contre ce que vous appelez la menace djihadiste qui est aussi condamnable que ce contexte où notre communauté bruisse de rumeurs et d'apostrophes.
Avez-vous un appel à lancer à la communauté musulmane et aux autorités Ivoiriennes?
De tous temps, il y a eu en Côte d'Ivoire « des braconniers du sacré ». Ce sont les religieux qui rasent les murs des cabinets ministériels et des institutions républicaines,
selon l'expression de mon frère, l'éminent professeur de théologie, le père Jean Bayo Simin de l'Université Catholique de l'Afrique de l'Ouest (UCAO). Au temps colonial, on les appelait les marabouts collabo. Revenons à la laïcité de l'Etat et aux valeurs originelles de notre religion. Cellesci attestent que le meilleur être humain aux yeux d'Allah, est le plus respectable des lois divines. Sûrement que ce n'est pas évident, en égard à l'impact de l'argent et de la culture du luxe chez certains dignitaires religieux. C'est contradictoire d'être à la fois le miroir de sa société et de donner cette image terne à ceux et celles qui vous mettent en mission morale pour donner sens et vie à leur religion.
Interview réalisée par
ABOU TRAOBÉ -
Imam Dosso Mamadou, secrétaire général du conseil national islamique (Cni) à propos de la menace Djihadiste "Voici pourquoi la Côte d'Ivoire est dans le viseur des Djihadistes"
Depuis les événements du Mali, la Côte d'lvoire, à l'instar de nombre de pays d'Afrique de l'Ouest, redoute des actes terroristes sur son sol de la part d'islamistes. Dans cette interview, I'Imam Dosso Mamadou, secrétaire général du conseil national islamique (Cni) dresse un tour d'horizon de la menace Djihadiste, ses causes profondes et des éléments pour lutter contre ce fléau.
On parle de plus en plus de menaces des djihadistes en Côte d'Ivoire. Estce une réalité ou une vue de l'esprit? Au plan socio politique, cette menace est probable, sans vouloir paniquer l'opinion. Les raisons sont que depuis le Président feu Félix Houphouët Burigny jusqu'à son excellence Alassane Ouattara l'actuel chef de l'Etat, en passant par les présidents Bédié, Gué et Gbagbo, les pouvoirs publics ivoiriens gèrent la question religieuse avec moins d'offensive administrative que politique. Toutes choses qui font des dignitaires religieux, des leaders d'opinion adoubés ou haïs par leurs fidèles, plus pour leur militantesne politique que pour leur culture confessionnelle ou leur piété. Alors qu'on sait que les communautés religieuses forment plus de $80 \%$ du corps social en Côte d'Ivoire. Ce sont des chiffres de l'INS après le recensement des populations et de l'Habitat en 1998. Les religieux plus ou moins proches des politiques de par leur activisme, militent en confondant les revendications politiques aux causes religieuses. Bref, le Président Alassane Ouattara en tant que Président en exercice de la CEDEAO, est aussi responsable de ce qui arrive au nord Mali. Des structures religieuses se disant politiquement opposés à lui, pourraientfavoriser des actions terroristes éventuelles. Qu'Allah nous en préserve.
La communauté musulmane à travers sa branche radicale est accusée. Votre commentaire?
Je m'élève contre la stigmatisation des gens, à plus forte raison des croyants. Ce sont des pratiques qui marginalisent. Les marginaux revendiquent leur appartenance à la foi par des actions violentes. Cette analyse doit interpeler les pouvoirs publics qui doivent éviter de se comporter en membres de structures religieuses parmi plusieurs autres, lorsqu'il s'agit notamment de faits cultuels comme le Hadj, leur assistance pendant le ramadan, la tabaski, etc.Nous n'avons pas intérêt à pousser nos coreligionnaires dans les bras de branches radicales ici ou ailleurs. Le radicalisme, par ailleurs appelé intégrisme ou djihadisme naît de la gestion partisane par les pouvoirs publics, des pratiques et de l'emprise des religions sur la société. Le coran que lisent les membres d'Angar Dîne au Nord Mali, de Bokoharam au Nigeria est le même que celui que nous lisons en Côte d'Ivoire, y compris les exégèses. Seul le milieu socio politique détermine le vécu de
ces sentences divines d'une localité à l'autre.
Selon vous qu'est ce qui peut expliquer les attentats des djihadistes? Le coran ou une mauvaise interprétation de la parole Sainte?
Les intégrismes sont en laisnce dans toutes les contrées du monde. Ils ressurgissent périodiquement en réaction à certains événements. A titre d'exemples les revendications des intégristes juifs sont souvent liées aux colonies de peuplement par Israël du territoire palestinien occupé. Des remous avec mort d'homme et incendies ont été provoqués par des projections de film, dont celles de « la dernière tentation du Christ "et « les oiseaux se cachent pour mourir». La condamnation à mort de l'écrivain anglo-indien Salman Rushdie fut causée par la publication de son roman de science-fiction « les versets sataniques». Les soulèvements et menaces de morts provoqués par la publication des douze (12) caricatures du Prophète Muhammad (Paix et salut sur lui) du journal danois Jyllands-Posten, Etc. Ce sont des événements sociaux dont les auteurs cherchent références dans la religion. Ces genres d'incursion du temporel dans l'intemporel provoquent des conflits de religions qui endeuillent la planète : Au Kosovo, en Tchétchénie et à Chypre les chrétiens orthodoxes sont opposés aux musulmans. Au Cachemire, les musulmans sont opposés aux hindous. Au proche orient, les juifs sont opposés aux musulmans. En Irlande du Nord, les protestants sont oppo-
tés aux catholiques. Au Tibet, les athées sont opposés aux bouddhistes. Au Nigeria (2ème pays abritant le plus d'évangélistes après les Etats Unis), les musulmans que Boko Haram dit représenter sont opposés aux chrétiens pentecôtistes. Cette liste de conflits dits religieux n'est pas exhaustive. Ce n'est ni une mauvaise interprétation des paroles divines, ni une autre compréhension du coran.
Selon vous qu'est-ce qu'il faut faire pour lutter contre les menaces djihadistes?
D'abord, il faut clairement définir ou redéfinir l'identité laique de la Côte d'Ivoire. Vous savez que la liberté de culte qui était un acquis, l'est de moins en moins par, entre autres choses, le fait que des associations cultuelles sont désormais associées à l'administration, pour légaliser l'existence d'autres associations cultuelles. Autrement dit, les pouvoirs publics se montrent de moins en moins équitables entre les structures religieuses par leur prolongement politique dans le champ religieux. Ensuite, les pouvoirs publics ont intérêt à prendre impartialement en compte les préoccupations de toutes les structures cultuelles qu'ils ont eux-mêmes reconnues. Pour rap. pel, les structures cultuelles ne sont pas des partis politiques à apprécier par leur capacité de mobilization ou leur nombre d'élus. Ce sont des groupes naturels constitués sur la base d'objectifs clairement posés dans des statuts et règlement intérieur qu'elles ont déposés à la tutelle, c'est-à-dire au Ministère de l'Intérieur. Enfin, il faut mettre fin aux préjugés défavorables, causes des marginalisations, elles-mêmes provocant des frustrations qui ne laissent aux victimes que la violence comme instruments de revendication.
Quel doit être le comportement de la communauté musulmane face à cette menace djihadiste qui sème la peur chez les populations?
Les membres de la communauté musulmane ont intérêt à rester accrochés au câble d'Allah qu'est l'unité de foi, à l'opposé des clivages politiques ou ethniques.
## Vos recettes pour lutter efficacement
contre la menace Djihadiste?
Il faut lutter efficacement contre l'inculture tant religieuse que générale. Celle-ci crée de
faux complexes. A cet égard, notre communauté est en train de s'organiser pour que ses écoles soient labélisées. C'est-à-dire qu'elles soient à même de relever les défis de l'Education des enfants dans des cadres aussi performants et modernes qu'ailleurs en Europe où en Amérique. Si ce combat est bien mené, le Ministère de l'Education Nationale nous accompagne, ce sera la meilleure stratégie de lutte contre ce que vous appelez la menace djihadiste qui est aussi condamnable que ce contexte où notre communauté bruisse de rumeurs et d'apostrophes.
Avez-vous un appel à lancer à la communauté musulmane et aux autorités Ivoiriennes?
De tous temps, il y a eu en Côte d'Ivoire « des braconniers du sacré ». Ce sont les religieux qui rasent les murs des cabinets ministériels et des institutions républicaines,
selon l'expression de mon frère, l'éminent professeur de théologie, le père Jean Bayo Simaie de l'Université Catholique de l'Afrique de l'Ouest (UCAO). Au temps colonial, on les appelait les marabouts collabo. Revenons à la laïcité de l'Etat et aux valeurs originelles de notre religion. Cellesci attestent que le meilleur être humain aux yeux d'Allah, est le plus respectable des lois divines. Sûrement que ce n'est pas évident, en égard à l'impact de l'argent et de la culture du luxe chez certains dignitaires religieux. C'est contradictoire d'être à la fois le miroir de sa société et de donner cette image terne à ceux et celles qui vous mettent en mission morale pour donner sens et vie à leur religion.
Interview réalisée par
ABOU TRAOBÉ