Article
Imam Cissé Djiguiba, président de la fondation "La grande espérance" : "Le préservatif ne doit pas être condamné"
- Titre
- Imam Cissé Djiguiba, président de la fondation "La grande espérance" : "Le préservatif ne doit pas être condamné"
- Type
- Article de presse
- Créateur
- Seydou Silué
- Editeur
-
Le Jour Plus
- Date
- 21 mai 2005
- nombre de pages
- 1
- Langue
- Français
- Contributeur
-
Frédérick Madore
- Identifiant
- iwac-article-0010560
- contenu
-
# Imam Cissé Djiguiba, président de la fondation "La grande espérance" "Le préservatif ne doit pas être condamné"
Le VIH-SIDA ne constitue plus un tabou pour les guides religieux musulmans: roiriens., L'Iman Cissé Djiguiba, a mis sur pied une fondation, "la grande espérance" dont l'une des vocations est la sensibilis ation et la lutte contre la pandémie. Dans cet entretien, l'homme de Dieu, cette donne les raisons de son engagement.
Quels objectifs vise l'Imam Cissé Djiguiba en créant la fondation" la grimile espérance?
La fondation est une initiative personnelle avec l'appui des personnes avec qui je mène des activités tous les jours. Notre communauté est confrontée à beaucoup de problèmes socio-culturels. Avec les sollicitations venant des domaines de la religion, de la culture, je ne peux pas tout gérer. L'homme quelle que soit sa force est limité. Il fallait s'entourer d'un certain nombre de personnes compétentes. Cela dans un cadre organisé. C'est pourquoi nous avons choisi ce qu'on a appelé "La grande espérance".
Ce n'est pas seulement nécessaire, mais c'est indispensable. Que pou-vons-nous faire pour améliorer la condition humaine ? Il faut aider l'homme dans toutes ses dimensions: morale, spirituelle, matérielle et intellectuelle. C'est un combat que nous a recommandé le Seigneur du monde. Tant qu'on peut aider les personnes en difficulté, en déiresse il faut le faire. Je pense qu'il n'y a pas là, une différence avec l'aspect religieux qui est le point focal des activités.
L'on constate un véritable engagement de votre part dans la lutte contre le Sida. Bien que le sujet soit considéré comme tabou chez certains de vos coreligionnaires?
Les organisations religieuses ne sont pas en marge de la lutte contre le Sida. L'ignorance peut créer des méfiances chez certains responsables religieux, faisant croire que le Sida est une maladie honteuse. Personnellement, je suis engagé dans cette lutte depuis 1990.
Jusqu'à ce jour, je mène ce combat avec d'autres confessions religieuses. Au niveau de la communauté musulmane, il y a eu un silence. Il fallait donc mener le combat de l'information, de la sensibilisation et de l'éducation. Il nous fallait réveiller les consciences sur la nature de la maladie, mais aussi l'impact négatif et les conséquences du mal sur les populations. La création de cette fondation est la réponse à cette problématique. C'est cette réponse juste et dynamique que nous voulons apporter aux populations en souffrance. Tous les domaines sont concernés par nos actions. Nous consultons les personnes infectées. Nous les prenons en charge. Certaines sont conduites dans des centres spécialisés. Les orphelins du Sida et les enfants vulnérables font partie de notre plan d'action. Un centre de dépistage volontaire sera mis en place à notre siège pour freiner le mal. Le silence du religieux face au Sida serait succédaire. Nous avons vu des religieux mourir du VIH-SIDA. Des artistes ont payé de leur vie. Toutes les couches sociales sont menacées. Nous ne voulons pas être des religieux de cimetière.
Selon vous quelle est la couche la plus menacée en fonction des informations en votre possession ?
Ce sont les jeunes. Leur âge varie entre 15 al 49 ans. Plus de $50 \%$ des lits des hôpitaux sont occupés par des malades du Sida. Les jeunes constituent la majorité de ces patients. Cette tranche d'âge est la plus active dans le développement d'un Etat. Donc le Sida est un problème de développement dans nos pays. Face à cette menace, nous ne pouvons rester silencieux. C'est
L'ignorance peut créer des méfiances chez certains responsables religieux
toute la population qui est concernée. La cible n'est pas uniforme. Le silence serait coupable. Nous ne voulons pas endosser cette responsabilité devant Dieu pour non-assistance à personne en danger.
Certaines personnes parmi les religieux s'opposent à l'utilisation des préservatifs. Pourtant, c'est l'un des moyens efficaces pour se protéger contre le fléau...
Il faut nuancer les propos, chaque fois qu'on entend ces affirmations. L'utilisation du préservatif ne peut pas être, condamnée à $100 \%$. Des personnes infectées vivent dans les couples. Pour leurs rapports intimes, il leur faut le préservatif. La lutte contre le VIH-SIDA est multi-sectorielle. Ce qui signifie qu'il n'y a pas que les religieux, qui luttent contre le VIH-SIDA. En tant que religieux nous parlons de préservatif moral. L'armature morale que nous essayons de bâtir chez les jeunes et les arguments que nous avons, les aident à éviter le contact
sexuel avant le mariage. Cette solution a fortement porté. L'un des indicateurs est le nombre important de mariages que nous avons scellée ces deux dernières années entre jeunes. La fidélité dans le mariage et la force de respect dans le foyer sont des éléments qui permettent d'éviter la contagion. Nous conseillons fortement aux jeunes gens avant de se marier de faire leur test séroologique. Or il vaut mieux prévenir que guérir. Même ceux qui vont refaire leur mariage sont concernés par le test. C'est mieux de protéger le foyer. L'image de l'Ouganda est encore dans les esprits. Dans ce pays, la prévalence du VIH-SIDA avoisinait $30 \%$ de la
population. Quasi la crise médicale atteint un tel degré, les religieux ont dit pour le moindre mal de ne pas engager une lutte contre le port du préservatif. Dix ans' après l'Ouganda est a $7 \%$ de prévalence du V'II-SIDA. Toutes ces mesures peuvent aider au recul de la maladie et à longue échéance, nous pouvons vaincre le VIH-SIDA. C'est l'une des ambitions que nous avons au sein de la fondation. Nous avons un département qui s'occupe des mutilations génitales féminines. Ces pratiques traditionnelles portent atteinte à l'honneur de la femme. Il y a une campagne de sensibilisation pour aider les gens à comprendre que cette pratique in'est pas religieuse. Elle n'est pas nécessaire, il y a un lien avec le VIHSIDA.
"La grande espérance" a-telle aujourd'hui les moyens de réaliser ses ambitions?
Par rapport au volume de nos activités, il y a nos ressources personnelles. Tous ceux qui travaillent au sein de la fondation sont des bénévoles. Quand nous avons des activités, nous nous redressons en second lieu aux hailleurs de fonds. Aux institutions qui gèrent les questions du VIH-SIDA. Le fonds Bush, l'UNICEF, les ministères de la santé et de la lutte contre le VIH-SIDA et les grandes pandémies sont appelés à l'aide. Partout où nous sommes sollicités, nous allons avec les moyens de bord. Nous n'avons pas encore eu les financements pour nos actions de grandes envergures.
## ENTRETIEN RÉALISÉ PAR SEYDOU SILUÉ