Article
Sabotage du Hadj 2006 bis/la convergence de la jeunesse islamique en Côte d'Ivoire : "Comment le crime a été planifié"
- Titre
- Sabotage du Hadj 2006 bis/la convergence de la jeunesse islamique en Côte d'Ivoire : "Comment le crime a été planifié"
- Type
- Article de presse
- Editeur
-
Le Jour Plus
- Date
- 5 janvier 2007
- DescriptionAI
- La Convergence de la Jeunesse Islamique en Côte d'Ivoire (CJICI) tient l'État ivoirien pour principal responsable de l'échec du Hadj 2006, qui a empêché plus de 2000 pèlerins de se rendre à la Mecque. L'État est accusé d'avoir monopolisé l'organisation du transport via un appel d'offres jugé frauduleux, attribuant le marché à une agence de voyage sans avion. Les organisateurs privés sont également critiqués pour leur manque de courage et de protestation. La CJICI exige une prise en charge psychosociale des victimes, une commission d'enquête indépendante, la reconnaissance des responsabilités et le Hadj 2007 gratuit pour les pèlerins affectés.
- pages
- 7
- nombre de pages
- 1
- Langue
- Français
- Contributeur
-
Frédérick Madore
- Identifiant
- iwac-article-0010462
- contenu
-
Sabotage du Hadj 2006 bis / la convergence de la jeunesse islamique en Côte d'Ivoire
“Comment le crime a été planifié”
Pour la convergence de la jeunesse islamique en Côte d'Ivoire, il n'y a pas de doute. L'Etat est le premier responsable de l'échec du Hadj 2006 bis qui a privé plus de 2000 pèlerins ivoiriens cette année du voyage à la Mecque. Au cours d'un point de presse hier à Abidjan, cette association de jeunesse musulmane a réclamé la prise en charge psychosociale des victimes, une commission d'enquête indépendante pour situer les responsabilités. Tout en exigeant de l'Etat le Hadj 2007 gratuit pour les victimes. Ci-dessous leur déclaration liminaire.
Plus de 2000 pèlerins ont été privés du Hadj, cette année (Ph. d'archives)
Comment sommes-nous donc arrivés à une telle situation sans précédent dans l'histoire de la Côte d'Ivoire ? Qui a fait quoi ? Et que faire à partir de maintenant ? Tant pour les victimes de 2006 que pour l'avenir.
I°) DE LA RESPONSABILITÉ DE L'ETAT
1°) Les prérogatives régaliennes de l'Etat
Par arrêté n°553 bis du 20 septembre 2006 portant modification de l'arrêté n°155 du 8 janvier 2002 réglementant les conditions de l'organisation du pèlerinage à la Mecque, le gouvernement est totalement partie prenante de bout en bout dans l'organisation du pèlerinage. Il en fixe les règles et définit le champ d'action de chacun des partenaires notamment en l'art. 6 de l'arrêté précité.
2°) La gestion du processus d'organisation du Hadj par le ministère de l'administration du territoire
a) L'élaboration d'un cahier de charge
Dans le souci d'assurer sa mission de contrôle du processus d'organisation du pèlerinage, le ministère de l'administration du territoire a élaboré un cahier de charges qui fixe les limites des obligations à chacun des acteurs en présence.
Ce cahier des charges curieusement responsabilise les associations musulmanes pour tous les aspects du processus sauf celui du transport.
En effet, en son article 20, le cahier de charges stipule que “les pèlerins de la structure seront transportés par une compagnie aérienne choisie conformément aux dispositions arrêtées par la tutelle”.
A partir de ce moment, le rôle des associations se limite à :
1 – la recherche des pèlerins aux quatre coins du pays jusque dans les hameaux.
2 – les formalités administratives à l'endroit de l'Etat de Côte d'Ivoire, de l'Arabie Saoudite.
3 – la formation religieuse des candidats
4 – le transport des pèlerins à l'aéroport d'Abidjan et de l'Arabie Saoudite
5 – la prise en charge médicale
6 – la gestion des bagages
Le transport des pèlerins d'Abidjan à Djeddah et de Djeddah à Abidjan se trouve être aussi arraché à ceux qui rassemblent et encadrent les pèlerins qu'en Arabie saoudite où ils sont livrés à eux-mêmes en chasse gardée de l'Etat.
En application de cet article 20. du cahier de charges, le ministère de l'administration du territoire décide d'opérer le choix de la compagnie aérienne par un appel d'offre.
b) Un simulacre d'appel d'offre
Seul maître du volet transport, l'Etat de Côte d'Ivoire à travers ses ministères de l'administration territoriale et du transport se sont mis à piloter la question du transport. Le choix du vol charter a été adopté. Les associations musulmanes sont donc contraintes à abandonner ainsi leurs partenaires traditionnels, avec qui elles avaient capitalisé une somme importante d'expérience en matière de transport des pèlerins. Cet appel d'offre a été confectionné par les propres soins de l'Etat, dépouillé par lui-même et les résultats publiés par ses services.
Les associés en sont informés le 30 juin 2006.
Mais, au lieu d'une compagnie aérienne, c'est une agence de voyage, “Côte d'Ivoire Tours” qui gagne l'appel d'offre. “Côte d'Ivoire Tours” n'a pas d'avion. Son partenaire saoudien “Transworld travel” non plus n'a pas d'avion. Mieux ? Le marché du transport des pèlerins avoisine les deux milliards de Fcfa. La taille du marché commande que les soumissionnaires disposent d'une surface financière d'une certaine taille ou de pré financer tout ou partie du marché en cas de nécessité. Quel est le capital et les chiffres d'affaires de “Côte d'Ivoire Tours” ? Les chiffres déclarés par “Côte d'Ivoire Tours” offraient-ils une garantie quant à sa capacité à financer tout ou partie du marché en cas de difficultés ?
Etant responsable du choix et donc de la gestion de la compagnie aérienne, l'Etat ne peut plus être qualifié de superviseur. Cet Etat devient co-organisateur du pèlerinage, eu égard à l'importance du volet transport dans l'organisation du Hadj. C'est à ce titre que le ministère est était à chaque fois obligé de venir faire les différentes déclarations sur les dates et heures d'arrivée des avions.
II°- De la responsabilité des organisateurs privés
1°) Des personnes intimidables
Toutes les dispositions juridiques qui sous-tendent l'organisation du Hadj (arrêté, PV de rencontre, cahier de charges) stipulent que la forme d'organisation retenue est le type privé. Alors comment comprendre que l'Etat s'attribut le transport des pèlerins sans que les organisateurs ne daignent protester. Il est évident que les animateurs des associations se sont laissés intimider par les agents de l'Etat pour permettre cette intrusion du pouvoir public dans un domaine qui leur est réservé.
2) une naïveté sans précédent
L'Etat de Côte d'Ivoire par le biais de l'article 20 du cahier des charges et des autres textes subséquents s'est auto octroyé le volet du transport. Alors pourquoi les organisateurs privés écrivent-ils au ministère de l'administration du territoire pour lui demander de reprendre le dossier des pèlerins en main. Les informations fournies par des organisations interrogées à ce jour peuvent permettre de comprendre les stratagèmes utilisés par les ministères pour piéger les associations.
La question aujourd'hui est de savoir pourquoi le ministère demande une lettre pour continuer le traitement d'un dossier qu'il a déjà. Ce n'est pas parce que le partenaire saoudien de “CI Tours” désiste que le dossier du transport que le ministère s'est octroyé devient l'affaire des organisateurs privés. Jusqu'à la prise d'un arrêté abrogeant l'arrêté n°553 bis le transport est de la responsabilité du ministère depuis le 20 septembre 2006.
3) Le manque de courage
L'agence de voyage “Côte d'Ivoire Tours” qui arrache le marché du transport des pèlerins est suffisamment connue des associations privées organisatrices du pèlerinage pour avoir connu des déboires par le passé dans l'organisation du pèlerinage.
Pourquoi n'avoir pas émis de courageuses réserves dès l'annonce du choix de “Côte d'Ivoire Tours”.
En outre, dès que le partenaire de “Côte d'Ivoire Tours” s'est désisté pourquoi n'avoir pas pris le courage d'exiger de l'Etat de permettre à chaque organisation de faire transporter ses pèlerins par vols réguliers pour sauver la situation. Enfin pourquoi n'avoir pas exigé de la banque partenaire du Hadj qu'elle garantisse le temps de collecter les fonds des autres associations ?
III- L'imputabilité des préjudices subis
1°) L'Etat premier responsable
De tout ce qui précède, il apparaît que le problème clé qui a fait capoter le Hadj 2006 est celui du transport. L'Etat qui s'est auto saisi de ce volet n'a pas été capable de le réussir malgré les fausses précautions prises à travers le simulacre d'appel d'offre. Par conséquent, l'ensemble des préjudices subis par les pèlerins se trouve être imputable à l'Etat de Côte d'Ivoire.
D'ailleurs, même si les associations ont une responsabilité indéniable dans la situation en cours, l'Etat qui leur a octroyé les autorisations pour exercer se trouve être co-responsable de leur acte.
Il revient donc à l'Etat de dédommager l'ensemble des victimes de ce drame qui attriste de nombreuses familles musulmanes.
2°) Nos exigences
- Prise en charge psychosociales des victimes
- Une commission d'enquête indépendante
- Reconnaissance des culpabilités par : l'Etat - les organisateurs
- Hadj 2007 gratuit pour les victimes 2006 Bis
Dans sa déclaration de presse du jeudi 28 décembre 2006, relative au fiasco Hadj 2006, le C.J.I.C.I a exigé de l'Etat, la prise en compte des frais de 2007 de l'ensemble des victimes de 2006.
Faisant suite à cette requête, le chef de l'Etat dans sa déclaration à la nation du 1er janvier 2007 a promis de donner “des instructions pour que les assurances requises leur soient données pour l'année prochaine”.
La C.J.I.C.I prend acte de cet engagement du chef de l'Etat. La C.J.I.C.I remercie le chef de l'Etat pour cette sollicitude à l'endroit de nos pères et mères de famille affligés afin de mettre définitivement fin à l'angoisse qui menace la vie de nombreuses victimes du fiasco 2006, la C.J.I.C.I prie le chef de l'Etat de bien vouloir prendre un acte engageant formellement l'Etat de Côte d'Ivoire dans les tout prochains jours.
La Convergence de la jeunesse Islamique de Côte d'Ivoire


