Article
Bismillahi Rahmani Rahim
- Titre
- Bismillahi Rahmani Rahim
- Type
- Article de presse
- Créateur
- Al Fousséin Koné
- Editeur
-
Le Jour
- Date
- 15 septembre 1995
- nombre de pages
- 1
- Sujet
- Idriss Koudouss Koné
- Bernard Agré
- Henri Konan Bédié
- Élection présidentielle ivoirienne de 1995
- Parti démocratique de Côte d'Ivoire
- Yopougon
-
Association des Élèves et Étudiants Musulmans de Côte d'Ivoire
- Langue
- Français
- Contributeur
-
Frédérick Madore
- Identifiant
- iwac-article-0010209
- contenu
-
# Bismillahi Rehmani Rahim
Monsieur le Président, je vous adresse ce message en tant que membre du navire lvoire et en tant que musulman craintif de Dieu le ToutPuissant.
Depuis la mort d'Houphouët, vous êtes devenu président grâce à l'article 11 de la constitution. Vous êtes surtout candidat à la présidence du pays. Vous vous donnez pour ambition de servir le pays et de le transformer en "éléphant d'Afrique". C'est bien. Cependant, ce qui motive cette lettre est le fait que je n'approuve pas la manière avec laquelle vous voulez devenir président élu de la Côte d'lvoire. Pour des élections pluralistes, vous avez ignoré l'opposition dans la confection du code électoral. Et voilà qu'aujourd'hui, il est la cause de tant de bruits et de rumeurs de future rixe entre les fils de ce pays.
Monsieur le Président, pourquoi cette attitude ? Vous qui êtes issu du PDCI, parti majoritaire (je me trompe ?), n'êtes-vous pas convaincu de remporter les élections démocratiquement? Le PDCI, parti majoritaire n'a point besoin de ce genre de code électoral qui divise le pays pour gagner. Mais avec son maintien, la Côte d'lvoire est entrain d'amorcer un virage important de son histoire. Pour si peu, le pays risque de s'embraser. Les signes avant coureurs l'attestent. Accepteriez-vous cela ? Je ne le pense pas. Je vous fais confiance.
Cependant, tout porte à croire que vous ne vous en souciez guère. Vos multiples déclarations à la télé le prouvent. Tout porte à croire que vous n'êtes pas serein et que si le code venait à être révisé avec l'opposition, vous perdriez les élections. J'espère que je me trompe.
Monsieur le Président, ne soyez pas obnubilé par le fauteuil présidentiel au point d'ignorer les dangers que représentent le maintien du code électoral et le refus de dialoguer avec l'opposition. Ce n'est pas seulement en tant que président qu'on peut servir son pays. Le pouvoir s'acquiert de façon honnête et démocratique. A.T.T du Mali a
assumé la présidence provisoire du Mali et Alpha Oumar Konaré l'a brigué de façon démocratique et élégante. Personne n'a eu à redire. Voilà des exemples éloquents à suivre; Tous ceux qui ont voulu le pouvoir par la force ne l'ont pas eu et ceux qui ont voulu s'y accrocher l'ont perdu. C'est le cas de Jonas Savimble Charles Taylor et j'en passe. Ils n'ont fait que commettre des iniquités, turpitudes et crimes graves. Après avoir massacré des millions d'êtres humains; peuvent-ils diriger des cadavres ? Honte à eux !!! L'histoire retiendra et Dieu châtiera tous ceux qui ont semé le désordre sur terre. C'est sûr.
Monsieur le Président, en tant que fervent chrétien (je me trompe ?) revoyez votre position. Prouvez-nous que vous n'êtes pas un hypocrite en occupant les premières places dans les cathédrales et basilique du pays. Revoyez donc votre position. Vous le pouvez en pensant à Dieu que vous rejoindrez absolument comme l'ont déjà fait Hou-phouët-Boigny, Jean-Pierre Ayé, Kouandi Angba, Edmond Basque, Amagou Victor...Quels arguments don-nerez-vous à Dieu pour justifier votre refus de revoir le code électoral et de négocier avec Gbagbo, Djény, Wodié et autres ? Dieu vous observe. Nous aussi.
Monsieur le Président, n'écoutez pas votre entourage, vos conseillers qui ne sont pas sûrement de bonne foi. Oui, car au lieu de vous donner de bons conseils, ces gens-là ne pensent qu'à eux, à leur ventre, leurs intérêts. Sinon, ils vous auraient démontré le danger que revêt le maintien du code électoral actuel. Je suis bien déçu des personnes telles Jean-Noël Loucou, l'historien qui n'amve plus à lire dans l'histoire et à vous ressortir des exemples éloquents de divisions des fils d'un même pays qui ont entraîné des guerres et des millions de morts. Il nous l'a enseigné au département d'Histoire. Je suis triste pour le brillant journaliste comme Jésus Kouassi Yobouet qui n'a
pas hésité à nous faire de bons reportages sur les guerres dans le monde. N'estce pas eux les journalistes qui nous balancent à tout moment des images atroces de conséquences de guerres ? Ces Monsieurs ne vous aiment pas. C'est clair!!!
Monsieur le Président, il n'est pas tard. Oui, il n'est pas encore tard. Choisissez d'être élu brillamment après révision du code électoral. L'opposition n'aura alors plus d'argument. Comme avec Alpha Konaré au Mali. Acceptez aussi de perdre dans la dignité. On ne vous touchera pas. Prenez l'exemple de Mathieu KEREKOU au Bénin.
Monsieur le Président, je suis désormais libéré devant Dieu et les hommes car en tant que Musulman, j'ai fait mon devoir qui est celui de vous avoir interpellé à temps. L'islam, cette religion que vous avez qualifié dans le Nordouest de "religion de paix" me recommande de ne pas me taire devant toute situation pouvant entraîner le péril.
Je profite enfin pour demander aux religieux de toutes confessions, surtout à Idriss Koudouss et Bernard Agrey de ne pas se limiter aux déclarations. Cherchez à rencontrer BEDIE jusqu'à ce qu'il accepte de revoir le code électoral avec l'opposition. Nous y gagnerons tous.
Dieu nous observe. Que Dieu sauve la Côte d'Ivoire. Ma Salam
## Al Foussein KONE Un membre de la communauté musulmane (AEEMCI) de la Cité "U" de
Yopougon.