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L'islam n'est pas hostile à la limitation des naissances
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- Titre
- L'islam n'est pas hostile à la limitation des naissances
- Créateur
- Mohamed Bailane
- Editeur
- Daho-Express
- Date
- 22 janvier 1972
- Résumé
- La religion musulmane, autorise-t-elle ou non le planning familial? Soixante-neuf spécialistes, théologiens, médecins, sociologues, démographes de 23 pays musulmans et représentant les diverses écoles et sectes musulmanes se sont réunis du 26 au 30 décembre dernier à Rabat pour tenter de répondre à cette question.
- Page(s)
- 4
- Détenteur des droits
- La Nation
- Langue
- Français
- Source
- Bibliothèque du Congrès
- Identifiant
- iwac-article-0003108
- contenu
-
La religion musulmane, autorise-t-elle ou non le planning familial? Soixante-neuf spécialistes, théologiens, médecins, sociologues, démographes de 23 pays musulmans et représentant les diverses écoles et sectes musulmanes se sont réunis du 26 au 30 décembre dernier à Rabat pour tenter de répondre à cette question.
Dans la perspective de remous que pourraient provoquer leurs conclusions, particulièrement dans les milieux religieux traditionalistes, les congressistes se sont contentés, à l’issue de leurs travaux à huit-clos, de publier un communiqué quelque peu ambigu, mais affirmant cependant que « la législation musulmane laisse le choix à la famille musulmane d’avoir on non des enfants, mais seulement en ayant recours à des moyens sûrs et légaux ».
LE DEBAT RESTE OUVERT
Dans une déclaration à la presse, la déléguée tunisienne à ce congrès a indiqué que « les congressistes ont évité de parler de problèmes sociaux qui rendent nécessaire l’adoption d’une planification familiale. Bien que notre congrès a-t-elle ajouté, ait refusé de prendre des résolutions en faveur de la planification familiale, ses résultats n’en sont pas moins bons et encourageants, dans la mesure où ils ouvrent les perspectives de nouvelles discussions sur ce thème ».
La conférence qui ne semble pas avoir conclu en matière de planification familiale, a pourtant affirmé le droit pour la famille de l’opérer en son sein, au niveau individuel. Pourquoi la conférence de Rabat – à l’image des dirigeants des pays islamiques qu’elle représente – est-elle restée évasive sur les possibilités de diffusion de la planification familiale au niveau national en pays d’Islam?
La question en effet se pose sur les plans religieux, juridique et social.
LA POSITION DE L’ISLAM
Sur le plan religieux, contrairement à une opinion assez rependue par certains théologiens traditionalistes, l’Islam dont les commandements émanent du Coran, n’est pas hostile à l’utilisation des moyens anti-conceptionnels ni à la limitation des naissances. L’avortement seul est « haram » (proscrit) et est condamné à n’importe quelle période de la grossesse, car « l’enfant qui se forme dans le sein de sa mère a reçu son âge de Dieu ».
La seule dérogation autorisée à cette règle, l’est uniquement pour raisons de santé, lorsque seul l’avortement peut sauver la vie de la mère. Il est en effet commandé dans le Coran : « Ne tuez pas vos enfants par crainte de la pauvreté, Nous leur accorderons leur subsistance et la vôtre… » Et il y est également dit : « Ceux qui, dans leur folie et leur ignorance, tuent leurs propres enfants, ceux qui déclarent illicite ce que Dieu leur a accordé pour leur subsistance – tel est le mensonge inventé contre Dieu – voilà ceux qui sont perdants : ils sont égarés et ils ne sont pas dirigés ».
La contradiction qui surgit parmi les Ulémas, résulte peut-être d’une interprétation différente de certains articles de la Sunna (compilation de traditions dont l’autorité chez les mohamétans est égale à celle de la Loi orale chez les Juifs). Un des articles consacrés ç cette question émane du prophète Mohamet qui aurait dit ç sa nation : « Mariez-vous et multipliez-vous. Je pourrai alors, grâce à vous, rivaliser en nombre avec les autres nations, le jour de la Résurrection ».
Selon certains Ulemas, ce propos du Prophète détermine tout l’avenir de la nation musulmane qui doit s’grandir par la multiplication de ses enfants à l’infini. Pour d’autres, cette règle ne présente qu’un caractère circonstanciel dû à l’époque où l’Islam devait s’affirmer dans le monde.
Certains articles du Coran admettent la légitimité de la restriction volontaire des naissances et formulent même comme conditions au fait d’avoir des enfants, la nécessité de les nourrir décemment et de les éduquer correctement. Il est dit aussi dans la Sunna : « A ceux qui éduqueront convenablement leurs enfants, il leur sera réservé une place de choix au Paradis ».
FACE AUX TABOUS ET AUX COUTUMES
Ce n’est en fin de compte pas tant à la religion que le monde musulman d’aujourd’hui se heurte mais aux tabous sexuels et aux coutumes sociales. La croyance populaire veut en effet que chaque enfant apporte avec lui sa fortune et soit envoyé par Dieu. De plus, il faut compter avec les habitudes et l’esprit de fatalisme dont font preuve les familles musulmanes. Un grand nombre d’enfants élevés, signifie richesse, particulièrement dans les milieux ruraux où, jeunes, ils constituent une source de main-d’œuvre, et grands, une garantie pour la vieillesse de leurs parents.
C’est pourquoi la stérilité constitue pour la femme musulmane une hantise permanente car, une femme stérile, est une femme déchue et la loi permet sa répudiation. En plus la pluralité des enfants dans une famille constitue, selon des traditions bien ancrées dans le monde musulman, un signe de prestige et de virilité pour le père, et de fécondité pour la mère.
Du point de vue juridique, la Loi musulmane, dans presque tous les pays islamiques, ne prohibe ni n’encourage le contrôle des naissances dans la famille, seul l’avortement illégal est puni par le code pénal.
LES EXIGENCES DE NOTRE TEMPS
Cependant, les économistes, sociologues et démographes musulmans estiment que les textes de religieux ou juridiques applicables dans les pays du Tiers-Monde, doivent désormais répondre aux exigences du 20e siècle.
Certains économistes pensent aussi que selon le rythme actuel de l’explosion démographique, très rare seront les pays en voie de développement qui seront en mesure de garantir à leurs populations ses besoins prioritaires, c’Est-à-dire : nourriture, éducation et travail.
LA SEULE VOIE SALUTAIRE
Conscients de l’écart de développement économique qui ne cesse de se creuser, entre pays islamiques, sur l’initiative de plusieurs organismes internationaux spécialisés, tels que le PNUD et la BIRD, ont opté pour une politique démographique « raisonnée » qu’ils considèrent désormais comme la seule voie salutaire pour leur pays.
C’est ainsi que dans tous les pays islamiques, ce qui fut jadis un sujet tabou s’étade désormais au grand jour, et une politique de planning familial y est prônée officiellement. Les produits anti-conceptionnels y sont en vente libre. Une intense propagande gouvernementale en faveur de la contraception est engagée, et les hôpitaux publics, grâce à des crédits importants affectés à cet effet, placent gratuitement des stérilets aux femmes volontaires. Certains pays, comme la Tunisie sont même allés jusqu’à autoriser l’avortement sous certaines conditions, notamment pour les mères de 4 enfants.
Cette politique planifiée en matière familiale, a trouvé davantage d’écho chez les jeunes, plus sensibles que leurs parents aux conséquences dangereuses d’une forte poussée démographique sur l’économie d’une nation en voie de développement et plus ouverts au domaine social que religieux.
Toutefois, il apparaît également aux yeux des jeunes générations musulmanes, que la seule planification familiale où la politique de limitation des naissances, ne constituent pas un remède aux maladies du sous-développement et que l’industrialisation, l’évolution de l’agriculture et la formation professionnelle par exemple, sont encore les plus impérieuses nécessités de leur avenir.
Mohamed BAILANE