Article
Tchaoudjo refuse Bouraïma
- Titre
- Tchaoudjo refuse Bouraïma
- Type
- Article de presse
- Editeur
-
Atopani Express
- Date
- 21 mai 1991
- DescriptionAI
- En mai 1991, la population de Tchaoudjo s'oppose à la nomination de Bouraïma Inoussa au Ministère de l'Environnement et du Tourisme par le gouvernement d'Eyadéma, dénonçant une manipulation politique visant à gagner le soutien de la communauté Tem et à masquer le désintérêt du gouvernement pour la région. Ils rappellent les discriminations passées envers Tchaoudjo et les violences subies en lien avec des questions d'environnement, craignant que cette nomination ne soit un cadeau empoisonné pour Inoussa et pour la communauté. Ils demandent le retrait de cette nomination.
- pages
- 1
- 2
- nombre de pages
- 2
- Sujet
- Conférence nationale souveraine (Togo)
- Ernest Gnassingbé
-
Gnassingbé Eyadéma
- Inoussa Bouraïma
-
Rassemblement du Peuple Togolais
- Tem
- Langue
- Français
- Contributeur
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Frédérick Madore
- contenu
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TCHAOUDJO REFUSE BOURAIMA
AU GOUVERNEMENT
Le mardi 14 mai 1991, au journal télévisé de 20 heures, les habitants de Tchaoudjo, comme l'ensemble des Togolais, apprenaient avec stupéfaction la nomination de M. Bouraïma Inoussa au Ministère de l'Environnement et du Tourisme.
Cette nomination d'un fils de Sokodé, ville oubliée (confère Forum Hebdo N° 21) par le gouvernement de Gnassingbé Eyadéma, est mal venue car elle intervient à la veille de la conférence nationale, oh ! pardon, du forum national dont tout le monde sait qu'elle doit signer l'arrêt de mort de l'Eyadémisme.
TCHAOUDJO REFUSE BOURAIMA
Durant 25 ans, parce que certains fils courageux de Tchaoudjo avaient osé mettre en cause sa gestion du pays, le président Eyadéma a fait des Cotocoli les mal-aimés de son règne. Non seulement il a écarté la communauté Cotocoli de la gestion du pays, mais plus grave, il a été jusqu'à dépouiller Sokodé de tout ce qui pouvait lui permettre de jouer son rôle de 2e ville du Togo. C'est ainsi que des machines du Lycée technique de Sokodé et des projets de développement initialement prévus pour Tchaoudjo ont été détournés vers Pya ou Kara. Tous les Togolais savent qu'Eyadéma est le président qui, contre toute logique politique, culturelle et historique, n'a pas hésité à séparer administrativement la préfecture de Tchaoudjo d'Assoli et Bassar en rattachant les deux dernières à la région de Kara. Le but inavoué de cette manœuvre étant, d'une part, de gonfler artificiellement la région de Kara et, d'autre part, de démanteler la région centrale.
De grâce ! Bouraïma Inoussa est certes natif de Tchaoudjo, nanti d'un diplôme en agronomie. Cependant, ses origines Cotocoli et sa formation fondée sur ce qui nous entoure, c'est-à-dire l'environnement, ne doivent en aucun cas le jeter dans la gueule de nos braves paysans en colère depuis que les animaux ont droit à plus d'égards que les êtres humains dans le Togo d'Eyadéma.
En effet, nul n'est sans savoir que le fils aîné du président de la République, le lieutenant Gnassingbé Ernest, était venu avec un commando molester les propres parents du même Bouraïma Inoussa pour cette même question de l'environnement et du tourisme. Au cours de cette barbarie, certaines personnes de la préfecture de Tchaoudjo sont devenues borgnes, d'autres ont perdu leur vie. Des femmes ont été victimes d'avortements provoqués, des jeunes et les chefs des villages de Yalivo et Kolaware ont été jetés en prison.
De grâce ! Nous disons une fois encore, de grâce pour ce cadeau doublement empoisonné : premièrement par le fait que les propres parents de Bouraïma Inoussa lui jetteraient un mauvais sort s'il participait à ce gouvernement et deuxièmement par le fait que Bouraïma Inoussa lui-même n'aimerait pas maudire cette hypocrite et assurée tâche.
De grâce ! À l'heure où tous les fils de Tchaoudjo manifestent leur désir et leur détermination à travailler ensemble pour colmater les brèches de la désunion causée par la politique tribaliste et de division prônée par le RPT, nous disons merci à Eyadéma et le prions de diriger ce cadeau ailleurs.
Une fois encore, nous disons non à la nomination de notre frère Bouraïma Inoussa au poste de ministre de l'Environnement et du Tourisme ; car d'après nos analyses, il est clair et net que l'intéressé n'aime pas le cadeau que lui a offert le Général-Président.
Nous refusons catégoriquement la manipulation de la communauté Tem par Eyadéma, juste dans le dessein de gagner son suffrage pour pérenniser son pouvoir.
Enfin, nous ne pouvons pas admettre qu'Eyadéma utilise les fils de notre communauté pour faire croire à la nation que le Nord qu'il considérait jadis comme sa propriété privée est toujours derrière lui.
Nous espérons que l'ampleur des signatures qui suivent va ouvrir les yeux au pouvoir et que ce dernier prendra la sage et unique décision de ne pas maintenir Bouraïma Inoussa dans un gouvernement contre son gré.
Fait à Sokodé, le 17 mai 1991.
NDLR : Suit une liste de 2 300 (deux mille trois cents) signatures déposées à la direction du journal.