Article
Peur de l'intégrisme
- Titre
- Peur de l'intégrisme
- Type
- Article de presse
- Créateur
- B. O.
- Editeur
-
Le Jour
- Date
- 11 janvier 1999
- DescriptionAI
- Les écoles coraniques sont confrontées à de nombreuses difficultés, notamment un personnel précaire, un manque de matériel didactique, le désengagement des parents et des enseignants souvent non qualifiés. Elles accueillent principalement des enfants abandonnés ou issus de familles démunies, dont les parents peinent à payer les faibles frais de scolarité et n'assurent aucun suivi à domicile. Les enseignants sont sous-payés et manquent de formation pédagogique, un problème que l'absence d'une université de théologie locale, refusée par le gouvernement par crainte de l'intégrisme, ne fait qu'aggraver.
- nombre de pages
- 1
- Sujet
- Organisation des Établissement d'Enseignement Confessionnel Islamique en Côte d'Ivoire
- Enseignement confessionnel islamique
- Intégrisme
- Terrorisme
- Langue
- Français
- Contributeur
-
Frédérick Madore
- Identifiant
- iwac-article-0007906
- contenu
-
Peur de l'intégrisme
Cadres d'enseignement précaires, manque de matériel didactique, démission en cascade des parents, enseignants non qualifiés à défaut d'une formation pédagogique etc... Trop de faiblesses émaillent la crédibilité des écoles coraniques. Amadou Tirra, enseignant à l'école coranique Al-Ane-War-Charif pense que la grande difficulté vient de ce que les écoles confessionnelles islamiques sont hélas devenues «une galerie pour enfants abandonnés». Selon lui, les parents fuient leur responsabilité parce que leurs efforts ne se limitent qu'à l'inscription de leurs enfants. Après cela, aucun encadrement à domicile. Les fournitures scolaires ne sont jamais achetées. Namory Kéita, directeur financier de l'école coranique Sabil Nadjah note par exemple que «65 % des parents d'élèves ne paient pas correctement la scolarité de leurs enfants alors qu'elle ne coûte que 25 000 F pour le primaire et 40 000 F pour le secondaire et par an». En fait, malgré la rigoureuse éducation civique et morale qu'elles dispensent, ces écoles regorgent d'un trop plein d'enfants issus de familles démunies. Elles sont aussi le point de chute d'élèves exclus des établissements d'enseignement général. Très peu sont, au dire de Namory Kéita, les parents qui inscrivent volontairement leurs enfants dans les écoles confessionnelles islamiques. A charge aux maîtres de faire l'essentiel, c'est-à-dire, apprendre aux élèves la culture arabe et occidentale. Mais ces enseignants ne sont pas motivés du point de vue du traitement salarial. «Nous recevons des miettes» s'indigne Amadou Tirra de Al-Ane-War-Charif. Ni lui, ni son directeur d'études, Mahamane Sininta, ne dévoileront le salaire réel des enseignants dont le niveau d'étude reste souvent à désirer. Certains maîtres ont une formation universitaire. C'est le cas de Amadou Tirra, titulaire d'une maîtrise en psychologie. D'autres ont le niveau secondaire ou tout au plus le niveau baccalauréat. Le président de OEECI, Aboubakar Konté, est conscient que ces enseignants n'ont pas une formation pédagogique. «Nous contactons les pays arabes pour que nos enseignants puissent y aller se former», assure-t-il. A présent, il compte sur l'aide financière, matérielle et humaine de toutes les bonnes volontés pour offrir aux milliers d'enfants des écoles confessionnelles islamiques, un avenir meilleur. «Le problème de formation pédagogique ne se poserait pas aujourd'hui, si l'université de théologie de Niamey au Niger avait été construite en Côte d'Ivoire «estime Ousmane Gomba, enseignant à Bakounadi. Il se rappelle qu'environ 200 hectares de terrain avaient été réservés à Yamoussoukro pour la construction de cette école supérieure. De source religieuse, le gouvernement s'est référé au terrorisme et aux esprits belliqueux de certains arabes pour décliner ce «cadeau empoisonné».
B. O.