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Ouagadougou : la Grande mosquée bientôt dans son nouveau boubou
- Classe de ressource
- Article
- Collections
- L'Observateur Paalga
- Titre
- Ouagadougou : la Grande mosquée bientôt dans son nouveau boubou
- Créateur
- Aboubacar Dermé
- Editeur
- L'Observateur Paalga
- Date
- 4 avril 2019
- Résumé
- Depuis le 25 août 2016, l'enceinte de la Grande Mosquée de la ville de Ouagadougou vivait au rythme des vrombissements de bétonneuses, de mouvements incessants d'une centaine de personnes, à l'image d'une fourmilière. Si elles y sont, ce n'est pas forcément pour accomplir la «salat»1. C'est en effet un monde inhabituel dans lequel vous trouverez des ouvriers dans la maçonnerie, la soudure, l'électricité, la sonorisation, entre autres. Leur présence est due à la volonté des responsables de la Communauté musulmane du Burkina Faso (CMBF) ; lesquels ont décidé, dans un premier temps, d'élargir la base de cet édifice religieux pour accueillir plus de fidèles. Mais l'occasion s'y prêtant, pourquoi ne pas construire le niveau supérieur pour résorber le problème d'occupation des voies lors des prières de vendredi, couramment appelées djouma ? se sont-ils demandé, subsidiairement. C'est alors que le projet a pris forme et les travaux sont en passe d'être bouclés, dans un délai de deux mois selon les différents interlocuteurs que nous avons rencontrés le 1er avril 2019. Plongée dans un chantier où des croix de la Trinité côtoient des mishaba ou chapelets musulmans, au sens propre comme au figuré.
- Sujet
- Abdou Rasmané Sana
- Aboubacar Sana
- Catholiques
- Pluralisme religieux
- Construction mosquée
- Communauté Musulmane du Burkina Faso
- Hadith
- Couverture spatiale
- Ouagadougou
- Langue
- Français
- Source
- L'Observateur Paalga
- Contributeur
- Frédérick Madore
- Identifiant
- iwac-article-0002563
- contenu
-
Depuis le 25 août 2016, l'enceinte de la Grande Mosquée de la ville de Ouagadougou vivait au rythme des vrombissements de bétonneuses, de mouvements incessants d'une centaine de personnes, à l'image d'une fourmilière. Si elles y sont, ce n'est pas forcément pour accomplir la «salat»1. C'est en effet un monde inhabituel dans lequel vous trouverez des ouvriers dans la maçonnerie, la soudure, l'électricité, la sonorisation, entre autres. Leur présence est due à la volonté des responsables de la Communauté musulmane du Burkina Faso (CMBF) ; lesquels ont décidé, dans un premier temps, d'élargir la base de cet édifice religieux pour accueillir plus de fidèles. Mais l'occasion s'y prêtant, pourquoi ne pas construire le niveau supérieur pour résorber le problème d'occupation des voies lors des prières de vendredi, couramment appelées djouma ? se sont-ils demandé, subsidiairement. C'est alors que le projet a pris forme et les travaux sont en passe d'être bouclés, dans un délai de deux mois selon les différents interlocuteurs que nous avons rencontrés le 1er avril 2019. Plongée dans un chantier où des croix de la Trinité côtoient des mishaba ou chapelets musulmans, au sens propre comme au figuré.
Du sable, du gravier, des sacs de ciment et de plâtre, entreposés par-ci. Des barres de fer, des planches, du bois servant à dresser les échafaudages par-là. Tel est le décor du côté sud de la grande mosquée de Ouagadougou. Sous un arbre, un vieillard et quelques hommes : ce sont eux qui assurent la sécurité même s'ils n'ont aucun outil pour dissuader ceux qui voudraient y « faire du n'importe quoi ». Sensibiliser sur notre projet, c'est Amadou Compaoré, l'un des ‘'agents'' qui s'est proposé pour nous amener chez le secrétaire du président de la Communauté musulmane du Burkina Faso (CMBF). Après les bénédictions de ce dernier, pour ne pas dire la permission accordée, notre guide se fera le devoir de nous accompagner dans les différents compartiments du chantier, prenant sur lui le rôle de nous introduire, par moments, auprès des ouvriers. «C'est vraiment bien le travail que vous voulez mener, des journalistes d'une radio de la place sont déjà passés mais c'est toujours bien de faire savoir ce qui se fait ici», dit Amadou Compaoré qui nous montrait les marches pour accéder à l'étage. La partie extérieure est déjà nickel, les quatre façades s'étant déjà drapées d'un boubou blanc…pardon, peintes en blanc. Les minarets ont également une fière allure avec au sommet l'étoile et le croissant, l'un des symboles de l'islam. Des bruits de meules, des coups de marteaux nous accueillent dès l'entrée. On voit d'ores et déjà les ouvriers qui se démènent comme de beaux diables pour accomplir les tâches à eux confiées. «C'est un journaliste de L'Observateur Paalga, il est venu vous poser quelques questions par rapport à votre travail. Il a déjà vu les chefs, ils sont au courant, donc il n'y a pas de problème à échanger avec lui», explique Amadou à Amza Zoungrana. Celui-ci stoppe momentanément son job mais il n'est apparemment pas question de descendre de l'assemblage de bois qui permet à ses hommes et lui de placer les plâtres. Selon ses propos, c'est par-là que cela a commencé, il y a déjà une semaine (ndlr : lundi 25 mars 2019). C'est l'équivalent d'un quart du toit qui avait été déjà recouvert, cachant les charpentes en fer que l'on aperçoit par endroits. «Nous n'avons pas rencontré de difficultés jusque-là, tout va bien. Nous rendons grâce à Dieu. Nous sommes une dizaine de personnes. Il y a plusieurs groupes dans notre section. Il y a ceux qui fabriquent et nous, nous les fixons en même temps», explique Amza Zoungrana. Au regard de la disponibilité du matériel et du rythme de travail qu'ils ont, le responsable de ce groupe compte finir dans un mois. Peu loquace, Amza, nous permet de nous diriger vers les fabricants de plâtres. Sur des tables ou des barriques, se trouvent des moules en forme rectangulaire. Des jeunots s'activent. Ils malaxent une pâte blanche, y associent des fils semblables à des mèches de couleur brune avant de les acheminer dans les récipients au fond vitré. Sont de ceux-là, Théophile Zongo, oui, Théophile Zongo, vous avez bien lu. Il a 18 ans et a dû arrêter les études en classe de 4e pour des raisons qu'il n'a pas voulu évoquer. Il vient d'intégrer le rang des fabricants, rien que la veille, mais sait déjà comment confectionner ces plaques blanches. Tout en parlant, sa main droite ne quitte pas la moule, il tapisse les différentes parties afin d'obtenir un produit fini qui réponde aux exigences. Charles Compaoré, de la même équipe, lui a déjà déposé une lame qui sera ultérieurement utilisée par le groupe d'Amza Zoungrana. Pas de temps à perdre, il racle à nouveau le récipient et s'apprête à reprendre la manœuvre de plus belle.
Chez les poseurs de carreaux
Poursuivant la randonnée, nous voici face à Issaka Sini. Il est désigné par le responsable de la section carreau pour nous entretenir. Ils sont une vingtaine, certains remblaient le sol, d'autres comme Issaka, fixent le carrelage. Il y a aussi ceux qui s'échinent à orner les poteaux en bétons ou encore ceux dont la spécialité est de s'attaquer à l'embellissement des murs. «Nous avons commencé ce travail la semaine passée. Il n'y a aucun souci, c'est la joie, nous travaillons dans la bonne humeur. Nous avons tout ce qu'il nous faut, s'il y a un manque en matériaux quelconques, il suffit d'en faire la demande et ça nous parvient aussitôt», indique le jeune homme, muni de gants. Il est d'autant plus content car, dans ce job, il bénéficie régulièrement de l'accompagnement de quidams. «Des gens nous aident en faisant monter du sable, du ciment et des cartons de carreaux. C'est un ouvrage dédié à Dieu, puisse-t-Il rétribuer les uns et les autres pour tout ce qu'ils font pour nous aider», formule-t-il. Vu le temps imparti, ses camarades et lui mettent les bouchées doubles pour être dans le timing. Ils prennent d'assaut le bâtiment tous les jours de la semaine à partir de 8h pour ne le quitter qu'aux alentours de 17h, voire un peu plus tard dans la nuit. «Le vendredi, nous arrêtons à 11h afin de permettre aux fidèles de prier dans la tranquillité», affirme l'ouvrier. Son collègue, spécialiste de l'ornement des voûtes, lui, ne veut pas s'exprimer, estimant que l'image qui le montre en action est largement suffisante. Mais avec lui, nous saurons qu'aucun des travailleurs ne va dans les alentours pour chercher à manger lorsqu'il est midi. «En mi-journée, on nous apporte du riz, bien garni de viandes et tout ce qui va avec. Tout le monde mange ici, même ceux qui viennent de l'extérieur pour nous soutenir», confie le manœuvre, tout sourire. «Mais on imagine que chaque soir, vous descendez aussi avec quelques sous en poche, combien vous obtenez ? ». Il ne voulait pas s'exprimer face au micro et ne s'attendait visiblement pas à une question du genre. Mais avec lui, nous apprenons encore que ce ne sont pas les responsables de la mosquée qui leur paient. Ce sont, en effet, les particuliers qui les ont commis à cette tâche. «Peut-on quand même avoir une idée approximative ? Vous repartez avec 10 000, 15 000 francs par jour ! ». «Ha ! a patron waaa ! (ndlr : vraiment patron même ! du mooré au français), ce qui est sûr, c'est plus de 5000 francs par jour).
La croix et le chapelet
Prenant congé du jeune homme, plutôt hilare, le cap est mis sur un électricien. La pelle à la main, il racle légèrement la terre, tout autour des carreaux qui avait été fixés pour implanter des tuyaux. Ce sont dans ces excavations que se trouveront les raccordements qui vont illuminer l'enceinte. Il se nomme, Rémi Nikièma. Il est aussi dans une équipe de cinq à six personnes chapeautées par Jean-Paul Ouédraogo. La croix de La Trinité bien en exergue sur sa poitrine, il nous suggérera d'ailleurs de voir son chef. «Nous sommes cinq actuellement, mais il y a d'autres qui nous viennent en renfort pour porter le nombre à 10. C'est pour dire que nous n'avons pas grand-chose à faire en ce moment, voilà pourquoi, nous ne sommes pas nombreux», introduit le patron des électriciens. A l'écouter, cela fait une vingtaine d'années qu'il collabore avec la Communauté musulmane, pour tout ce qui est en rapport avec les travaux d'électricité. «C'est moi qui ai fait les installations au rez-de-chaussée, on me fait appel, nuit et jour, à n'importe quel moment de la journée, dès qu'il y a un problème », déclare le vieux Jean-Paul. «Comment se passe votre collaboration nonobstant votre appartenance religieuse ? ». «Les gens ne comprennent pas bien la religion et sont de moins en moins tolérants. Je vous répète que je suis avec la CMBF depuis 20 ans, et il n'y a jamais eu d'embrouilles entre nous. Personne ne m'a reproché quoi que ce soit en rapport avec ma croyance, je n'en fais pas aussi. Mieux, j'ai personnellement fait les installations au domicile du grand imam de Ouagadougou, sis au rond-point de la Patte-D'oie. L'iman, Aboubacar Sana m'appelle à n'importe quel moment de la journée s'il y a une panne quelconque », révèle-t-il pour décrire les relations qu'ils entretiennent. C'est dans cette dynamique qu'il a eu l'occasion de réaliser des travaux dans une mosquée de vendredi à Nobéré, dans la commune du Zoundwéogo (région du Centre-Sud), par l'intermédiaire du Mufti à qui il souhaite prompt rétablissement au passage. Et ce n'est pas tout ! Ce même travail a été réédité dans cinq autres mosquées du genre, réparties sur le territoire national.
A l'issue des confidences de l'électricien, c'est autour de l'atelier d'André Bagré de nous recevoir. Il est spécialiste dans les travaux de soudure et de charpente. «Nous formons les cadres sur place, nous les plaçons au niveau des ouvertures (portes et fenêtres) avant de revenir faire les ajustements nécessaires. Nous revoyons les dimensions s'il y a eu des erreurs, nous les corrigeons, avant d'aller les fixer définitivement», décrit-il. Le boulot se fait de façon progressive. C'est son ami qui lui a confié ce contrat ; celui d'installer les 13 portes et les 40 fenêtres, qui ont été recensées. Pour l'aider, il a à sa disposition cinq autres personnes. André Bagré et ses ‘'soldats'' sont sur ce chantier depuis le mois de janvier 2019 puis ont participé à poser la charpente et à mettre les tôles. «Actuellement, nous avons déjà confectionné dix portes et il nous reste douze fenêtres. C'est l'ami en question qui doit nous livrer le reste du matériel. Il a accusé un petit retard, mais ça ira», précise-t-il tout en rassurant qu'ils finiront incessamment. Sur un des côtés de l'attelage en fer qui lui sert de ‘'table d'opération'' se trouve un chapelet musulman ou tasbih avec un porte-clés, la preuve qu'il travaille aussi avec des croyants fieffés.
Notre point de chute sera chez l'entrepreneur El hadj Seydou Sawadogo, venu apporter sa contribution à la construction des escaliers. Si les deux échelons du côté sud de la mosquée ont déjà été dressés par d'autres acteurs, ses ouvriers et lui ont la responsabilité de bâtir les quatre autres. Les deux marches situées au nord de l'infrastructure sortent de terre tandis que celle de la partie ouest n'avait pas encore émergé. C'était l'étape des tracées. Sept personnes, munies de « pickaxes », sont en train de creuser les trous qui abriteront ces ‘'ascenseurs''.
El hadj Abdoul Rasmané Kafando, le chef d'orchestre
Il a été désigné par les responsables de la mosquée comme chef de chantier. Pas un jour ne passe sans qu'el hadj Abdoul Rasmané Kafando ne mette les pieds sur les lieux. «Je surveille tout ce qui se déroule ici depuis plus de deux ans. Les travaux ont débuté par l'élargissement d'un côté de la mosquée. Par la suite, il a été décidé de construire l'étage », nous explique ‘'le chef des opérations'' qui s'est présenté peu avant midi. Il confirme qu'aucune difficulté n'a été rencontrée dans l'exécution des travaux et est aux petits soins de toutes les composantes en leur fournissant ce dont ils ont besoin. «Il suffit d'en faire la demande », insiste l'homme qui supervise le job de la centaine de personnes. L'autre aspect qui n'a pas été contredit par el hadj Kafando : la largesse dont bénéficient les ouvriers et manœuvres à la pause-déjeûner. «Les mêmes bonnes volontés qui nous soutiennent ont mis à notre disposition des vivres. Personne ne dépense pour se nourrir ou pour se désaltérer. Mais quant à leur rétribution, nous n'en savons rien. Cela relève de leur employeur. Nous, notre rôle, se limite à faire le contrôle, à répondre au besoin en termes de matériaux et d'alimentation », se contente-t-il de dire. Il a également foi que les fidèles pourront utiliser le niveau supérieur de la mosquée dans deux mois, «inch'Alla»2 . Le chef de chantier n'a pas manqué de faire une mention spéciale à la jeunesse de Rood-Woko (grand-marché), du marché de cola, de Zabré-Daaga, d'Oscar yaar et environnants pour leur aide précieuse. «Ils viennent par groupes et font monter des sacs de ciment, du sable et autres. Qu'Allah les récompense pour leurs bonnes œuvres », souhaite-t-il, en nous montrant des images qu'il a réalisées à l'aide de son téléphone portable, pour nous convaincre de l'immensité du monde qui vient faire œuvre utile. Un «Hadith»3 du Prophète de l'islam ne dit-il pas que : «Quiconque participe à la construction d'une mosquée, Allah lui construit une maison au paradis» ?
Aboubacar Dermé
(1) La prière en arabe
(2) Si Dieu le veut
(3) Propos ou communications du Prophète transmis par ses compagnons et qui concernent un fait, une circonstance ou un acte
Encadré :
Issouf Rabo, très satisfait du relooking de la mosquée
Vendeur de corans et de chapelets, côté est de l'édifice religieux, Issouf Rabo y est depuis une dizaine d'années. Il est très satisfait de l'allure que présente l'infrastructure avec les travaux qui s'y déroulent. «Après la prière de 13h, nous mettons la main à la pâte, idée d'apporter notre contribution à la construction de ce joyau. C'est vraiment bien d'avoir pensé à augmenter la capacité d'accueil. D'ici là, on ne verra plus des gens dans la rue lors des prières du djouma», estime le jeune homme, son Android en main. Selon ses propos, les boutiques aux alentours sont la propriété du lieu de culte et le coût de la location varie en fonction du standing.
A.D.
Encadré :
«Si la mosquée n'est pas remplie, il n'y a pas de raison à prier dans la rue »
(El hadj Abdoul Rasmané Sana, président de la CMBF)
La grande mosquée de la ville de Ouagadougou existe depuis quand et d'où est venue l'idée de la rénover ?
La mosquée est vieille d'une soixantaine d'années. Elle doit évoluer avec le temps. Au départ, ceux qui l'ont bâti ont fait ce qu'ils pouvaient. Ouagadougou avait un monde restreint, mais de nos jours, la population du Burkina Faso en général et celle de la ville, en particulier, a augmenté. Donc, il fallait que nous recadrions les choses. C'est un site qui se trouve au centre-ville, à côté du grand marché, Rood-Woko. Les environs sont devenus des lieux où se mènent des activités commerciales. A l'heure de la prière, la mosquée reçoit beaucoup de personnes de divers horizons. Vous verrez également que les vendredis, il n'y a plus de passage à l'heure du djouma. Au mois d'avril, on ne peut pas étaler des nattes sur le bitume pour prier. Bien que l'occupation des voies ne soit pas normale, beaucoup le font, car ils n'ont pas le choix, vu que l'édifice n'arrive pas à contenir tout ce beau monde. De plus, nous sommes dans un pays à confessions multiples, l'expression de notre foi ne doit pas perturber les autres. C'est au regard de tout cela qu'en plus de l'élargir, nous avons émis le souhait de construire l'étage, pour résoudre ce problème.
Donc à l'achèvement des travaux, on ne devrait plus voir des rues bondées de monde pendant la prière de vendredi ?
Avec cette nouvelle donne, nous pensons qu'il y aura plus d'espace. Si des gens se retrouvent toujours dans les rues, ça sera leur choix. Dans nos estimations, ceux qui prient dans les alentours atteignent globalement 5000 personnes or la capacité du niveau supérieur vaut 10 000. Si la mosquée n'est pas remplie, il n'y a pas de raison de prier dans la rue. Dans tous les cas, nous allons aussi exhorter les fidèles à l'occuper non seulement pour notre sécurité mais aussi celle du pays. On touche du bois, mais imaginons qu'il y ait un dégât, un incendie par exemple dans les parages, un jour de vendredi, particulièrement à l'heure de la prière, comment les sapeurs-pompiers vont rallier le lieu du sinistre ?
A combien estimez-vous le coût des travaux et qui finance ?
Tout le monde finance ce chantier. Ce sont des dons de montants divers et tout le monde contribue d'une manière ou d'une autre. Des gens ont donné 100 francs, 200 francs, un sac de ciment, 10 millions, 100 millions de francs CFA. D'autres ont pris l'engagement d'accompagner les travaux jusqu'à la finition. Nous sommes toujours en chantier et nous relevons tout ce qui est fait. A la fin, nous ferons un bilan, nous allons lister les noms de ceux qui le veulent et ce qu'ils ont donné. Celui qui aurait fait un don et ne retrouve pas son nom sur les listes, il pourra nous approcher afin qu'on essaie de comprendre où est passée sa contribution. C'est à l'issue des travaux et après ce bilan que nous pourrons donner un chiffre définitif. Nous escomptons faire cet exercice et livrer les résultats dans deux ou trois mois, Dieu voulant. Nous allons contacter les journalistes pour ce faire afin que vous nous aidiez dans ce devoir de redevabilité. Dans ce chantier, nous n'avons pas demandé de fonds à un pays tiers, c'est financé par des Burkinabè et nous devons, à la fin, leur dire ce que nous avons fait avec leurs contributions. Nous ne disons pas que nous n'avons pas besoin d'aide de l'étranger mais nous ne devons pas attendre tout de l'extérieur.
Est-ce que dans ce chantier, vous bénéficiez du soutien de personnes provenant d'autres confessions religieuses ?
Beaucoup nous ont aidés mais ne veulent pas qu'on en fasse un tapage. De passage, certains marquent une pause pour nous féliciter, nous encourager et laissent leurs contributions. Vous aurez remarqué qu'au niveau du chantier également, il y a des manœuvres qui sont des catholiques ou des protestants, ce sont eux d'ailleurs qui constituent le gros lot des ouvriers. Nous ne rejetons personne quelle que soit sa conviction religieuse, nous estimons que c'est une œuvre dédiée à Allah, c'est pour tous les Burkinabè et tout le monde peut contribuer à sa manière.
La cohésion entre les populations est mise à mal pour des raisons diverses, quel est votre message à l'endroit des Burkinabè ?
La division n'a jamais aidé à construire un pays si ce n'est à le détruire. Ce que notre pays a toujours eu de plus cher et envié par bon nombre de nos voisins, c'est la tolérance, l'entente, un pays où tout le monde a la latitude de pratiquer sa religion sans problèmes. Nous devons œuvrer à maintenir cela.
Propos recueillis par
A.D.
Fait partie de Ouagadougou : la Grande mosquée bientôt dans son nouveau boubou