Article
Le pouvoir veut-il vraiment la réconciliation? Rencontre Gbagbo-musulmans : ce qui n'a pas été révélé par la presse!
- Titre
- Le pouvoir veut-il vraiment la réconciliation? Rencontre Gbagbo-musulmans : ce qui n'a pas été révélé par la presse!
- Type
- Article de presse
- Créateur
- Seydou Koné
- Editeur
-
Le Patriote
- Date
- 14 juin 2001
- pages
- 3
- nombre de pages
- 1
- Sujet
- Djiguiba Cissé
- Idriss Koudouss Koné
- Al Coran
- Association des Femmes Musulmanes de Côte d'Ivoire
- Ligue Islamique des Prédicateurs de Côte d'Ivoire
- Front de la Oumat Islamique
- Harrissou Fofana
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Association des Élèves et Étudiants Musulmans de Côte d'Ivoire
-
Association des Jeunes Musulmans de Côte d'Ivoire
- Conseil National Islamique
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Conseil Supérieur des Imams, des Mosquées et des Affaires islamiques
- Conseil Supérieur Islamique
- Langue
- Français
- Contributeur
-
Frédérick Madore
- Identifiant
- iwac-article-0007101
- contenu
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Le pouvoir veut-il vraiment la réconciliation ? Rencontre Gbagbo - Musulmans :
CE QUI N'A PAS ÉTÉ RÉVÉLÉ PAR LA PRESSE !
Le lundi 11 juin, dans le cadre de la préparation du forum de la réconciliation nationale, Laurent Gbagbo s'est livré à des confessions qui donnent des sueurs froides dans le dos. Malgré toutes les précautions des théoriciens refondateurs, Laurent Gbagbo a commis une incroyable maladresse. Jugez-en vous-même : il faut dire que tout avait été préparé pour éviter le face-à-face avec les responsables de la communauté musulmane. C'est ainsi qu'on a eu le son d'inviter deux ou trois associations seulement, en les faisant accompagner par des groupuscules préparés par la circonstance. Le Conseil supérieur des Imams (CSI), le Conseil national islamique (CNIS) et la Oummat islamique ont donc accepté de s'asseoir à la même table que l'AI-Coran de Lida Kassi, Moïse et Mamadou Koulibaly, en dépit de la méfiance qui régnait.
Des associations reconnues depuis des années, aussi bien sur le plan national qu'au niveau international, comme AEEMCI, LIPCI, AFMCI, AJMCI, 3A, ont été purement et simplement ignorées par les services compétents de la présidence de la République. Quoi qu'il en soit, le président Gbagbo a d'abord voulu montrer sa bonne foi en demandant aux uns et aux autres de dire tout ce qu'ils ont sur le cœur afin de préparer le cadre de la réconciliation nationale. Les Imams Koné Idriss Koudouss et Cissé Diguiba ne se sont pas fait prier pour lui dire les quatre vérités des musulmans.
Comme il fallait s'y attendre, Hanssou Fofana et les autres plaisantins sont aussitôt rentrés dans la danse. Les uns ont accusé les Imams de faire de la politique, raison pour laquelle ils ont quitté le CNI pour créer l'AI-Coran. Les autres ont affirmé qu'ils sont l'objet de mépris de la part des autres musulmans qui les appellent "convertis" quand ils ne les traitent pas de "toubi-djon" (esclave converti, en langue malinké). Et comme ils ont été payés pour le faire, tout ceci a été dit dans un désordre indescriptible, histoire de montrer que les musulmans sont de grands enfants qui ne peuvent pas s'entendre.
Le problème des cartes d'identité arrachées aux musulmans, les persécutions, même les assassinats condamnés par les musulmans, ont été niés ou minimisés par Hanssou et ses compères devenus subitement défenseurs du régime. Mais, c'est Gbagbo en personne qui a volé la vedette. Piqué au vif par les propos de l'Imam Koné Koudouss, c'est un Gbagbo visiblement ébranlé qui a tout rejeté en bloc avant de se fondre en confessions. C'est ainsi qu'il a appris à l'assistance le rôle joué par Lida Kouassi Moïse et le Général Mathias Doué dans la chute du Général Guei Robert.
Lorsqu'il a invité les Ivoiriens à descendre dans la rue le 24 octobre 2000, les militants du FPI ont été les seuls à répondre présent. Lida Kouassi Moïse, alors ministre de la Défense, a demandé au Commandant Remarck d'attaquer la poudrière. Ensuite, le Général Mathias Doué a invité les militaires à attaquer le Palais présidentiel. Et comme ils n'avaient pas à passer le barrage dressé par la Brigade Rouge de Boka Yapi, ils ont demandé du renfort au camp de gendarmerie d'Agban. C'est ainsi que Guéi a été contraint de fuir.
Et Gbagbo de poursuivre en ces termes : "Le lendemain, au moment où je m'apprêtais à m'installer, on m'apprend que les militants du RDR sont en train de manifester pour demander le report des élections. J'ai ordonné aux forces de l'ordre de tirer..." Le chef de l'État a également insisté sur le souhait qu'il formule de ne pas voir les religieux se mêler de la politique.
En réponse à toutes ces révélations et autres insinuations, les Imams ont rappelé à Gbagbo que c'est lui-même qui avait demandé à Agré, Ediémou et d'autres chefs religieux, le 23 décembre, d'accuser la deuxième République de 2000, de raisonner Guei Robert. Comment peut-on demander aux mêmes religieux de ne pas se mêler des affaires politiques ? Par ailleurs, si la deuxième République ne s'est pas installée dans le sang des musulmans, à quelle religion appartiennent toutes les victimes du charnier de Yopougon ?
En ce qui concerne les attaques de la bande à Hanssou Fofana, l'Imam Cissé Diguiba a répondu qu'il n'y a pas de division entre les musulmans parce que les Imams ne se sont jamais combattus. Ce sont toujours des gens qui se prétendent musulmans que le pouvoir utilise en les nommant chefs d'associations pour essayer de ridiculiser la communauté. Par ailleurs, la communauté musulmane compte de nombreux Imams qui ne sont pas originaires du Nord : El Hady Bredi de la MACA, El Had Dole du Camp militaire d'Akouedo, El Had Touré Adam du Plateau Dokou, tous ressortissants de Lakota, et l'Imam de Daoukro qui est un cousin du Président Bédié, etc.
Interpellé au sujet de la laïcité de l'État qui n'est pas appliquée parce que, depuis l'indépendance, le gouvernement accorde une subvention à l'Église catholique, le chef de l'État a tout simplement répondu que l'État a aussi aidé la communauté musulmane en lui offrant des billets d'avion pour le pèlerinage à la Mecque. La preuve, c'est Boga Doudou qui l'a informé cette année, raison pour laquelle il a offert 70 billets aux musulmans et 30 billets aux chrétiens qui allaient fêter le sacre du cardinal Agré.
À propos des cartes d'identité, Gbagbo a révélé qu'elles seront sécurisées ainsi que les actes de naissance. En outre, le contrôle ne se fera plus au niveau de la police, mais plutôt par les commerçants dans les supermarchés...