Article
Interview. Imam Binaté, responsable administratif du CNOPM : "Mon rêve : que tous les pèlerins ivoiriens voyagent et logent ensemble"
- Titre
- Interview. Imam Binaté, responsable administratif du CNOPM : "Mon rêve : que tous les pèlerins ivoiriens voyagent et logent ensemble"
- Type
- Article de presse
- Editeur
-
Le Patriote
- Date
- 25 janvier 2001
- pages
- 6
- nombre de pages
- 1
- Sujet
- Comité National pour l'Organisation du Pèlerinage à la Mecque (CI)
- Hadj
- Conseil National Islamique
- Langue
- Français
- Contributeur
-
Frédérick Madore
- Identifiant
- iwac-article-0007084
- contenu
-
Interview Imam Binaté, responsable administratif du CNOPM : "MON RÊVE : QUE TOUS LES PÈLERINS IVOIRIENS VOYAGENT ET LOGENT ENSEMBLE"
Dans quelques jours, les Musulmans effectueront le pèlerinage à la Mecque, cinquième pilier de l'islam. Dans cet entretien, le jeune Imam Binaté Bourelma, responsable administratif du CNOPM, nous explique le sens de ce voyage spirituel et les dispositions prises par sa structure pour le faciliter.
Interview réalisée par Mamadou Doumbes, Collaboration Djama Stanislas (stagiaire)
LP : Imam, pouvez-vous nous donner le programme des vols de la présente édition du pèlerinage ?
IB : Les premiers vols vont commencer dans la première semaine de février, précisément avec Air Afrique. Le premier vol est prévu le 10 février, cela se poursuivra le 11 et 12 février. En ce qui concerne la Compagnie Egypt-Air, le premier vol s'effectuera le 8 février avec un vol chaque semaine. Pour MEA, c'est à partir du 6 février. Le retour est prévu le 10 mars, soit un mois plus tard.
LP : Pour cette édition 2001, quelles sont les dispositions prises par le CNOPM pour rendre le séjour des pèlerins agréable ?
IB : Tout commence par les préparatifs ici d'abord. Ainsi, sur le plan spirituel, nous assurons la formation des pèlerins dans les mosquées par des séances de formation. Et notre partenaire, la Ligue islamique des prédicateurs de Côte d'Ivoire (LIPCI), assure cette charge dans les autres mosquées en dehors des trois mosquées attitrées que sont celle de la Riviera II - El Nour, celle d'Adjame (OMOCI) et celle d'Aghien. Sur le plan médical, nous bénéficions du concours du Secours médical islamique (SMI), qui fait non seulement les vaccinations, mais aussi une consultation pré-pèlerinage. Cela permet de détecter au préalable d'éventuels malades en vue d'administrer des soins nécessaires pour assurer leur suivi médical. Sur le plan administratif, nous avons un réseau informatique. Ainsi, des éléments que nous avons dans toutes les banques reçoivent les chèques des pèlerins. Nous avons commandé environ 170 passeports. Nous avons un système qui nous permet d'encadrer de façon excellente les pèlerins. Nous comptons également envoyer une équipe à partir du 1er février. Celle-ci se chargera de réserver aux pèlerins un accueil très chaleureux à la Mecque. Comme chaque année, nous prenons, pour le logement, des bâtiments propres pour qu'il y ait le minimum d'hygiène. Chaque appartement aura au moins deux ou trois salles d'eau.
LP : À ce niveau des préparatifs, pouvez-vous faire une estimation des pèlerins attendus cette année ?
IB : Généralement, nous obtenons l'autorisation de recevoir quatre mille pèlerins pour la Côte d'Ivoire, comme nous le suggèrent les autorités saoudiennes. Mais nous espérons cette année avoir un minimum de quatre cents. Il faut dire que cela est indépendant de notre volonté et tient plutôt à la situation que nous avons vécue dans notre pays cette année. Mais nous y croyons. C'est dans les épreuves qu'il faut aller prier pour notre pays.
LP : Pouvez-vous nous situer sur l'importance du pèlerinage à la Mecque et nous donner la signification de quelques rituels ?
IB : Le pèlerinage à la Mecque fait partie des cinq piliers fondamentaux de l'islam. Il y a une injonction divine qui rend obligatoire le pèlerinage à la Mecque à condition qu'on ait les moyens. Cela signifie que le pèlerinage a la même valeur que la prière, la zakat, le jeûne du Ramadan. Chaque musulman se doit donc de l'accomplir. La différence entre le pèlerinage et les autres piliers est que lors du pèlerinage, on a l'occasion d'arriver et de voir les lieux saints de l'islam qui symbolisent parfois toute l'histoire des religions. La grande mosquée de Médine, construite par le Prophète Mohamed (SAW), permet d'avoir accès à beaucoup d'histoires sur elle. En son sein, les prières confèrent le paradis. On y trouve également le mausolée de la tombe du Prophète (SAW). Il y a également dans la ville de Médine les lieux historiques des grandes batailles de l'islam. Sur le plan spirituel, une prière dans la mosquée de Médine vaut 100 000 fois plus qu'une prière dans une mosquée ordinaire. À la Mecque, une prière vaut 500 000 fois la prière accomplie dans une mosquée ordinaire. En outre, chaque rituel lors du pèlerinage a son sens. L'histoire du Prophète Abraham s'y vit avec la lapidation de Satan et tout le parcours d'Abraham à qui Dieu a demandé de mettre sa famille dans un désert. Lorsqu'il a imploré Dieu, il a fini par réunir à y construire le premier sous-bassement de la Kaaba qui, aujourd'hui, est devenu le lieu de retrouvailles de toute la communauté musulmane. Il y a Arafat où tous les pèlerins prient ensemble Dieu. Spirituellement, toutes les prières sont exaucées à ce lieu-là. Rien n'est rejeté. Il y a à la Mecque des leçons sociales qu'on enseigne aux pèlerins. Vous êtes riche ou pauvre, à la Mecque, vous portez chacun le même ruban lors des rituels du pèlerinage. C'est pour dire que nous sommes tous égaux. On y rencontre également des hommes de tout horizon et de toute culture, ce qui a pour effet de vous reconnecter dans votre foi.
LP : Pouvez-vous nous présenter le parcours du Conseil national islamique (CNI) en matière d'organisation du pèlerinage ?
IB : Notre premier pèlerinage remonte à 1974. À cette époque, c'est dans l'ignorance totale que le pèlerin quittait ici. Aujourd'hui, avec la panoplie d'informations qu'on donne ici avant les départs, le pèlerin sait pratiquement tout de son pèlerinage. Le renfort dans l'encadrement spirituel est un bien indéniable qu'il faut mettre au compte de l'organisation effectuée par le CNOPM. Ensuite, une année en Côte d'Ivoire, il est advenu que les pèlerins soient allés en retard à Arafat, or c'est là que réside l'essentiel du pèlerinage. Sans Arafat, il n'y a pas de pèlerinage. Nous, nous ne sommes jamais arrivés en retard à Arafat pour faire toutes les prières à l'heure escomptée. Aujourd'hui, mon rêve serait que tous ceux qui effectueront le pèlerinage cette année puissent s'inscrire huit mois à l'avance pour que l'on puisse se préparer et tout prévoir de façon exacte. Comme cela, il n'y a même pas de problème pour l'hébergement car les organisateurs auront le temps de tout prévoir précisément. C'est ainsi que cela se fait en Malaisie. Actuellement, on sait déjà qui ira l'année prochaine. Mon deuxième rêve, c'est que l'on puisse avoir des vols unifiés pour la Mecque. Qu'on cesse les petits vols. Tous les pèlerins ivoiriens doivent emprunter les mêmes voies. Le troisième rêve sera qu'à la Mecque, on puisse dire : "Voici le bâtiment réservé aux Ivoiriens" sur les lieux saints. Qu'on ne soit plus décousu. Qu'on ait un encadrement unifié également.
LP : Quels sont les principaux problèmes que vous rencontrez avec les pèlerins ?
IB : La difficulté majeure avec les pèlerins, c'est qu'il y a une hétérogénéité chez eux sur le plan culturel, social, etc. Celui qui est habitué aux toilettes modernes et celui qui n'y est jamais allé. Le pèlerin ivoirien n'est pas discipliné. Chacun veut qu'on lui rende service comme il l'entend. Or, quand l'encadreur demande de se mettre en rang, il devrait être suivi. Il faut gérer tout ça. Mais, le pèlerin ivoirien, lui, rouspète toujours. Il faut qu'on apprenne à respecter celui qu'on a choisi pour nous encadrer. Ainsi, s'il y a un problème, seul l'encadreur est responsable. Mais si chacun doit décider ce qu'il veut, on ne s'en sortira jamais. Pour les maladies, en tant que religieux, je pense que cela relève de l'ordre divin. Trois millions de personnes venues de partout se frottent, il est sûr que l'on donne et reçoit des maladies. C'est pour tout ça que nous avons une équipe médicale renforcée avec des médecins qualifiés. Dès lors que le pèlerin arrive sous notre couvert à la Mecque, il n'a plus à payer pour des ordonnances. Nous nous en chargeons.
LP : Imam, un appel à la communauté musulmane ?
IB : Mon appel est ceci : il faut qu'avant le 25 janvier au plus tard, tous les pèlerins viennent s'inscrire et payent ce qu'on demande. Au-delà de cette date, il y aura des difficultés à obtenir le passeport, le visa, etc. Le 4 février est la date limite de dépôt des dossiers puisque les Saoudiens seront là ce jour-là. Pour la prochaine édition, nous prévoyons une caravane dite du pèlerinage. Celle-ci va sillonner le pays pour sensibiliser les populations et leur assurer la formation spirituelle adéquate qui, certainement, verra la participation d'El Hadi Aboubacar dit Tonton Bouba, qui met son savoir-faire au service de Dieu et de sa communauté.
M.D. Coll D.S.