Article
Interview. Monseigneur Vital Komenan Yao, Archevêque de Bouaké et président de la Conférence épiscopale. À propos du dialogue inter religieux : "Nous sommes prêts pour une discussion avec les musulmans"
- Titre
- Interview. Monseigneur Vital Komenan Yao, Archevêque de Bouaké et président de la Conférence épiscopale. À propos du dialogue inter religieux : "Nous sommes prêts pour une discussion avec les musulmans"
- Type
- Article de presse
- Créateur
- Mamadou Doumbes
- Editeur
-
Le Patriote
- Date
- 18 janvier 2001
- pages
- 6
- nombre de pages
- 1
- Langue
- Français
- Contributeur
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Frédérick Madore
- Identifiant
- iwac-article-0007082
- contenu
-
Interview
Monseigneur Vital Komenan Yao, Archevêque de Bouaké et président de la Conférence épiscopale
À propos du dialogue interreligieux : "NOUS SOMMES PRÊTS POUR UNE DISCUSSION AVEC LES MUSULMANS"
Les Archevêques et Évêques de notre pays sont réunis depuis mardi, au centre Saint-Thérèse de Bingerville, dans le cadre d'une conférence épiscopale extraordinaire. En prélude à cette Assemblée générale, nous avons rencontré Mgr Vital Komenan Yao, président de ladite Conférence, qui a bien voulu se confier à nous. Dans ce large extrait de notre entretien, il fait un tour d'horizon de l'actualité nationale.
Interview réalisée par Mamadou Doumbes (Coll. K.J)
LP : Quelle urgence a motivé l'organisation de la présente Assemblée générale extraordinaire ?
Monseigneur Vital Komenan Yao : C'est plutôt pour coller davantage aux réalités que nous vivons maintenant. Vous savez, avant, nous avions deux réunions annuelles, la première en janvier et la seconde en juillet. Et, tout au long de l'année 2000, nous étions obligés d'en ajouter. Face aux événements que nous vivions, il était nécessaire que nous fassions cette réunion extraordinaire pour voir si nous maintenions la réunion annuelle assortie de réunions extraordinaires ou plutôt si nous devions rester au statu quo, c'est-à-dire deux réunions annuelles. Je pense que c'est essentiellement la raison de cette réunion extraordinaire. Mais, il y a des problèmes en suspens que nous allons aborder afin de trouver des solutions ou plutôt des voies de solution. C'est en somme pour ces raisons que nous avons tenu cette réunion au centre Sainte-Thérèse de Bingerville.
LP : Excellence, à chaque fois que la paix est menacée en Côte d'Ivoire, les responsables religieux se concertent et font une déclaration commune. Mais, s'en suivent des attaques par presse interposée entre ces responsables religieux. Alors, dites-nous si vos rencontres sont fraternelles et franches ?
MVKY : Lorsque nous nous réunissons avec les autres confessions religieuses, c'est un cadre différent et chacun apporte ce qu'il peut. Jusqu'à présent, je n'ai assisté qu'à une ou deux réunions. Et je pense que c'était fraternel, c'était ouvert. Mais assez souvent, on s'aperçoit avec surprise que c'était plutôt d'apparence et cela est regrettable. On ne peut pas mettre tout le monde dans le même sac. Il y a des réactions personnelles qui parfois envahissent la décision collective, et il faut s'y attendre. Il peut aussi y avoir des dérapages. Mais les rares fois où j'ai participé aux réunions, j'ai eu l'impression que c'était assez franc, assez sincère, assez sain.
LP : Que pensez-vous du dialogue islamo-chrétien en Côte d'Ivoire et de l'avenir même de la cohabitation entre chrétiens et musulmans dans notre pays ?
Mgr VKY : Nous sommes prêts pour une rencontre et une discussion avec l'Islam. Les responsables musulmans nous ont fait appel pour nous rencontrer et finalement, nous nous sommes entendus sur une date et on a fait la première réunion. C'est dans ce sens que nous voulons travailler. C'est possible à condition que chacun, comme on le disait à une de nos réunions, accepte d'être humble, refuse un certain fanatisme, refuse de s'imposer à l'autre. C'est dans ce sens que dans un véritable dialogue, on amènera à une solution. L'Islam n'a pas été révélé à l'Afrique non plus. En Côte d'Ivoire, nous avons toujours vécu en parfaite harmonie. Il a fallu que nos zigzags politiques laissent appel à la religion pour que nous connaissions ce que nous connaissons aujourd'hui. C'est dommage. Je crois que ce n'est pas la normale et il nous faut redresser cela dans nos négociations, nos rencontres interreligieuses. C'est ce que je souhaite pour nos relations avec l'Islam.
LP : Concernant la radio catholique nationale, est-ce que les fonds sont disponibles ? Quand débuteront les émissions ? Qu'en est-il des problèmes que vous avez avec l'État en ce qui concerne le financement des écoles ?
Mgr VKY : Pour la radio, si nous disposions de fonds, on se ferait déjà entendre au-delà de nos frontières. C'est parce que nous n'avons pas encore les fonds que nous commençons timidement. Mais je pense qu'en comptant sur les bonnes volontés de Côte d'Ivoire et l'apport d'amis extérieurs, nous pourrons, dans un an, un an et demi, disposer de ressources pour au moins lancer la radio. Pour les subventions, on me disait récemment que le premier trimestre de 1999 n'est pas versé. Voyez, je ne sais pas quel temps il faudra pour que le montant de l'année 2000 soit entièrement versé. Normalement, au mois de mars, la première subvention de l'année en cours devra être versée. Vous voyez dans quelles difficultés nous nous trouvons lorsqu'il n'y a pas de trésorerie. Mais nous ne voulons pas gonfler aussi les cotisations pour ne pas pénaliser les parents. La quadrature du cercle est difficile, nous espérons que l'État fera un effort pour au moins débloquer quelque chose pour nous permettre de faire rémunérer décemment nos enseignants et faire tourner correctement nos établissements.
M.D. Coll. K.J