Article
Conseil consultatif du COSIM à la grande mosquée de la Riviera : les musulmans déçus de Guéï et du CNSP
- Titre
- Conseil consultatif du COSIM à la grande mosquée de la Riviera : les musulmans déçus de Guéï et du CNSP
- Type
- Article de presse
- Créateur
- D. Al Séni
- Editeur
-
Le Patriote
- Date
- 14 août 2000
- pages
- 5
- nombre de pages
- 1
- Sujet
- Mariam Fofana
- Anzoumana Konaté
- Association des Femmes Musulmanes de Côte d'Ivoire
- Moustapha Soumahoro
- Mosquée de la Riviéra Golf
- Affou Sanogo
- Robert Guéï
- Référendum constitutionnel ivoirien de 2000
-
Conseil Supérieur des Imams, des Mosquées et des Affaires islamiques
- Aboubacar Fofana
- Langue
- Français
- Contributeur
-
Frédérick Madore
- Identifiant
- iwac-article-0007054
- contenu
-
Conseil consultatif du COSIM à la grande mosquée de la Riviera :
LES MUSULMANS DÉÇUS DE GUEI ET DU CNSP
D. Al Seni
La situation socio-politique qui prévaut en Côte d'Ivoire ne laisse indifférente aucune communauté et couche socioprofessionnelle. Les communautés religieuses, depuis quelques jours, sont (re)montées au créneau pour prendre position et donner des indications sur les voies à suivre pour désamorcer la crise. À l'instar des Évêques et des Pasteurs, les Imams de Côte d'Ivoire se sont prononcés sur la situation socio-politique. C'était le samedi 12 août dernier à la grande mosquée de la Riviera lors du Conseil consultatif du Conseil supérieur des Imams (COSIM). Plus de 1300 Imams venus de toutes les régions de Côte d'Ivoire ont répondu à l'appel du Cheick Affou Sanogo, qui était représenté à la cérémonie par l'Imam Anzoumana Konaté de la grande mosquée de Treichville.
Après les invocations, bénédictions et lectures du Saint Coran qui ont duré de 07 heures à 09 heures, la seconde étape de cette importante rencontre a été marquée par des interventions. La série a commencé par celle du porte-parole du COSIM, l'Imam Aboikary Folana. Dans son allocution, il a tenu à expliquer les raisons qui ont amené les Imams à formuler de fortes réserves contre la Constitution actuelle.
« Notre position est une question de principe : il y a dans cette Constitution des clauses dangereuses pour le pays. L'introduction du "ET", par exemple, n'est ni conforme aux droits de l'Homme contenus dans le préambule, ni conforme aux traditions ivoiriennes », a indiqué l'Imam d'Aghien. Il a remercié les fidèles et les leaders religieux musulmans pour la retenue dont ils ont fait preuve devant les grotesques provocations du pouvoir Guéi.
Du côté des cadres, des jeunes et des femmes des organisations musulmanes, le ton était plutôt à la colère et à l'indignation. Intervenant au nom des jeunes et des cadres, M. Soumahoro Moustapha a exprimé une profonde amertume devant les agissements du CNSP et de son chef. « Au chef de l'État, le Général Robert Guéi, nous fondions beaucoup d'espoir, lui qui, pendant ces dix dernières années, a connu à maintes reprises les affres de l'arbitraire tel que le régime Bédié l'a fait vivre aux Ivoiriens. Pour nous, la Côte d'Ivoire annonçait une nouvelle ère qui serait marquée par la liberté effective des consciences, la libre organisation des communautés religieuses et surtout l'égal traitement des cultes par les pouvoirs publics », a-t-il précisé.
Et le porte-parole des cadres et des jeunes de poursuivre : « Malheureusement, trop tôt, ce rêve a tourné au cauchemar. » Dénonçant, entre autres, les interpellations abusives des Imams par le CNSP, les violences faites aux jeunes filles par les éléments de Boka Yapi le lundi 31 juillet dernier, et le refus opposé à de nombreux musulmans de jouir de leurs droits civiques, M. Soumahoro a affirmé la détermination des siens à se battre avec la dernière énergie pour la défense du respect de la citoyenneté ivoirienne et des droits de tout Ivoirien victime d'injustice. « Nous allons désormais répondre au coup par coup », a-t-il indiqué.
Même son de cloche chez Mme Fofana Mariam, qui s'exprimait au nom des femmes. « Nous avons ovationné le CNSP et son président le 16 avril dernier au cours d'un meeting des femmes musulmanes au parc des Sports de Treichville. Mais, très tôt, les anciennes habitudes ont refait surface. On assiste aux intimidations des Imams, aux entraves aux droits des citoyens, aux humiliations des femmes qui vont jusqu'au viol. Nous sommes déçues et nous condamnons ces abus », a-t-elle déclaré.
Dans l'adresse du COSIM à la Côte d'Ivoire, qu'il a lue, l'Imam Kone Idriss Koudouss a noté que l'angoisse et même la peur envahissent les cœurs aussi bien des Ivoiriens que de leurs amis de l'extérieur au fur et à mesure que la date des élections générales approche.
Dans ce message au peuple de Côte d'Ivoire, au gouvernement, aux responsables de partis politiques et ONG, aux hommes de médias, aux confessions religieuses, aux femmes et à la jeunesse, les Imams appellent à relever le défi du vouloir vivre ensemble en parfaite harmonie. À l'endroit du CNSP, les hommes de Dieu ont demandé d'observer la stricte neutralité entre les partis politiques. Au total, avec responsabilité et hauteur de vue, les dignitaires religieux ont fait entendre la voix de la sagesse et de la raison à tous. Gageons que les acteurs de la vie politique s'en abreuvent pour la sauvegarde de la Côte d'Ivoire.
DAS