Titre

Rencontre avec les communautés réligieuses : Bombet veut mettre les mosquées sous son contrôle

Type

Article de presse

Créateur

D. Al Séni

Editeur

Le Patriote

Date

5 octobre 1999

nombre de pages

1

Sujet

Idriss Koudouss Koné

Bakary Chérif

Front de la Oumat Islamique

Émile Constant Bombet

Babily Dembélé

Confédération Islamique du Développement de la Côte d'Ivoire

Bouaké

Conseil National Islamique

Conseil Supérieur des Imams, des Mosquées et des Affaires islamiques

Langue

Français

Contributeur

Frédérick Madore

Identifiant

iwac-article-0007041

Droits

contenu

Rencontre avec les communautés religieuses

BOMBET VEUT METTRE LES MOSQUÉES SOUS SON CONTRÔLE

D. Al Séni

Tout président du CNI (Conseil national islamique) qu'il est, l'Imam El Hadj Idriss Koné Koudouss passe aux yeux du ministre Constant Bombet pour un banal individu. En tout cas, il l'a laissé entrevoir hier à son cabinet lors de la rencontre avec les associations islamiques. « J'ai eu Koudouss au téléphone ; je déplore son absence à cette rencontre. Je ne peux pas comprendre qu'il soit à Abidjan et qu'il se fasse représenter à une réunion que je convoque (...). Je suis le chef des cultes », a-t-il dit, sur un ton à peine maîtrisé. Le ministre de l'Intérieur, qui avait à ses côtés M. Youssouf Bamba, le ministre délégué à la coopération internationale auprès du ministre des Affaires étrangères, et son collègue délégué aux collectivités locales, M. Séry Assia, entendait expliquer à la communauté musulmane la situation qui prévaut sur le plan politique en Côte d'Ivoire. Pour Bombet, la situation politique est tendue par ceux qui veulent ériger la désinformation en moyen de perturbation. Le ministre de l'Intérieur a repris ses litanies habituelles contre le président du RDR (Rassemblement des Républicains), M. Alassane Ouattara. « Nous connaissons la situation actuelle parce que l'ex-Premier ministre, depuis qu'il a quitté ses fonctions au FMI, aspire à diriger un parti politique en Côte d'Ivoire. Ce qui n'est pas anormal. Mais la loi en Côte d'Ivoire fait obligation à tout dirigeant d'un parti de produire un certificat de nationalité ivoirienne. »

Où est le problème ? Nous ne sommes même pas dans une situation politique ; c'est une simple question administrative. A-t-on besoin d'avocats pour cela ? s'est interrogé Émile Constant Bombet. Se transformant en spécialiste de la religion, le ministre de l'Intérieur a tracé ce qui, pour lui, tient lieu de fonction aux religieux. « Dieu est le même, seuls les hommes font des différences. Les religieux doivent nous aider à maintenir la paix et l'unité. » Il faut pour cela, poursuit le Colonel major des Fanci, que ces derniers, devant toute situation, viennent s'informer à la bonne source : celle de ses services afin de mieux éclairer les fidèles. Avec un ton qui cachait mal des intentions de menaces, M. Constant Bombet a lancé à l'endroit des responsables islamiques : « Évitez la politisation des lieux de culte ; que les mosquées ne soient pas les lieux où se concoctent les stratégies de conquête du pouvoir. » Montant en épingle la situation de l'Algérie où, selon lui, Madani et ses amis ont profité de la brèche ouverte par...

LE RÊVE DU COLONEL

À sa rencontre avec les responsables d'associations religieuses musulmanes hier, le ministre de l'Intérieur, Bombet, a indiqué son modèle en matière de gestion des mosquées : le Maroc du roi Hassan II. Pour l'interlocuteur des cultes en Côte d'Ivoire, « au Maroc, le roi est considéré comme descendant du prophète ; quand il y a des dérapages dans les prêches, le roi, par son ministre des cultes, fait une circulaire pour que tout rentre dans l'ordre. Au Maroc, il y a la discipline », a-t-il affirmé.

Boumédienne, qui a utilisé les mosquées pour vulgariser sa politique de réforme agraire, le ministre Bombet a tenu à mettre en garde les responsables musulmans contre les dérives du fanatisme religieux. Cependant, le patron des questions électorales du gouvernement Bédié a surpris plus d'un en indiquant que c'est Dieu qui établit le chef. « On ne peut pas être croyant et aller contre le chef », a-t-il dit, allusion à peine voilée aux actions du RDR contre les dérives du pouvoir Bédié. Commentant l'adresse des imams aux Ivoiriens lors du conseil consultatif du Cosim (Conseil supérieur des imams) du samedi dernier à la grande mosquée de la Riviera, M. Bombet s'offusque que les guides spirituels de la communauté musulmane ne l'aient pas écouté sur les questions analysées avant de se prononcer. Aussi, a-t-il suggéré que le Cosim reprenne son conseil consultatif maintenant que les imams ont la « vraie information ». Au total, pendant plus d'une heure d'horloge, M. Bombet a prêché son « évangile » sur ADO, la laïcité, la Côte d'Ivoire jalousée pour sa réussite et la grande considération de Bédié pour les...

Faut-il comprendre par là que le fonctionnement actuel des mosquées ne convient pas au ministre de l'Intérieur ? En tout cas, avec son intervention sur la « dépolitisation des mosquées », M. Bombet laisse entrevoir que la liberté de ton des mosquées en Côte d'Ivoire le gêne. Les imams, à ses yeux, devraient se contenter d'être des messagers de « la bonne parole » du gouvernement, avec le secret espoir d'embarquer les serviteurs d'Allah dans sa croisade contre le président du RDR. Rappelons qu'outre le CNI conduit par son premier vice-président El Hadj Binaté Ibrahim, on notait la présence à cette rencontre d'information du CID (Confédération islamique de développement) conduit par son président Babily et de FOI (Front de la Oumat islamique) conduit également par son président, Bakary Shérif. D.A.S.

...auprès de leurs fidèles et fermer les yeux sur tout ce qui concerne la vie socio-politique. Nostalgie probablement, du bon vieux temps colonial. De là à penser que le ministre de l'Intérieur demande bientôt aux imams de venir chercher les sermons chaque vendredi matin à son cabinet, il n'y a qu'un pas que certains ont vite fait de franchir.

D.A.S.