Article
Les religieux interviennent dans la crise scolaire : la FESCI suspend son mot d'ordre de grève
- Titre
- Les religieux interviennent dans la crise scolaire : la FESCI suspend son mot d'ordre de grève
- Type
- Article de presse
- Créateur
- Guillaume T. Gbato
- Editeur
-
Notre Voie
- Date
- 24 juin 1999
- nombre de pages
- 1
- Sujet
- Idriss Koudouss Koné
- Fédération Estudiantine et Scolaire de Côte d'Ivoire
- Bernard Agré
- Henri Konan Bédié
- Charles Blé Goudé
- Conseil National Islamique
- Langue
- Français
- Contributeur
-
Frédérick Madore
- Identifiant
- iwac-article-0007003
- contenu
-
APAISEMENT
LES RELIGIEUX INTERVIENNENT DANS LA CRISE SCOLAIRE
La FESCI suspend son mot d'ordre de grève
Par Guillaume T. Gbato
Pour décanter la situation de blocage que connaît, en ce moment, l'école ivoirienne, des négociations ont eu lieu ces jours-ci entre la direction de la FESCI et un collectif de religieux. Hier, Blé Goudé Charles, le patron de la FESCI, s'en est ouvert à la presse nationale et internationale.
Blé Goudé Charles, Secrétaire général de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d'Ivoire (FESCI), a annoncé, hier, que son mouvement a décidé de suspendre son mot d'ordre de grève dans les lycées, collèges et universités de Côte d'Ivoire. C'était dans une déclaration faite à la Cathédrale Saint Paul d'Abidjan-Plateau, devant un parterre d'hommes de Dieu, dont Mgr. Bernard Agré (archevêque d'Abidjan), l'Imam Idriss Koudouss (président du Conseil national islamique), le Révérend Gboagnon Appolinaire de l'Église des Assemblées de Dieu de Côte d'Ivoire, et le Président Tchotche Mel Félix du Comité national hariste.
Le responsable de la FESCI, qui a dit avoir obtenu de ces autorités religieuses "leur implication dans la recherche d'une solution durable à la crise scolaire et universitaire", voudrait ainsi, selon ses propres termes, "prendre l'opinion à témoin et réaffirmer son souci permanent d'user du dialogue et de la concertation comme voie de résolution des problèmes qui minent l'École ivoirienne".
Les autorités religieuses, au dire de Mgr. Agré, se sont engagées à "servir de pont entre les autorités gouvernementales et les étudiants". L'objectif étant, a-t-il poursuivi, que "le déficit de confiance qui s'est établi entre les parties puisse disparaître". En échange de la suspension de la grève de la FESCI, le collectif des hommes de Dieu, après la déclaration des étudiants, devrait, dans les tout prochains jours, obtenir du gouvernement la libération des élèves et étudiants incarcérés sur toute l'étendue du territoire, le report des examens dans le secondaire, et l'ouverture des résidences universitaires.
En définitive, cette déclaration de Blé Goudé vient sanctionner une série de négociations serrées que la FESCI a eues depuis lundi avec les religieux. En effet, depuis plusieurs jours, des hommes de Dieu de diverses confessions avaient proposé leurs bons offices pour décanter l'actuelle crise scolaire et universitaire. C'est ainsi qu'ils ont entrepris de rencontrer les différentes parties : les étudiants d'un côté et le Président de la République de l'autre.
Après de longues et difficiles négociations, une rencontre de synthèse a eu lieu dans la soirée du mardi au domicile du chef de l'État. Le Président Bédié, comme à son habitude, aurait exigé des étudiants qu'ils fassent le premier pas en levant leur mot d'ordre "afin de le mettre à l'aise". Le Président Bédié, dit-on, ne veut pas donner l'impression d'avoir capitulé. Les étudiants ont répondu qu'ils ne font plus confiance au chef de l'État parce que ce dernier a plusieurs fois fait des promesses qu'il n'a jamais tenues à leur endroit. Devant l'insistance du chef de l'État, les religieux se sont portés garant moral. C'est donc en acceptant cette caution morale des religieux que la suspension de la grève a été prononcée. "Sur la base de la confiance que nous plaçons en ces confessions religieuses et en ces respectables hommes de Dieu", a révélé Blé Goudé, "nous avons finalement accepté de suspendre notre mot d'ordre". La balle est dans le camp des hommes de Dieu et des autorités. Instruits de l'expérience des promesses non tenues du régime, la communauté scolaire et universitaire, pour sa part, retient son souffle.