Article
Gagnoa : le procureur répond à l'Imam Camara sur l'excision
- Titre
- Gagnoa : le procureur répond à l'Imam Camara sur l'excision
- Type
- Article de presse
- Créateur
- Namory Doumbia
- Editeur
-
Notre Voie
- Date
- 1 août 2017
- nombre de pages
- 1
- Langue
- Français
- Contributeur
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Frédérick Madore
- Identifiant
- iwac-article-0006973
- contenu
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GAGNOA
Le procureur répond à l'Imam Camara sur l'excision
DOUMBIA Namory Correspondant permanent dans la région du Goh
El Hadj Camara Abdoulaye, l'imam de la mosquée des jeunes de Dioulabougou, approuve la pratique de l'excision. Ses récentes déclarations dans la presse sur ce phénomène ont suscité de vives réactions. Le procureur de la République près le tribunal de première instance de Gagnoa, Coulibaly Boubacar, rappelle à l'Imam la législation sur l'excision. « Le point de vue de l'homme de droit est celui de la loi qui a prévu l'emprisonnement pour toute personne qui pratique un quelconque acte de mutilation génitale ou autre mariage forcé. Le code pénal est très limpide là-dessus. Quant à l'immigration clandestine qui a été évoquée aussi par le guide religieux dans les colonnes de votre journal, il n'y a pas de loi spécifique la concernant. Mais le trafic humain est sévèrement réprimé, même son de cloche pour l'escroquerie. C'est le relevé que le Cosim, l'organisation nationale des imams, a pour l'excision.
« Voir un imam soutenir la pratique de l'excision est surprenant. Mon étonnement se justifie par le fait qu'officiellement les imams, à travers leur grande association qui est le Cosim, ont montré leur rejet de l'excision en faisant des campagnes de sensibilisation avec le soutien des institutions de l'État. Je suis moi-même musulman. Mais j'avoue que d'après ce que d'autres imams nous ont enseigné, l'islam ne cautionne pas l'excision », a-t-il indiqué.
Molière Kouadio, chargé du suivi et évaluation au centre social de Gagnoa, s'oppose également au guide religieux. « Nous avons plusieurs activités au centre social. Parmi elles figurent la pesée. Quand les dames de notre service ôtent les vêtements des enfants en présence de leurs mamans, nous découvrons très souvent les traces de l'excision », révèle-t-il. Avant de reprocher à l'imam son ignorance des conséquences de l'excision. « Lors de l'accouchement, des opérations coûteuses s'imposent aux parents quand l'appareil génital de la femme est obstrué par des infections liées à l'excision. Loin d'inciter le tribunal de première instance à mettre l'imam aux arrêts, je pense qu'il est important que les autorités judiciaires l'interpellent », a-t-il déclaré.
La fédération des ONG du Goh ne partage pas non plus le point de vue d'El Hadj Camara Abdoulaye. Son président, Christian Djédjé, l'a exprimé de vive voix. « Pour nous, l'excision n'est pas un phénomène à encourager. Les femmes ont besoin de plus de liberté. L'excision est interdite par la législation ivoirienne. Malheureusement, des individus l'encouragent », s'est-il indigné. D'ailleurs, la contestation est si forte que, selon une source proche d'une association d'imams de Gagnoa, un guide religieux animera une conférence de presse dans les prochains jours pour apporter une réplique à l'imam Camara.