Article
Mutineries régulières dans l'armée : un cadre du FPI décortique la gestion calamiteuse de Ouattara
- Titre
- Mutineries régulières dans l'armée : un cadre du FPI décortique la gestion calamiteuse de Ouattara
- Type
- Article de presse
- Créateur
- Georges Aka
- Editeur
-
Notre Voie
- Date
- 24 mai 2017
- pages
- 4
- 5
- nombre de pages
- 2
- Sujet
- Réconciliation
- Korhogo
- Mutineries de 2017 en Côte d'Ivoire
- Alassane Ouattara
- Commission Dialogue Vérité et Réconciliation
- Abidjan
- Daloa
- Front populaire ivoirien
- Laurent Gbagbo
- Rassemblement des républicains de Côte d'Ivoire
- Pascal Affi N'Guessan
- Charles Konan Banny
- Bouaké
- Adzopé
- Yamoussoukro
- Forces Nouvelles
- Parti démocratique de Côte d'Ivoire
- Guillaume Soro
- Langue
- Français
- Contributeur
-
Frédérick Madore
- Identifiant
- iwac-article-0006969
- contenu
-
Notre Voie n° 5613 des mercredi 24 & jeudi 25 mai 2017 - 20ème année
CONTRIBUTION
MUTINERIES RÉGULIÈRES DANS L'ARMÉE
Un cadre du FPI décortique la gestion calamiteuse de Ouattara
« Côte d'Ivoire : situation particulière des mutineries régulières », tel est l'intitulé d'une contribution politique écrite par Georges Aka, Secrétaire national chargé des Représentations du FPI en Europe, que nous publions en intégralité ci-dessous. Après avoir analysé la situation sociopolitique mouvementée que connaît la Côte d'Ivoire depuis janvier dernier du fait de manifestations d'ex-rebelles intégrés dans l'armée ou non, ce cadre du Front populaire ivoirien (FPI) jette un regard critique sur la gouvernance Ouattara et sa perspective inquiétante pour le pays.
Georges AKA
Secrétaire national chargé des Représentations
du FPI en Europe
Introduction
Depuis le début de cette année 2017, la situation sociopolitique en Côte d'Ivoire est marquée par des mutineries répétées d'un contingent de 8 400 combattants issus de l'ex-rébellion intégrés à l'armée ivoirienne depuis la fin de la crise post-électorale de 2010.
Il faut noter que ces mutineries interviennent dans un contexte général de mécontentement exprimé par les différentes couches socio-professionnelles, notamment les paysans, les fonctionnaires, les élèves et étudiants, les démobilisés...
Il convient de noter que lors de cette première mutinerie, les ex-FDS qui ont tenté à leur tour de se faire entendre à Yamoussoukro et à Abidjan ont été violemment réprimés. Cette confrontation s'est soldée par au moins un mort à Yamoussoukro. La quiétude des Ivoiriens venait d'être sérieusement perturbée. Le régime de monsieur Ouattara décide alors d'entamer des négociations avec les mutins dans leur fief de Bouaké. Elles aboutissent à l'acceptation de toutes les revendications des mutins et au paiement d'une partie de la somme revendiquée, à savoir 5 000 000 Fcfa (environ 7 600 Euros). Le paiement du reliquat étant échelonné sur une période de 7 mois à raison de 1 000 000 Fcfa (1 500 Euros) par mois. Le gouvernement venait, par cet accord, de conforter ainsi les mutins dans leur position en jugeant leurs revendications légitimes. Toutefois, le chef de l'État, Alassane Ouattara, dans un message télévisé, n'a pas manqué de déplorer le mode d'expression des mutins qu'il juge violent et ternissant l'image de la Côte d'Ivoire. Tout semblait calme dès lors, jusqu'à la nuit du jeudi 11 au vendredi 12 mai 2017, durant laquelle, contre toute attente, une nouvelle mutinerie s'est déclenchée à Bouaké, dans le fief des mutins et anciennement la base des ex-rebelles de Soro Guillaume. Des tirs sont donc entendus dans plusieurs villes de l'intérieur du pays. Par effet de contagion, ce soulèvement gagne rapidement toutes les casernes, y compris les principaux camps d'Abidjan.
Entre le vendredi 12 et le lundi 15 mai, la situation a beaucoup évolué en faveur des mutins et semblait échapper au gouvernement dont on s'interroge aujourd'hui sincèrement sur son attitude face à cette mutinerie. Il a fallu attendre le mardi 16 mai pour trouver un accord dit secret avec les mutins. Accord qui avait été d'abord rejeté par les mutins avant d'être accepté par ces derniers. Selon des sources concordantes, les mutins auraient reçu, suite à cet accord secret, un virement de 5 000 000 Fcfa (environ 7 600 Euros) chacun. Il restera donc un reliquat de 2 000 000 Fcfa (environ 3 000 Euros) qui, semble-t-il, sera payé dans un mois.
1.2 Que réclament les militaires ? Que revendiquent-ils ?
Lors des négociations de janvier 2017 entre les mutins et Alain Richard Donwahi, le ministre de la défense du régime de monsieur Ouattara, ils ont revendiqué :
- Le paiement de primes dites « primes ECOMOG » d'un montant de 12 000 000 Fcfa (environ 18 000 Euros) pour chaque militaire, prime promise par monsieur Alassane Ouattara lors de la crise post-électorale de 2010 ;
- Une augmentation des salaires ;
- Une villa pour chacun des militaires ;
- La réduction du nombre d'années pour passer d'un grade à un autre ;
- L'obtention de grade ;
- L'amélioration des conditions de vie par la construction de nouvelles casernes.
Ce que l'opinion ivoirienne et internationale retiendra de ces revendications, c'est la revendication relative à la paie de la prime de guerre de 12 000 000 Fcfa (environ 18 000 Euros).
Pour rappel, l'on se souvient que les négociations engagées par le ministre de la défense du gouvernement de monsieur Ouattara étaient empreintes de rebondissements aux relents de prise d'otages dans leur fief Bouaké. Le gouvernement avait donc accepté toutes les revendications et avait avancé une partie des sommes dues comme indiqué plus haut. Pour lui, cela constitue un ultime sacrifice pour maintenir la paix.
Aux premières heures du soulèvement militaire, l'attitude du chef de l'État intrigue car il part assister au moment où la crise éclate à l'investiture du nouveau président élu du Ghana. Cette attitude qui se veut rassurante rappelle tout de même aux Ivoiriens la gestion du mécontentement des militaires qui a abouti au coup d'État de 1999, inaugurant ainsi une ère de turbulence pour la Côte d'Ivoire. Entre temps, la mutinerie s'intensifie, ce qui oblige le chef de l'État, Alassane Ouattara, à tenir un conseil de sécurité et à faire une déclaration dès son retour du Ghana, dans laquelle il reconnaît curieusement la légitimité des revendications mais déplore la méthode utilisée par les mutins pour se faire entendre.
Le gouvernement s'emploie à honorer ses engagements mais visiblement la réalité des finances de l'État ne lui permet pas de les respecter. Observons tout de même que les revendications des mutins et leur traitement remettent au goût du jour toutes les revendications sociales de l'ensemble des catégories sociales qui ne comprennent pas pourquoi elles sont priées de taire leurs revendications alors même que le gouvernement accepte de payer des promesses faites par Ouattara afin de mobiliser des hommes au cours de sa campagne militaire pour déloger le Président Gbagbo et s'emparer du pouvoir en 2010-2011. Sentant la menace d'un effet tâche d'huile, le gouvernement continue les négociations informelles pour amener les mutins à abandonner leurs revendications, notamment la principale dont la satisfaction ouvre une boîte de Pandore complètement impossible à refermer. Parallèlement, par le biais du Rassemblement des républicains (RDR, le parti d'Alassane Ouattara), une campagne est menée pour décrédibiliser les mutins dans l'opinion et des journées du pardon ou « sabari days » sont organisées pour demander pardon au chef de l'État que les mutins reconnaissent avoir offensé par leurs méthodes brutales. Malheureusement pour le régime de monsieur Ouattara, les négociations souterraines visant à dissuader les mutins de leur revendication pécuniaire échouent pour les raisons suivantes :
- Les manœuvres du gouvernement qui tentent en dernière minute de faire croire à l'opinion publique, à partir d'un message enregistré et diffusé sur la RTI, la télévision nationale, que les mutins ont finalement renoncé à leurs revendications pécuniaires. Cette dernière tentative est l'élément déclencheur d'une nouvelle escalade entre les deux parties. Les mutins étendent de plus en plus leur action avec encore plus de violence, quand en face la hiérarchie militaire durcit le ton et menace les militaires mutins de « sanctions sévères » selon les règles militaires et les invite à rentrer en caserne. L'appel n'est pas entendu par les mutins et le ton se durcit avec plusieurs incidents avec mort d'hommes à Daloa et à Bouaké, plusieurs blessés à Bouaké et à Korhogo ainsi que des pillages. Du côté du gouvernement, on dit faire confiance à la hiérarchie militaire mais privilégier le dialogue. Dans le même temps, le RDR tente de discréditer les mutins et appelle, au cours de meetings animés en langue malinké, à « soutenir le président Ouattara ». Ces meetings sont soutenus par son allié du PDCI-RDA qui avait auparavant appelé au dialogue. La mobilisation des militants du RDR est très vite dispersée par les mutins qui gardent le contrôle de plusieurs villes et de nombreux points stratégiques à Abidjan (corridor nord, corridor d'Adzopé, Plateau, Akouédo, Camp Galliéni, etc.).
Entre fermeté et négociations, le gouvernement semble indiquer sa faiblesse vis-à-vis des mutins. Il ne négocie que parce qu'il est affaibli. D'ailleurs, il tente à chaque fois d'avoir les mutins par la ruse. Ces tentatives maladroites contribuent à renforcer la position des mutins qui ont bien compris leur position stratégique au sein de l'armée ivoirienne et de la société ivoirienne d'aujourd'hui. Ils usent de cette position pour faire pression sur le gouvernement qui visiblement n'a aucun contrôle sur les mutins qui échappent aussi à la hiérarchie militaire.
III. Quel regard portent le FPI et les Ivoiriens sur ces mutineries ?
III.1 Le FPI et l'opposition
Il convient ici de noter qu'en dehors du Front populaire ivoirien (FPI, opposition) et de son président Pascal Affi N'Guessan qui a animé des conférences de presse pour dénoncer la gouvernance du régime Ouattara et la faillite de l'État, les mutineries, l'opposition semble se tenir loin d'une affaire qu'elle qualifie de problème interne au camp Ouattara.
Le 27 février et le 17 juin 2017, le président du FPI, Pascal Affi N'Guessan, avait donné l'appréciation du parti qu'il dirige de la gouvernance du régime de monsieur Ouattara et proposé des mesures pour sortir le pays de la situation dramatique dans laquelle Alassane Ouattara et ses gouvernements successifs l'avaient conduit. Le FPI dénonce notamment :
- Les différentes mutineries dans l'armée nationale et leur gestion catastrophique par le gouvernement ;
- La persistance des tensions sociales dans l'administration publique ;
- L'escroquerie scandaleuse de dizaines de milliers d'Ivoiriens avec la complicité du gouvernement dans l'affaire de l'agrobusiness ;
- La gestion catastrophique des principales filières agricoles, notamment les filières café-cacao, hévéa et palmier à huile, à la base de la paupérisation des populations paysannes de notre pays ;
- Les détournements massifs des deniers publics, la corruption endémique et la mauvaise gouvernance des affaires publiques.
Le FPI dit que Monsieur Alassane Ouattara et son gouvernement ont échoué. Ils ont échoué :
- À restaurer la paix, la stabilité et la prospérité de notre pays ;
- À réconcilier les Ivoiriens, à restaurer l'unité nationale et la cohésion sociale ;
- À promouvoir une justice indépendante, impartiale et crédible ;
- À bâtir une armée républicaine, à garantir la stabilité du pays et à assurer la sécurité des personnes et des biens ;
- À réformer l'économie et à conduire une saine gestion des deniers publics ;
- À améliorer les conditions de vie des Ivoiriens, à créer des emplois, notamment pour les jeunes, et à améliorer les revenus des travailleurs ;
- À combattre la cherté de la vie ;
- À démocratiser l'accès à l'éducation, à la formation professionnelle, aux soins de santé, à des logements décents, etc. ;
- À restaurer l'image et le prestige de notre pays.
Alassane Ouattara et son gouvernement ont divisé les Ivoiriens. Ils ont fait exploser toutes les institutions, en particulier l'armée nationale. Ils ont conduit le pays dans l'impasse.
Pour le FPI, ces mutineries et nombreuses contestations des corps sociaux du reste insatisfaites sont l'expression de l'incompétence de monsieur Ouattara dans la gestion des affaires de l'État. Il manque complètement de vision et ce manque de vision conduit à la déstructuration de l'État qui a commencé par la liquidation de l'armée et l'endettement à tout-va.
En conséquence, le FPI avait appelé monsieur Alassane Ouattara à démissionner en tirant toutes les conséquences de son échec. Le FPI a donc appelé à la mise en place d'un gouvernement d'union nationale et de transition impliquant toutes les forces vives de la nation pour la renaissance de la Côte d'Ivoire.
Pour Georges Aka (FPI), « L'avenir s'annonce très préoccupant pour la quiétude des Ivoiriens ».
III.2 Le regard des Ivoiriens et l'échec de la réconciliation
Le refus catégorique du régime Ouattara d'aller à la réconciliation entre Ivoiriens et sa volonté de rester dans la rancune est une raison fondamentale de cet échec. Or, un peuple uni et solidaire ne laisse pas de place à de tels agissements de militaires, car la division est un terrain propice.
Pour l'Ivoirien observateur de la vie politique, le gouvernement est parti de l'échec de la réconciliation pour arriver à ces crises à répétition. Là où les Ivoiriens attendaient de monsieur Ouattara qu'il parle de réconciliation, lui, parle de justice d'abord. Certains vont même jusqu'à dire qu'il a lui-même saboté la Commission dialogue, vérité et réconciliation (CDVR) pilotée par Charles Konan Banny. Qui ne se souvient pas des conflits ouverts entre Ouattara et Banny ?
La Côte d'Ivoire a connu une grave crise, on ne sort donc pas de celle-ci par la justice des vainqueurs. La priorité devait être la réconciliation pour donner une base au vivre ensemble que le régime de monsieur Ouattara prônait. Ce n'est pas par la justice, encore moins par la justice des vainqueurs qu'il faut déterminer le cadre du vivre ensemble, mais plutôt par la réconciliation sincère. Surtout pas dans un pays fragmenté comme la Côte d'Ivoire. Aussi, ce n'est pas la croissance économique qui réconcilie, dans un pays qui sort de crise. Ce ne sont pas non plus les infrastructures et autres ouvrages qui réconcilient, mais c'est le dialogue entre protagonistes, le dialogue vrai et absolu qui permet d'apaiser, de panser les plaies et de redonner espoir au peuple. C'est pourquoi il aurait fallu à ce régime de réunir les Ivoiriens à une grande rencontre de réconciliation.
L'on se souvient que le FPI avait proposé les États généraux de la République (EGR) depuis 2014, que monsieur Ouattara avait rejetés. Le FPI et son président Pascal Affi N'Guessan avaient-ils eu raison trop tôt ? Le temps semble leur donner raison vu la nécessité de cette rencontre de catharsis nationale.
En attendant, le FPI ne décolère pas et tente d'influencer le jeu politique de manière différente. Son appel à la démission n'a pas été entendu mais compte faire pression par la convocation d'une marche le 17 juin 2017. Une marche de la colère, sans violence.
IV.1 - Le cas Guillaume Soro
Il n'a échappé à personne que les mutineries sont intervenues dans un contexte de recomposition de la classe dirigeante avec l'élection de monsieur Alassane Ouattara à la tête de l'État et la nomination d'un Vice-président désormais dauphin constitutionnel de celui-ci au détriment de Soro Guillaume, que certains ont vu comme parrain des mutins essentiellement issus des Forces nouvelles, dont il a été le secrétaire général pendant longtemps. Il tirerait les ficelles pour se maintenir dans le jeu politique en vue des élections de 2020. Guillaume Soro a été reconduit à la présidence de l'Assemblée nationale. Son attitude semble indiquer qu'il se maintient dans le jeu politique par la sollicitation de groupes de pression, notamment par l'appui de factions de l'armée qu'il a lui-même dirigées par le passé. Ce qu'il dément. Il parle même de réconciliation, dit-on !
Sans compter la promesse des villas pour chacun d'entre eux qui risque d'être une autre raison de mutinerie plus tard si elle n'est pas tenue. Sans compter le front social qui à coup sûr se soulèvera contre ce régime de monsieur Ouattara. On sait que le chef de l'État ne peut pas compter sur une embellie des cours des matières premières à très court terme. On sait aussi qu'il ne peut pas non plus solliciter l'endettement, dans la mesure où les mutins ont totalement détruit le capital confiance du pays qui est devenu pays à risque à déconseiller. L'avenir s'annonce donc très préoccupant pour la quiétude des Ivoiriens. Moins d'un an après sa réélection qu'il a qualifiée de plébiscite, Ouattara semble vivre ses derniers jours à la tête de l'État de Côte d'Ivoire. La lettre du continent annonçait même qu'il menaçait de « démissionner de sa fonction le 15 mai, face à l'incurie de son entourage et de la hiérarchie militaire à gérer les mutineries... ». Son pouvoir est fragilisé par ses propres militaires qui n'ont pas la culture de l'armée, qu'il a contribué à maintenir dans l'armée en sabotant tous les processus de désarmement initiés par le Président Laurent Gbagbo, sur la base des différents accords de paix signés entre 2002 et 2010. Cette situation semble ouvrir avant l'heure, l'après-Ouattara.
Cependant, les événements de ces derniers jours indiquent le pillage du domicile de son chef de protocole Soul To Soul à Bouaké, épicentre de la contestation. Les mutins y ont découvert de nombreuses armes et munitions (11 tonnes) dont ils se sont emparés. Une enquête a été ouverte par le gouvernement.
IV.2 L'affaiblissement du pouvoir et la menace d'un changement brutal
Les événements de ces derniers jours ne permettent pas d'écarter la probabilité d'un changement brutal de régime à la tête de l'État de Côte d'Ivoire même si la presse rapporte que la volonté des mutins est de rester dans la logique des revendications corporatistes. Ils affirment que « ce n'est pas un coup d'État », mais lorsqu'on analyse leur stratégie qui consiste à occuper les points stratégiques du pays, des grandes villes et d'Abidjan, cette perspective n'est pas à écarter.
En l'état actuel des rapports de force, une action de représailles des mutins suite à l'humiliation du pouvoir, par des forces restées fidèles à monsieur Alassane Ouattara, peut contraindre les mutins à se retourner contre ce régime juste pour leur survie. Une telle action pourrait être contre-productive et précipiter la fin du pouvoir Ouattara. La revendication pécuniaire des mutins étant satisfaite, il reste à savoir quelle direction le pays va-t-il prendre ? Va-t-il continuer sur la voie de l'autocratie déguisée en démocratie ou de la démocratie réelle avec une rupture avec ce qu'il a connu jusqu'ici comme régimes et dirigeants politiques ?
Le changement qui va s'ouvrir devrait poser les bases d'une démocratisation du pays par la suspension de la constitution actuelle et la rédaction d'une constitution plus consensuelle rédigée sur la base d'une assemblée constituante qui protège le droit de propriété et la liberté. Une constitution qui construit des institutions politiques fortes et crédibles et met la loi au cœur des rapports sociaux et des relations politiques. Ainsi, cette nouvelle république doit favoriser un jeu politique sain, débarrassé de toutes les violences. Cela conduira à des élections résolument ouvertes. Et en pareille situation, ce sont les forces politiques les mieux préparées au jeu démocratique qui sortiront vainqueurs. Le président qui sortira de telles joutes électorales pourra gouverner sans devoir son pouvoir à un groupe armé ou de pression et, de ce fait, conduira les réformes nécessaires à la démocratisation totale du pays.