Article
Cheick Abdoul Aziz Soré : "On ne proteste pas en allant brûler des temples"
- en
- fr
- Hierarchies
-
Burkina Faso
- Articles de journaux (3615 items)
- Burkina 24 (279 items)
- Carrefour africain (33 items)
- FasoZine (116 items)
- L'Evénement (45 items)
- L'Observateur (61 items)
- L'Observateur Paalga (509 items)
- La Preuve (28 items)
- Le Pays (709 items)
- LeFaso.net (709 items)
- Mutations (13 items)
- San Finna (9 items)
- Sidwaya (1104 items)
- Publications islamiques (432 items)
- Al Mawadda (11 items)
- An-Nasr Trimestriel (16 items)
- An-Nasr Vendredi (318 items)
- L'Appel (48 items)
- L'Autre Regard (11 items)
- Le CERFIste (13 items)
- Le vrai visage de l'islam (15 items)
- Documents divers (Burkina Faso) (16 items)
- Photographies (Burkina Faso) (9 items)
- Références (Burkina Faso) (297 items)
- Articles de journaux (3615 items)
- Titre
- Cheick Abdoul Aziz Soré : "On ne proteste pas en allant brûler des temples"
- Créateur
- Wanlé Gérard Coulibaly
- Editeur
- Sidwaya
- Date
- 6 février 2015
- Résumé
- Grand maître coranique avec plusieurs milliers d'élèves sous sa coupe, Cheick Abdoul Aziz Soré est réputé pour ses prières en faveur de la paix, la tolérance et du pardon. Burkinabè de nationalité et malien d'adoption, le jeune Cheick que nous avons rencontré lors de son séjour à Ouagadougou livre dans cet entretien sa lecture de la transition burkinabè. Il explique les vertus sacrées de l'islam, décortique l'origine des écoles coraniques, le rôle des élèves et des maîtres.
- Langue
- Français
- Contributeur
- Frédérick Madore
- Identifiant
- iwac-article-0001214
- contenu
-
Grand maître coranique avec plusieurs milliers d'élèves sous sa coupe, Cheick Abdoul Aziz Soré est réputé pour ses prières en faveur de la paix, la tolérance et du pardon. Burkinabè de nationalité et malien d'adoption, le jeune Cheick que nous avons rencontré lors de son séjour à Ouagadougou livre dans cet entretien sa lecture de la transition burkinabè. Il explique les vertus sacrées de l'islam, décortique l'origine des écoles coraniques, le rôle des élèves et des maîtres.
Présentez-vous à nos lecteurs
Je suis le Cheick Abdoul Aziz Soré. Je suis né au Burkina Faso, j'y ai effectué mes études primaires parallèlement à celles coraniques par l'intermédiaire de mon père Cheick Aguib Soré qui était une figure légendaire en matière de connaissance du Coran. A l'âge de sept ans, alors que j'allais en classe de CP1, j'avais déjà fini le Coran. Après, je suis allé approfondir mes connaissances auprès d'autres grands maîtres au Mali, en Algérie, au Maroc, en Tunisie et bien d'autres pays européens. Je parle une dizaine de langues dont l'arabe. Au Burkina Faso, tout comme au Mali, de jour comme de nuit, je reçois des audiences pour des prières de bénédiction et de délivrance.
A l'occasion du Mouloud, dans le village de Koumna Yargo (Burkina Faso), quel message aviez-vous voulu faire passer en ce jour spécial pour les fidèles musulmans ?
Nous avons prié pour la paix et l'unité des Burkinabè. Un de nos devoirs en tant que musulman, c'est de veiller à la bonne marche de la société à travers des prières. Aussi, à l'occasion de cette fête, j'ai prié pour le repos des âmes des disparus. Chaque 12 décembre, une importante masse de croyants effectue ce que nous appelons «Zihara» au cimetière de Nouna. Ce pèlerinage consiste à s'incliner sur la tombe de mon père le Cheick Aguib Soré qui était un grand maître respecté et vénéré par les populations.
Quel commentaire faites-vous des violences qui sont perpétrées au Nord-Mali et dont les auteurs seraient des musulmans ?
Ce ne sont pas de bons musulmans. Ce sont des individus mal intentionnés et qui se sont lancés dans une course effrénée au profit du gain facile, de l'intérêt égoïste. Pour justifier leur bavure, ils ont comme alibi, l'islam. Le fidèle musulman, tel que le Coran le décrit, ne fera pas de telles choses.
Comment qualifiez-vous ceux qui massacrent et tuent au nom de l'islam ?
Ce n'est pas au nom de l'islam (rire). Et, ce ne sont pas des musulmans. Le débat a fait qu'on confond tout le monde. Pourvu que tu portes un boubou blanc et un bonnet, que tu fréquentes de temps en temps une mosquée. Ceux qui ont choisi de ne pas croire valent mieux que ceux qui font semblant. La croyance, c'est avant tout la foi et la crainte du Dieu miséricordieux. Mais, la société est pourrie. On y voit du tout. La violence au nom de la protection d'une religion. Cela n'a jamais été dit dans les saintes écritures. La perfection n'est pas de notre existence ici bas, les Hommes trouveront toujours des excuses à leur barbarie. Mais, le jugement dernier restera la dernière cour de justice.
Quel enseignement le prophète a laissé à ses disciples et qui doit servir de guide spirituel pour tout musulman ?
On ne doit pas obliger quelqu'un à suivre une religion. L'islam interdit cela. On adhère volontiers à la parole du prophète. On doit apprendre ses enseignements à la virgule prêt et on se donne l'obligation et le sacerdoce d'accomplir sa mission. Mais, il ne faut jamais oser juger une tierce personne. Le jugement appartient à Dieu et non aux humains.
Quels conseils avez-vous à l'endroit des musulmans du Burkina Faso ?
Mes conseils ne concernent pas les musulmans seulement. Les religions s'équivalent. Et chaque religion a ses principes directeurs en rapport avec la foi. Donc, pour l'unité de la nation et la prospérité de ses fils et filles, les religieux se doivent de travailler en tandem tout en surpassant les considérations différentielles afin de contribuer à l'épanouissement des populations et maintenir la société soudée. Musulmans, catholiques, protestants, coutumiers, animistes (...) tous doivent apporter leur pierre à l'édification d'un pays laïc bâti sur un socle de paix, de pardon et de liberté.
Parlant de liberté, pensez-vous que caricaturer le prophète Mohamed peut être considéré comme une atteinte grave à l'islam ?
Exact! bien sûr. C'est une pure malédiction. Dieu est parfait dans sa miséricorde. Il est omniscient, omnipotent et omniprésent. Du même coup, l'être qu'il a choisi pour être son messager, son porte-parole dans le monde incarne ces valeurs ci- citées. Faire une représentation caricaturale du messager de Dieu, sinon de Dieu lui-même, cela est très osé de la part des humains. Et les musulmans ont le droit de condamner cela, mais on ne proteste pas en allant brûler des temples, des résidences pour provoquer des querelles interreligieuses. Ce sont des choses à éviter dans l'avenir pour que la société se sente mieux. La religion est un domaine sensible, vouloir la manipuler ou l'associer à d'autres concepts prescrits par l'homme (droits positifs, liberté d'expression, etc.) revient à s'amuser avec une bombe nucléaire. Mais ceux qui s'adonnent aux casses, ce sont ceux qui ne savent rien de l'islam. Ils vont à la mosquée, mais ils ne savent rien de la religion. Leur travail c'est de raconter n'importe quoi. C'est en cela que je dis que l'incrédule vaut mieux que le traitre.
Dans les grandes villes africaines, les populations se plaignent souvent des talibés. Y-a-t-il pas nécessité de moderniser les écoles coraniques ?
Les écoles coraniques sont des foyers d'enfants de tout genre. On y trouve des orphelins, des enfants de familles démunies, etc. Des personnes envoient leurs progénitures afin qu'elles étudient le Coran et les vertus de l'islam. Le problème, c'est que les maîtres coraniques ne peuvent pas prendre entièrement en charge l'alimentation de ces élèves. Or, il n'est pas aussi interdit de laisser l'enfant aller mendier bien au contraire, cela contribue à sa formation, puisse qu'il sait désormais que la vie est un combat et pour survivre, il faut être moralement et physiquement fort. Ce que je regrette, c'est qu'il ya des maîtres qui cherchent à utiliser les élèves pour faire fortune. Mais, dans tous les cas, l'Etat et se faisant, les dirigeants ont une part de responsabilité. Les gouvernements n'ont jamais consenti un budget pour ces écoles. Or, il faut bien que les Etats soutiennent ses établissements. Car, ce sont aussi des cas sociaux.
Que pensez-vous de la transition burkinabè enclenchée, il y a un trimestre ?
A mon avis, la transition burkinabè s'est bâtie sur du sable mouvant. Et si rien n'est fait, ça pourrait mal se terminer. Parce que dans son concept d'exclusivité, je trouve qu'il y a des failles et des insuffisances. Les religieux et les coutumiers n'ont pas été à 100% associés à ce trait d'union vers des échéances démocratiques pour l'instauration d'un Etat de droit.