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Tolérance religieuse : un fils de "Laadji" devenu Abbé
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- Titre
- Tolérance religieuse : un fils de "Laadji" devenu Abbé
- Créateur
- Steven Ozias Kiemtore
- Editeur
- Sidwaya
- Date
- 16 août 2012
- Résumé
- Ouahigouya, ville du nord du Burkina, est fortement islamisée. A l'instar du reste du pays, la tolérance entre les religions est palpable. Dans cette cité, des fils de musulmans deviennent des prêtres catholiques et des chrétiens se convertissent à l'islam sans que cela ne choque personne.
- Langue
- Français
- Contributeur
- Frédérick Madore
- Identifiant
- iwac-article-0001083
- contenu
-
Ouahigouya, ville du nord du Burkina, est fortement islamisée. A l'instar du reste du pays, la tolérance entre les religions est palpable. Dans cette cité, des fils de musulmans deviennent des prêtres catholiques et des chrétiens se convertissent à l'islam sans que cela ne choque personne.
En 1984, au bord de la lagune Ebrié (Abidjan en Côte d'Ivoire) naissait Souleymane Ouédraogo. Aîné des huit enfants de El hadj Boukary Ouédraogo, rien ne présageait qu'il changeait de religion. Voilà qu'en 1996, alors en classe de CM1 à Tikaré, village situé à quelques kilomètres de la ville de Kongoussi dans le Centre-Nord du Burkina Faso, l'envie lui prit de devenir catholique, de surcroît prêtre. C'est ainsi qu'après l'obtention de son Certificat d'études primaires (CEP), il passe avec brio le concours d'entrée au Petit séminaire de Koudougou. S'ensuivent des études au Grand séminaire et des stages.
A l'issue de ce périple, il fut ordonné prêtre le 7 juillet 2012. Comment se fait-t-il qu'un fils de musulman devienne prêtre ? A-t-il croisé des peaux de bananes sur son chemin ? Fruit de la tolérance interreligieuse, abbé Souleymane Prosper Ouédraogo reconnaît qu'il porte aujourd'hui la soutane parce qu'il a évolué dans un milieu favorable à la pratique du catholicisme. « Etant enfant, mes oncles maternels me permettaient de suivre les célébrations liturgiques à l'église. C'est en voyant les prêtres vivre et ce qu'ils rendent comme service à l'église et au monde que j'ai été positivement marqué. Et j'ai voulu être comme eux. Ma famille a un regard favorable à ma religion et surtout à ma vocation d'être prêtre.
Mes parents me regardent avant tout comme leur enfant sur qui ils comptent beaucoup. Ils me soutiennent dans mon choix », a confié le nouveau prêtre. Exemple parfait de la tolérance religieuse au pays des « Hommes intègres », abbé Souleymane Prosper Ouédraogo souhaite que les gens puissent aller au-delà des différences religieuses pour cultiver l'amour du prochain car Dieu est unique. De l'avis de l'abbé Gabriel Kindo, président du comité diocésain pour le dialogue entre chrétiens et musulmans du diocèse de Ouahigouya, il n 'y a aucun nuage obscur entre les communautés, bien que la région soit fortement islamisée. La preuve est que Souleymane Prosper Ouédraogo n'est pas le seul fils de musulman, à porter « la longue robe » dans le diocèse de Ouahigouya. Bien avant lui, précise le prêtre Kindo, il y a « deux ou trois abbés » issus de familles musulmanes. Du côté de la communauté musulmane, l'islam et le christianisme sont comme les « branches du même arbre ».
C'est pourquoi, le grand imam de Ouahigouya, El hadj Amidou Traoré a confié que chaque communauté religieuse mène ses activités comme il entend sans que les autres ne se sentent dérangés. Pour lui, les gens changent de religion selon leur conviction, aspiration profonde et entendement. Il estime d'ailleurs qu'un fils de musulman peut devenir abbé, à l'image de Souleymane Ouédraogo, l'essentiel étant de servir Dieu. « Dans le Coran il est dit que le chemin que Dieu a tracé pour toi, tu ne peux l'échapper. Pour nous, il n'y a aucun problème qu'un enfant de musulman devienne un prêtre. Si mon enfant décide aujourd'hui de devenir un abbé , je ne peux pas l'en empêcher car c'est sa volonté et celle de Dieu. Tout ce que je peux faire pour l'aider, je le ferai sans hésiter », a prêché l'imam Traoré.
La tolérance religieuse est aussi marquée dans la cité de Naaba Yadéga par des rencontres entre les différentes communautés. En outre, les multiples mariages mixtes célébrés témoignent de la grandeur d'esprit des populations, selon le grand imam. En effet, des personnes célèbrent leur union à la fois à la mosquée, à l'église et au plan traditionnel. Pour l'abbé Kindo, même si l'un des conjoints n'est pas baptisé, l'église ne trouve aucun problème à unir le couple. Pour que la tolérance religieuse soit le leitmotiv des croyants, l'abbé Kindo précise la nécessité pour chaque fidèle de bien connaître les contours de sa religion et ceux des autres afin d'éviter les dérives.
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