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Mme Darou-Salim Zaria : "L'Islam a le mérite d'avoir reconnu à la femme ses droits"
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- Titre
- Mme Darou-Salim Zaria : "L'Islam a le mérite d'avoir reconnu à la femme ses droits"
- Créateur
- Ayodélé Aguiar
- Editeur
- Togo-Presse
- Date
- 16 février 1996
- Résumé
- Encore quelques jours plus précisément le 20 février et le jeûne du mois appelé Ramadan va prendre fin. Une période cruciale pour la femme musulmane qui est sujette à beaucoup de contraintes. L'islam comme diront certains, produit des femmes soumises, reléguées au second rang. Elles n’ont pas le droit de prier parmi les hommes, elles doivent vivre en retrait, couvertes de la tête au pied. Pour en savoir plus, nous avons rencontré Mme Darou-Nalim Kognaw Zaria, présidente de l’Association Féminine pour la Promotion de l’Islam (AFPI) et chef de la Division Bibliothèque et Archives au ministère des Affaires étrangères et de la Coopération.
- Page(s)
- III
- nombre de pages
- 1
- Sujet
- Voile
- AFPI (Association Féminine pour la Promotion de l'Islam)
- Darou-Nalim Kognaw Zaria
- Femme en islam
- Enseignement confessionnel islamique
- Couverture spatiale
- Zaria
- Langue
- Français
- Contributeur
- Frédérick Madore
- Identifiant
- iwac-article-0006151
- contenu
-
Encore quelques jours plus précisément le 20 février et le jeûne du mois appelé Ramadan va prendre fin.
Une période cruciale pour la femme musulmane qui est sujette à beaucoup de contraintes. L'islam comme diront certains, produit des femmes soumises, reléguées au second rang. Elles n’ont pas le droit de prier parmi les hommes, elles doivent vivre en retrait, couvertes de la tête au pied. Pour en savoir plus, nous avons rencontré Mme Darou-Nalim Kognaw Zaria, présidente de l’Association Féminine pour la Promotion de l’Islam (AFPI) et chef de la Division Bibliothèque et Archives au ministère des Affaires étrangères et de la Coopération.
Madame, pouvez-vous nous expliquer ce que représentent ces trente jours de jeûne pour la mère de famille et la croyante que vous êtes ?
Mme Darou-Salim : Le jeûne a avant tout un sens religieux. Il a été une pratique que l’on retrouve à travers toutes les religions. Toutes ont alors imposé à leurs fidèles quelques jours de jeûne par an.
Ses femmes ont le devoir de jeûner, même les jeunes filles à l’âge de la puberté. Seules les femmes enceintes, malades et parfois en voyage en sont dispensées.
Le jeûne en général n’est donc pas un acte sans fondement même attaché à une pratique superstitieuse. C’est une preuve de soumission et de dévotion à Dieu, maître de l’univers.
Pour la mère de famille, comme toute croyante que je suis, le jeûne est une grâce d'Allah pour vivre les deux plans de l’être humain ; à savoir une éducation du corps par l’abstinence à la nourriture, à la boisson et à l’acte charnel de l’aurore au coucher du soleil. Mais en plus, l’effort de ne pas avilir l’âme par tout acte, toute parole et pensées obscènes. C'est un mois béni de Dieu. En dehors de la prière, la femme musulmane doit beaucoup se surpasser pour améliorer la qualité des repas, afin de faire plaisir à toute la famille.
Il semble que la femme musulmane est sujette à de nombreux interdits et que sa conception religieuse lui confère un statut de second plan. Faites-nous un peu de lumière sur ces rites, ces observations plus ou moins mystiques auxquels est astreinte la musulmane.
Mme Darou-Salim Toute société a besoin pour survivre de se créer un ensemble de rites auxquels tout un chacun doit se plier. La conduite en islam repose sur deux principes :
- le coran qui nous dicte les révélations divines ;
- la sunna, qui relève des enseignements du prophète de l’islam S.A.W.
Toute conduite qui s’écartera de ces deux principes n’est pas digne d’un adepte de l’islam ou d’une musulmane Or, le Saint prophète S.A.W. pour parler de la Sunna, tenait beaucoup à améliorer la condition de la femme dans la société, à lui assurer un traitement juste et équitable et une place digne L’islam est la première religion qui ait accordé aux femmes le droit d’héritage. Car le Saint Coran fait des filles aussi bien des fils, les héritiers des biens laissés par leurs parents. Aucune religion avant l’islam n’avait si clairement établi le droit de la femme à l’héritage et son droit à la propriété privée.
En outre, la femme est propriétaire absolue de ses biens et son mari ne peut avoir aucun contrôle sur ceux-ci, sous le simple prétexte de leur contrat conjugal. Je dirais encore que l’Islam n’interdit pas à la femme d’exercer une profession, de faire du commerce, ou encore d’être libre de choisir son mari. Sans vouloir entrer dans les détails, et sur la base de ces quelques exemples, il faut accorder à l’Islam, le mérite d’avoir reconnu la femme comme être humain, de lui avoir donné le droit d’exister, d’organiser sa vie et d’une certaine façon de la faire respecter. Par lui, la femme a donc acquis la reconnaissance des droits fondamentaux. Ainsi il faut faire la part des choses entre ce qui est de tradition et qui a prévalu dans certains pays arabes et la place reconnue à la femme par l’Islam
Le prophète avant sa mort adressa entre autres injonctions aux musulmans et avec beaucoup d’insistance qu’ils devaient toujours traiter leurs femmes avec bonté et considération.
Que dites-vous du fait que les femmes n’ont pas le droit de prier au milieu des hommes ?
Mme Darou-Salim : Ce problème est bien simple. La prière est avant tout recueillement, concentration totale, maîtrise du corps et de l’âme dans le but d’entrer en communion avec Dieu. Donc, tout ce qui peut perturber, gêner, empêcher ou entraver cette communion avec le Créateur et son adorateur doit être banni. Nul n’ignore que la femme est sujet de tentation, de convoitise, de désir. Sa seule présence physique, ses gestes, sa démarche, éveille la passion de l’homme et vivifie son imagination. C’est pour cette raison que l’islam recommande que la femme ne prie pas devant ou en groupe avec des hommes, mais en retrait.
De plus, les vêtements occidentaux (jupes, pantalons, shorts) sont jugés un peu trop scandaleux pour la femme et même la jeune fille musulmane.
Selon vous, qu’elle devrait être la tenue islamique idéale ?
Mme Darou-Salim : L’islam recommande à la femme de s’habiller décemment, correctement, en un mot de protéger son corps. Ceci dans le seul but de lui éviter d’être sujet de tentation pour l’homme.
En réalité, il n’y a pas de tenue spéciale ou idéale pour la femme musulmane. Chaque pays musulman a ses habitudes vestimentaires adaptés à l’environnement et aux influences climatiques.
Le pantalon, la jupe ne sont pas interdits, l’essentiel qu’ils ne soient pas trop collants, trop serrés, trop courts ou transparents.
Généralement dans toutes les sociétés, une femme par pudeur et retenue doit protéger son corps. Cela lui donne plus de respect et de personnalité.
Ainsi, je dirais que, la femme musulmane qui vit conformément aux prescriptions du Saint Coran est plus vertueuse. Vous n’êtes pas sans savoir que les plaies qui ruinent notre société actuelle s’articulent autour de la débauche de la jeune fille, du multi-partenariat et bien d’autres vices.
Voilà pourquoi, l’islam en nous recommandant la soumission à Dieu, la fidélité, la justice, l’Amour, la tolérance et bien d’autres vertus, permet à la femme musulmane de se rendre digne et fière autour d’elle et dans la société.
Quel concept avez-vous du droit de la femme, en particulier du droit de la femme musulmane et de l’égalité des sexes ?
Mme Darou-Salim : Le droit de la femme comme nous le disions plus haut est un fait totalement reconnu par le Saint Coran et la Sunna. Il est toutefois regrettable que la société occidentale voire judéo-chrétienne ait voulu donner à la femme musulmane une image de personne sans voix, opprimée et reléguée au second rang. Tel n’est guère le cas.
Le droit à l’éducation, à la vie et tout autre droit reconnu à tout être humain est bien celui de la musulmane. Pensez-vous que la charte des Droits de l’Homme ne concerne pas la femme musulmane ? Nous vous laissons à votre opinion que nous ne partageons pas, si elle consiste à voir la femme musulmane comme un “objet”.
La femme a droit à l’éducation, mais il y a encore des parents réticents face à la scolarisation de leurs filles. Qu’en pensez-vous ?
Mme Darou-Salim : La femme en plus de ses devoirs a un rôle d’éducatrice de la famille et des enfants. Alors pour éduquer il faut être d’abord éduquée. Ensuite la scolarisation doit s’entendre comme l’apprentissage de la connaissance. Et sur ce plan les enfants des milieux musulmans sont d’abord scolarisés à l’école coranique, puis ensuite à l’école occidentale. Mais malheureusement, il est rentré dans nos habitudes que l’école coranique n’est pas un ferment de l’éducation, une source de savoir et d’épanouissement de l’être humain en général, de la fille en particulier.
Laissez-nous vous rappeler simplement que les Arabes pour inventer l’algèbre et la géométrie, approfondir leurs connaissances en médecine, en astrologie, dans le commerce, l'économie et la politique n’ont pas eu à aller à l’école occidentale. Disons simplement que le débat, s’il y en a un sur cette question, devra s’orienter sur ce qu’il peut y avoir de pervers dans l’éducation ou la scolarité à l'occidentale. Pour citer l’ouvrage de Cheik Amidou Kane “L'Aventure Ambiguë" je dirais “Nous allons à l’école des Blancs pour apprendre à lier le bois au bois, à vaincre sans avoir raison".
Par conséquent, le problème de la scolarisation ou de l'éducation en général, de la jeune fille en particulier, ne se pose pas réellement aux musulmans si on se réfère aux principes de l’islam qui est plutôt source de science et de progrès. C’est d’ailleurs la religion qui a le plus parlé de la recherche et du savoir. Plusieurs hadiths du prophète illustrent bien que l’éducation est une obligation pour tout musulman. "Allez chercher le savoir, même en Chine". "Eduquer un homme, c'est éduquer un seul individu, mais éduquer une femme, c’est éduquer une nation".
Pour mettre en exergue le rôle primordial de la femme au sein du foyer et au niveau de la nation tout, entière, je cite ce poète arabe « Et si les femmes grandissaient dans l'analphabétisme, les hommes ne fêleraient qu'ignorance et paresse ».
Propos recueillis par
Ayodélé AGUIAR