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La mendicité au Togo : nécessité ou escroquerie ?
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Togo
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- Titre
- La mendicité au Togo : nécessité ou escroquerie ?
- Créateur
- Nomanyo Ganké
- Editeur
- Togo-Presse
- Date
- 20 janvier 1994
- Résumé
- «Il y aura toujours des indigents dans le pays ; c'est pourquoi je te donne ce commandement : tu ouvriras ta main à ton frère, à l’indigent et au pauvre dans ton pays». Deut. 15:11. Ce passage de la Bible est la recommandation faite aux nantis par l’Etemel en faveur des nécessiteux. Ce précepte semble aujourd’hui être travesti et de malhonnêtes gens, de plus en plus nombreux, préfèrent tendre la main, sans doute parce qu’ils pensent qu’il y aura toujours des riches et des généreux dans le pays.
- Page(s)
- 8
- nombre de pages
- 1
- Sujet
- Mendicité et talibés
- Langue
- Français
- Contributeur
- Frédérick Madore
- Identifiant
- iwac-article-0006128
- contenu
-
«Il y aura toujours des indigents dans le pays ; c'est pourquoi je te donne ce commandement : tu ouvriras ta main à ton frère, à l’indigent et au pauvre dans ton pays». Deut. 15:11. Ce passage de la Bible est la recommandation faite aux nantis par l’Etemel en faveur des nécessiteux. Ce précepte semble aujourd’hui être travesti et de malhonnêtes gens, de plus en plus nombreux, préfèrent tendre la main, sans doute parce qu’ils pensent qu’il y aura toujours des riches et des généreux dans le pays.
Essentiellement urbain, le phénomène se développe dans les villes togolaises et Lomé, la capitale, comme dans beaucoup d’autres domaines, tient la vedette. Dans les coins de rues, devant les maisons d’habitation, les chasseurs d’aumône interpellent et implorent la commisération des bienheureux à leurs yeux ou usent de diverses astuces pour estorquer des sous aux débonnaires.
Devant la persistance et la progression rapide de cette déviance sociale, nous avons cherché à en connaître les causes et ses diverses manifestations.
Les mendiants dans les villes du Togo peuvent être classés en deux groupes principaux : les handicapés physiques et mentaux qui, à cause de leurs infirmités ne peuvent exercer des activités lucratives pouvant leur permettre de mener une vie paisible. A cette catégorie s’ajoutent les non-voyants, les lépreux, les manchots et les aliénés mentaux.
Cette catégorie de nécessiteux peut être complétée par une petite frange de personnes âgées ayant peu ou pas de soutien de la part de leurs enfants ou d’autres parents.
En dehors de ces indigents et de ces infirmes qui ont un besoin légitime d’être aidés, des escrocs, de plus en plus nombreux agissant individuellement ou en groupes restreints, opèrent sous le manteau de nécessiteux.
Les ruses des escrocs
Les estorqueurs de sous utilisent plusieurs stratagèmes qui vont des imitations d’accents d’étrangers (Sahéliens ou d’Afrique centrale) aux fausses révélations mystiques en passant par la présentation de pièces d’identités truquées et des motifs mensongers pour convaincre leurs victimes. Ces stratagèmes peuvent être répartis en deux séries, chacune étant le domaine privilégié de l’un ou de l’autre sexe.
Certaines filles ou femmes ont l’habitude de se présenter comme de vieilles connaissances dont vous ne vous souvenez plus et réussissent souvent à vous faire dresser la liste des établissements que vous avez fréquentés ou celles des milieux où vous avez vécu. Si elles n’ont pas réussi à vous faire avaler la couleuvre, alors elles interrompent brutalement le baratinage et vous disent aurevoir en termes peu courtois. Mais si au contraire vous vous laissez emporter par sa littérature, vous aurez à donner sur place quelques pièces sinon quelques billets de banque.
D’autres femmes trouvent plutôt judicieux de s’asseoir en compagnie de deux ou trois complices, généralement moins âgés, sous un arbre au bord des rues et demander aux passants les frais de taxi, l’argument étant le même pour toutes : elles viennent d’un quartier ou d’un village éloigné de ville pour visiter un parent qu’elles n’ont pas trouvé et se sont retrouvées à court d’argent pour retourner chez elles.
Du côté des hommes, les astuces sont plus nombreuses : les jeunes se présentent généralement avec des pièces d’identité falsifiées comme des collégiens ou apprentis en nécessité ponctuelle ou permanente.
Quant aux adultes, il y en a qui jouent au devin et au voyant et cherchent à impressionner des passants par de fausses parties de prestidigitation.
Sans être exhaustif, mentionnons pour terminer le cas des petites revendeuses ambulantes qui trouvent le malin plaisir de dire aux gens dans les rues qu’elles ont perdu leurs recettes, ou qu’elles n’ont rien mangé toute la journée. Elles ont appris à pleurer pour faire partager leurs peines et obliger les passants à leur donner de l’argent.
Ainsi, la mendicité et l’escroquerie rivalisent et se disputent la première place au Togo et de ce fait découragent les bonnes volontés qui veulent bien faire l’aumône aux pauvres. Cette rivalité est d’autant plus persistante que l’exode rural et le chômage ne cessent de prendre de l’ampleur et d’hypothéquer les conditions de vie dans les villes.
Cette pratique malsaine de la mendicité n’est pas l’apanage des seuls Togolais. Elle est aussi le fait d’étrangers, de plus en plus nombreux qui abusent de la bonté des nationaux dont les comportements dans ce domaine trouvent leur fondement dans des croyances populaires selon lesquelles il faut ménager un étranger pour ne pas perdre son bonheur ou pour prévenir un malheur. Aujourd’hui certains de ces étrangers ont fait de la mendicité, leur métier et encombrent avec leurs progénitures la circulation.
Face à ce phénomène, on note une indifférence générale et pourtant le danger est réel. Ainsi, certains mendiants ne sont que des «éclaireurs» à la solde de brigands. Ils passent leur journée à rechercher des repères pour des opérations éventuelles de cambriolage la nuit.
D’autres, aujourd'hui pacifiques, peuvent devenir très dangereux quand leurs collectes ne pourront plus satisfaire leurs besoins. C’est le cas par exemple des jeunes gens qui, sous prétexte de déblayer les chaussées ou de les remblayer tendent des cordes sur les routes pour rançonner les passants.
Il serait donc souhaitable d’arrêter cette déviance sociale pour éviter qu’elle ne se transforme en une gangrène. Pour ce faire, il faudra rappeler aux mendiants que la Bible ne prescrit pas que la charité ; mais elle dit aussi : «car lorsque nous étions avec vous, nous vous recommandions ceci : si quelqu’un ne veut pas travailler, qu’il ne mange pas non plus. Or nous apprenons que certains d’entre vous vivent dans le désordre et qu'au lieu de travailler ils s’agitent. Nous invitons ces gens-là et les exhortons par le Seigneur Jésus-Christ, à travailler paisiblement et à manger leurs propres peines», (II Thessalonicien 3 : 10-12).
Dans le même esprit 1e saint coran recommande aux musulmans de faire l’aumône aux pauvres. Cette pratique très répandue dans les pays ou régions fortement islamisés, tend à se généraliser dans les melting-pot que sont nos grandes villes. Le danger vient justement de cette généralisation.
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