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Méthodes contraceptives : pilule amère pour certains, sucrée pour d'autres
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- Titre
- Méthodes contraceptives : pilule amère pour certains, sucrée pour d'autres
- Editeur
- L'Observateur Paalga
- Date
- 19 avril 2018
- Résumé
- « Après mon accouchement, les sages-femmes m'ont présenté les différents modèles ; mais ça ne m'a jamais intéressée». C'est ce qu'a confessé Wendemi Sérémé, mère d'un enfant qui a quatre printemps, laquelle avoue, sans sourciller, n'avoir jamais voulu entendre parler de méthodes contraceptives. N'a-t-elle jamais craint de tomber de nouveau enceinte sans y être préparée ? « Vu sous cet angle, c'est vrai que ça peut paraître irresponsable. Seulement, je redoute les fameux effets secondaires qu'on prête à ces produits. On entend tellement de choses à ce sujet ! On raconte même que ça peut rendre stérile ou occasionner des maladies », se justifie ce petit bout de femme encore loin des bouffées de chaleur de la ménopause. Des craintes partagées par Chantal Nikiéma, gérante d'un restaurant du côté de Dapoya, qui, visiblement, s'y connaît en méthodes contraceptives, même si elle avoue n'en avoir jamais fait l'expérience. « Une de mes amies prenait la pilule quand elle était jeune fille. Et lorsqu'elle s'est mariée, elle n'a pas pu avoir d'enfant. Après quelques années, son mari l'a répudiée. Je ne peux pas affirmer que c'est dû aux comprimés, mais en tout cas je préfère ne pas en prendre », a déclaré cette trentenaire « prudente » qui compte bientôt mettre à son tourtereau la corde au cou.
- Langue
- Français
- Source
- L'Observateur Paalga
- Contributeur
- Frédérick Madore
- Identifiant
- iwac-article-0000637
- contenu
-
« Après mon accouchement, les sages-femmes m'ont présenté les différents modèles ; mais ça ne m'a jamais intéressée». C'est ce qu'a confessé Wendemi Sérémé, mère d'un enfant qui a quatre printemps, laquelle avoue, sans sourciller, n'avoir jamais voulu entendre parler de méthodes contraceptives. N'a-t-elle jamais craint de tomber de nouveau enceinte sans y être préparée ? « Vu sous cet angle, c'est vrai que ça peut paraître irresponsable. Seulement, je redoute les fameux effets secondaires qu'on prête à ces produits. On entend tellement de choses à ce sujet ! On raconte même que ça peut rendre stérile ou occasionner des maladies », se justifie ce petit bout de femme encore loin des bouffées de chaleur de la ménopause. Des craintes partagées par Chantal Nikiéma, gérante d'un restaurant du côté de Dapoya, qui, visiblement, s'y connaît en méthodes contraceptives, même si elle avoue n'en avoir jamais fait l'expérience. « Une de mes amies prenait la pilule quand elle était jeune fille. Et lorsqu'elle s'est mariée, elle n'a pas pu avoir d'enfant. Après quelques années, son mari l'a répudiée. Je ne peux pas affirmer que c'est dû aux comprimés, mais en tout cas je préfère ne pas en prendre », a déclaré cette trentenaire « prudente » qui compte bientôt mettre à son tourtereau la corde au cou.
Que peuvent finalement répondre les spécialistes à Wendemi à et Chantal ? Claude Béatrice Sawadogo, sage-femme relevant du district sanitaire de Bogodogo à Ouagadougou, reconnaît que les contraceptifs peuvent bel et bien avoir des effets secondaires, comme tous les produits pharmaceutiques d'ailleurs. Forte de sa quinzaine d'années d'expérience, elle résume les conséquences liées à l'utilisation des moyens artificiels de planification familiale aux nausées, aux maux de tête (non graves, à son avis), aux douleurs abdominales, au gain ou la perte de poids. A cette liste elle a ajouté les aménorrhées (arrêt des menstruations) et le dérèglement de cycle. «Pour tout cela, il y a des prises en charge qui vont du simple conseil à la médication. Il est important de résoudre le problème pour permettre aux unes et aux autres de continuer leur méthode ou d'en changer, si elles le désirent », assure l'agent de santé, visiblement très imprégnée de la question.
Aïcha Ouédraogo, 22 ans, qui aide sa mère qui tient un petit commerce devant un lycée de la place, confirme. Son cursus scolaire a été bloqué suite à ses deux échecs successifs au Brevet d'études du premier cycle (BEPC). Comme pour se consoler, elle s'est résolue à convoler en justes noces avec son amoureux. Très vite, elle tombe enceinte et met au monde un garçon âgé actuellement de neuf mois. Trente jours après la naissance de son bébé, elle opte pour une méthode en commençant par les injectables qui se font tous les trois mois. « Ça ne m'a pas réussi. Au fil du temps, je perdais du poids et je ne voyais plus mes règles», regrette celle qui jusque-là flotte littéralement dans ses tenues. Après cette mésaventure, cette dame qui avait son petit bout de chou sur les genoux tout au long de nos échanges a opté pour le norplant (implant sous-cutané). « Je le porte depuis deux mois et je ne m'en plains pas pour le moment », se réjouit-elle. Il en est de même pour Rosalie Ouédraogo et Rihannata Sawadogo, qui ont utilisé le norplant plusieurs années de suite, sans le moindre effet indésirable. Par contre Sali Sawadogo déclare avoir eu beaucoup de soucis avec ladite méthode, deux mois après la naissance de sa première fille.« Il m'arrivait d'avoir des nausées, des maux de tête et je vomissais des fois… comme si j'avais un début de grossesse », foi de la jeune dame. Elle a dû aller en consultation pour s'assurer qu'elle n'attendait pas un second bébé. « Après m'avoir ausculté, la sage-femme m'a assuré qu'il n'en était rien. Elle m'a même proposé d'autres méthodes… », rappelle Sali Sawadogo.
Si les spécialistes admettent l'existence de ces effets secondaires, ils dénoncent aussi les a priori sur les méthodes de planification modernes, qui ont pourtant la vie dure. Au cours de ces cinq dernières années, le taux de prévalence contraceptive est passé de 15 à seulement 22,5%. Les femmes ne sont toujours pas nombreuses à se bousculer dans les centres de santé pour recourir à ces méthodes. Ce manque d'intérêt est-il dû aux idées reçues sur la contraception, elle qui rendrait stérile, causerait des maux de ventre, des malformations de fœtus, des maladies, voire la mort ? Côté social, il se raconte même qu'une femme qui utilise ces pratiques devient infidèle et frivole. Notre interlocutrice y oppose un niet catégorique.
A son avis, l'infidélité est une question d'éducation. Souvent même, le débat glisse vers la religion. L'imam Ismaël Tiendrébéogo tempère : « Dans l'islam, il y a deux éléments à prendre en compte pour apprécier l'acceptabilité des contraceptifs. Il ne faut pas que la méthode utilisée soit nuisible et que sa finalité soit de limiter les naissances. Notre religion l'interdit. Avant le mariage, il ne sied pas de dire qu'on aura tel nombre d'enfants.» Même s'il affirme ne pas trouver d'inconvénients à l'utilisation de ces méthodes modernes, il estime que les enfants sont un don de Dieu et qu'ils n'ont jamais été la cause de la pauvreté d'une nation. A son avis, ce dont l'humanité souffre le plus, c'est de gaspillage et de mauvaise répartition des ressources.
« Les procédés artificiels employés de nos jours pour empêcher la fécondation ne vont pas dans le sens de l'idéologie catholique », tranche l'abbé Jacob Yoda de l'archevêché de Ouagadougou, qui s'explique : «La contraception n'est rien d'autre que la négation de la fécondité, étant donné qu'elle empêche la conception. La doctrine de l'Eglise est contre cette pratique. Les relations sexuelles ont pour but premier la procréation. La femme ayant des périodes fécondes et stériles, il est on ne peut plus facile pour le couple respectueux des règlesde l'Eglise de recourir à un moyen naturel pour réguler les naissances.» Un avis qui diffère un peu de celui dupasteur Wendyam Philippe Yaméogo de l'Eglise des Assemblées de Dieu de la Zone 1, qui considère la médecine comme un don de Dieu pour répondre aux besoins de santé. « On ne peut pas dire qu'utiliser ces méthodes médicalement reconnues et prouvées pourespacer les naissances est de facto un péché », dixit l'homme de Dieu. Selon son argumentation, sont considérées comme un péché toutes les méthodes qui interviennent et agissent après la conception ou après le début de la vie.
Zalissa Soré
Encadré 1
Des contraceptifs et de leurs spécificités
Les contraceptifs naturels
Parmi ceux-ci, on compte le collier ou la méthode des jours fixes ; la technique de l'allaitement maternel et de l'aménorrhée, appelée communément MAMA ; le calendrier ; celle de la température et la méthode de la glaire cervicale.
Les méthodes de barrières mécaniques
Le condom masculin, le préservatif féminin et le dispositif intra utérin (DIU) ou stérilet.
Les méthodes hormonales
Comme leur nom l'indique, ellessont faites d'hormones, à savoir de progestérone ou d'œstrogène, substances secrétées par l'organisme de la femme et qui entrent dans le fonctionnement de son système reproducteur. Pour les spécialistes, c'est dire queces contraceptifs ne sont pas des corps étrangers qu'on introduit dans le corps de la femme. Ce sont des substances déjà connues parl'organisme féminin. Les méthodes hormonales sont : lespilules combinées ou progestatives, les injectables et les implants sous-cutanés
La contraception chirurgicale volontaire (CCV)
Il s'agit là de la vasectomie et de la ligature des trompes.
Z.S.
Encadré 2
Pourquoi ce reportage ?
L'idée de ce reportage est née suite à une formation des hommes et femmes de media organisée à Koudougou par le projet SWEDD (Autonomisation des femmes/filles et dividende démographique au Sahel), du 19 au 23 mars 2018, et qui a porté sur la planification familiale et la santé de la reproduction. Dans le cadre de la mise en œuvre dudit projet, un plan de communication pour le changement social et comportemental a été élaboré. Cette stratégie qui couvre la période 2017-2019 a un objectif bien défini : contribuer à la promotion des comportements favorables à l'accélération de la transition démographique. Il s'agissait d'expliquer aux journalistes participants le bien-fondé des méthodes contraceptives et de leur permettre de relayer l'information juste.
Z.S.
Fait partie de Méthodes contraceptives : pilule amère pour certains, sucrée pour d'autres