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Le sens du jeûne du Ramadhan
- Classe de ressource
- Article
- Collections
- La Nouvelle Marche
- Titre
- Le sens du jeûne du Ramadhan
- Créateur
- El Hadj Tâzi M. Sant-Anna
- Editeur
- La Nouvelle Marche
- Résumé
- Les musulmans commenceront demain le jeûne du ramadhan, ce mois sacré où le Coran est descendu du ciel pour être à l’homme son guide.
- nombre de pages
- 1
- Langue
- Français
- Contributeur
- Frédérick Madore
- Identifiant
- iwac-article-0005539
- contenu
-
Les musulmans commenceront demain le jeûne du ramadhan, ce mois sacré où le Coran est descendu du ciel pour être à l’homme son guide.
Respectant une tradition vieille de quatorze siècles, des millions d'yeux scruteront encore le ciel cette nuit (du 29 au 30 Chaabane, 8e mois du calendrier lunaire), à la recherche du croissant de lune annonçant le nouveau mois : le ramadhan.
Quiconque l’aperçoit cherche immédiatement un ou deux témoins pour confirmer sa vision, avant d’alerter les autorités religieuses qui, à leur tour, vérifient la nouvelle ou se contentent de la déclaration des témoins si leur notoriété ne fait pas de doute.
Le jeûne du ramadhan commence alors pour l’ensemble des musulmans.
Le Saint Coran dit à ce sujet, je cite :
« Le mois lunaire du ramadhan au cours duquel le Coran est descendu d’en haut pour servir de guide aux hommes, leur donner une explication claire et une distinction entre le bien et le mal, est le temps destiné à l’abstinence. Quiconque aura aperçu cette lune se disposera aussitôt à jeûner ». (« Sourate Al Baqarât » verset 181)
Mais qu’est-ce donc que le ramadhan, pourquoi jeûner ?
Jeûner, c’est accomplir une action passive à l’intention de Dieu et de Lui Seul; une action que Lui Seul récompense et qui pourvoit l’âme du musulman d’une force qui lui permet de résister aux désirs et aux passions.
Le jeûne du ramadhan, quatrième pilier de l’Islam, après la Chahada ou profession de foi, la prière, la Zakat ou la pan du pauvre, est un devoir imposé par le Coran à tout musulman au même titre que les cinq prières quotidiennes.
Dans la plupart des religions humaines le jeûne est cité parmi les manifestations les plus importantes du culte.
Il a pris plusieurs formes dans les religions antérieures à l’Islam, formes qui varient d’un pays à l’autre et dont le nombre était lié aux circonstances et aux raisons qui les ont fait naître : une saison, un mois de l’année, la position sidérale exceptionnelle d’une étoile, d’une planète, un cas de décès, l’apparition d’une éclipse totale ou partielle de lune ou du soleil...
Mais quelles que soient ses formes (abstinence totale qui implique la privation de la nourriture, de la boisson, de relations sexuelles chez certains, du travail, de la parole chez d’autres, ou la privation de quelques-uns de ces besoins seulement), le jeûne vise un seul et même but : priver le corps de certains des besoins naturels les plus appréciés et élever l’âme.
La privation de ces besoins couvre toute la journée chez les musulmans ; chez d’autres l’abstinence s’étend sur une partie de la journée ou sur toute la journée ; chez d’autres encore, le jeûne commence après le coucher du soleil et dure la nuit entière. Il y a aussi les jeûnes qui s’étendent sur une période limitée mais de façon discontinue ; c’est-à-dire qu’on jeûne un jour et on mange un autre et cela durant un mois plus ou moins ; ou même durant toute une vie. Daoud (David) s’est astreint à ce régime durant toute sa vie.
Quiconque accomplit volontairement une œuvre de dévotion en retire un avantage, dit le Saint Coran. Avant tout, il est bien que vous observiez le jeûne si vous connaissez la loi.
« O vous qui croyez ! le jeûne vous est prescrit, à l’instar de ceux qui vous ont précédés pour manifester votre piété. Craignez le Seigneur ».
« Un nombre déterminé de jours y sera consacré. Celui d’entre vous qui est malade ou en voyage peut s’en dispenser, quitte à jeûner plus tard un nombre égal de jours. Ceux qui peuvent jeûner mais ne le font pas, doivent se racheter moyennant la nourriture d’un pauvre par jour. Quiconque de son plein gré, en nourrira davantage, le fera pour son plus grand bien. Mais en tout état de cause, il est préférable pour vous de jeûner ». (Sourate La Génisse V. 183 à 185)
Les ruptures volontaires de jeûne non motivées, entraînent des compensations beaucoup plus importantes. Le manquement d’une journée doit être compensé dans ce cas, par soixante jours de jeûne sans interruption ou par de la nourriture dispensée à soixante pauvres.
LES FORMES DE JEUNES
L’Al Qada, c’est le jeûne accompli par le musulman pour compenser les jours où, sans excuse valable, il n’a pas jeûné pendant le mois de ramadhan. Il n’y a aucune époque spécifique pour son accomplissement.
Mais il ne peut être accompli les jours où il est interdit de jeûner : les trois jours qui suivent la fête du sacrifice et la rupture du jeûne, et le jour de l’Arafat pour les pèlerins.
Une autre forme, c’est le jeûne d’Al Qafâra : celui observé par le musulman pour expier ses péchés et ses fautes ; par exemple : l’homicide involontaire ou un péché équivalent ; le parjure (quand le musulman n’exécute pas le serment ou la promesse qu’il a faite en jurant par Dieu) -Sourate Al Mâ’ida (La Table) verset 91 : « Il ne vous châtiera pas pour un serment inconsidéré, mais il vous châtiera si vous manquez à un engagement réfléchi. L'infraction commise coûtera la nourriture de dix pauvres, nourriture de qualité moyenne et telle que vous la donnez à vos familles, ou bien leur vêtement ou bien l’affranchissement d’un esclave. Celui qui sera hors d’état de satisfaire à cette peine jeûnera trois jours »...
Le pèlerin qui accomplit des actions reprouvées, comme par exemple la chasse, pendant la période de sacralisation (celle pendant laquelle il porte la tenue du hajj (ihram) et qui n’a pas les moyens de se racheter, ou le pèlerin qui, durant le mois de pèlerinage, se met en état de sacralisation pour accomplir la Umra puis se retracte, doit offrir en sacrifice, une bête égorgée. « O vous qui croyez ! ne vous livrez point à la chasse pendant que vous vous acquittez du pèlerinage de la Mecque. Quiconque d’entre vous aura tué un animal de propos délibéré sera puni comme s’il avait tué un animal domestique ; deux hommes équitables parmi vous le jugeront ; il enverra un présent au temple de la Kaaba, ou bien il l’expiera par la nourriture donnée aux pauvres, ou bien il jeûnera, et cela afin qu’il éprouve la honte de son action»... (Sourate Al Mâ’ida verset 96).
Les deux autres formes de jeûnes sont Al Nadr et Al Fatawi. La première est accomplie à la suite de l’accomplissement d’un vœu, la seconde par dévotion sans que cela soit un devoir pour l’individu. Mais ces jeûnes ne peuvent durer un mois.
« Quiconque jeûne le mois de ramadhan et le fait suivre de six jours consécutifs de jeûne au mois de Chawal est considéré comme quelqu’un qui a jeûné toute l’année, e: quiconque (à l’exclusion du pèlerin) jeûne le jour d’Arafat rachète deux années précédente et future », a dit le Prophète.
Le jeûne et le pèlerinage aux lieux saints, deux des piliers de l’Islam, ne sont obligatoires que pour ceux qui ont la capacité physique de les accomplir.
Sont ainsi dispensés du jeûne, outre le malade ou celui qui entreprend un voyage long au cours duquel il ne pourra satisfaire ni sa faim ni sa soif, la femme enceinte ou en couches ou celle qui allaite, celle qui passe ses règles, et les personnes avancées en âge.
Il faut noter que chez nous, et surtout en Afrique sud-saharienne, le caractère sacré du mois de ramadhan demeure très vivace même chez les enfants, ceux-là qui ne sont pas astreints au jeûne. C’est ainsi que très tôt la notion de jeûne leur est inculquée. Ceux-ci ont même tendance à pratiquer le jeûne plus tôt que prévu, dès l’âge de six ou sept ans, (âge auquel tout enfant musulman doit commencer à prier), administrant ainsi la preuve de leur endurance devant les petits camarades et même les adultes. Et il n’est pas rare pendant le mois de ramadhan de voir dans les quartiers musulmans, dès 3 heures du matin, des enfants aller de porte à porte ou de maison en maison réveiller ceux qui ont le sommeil lourd pour le repas du matin.
Le repas, en général très léger, pris vers 4 heures, les jeûneurs se rendorment ou attendent l’heure de la prière du matin.
Et le jeûne commence ainsi. Il n’atteint sa plénitude que si le croyant évite de commettre ce qui est interdit ou défendu (manger, boire, fumer, tenir des propos grossiers, calomnier, avoir des relations sexuelles...)
Au crépuscule, le jeûneur doit rompre le jeûne en prenant quelque chose de léger (en général des fruits : bananes, oranges...) avant de s’acquitter de la prière du Maghrib, celle de 18 heures. Le croyant conscient de sa pénitence, dira en s’adressant au Dieu Tout-Puissant :
« Seigneur, ma vie et ma mort dépendent de ta volonté. Accepte la souffrance que j’ai endurée durant cette journée comme témoignage de ma soumission, de ma reconnaissance envers toi ».
Le jeûne, inclut dans ses multiples vertus celle de tenir compte de deux impératifs fondamentaux de l’homme : bien matériel ici-bas, bien spirituel dans l’autre monde. Deux composantes indissolublement liées : le corps et l’âme entre lesquels il établit une harmonie et un équilibre.
Il prend une forme passive, une action dont Dieu Seul a connaissance et qui ne peut être accomplie par l’homme par hypocrisie.
C’est dire que le jeûne est pour Dieu Seul et ne peut être dicté que par le désir d’être agréable et d’obéir à son ordre. Donc celui qui jeûne occupe un haut rang auprès de Dieu Tout-Puissant et sa récompense est immense. Il est pour l’âme ce que le vaccin est pour le corps. Par le jeûne le fidèle s’exerce à dominer ses désirs et ses passions qui l’incitent au péché. L’homme gagne ainsi, chaque année, pendant un mois entier une force nouvelle qui lui permet de résister à ses désirs et à ses passions pendant le reste de l’année.
A ce point de vue, le jeûne est un moyen d’être pieux.
Fait partie de Le sens du jeûne du Ramadhan