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Ouahigouya : de retour au pays, la pèlerine raconte son calvaire
- Titre
- Ouahigouya : de retour au pays, la pèlerine raconte son calvaire
- Créateur
- Hamed Nabalma
- Editeur
- Le Pays
- Date
- 4 février 2013
- Résumé
- Comme nous le mentionnions dans notre parution du 15 janvier dernier, une pèlerine de Ouahigouya était détenue à Djeddah en Arabie Saoudite où elle était partie pour accomplir un des cinq piliers de l'islam : le pèlerinage.
- Sujet
- Hadj
- Langue
- Français
- Contributeur
- Frédérick Madore
- Identifiant
- iwac-article-0000161
- contenu
-
Comme nous le mentionnions dans notre parution du 15 janvier dernier, une pèlerine de Ouahigouya était détenue à Djeddah en Arabie Saoudite où elle était partie pour accomplir un des cinq piliers de l'islam : le pèlerinage.
Après près de quatre mois passés en Arabie Saoudite, Fatimata Ouédraogo, puisque c'est d'elle qu'il s'agit, a fini par être libérée et elle a regagné Ouahigouya le jeudi 31 janvier 2013.
A 45 ans, la jeune dame aura perdu 4 kg de son poids initial. Nous l'avons rencontrée et elle nous a tout relaté sur le calvaire qu'elle a vécu.
Le pèlerinage à La Mecque est l'un des cinq piliers de l'islam. C'est une obligation pour tout musulman sain de corps et d'esprit, disposant de moyens conséquents d'effectuer au moins une fois durant sa vie, le voyage à la Mecque.
Le croyant qui accomplit tous les rites du Hadj en revient auréolé du titre de El Hadj" pour les hommes et de « Hadja » pour les femmes.
Selon plusieurs théologiens islamiques, celui ou celle qui accomplit avec justesse le Hadj se retrouve glorifié : ses péchés sont de ce fait partiellement ou intégralement effacés.
Le Hadj 2012 est déjà derrière nous, mais l'on n'a pas encore fini d'évoquer la mésaventure d'une des pèlerines, en l'occurrence Fatimata Ouédraogo. Le séjour saoudien de Hadja Fati Ouédraogo, originaire de Ouahigouya aura été des plus amers.
Mais, comment en est on arrivé là ? Mme Ouédraogo raconte : « J'ai remarqué depuis notre départ de Ouagadougou que la photo qui figurait sur mon passe- port n'était pas la mienne, mais plutôt celle d'une vieille dame.
Je l'ai aussitôt signalé à un des responsables de Sana Voyages. Pour toute réponse, celui-ci m'a fait savoir que c'était une erreur qui s'est glissée au moment de l'établissement du document.
Je lui ai immédiatement exprimé mon inquiétude et il m'a rassurée automatiquement que cette erreur n'avait aucune incidence sur mon voyage. J'ai voulu insister, mais je me suis gardée d'en faire une polémique.
C'est ainsi que je me suis retrouvée avec tous les autres pèlerins à l'aéroport pour le départ. Au contrôle, rien ne m'a été signalé quant à l'irrégularité de mon passeport. Étant dans l'avion, je me suis intérieurement félicitée pour ne m'être pas trop plainte auprès du responsable de Sana Voyages.
Lorsque nous sommes arrivés à La Mecque, tout s'est bien déroulé jusqu'au jour de notre retour. Mes problèmes ont commencé quand deux policiers arabes m'ont dit que le passeport n'était pas le mien. Ils ont aussitôt procédé à mon arrestation.
Je leur ai dit de prendre attache avec l'agence de voyage qui m'a fait venir à la Mecque. Ces policiers ne voulaient rien comprendre. J'y suis restée jusqu'à 17h, heure à laquelle j'ai été conduite au commissariat.
Là, ils ont confisqué mon portable avant de faire appel à un interprète pour traduire mes propos. Je les ai suppliés de me libérer. Ils m'ont alors demandé si j'étais mariée.
J'ai répondu oui. J'ai subi un long interrogatoire au terme duquel ils m'ont demandé d'apposer ma signature. Ce que j'ai fait. Puis, j'ai été transférée dans un autre lieu. Je n'étais pas la seule.
Nous étions au nombre de sept dont un Ghanéen un Guinéen, et le reste des Maliens. On nous a amenés dans une cellule bondée de monde. J'y suis restée jusqu'à ce que notre consul à Djeddah entame les démarches pour ma libération.
On lui a fait savoir qu'une procédure judiciaire était déjà engagée et qu'il fallait qu'elle aille à son terme. Entre-temps, mon argent de poche était fini et c'est un Malien que je remercie au passage qui m'a sauvée.
C'est d'ailleurs lui qui a négocié auprès des policiers pour qu'on me remette mon portable. En tout, j'ai fait plus de deux mois en prison. L'ensemble du séjour a duré 3 mois 27 jours. J'ai vécu un calvaire, mais je rends grâce à Dieu.
Je remercie en premier lieu l'ambassadeur et le consul du Burkina en Arabie Saoudite. Je salue avec force les Burkinabè de Djeddah, ceux de Ouaga et ailleurs dans le monde. J'ai été émue par la solidarité qui s'est manifestée autour de moi durant cette épreuve. Ce qui m'est arrivé, je ne le souhaite même pas à mon ennemi si j'en ai un.
Mais que de telles erreurs ne se reproduisent plus jamais. » Comment Hadja Fatimata Ouédraogo a-t-elle regagné Ouagadougou ? « Mon ticket de retour m'a été gracieusement offert par le consul honoraire du Burkina à Djeddah. Nous sommes passés par l'Ethiopie avant de rejoindre Ouagadougou. Et je n'ai plus eu de problèmes... »
Quels rapports avec Sana voyage ?
Mais, ne demandez pas à la nouvelle Hadja ses rapports actuels avec les responsables de Sana Voyages. « Durant tout le temps que j'ai passé là-bas, ils n'ont même pas cherché à savoir ce qui s'est passé.
Le jour de mon arrivée à Ouagadougou, ils sont venus me rencontrer à l'aéroport. J'ai même refusé de leur adresser la parole. C'est mon mari qui a échangé avec eux.
Je ne sais pas ce qu'ils se sont dit », a-t-elle martelé. Le mari de Adja Fatimata, raconte à son tour : « Les responsables de Sana Voyages voulaient accompagner mon épouse de Ouaga jusqu'à Ouahigouya.
Mais, je leur ai dit qu'elle devait se reposer quelques jours à Ouaga avant de venir à Ouahigouya. Là aussi, j'ai trouvé une hypocrisie qui ne dit pas son nom.
Comment pouvez-vous comprendre que durant toute l'épreuve, vous n'avez même pas cherché à connaître le mari de la femme encore moins chercher à entrer en contact avec elle et maintenant qu'elle arrive à Ouaga, on veut l'accompagner à Ouahigouya » ? Qu'en est-il avec son intention de porter plainte contre Sana Voyages, lui avons-nous posé la question ?
Et M. Ouédraogo de déclarer : « Je les laisse avec leur conscience à partir du moment où mon épouse a pu regagner le pays.
Mais s'il y a un message qui me tient beaucoup à coeur, c'est celui d'exhorter le ministère en charge du culte à ne pas laisser cette pagaille s'installer dans certaines agences de voyages qui, en plus d'être incompétentes, sont malhonnêtes.
Douze agences de voyages, c'est vraiment trop et c'est ce qui explique ce désordre. Sinon, je dirais que ce qui se passe est une honte non seulement pour les musulmans mais aussi pour la nation.
Une seule agence bien organisée peut bien conduire tous les pèlerins burkinabè à La Mecque. Pourquoi les pèlerins des autres pays ne souffrent pas comme les nôtres ? »
Et de souffrance, Hadja Salmata Guiro qui était du voyage en sait quelque chose : « Nous avons souffert au niveau de la restauration. Nous avons changé parfois d'hôtels. Aucune disposition n'a été prise pour faciliter notre restauration et notre hébergement.
On nous a même demandé de l'argent supplémentaire de plus de 50 000 F CFA comme argent de la restauration. Nous l'avons payé malgré nous.Cette situation a même déprogrammé beaucoup qui se sont retrouvés plus tard les poches vides », nous a confié Mme Guiro.
Fait partie de Ouahigouya : de retour au pays, la pèlerine raconte son calvaire