Issue
An-Nasr Vendredi #344 (L'Islam : la religion de l'équilibre / La route, une institutrice)
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- Titre
- An-Nasr Vendredi #344 (L'Islam : la religion de l'équilibre / La route, une institutrice)
- Editeur
- An-Nasr Vendredi
- Date
- 4 juin 2010
- numéro
- 344
- nombre de pages
- 4
- Sujet
- 4e Colloque International des Musulmans de l'Espace Francophone
- Association des Élèves et Étudiants Musulmans au Burkina
- Colloque International des Musulmans de l'Espace Francophone
- Hadith
- Couverture spatiale
- Ouagadougou
- Détenteur des droits
- Association des Élèves et Étudiants Musulmans au Burkina
- Langue
- Français
- Contributeur
- Frédérick Madore
- Identifiant
- iwac-issue-0000488
- contenu
-
Lorsque vient le secours d'Allah ainsi que la victoire, célèbre les louanges de ton Seigneur et implore son pardon. La haute spiritualité de l’Islam telle qu’il ressort dans le Coran et de la tradition prophétique, ouvre la conscience humaine à une double exaltation : métaphysique et terrestre. L’une nourrit l’autre. Le salut ne s’obtient que par un juste équilibre entre le culte et l’action, une symbiose harmonieuse entre les impératifs de l’adoration et ceux de la vie individuelle et sociale. La présence permanente d’Allah dans le cœur du croyant ne doit pas le détourner des soucis de ce bas-monde, mais inspirer son comportement et l’orienter.
Équilibre entre le matériel et le spirituel. Cet équilibre entre l’esprit et la matière, entre l’adoration et l’acte a été exprimé par le prophète Muhammad (saw) : « Œuvre pour ce bas-monde comme si tu devais y vivre éternellement, et pour l’autre monde comme si tu devais mourir demain. » Telle est la règle fondamentale de la vie. du croyant. Abdullah bin Amr qui se livrait à des pratiques ascétiques épuisantes et le prophète qui en était informé lui dit un jour : « J’ai été informé que tu passes la nuit en prière et que tu jeûnes le jour. Si tu continues à agir de la sorte, tes yeux s’enfonceront dans leurs orbites. Tu as des devoirs vis-à-vis des tiens ; jeûne mais romps le jeûne, prie la nuit mais prends ta part de sommeil. »
Dans le comportement social, le même équilibre caractérise la morale islamique. « Allah vous ordonne d’être justes et charitables. » Cet enseignement du Coran tient le juste milieu entre la charité surhumaine de certaines religions et la justice inhumaine d’autres et donne à la cité un visage harmonieux où la justice est tempérée de charité.
Répondant aux besoins métaphysiques et terrestres de l’homme, l’Islam s’est révélé un puissant facteur d’édification spirituelle et de progrès matériel.
Équilibre entre la foi et la raison. Le dogme musulman et la morale de l’Islam non seulement laissent à l’homme le champ. libre pour ses activités mondaines, mais lui font obligation d’y exercer son intelligence et son cœur. « Vous connaissez mieux que moi vos affaires d’ici-bas », disait le prophète aux croyants venus le consulter sur des problèmes qui les embarrassaient. Le sacré n’étouffe pas le profane, et la responsabilité d’ici-bas demeure entière pour l’homme. Dans d’innombrables versets, le Coran insiste sur le rôle fondamental de la raison. L’Islam n’est pas abdication de l’esprit ni renonciation aux lumières de l’intelligence ; il est plutôt un soutien spirituel pour l’action de l’homme responsable de son destin sur terre. Entre la foi et la raison, il n’y a pas antagonisme, mais équilibre et harmonie.
Équilibre entre le corps et l’âme. L’entretien du corps ne signifie en aucun cas qu’on doit l’abandonner à une vie d’anarchie et de libertinage. Les droits du corps sont définis par la législation islamique qui lui a tracé la voie de la modération. Allah (exalté soit-il) dit : * (5 vous qui avez cru, ne déclarez pas Illicites les bonnes choses que Dieu vous a rendues licites. Et ne transgressez pas. « S5, V87
À travers les âges, l’homme a succombé à deux positions extrêmes ; beaucoup ont incliné vers une vie de luxe et le culte du corps, creusant ainsi le gouffre dans lequel ils ont terminé leur parcours. D’autres ont opté pour une vie de mortification, privant même leur corps de ses nécessités de base. Ils estiment que ce type d’agissement permet de s’élever au-dessus de la condition matérielle et ainsi d’obtenir l’agrément de Dieu. Or, le corps, au même titre que l’âme, doit être entretenu. Le négliger corrompt la raison et affaiblit notablement les potentialités que Dieu a assignées à l’homme afin qu’il soit d’autant plus obéissant.
L’Islam concilie ainsi parfaitement la foi avec la raison, et l’éthique musulmane puise sa force et sa beauté dans son harmonie avec la condition humaine. Le vrai musulman, c’est celui que décrit le prophète (saw) en ces termes : « Le fidèle est affable, éveillé, prudent, vigilant et réfléchi. » Adapté par Abdoul Moumine
La route, une institutrice
Un jeune mendiant, un garibou comme on les appelle souvent, s'est approché d'un jeune homme à l'arrêt des feux tricolores pour lui demander de quoi mettre sous la dent. Contre toute attente, le jeune mendiant s'est vu répondre : « Eh toi-là, il ne faut pas me déranger. Tu es un escroc. Votre bonne n'a-t-elle pas préparé aujourd'hui ? Ou a-t-elle voyagé ? » Et tenez-vous bien, les gens en ont ri. Moi, j'en étais surpris. Cette attitude et ces rires ? Un si petit misérable mendiant qui demande de quoi survivre et cette surprenante réponse ! Ça devait choquer, m'étais-je convaincu. Oui, c'était devant moi, à Ouagadougou, avenue Charles De Gaulle, le 31 août 2009, à la veille des inondations du 1er septembre. Le jeune homme avait l'air d'être dans les meilleures conditions qui soient. Ici, on les appelle les fils à papa pour signifier leur aisance. Grosse moto, chaussures, chemises, pantalon, lunettes au top, dernier cri. Je me suis alors rendu compte que dans ce pays, l'un des plus pauvres du monde, il y avait encore des jeunes gens, des concitoyens qui ignoraient tout de la souffrance des autres. Ces mendiants sont pourtant bien connus, décrits, critiqués, vilipendés, mais jamais inconnus de la plupart des Burkinabè. La jeunesse est, avais-je cru, l'âge du ressentiment. Les jeunes n'acceptent pas que leurs camarades souffrent, ils refusent la moindre injustice. Mais à cet âge, un jeune homme au cœur de la misère ignorait tout de la misère. Parce qu’il a le superflu, parce que l'on ne lui a jamais enseigné l'autre visage de la vie. On ne lui a pas dit que le souci de beaucoup d'autres enfants n'était pas de cascader tous les jours avec de grosses motos mais d'avoir à manger, simplement mais difficilement. Cette situation est inacceptable. L'éducation islamique refuse cela. Elle crée d'abord un enfant bien avisé de son époque : la réalité, l'espoir, la vocation de son peuple mais aussi la conscience claire des difficultés qu'il traverse. Comment cet enfant peut-il un Jour diriger le pays sans ignorer son peuple ? Faisons de nos enfants les citoyens de leur époque, mais pas des abrutis que la consommation des images d'ailleurs. La société de consommation enlève tout le ressentir humain et citoyen. Côtoyer une injustice ne doit pas entraîner une attitude d'oubli, d'acceptation ou de négligence, non.
Ce fait, je le compare à ce que j'ai vécu en 2006, précisément le samedi 5 août 2006, lors du colloque international des musulmans de l'espace francophone (C1MEF) qui s'est tenu à Ouagadougou du 4 au 6 août 2006. Un Français, constatant beaucoup d'enfants dans la rue, nous demanda ce qu'ils faisaient. Nous lui avons dit que c'étaient de petits mendiants qui quémandaient leur pitance. Il n'en crut pas ses oreilles. Il n'avait jamais côtoyé cette triste réalité. Et voilà ce qu'il fit. Il organisa une sortie en ville avec sa femme et sa petite fille de 6 ans et alla déjeuner dans un restaurant "parterre". Les mendiants vinrent les encercler pour leur demander de quoi manger. Sa Petite fille qui n'y comprenait rien demanda à son père de lui expliquer. Celui-ci lui répondit que ce sont des enfants qui demandent à manger. La petite fille demanda s'ils étaient des orphelins. Le papa lui dit non, ce sont des enfants qui ont leur père et mère à la maison. Ils sont pauvres, c'est tout.
La fillette se mit à pleurer, abandonna son repas, obligea ses parents à faire de même et non seulement à donner aux mendiants leur part, mais à leur donner tout l'argent qu'ils possédaient. La petite fut malheureuse tout au long de son séjour à Ouaga. Voilà ce que doit faire un bon père.
Il n’est pas normal qu'une petite française pleure pour les enfants burkinabè alors que de jeunes enfants burkinabè narguent leurs camarades parce que le bon Dieu leur a pourvu de moyens financiers et ne savent même pas que le monde dépasse le seuil de leur porte. Ces histoires doivent nous amener à réfléchir sur la problématique de l'éducation de nos enfants. À chacun d'y tirer des leçons. Moi, je fais une simple description. yaaroun in www.aeemb.bf 7g