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An-Nasr Vendredi #258 (La finance islamique : un remède à la crise financière actuelle)
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- Titre
- An-Nasr Vendredi #258 (La finance islamique : un remède à la crise financière actuelle)
- Créateur
- Ben Hamid
- Editeur
- An-Nasr Vendredi
- Date
- 31 octobre 2008
- numéro
- 258
- nombre de pages
- 4
- Détenteur des droits
- Association des Élèves et Étudiants Musulmans au Burkina
- Langue
- Français
- Contributeur
- Frédérick Madore
- Identifiant
- iwac-issue-0000387
- contenu
-
Lorsque vient le secours d'Allah ainsi que la victoire, célèbre les louanges de ton Seigneur et implore son pardon.
La crise de l’économie mondiale, initialement une crise de titres financiers américains obsolètes, ne cesse de s’étendre, faisant de nouvelles victimes à travers le monde. Les bourses internationales ont essuyé des pertes pour le moins astronomiques, des piliers de la finance mondiale se sont effondrés du jour au lendemain. Les pertes réelles ne sont pas encore cernées par les autorités politiques et monétaires mondiales.
Les banques centrales se montrent solidaires quant au sauvetage du système de cette crise systémique, probablement la plus dévastatrice de tous les temps, en injectant des centaines de milliards de dollars, d’euros, et d’autres monnaies. Ces mesures peuvent-elles empêcher la chute en dominos de leurs banques et de leurs économies ? Seul l'avenir nous le dira. Nous tenterons de dégager les causes de cette crise et les... valeurs que l’islam prône pour améliorer la situation critique dans laquelle baignent plusieurs grandes banques de nos jours.
Les causes de la crise financière
L’intérêt
La première cause de la crise financière ayant touché le monde entier est le système usuraire. Bien que rendu illicite par notre Seigneur, les sociétés individualistes l’ont adopté et l’ont présenté comme un modèle attractif. Elles croyaient pouvoir en tirer des profits, mais certainement pas en souffrir. Sous l’aspect faussement attrayant du système de l’intérêt, les individus furent encouragés à investir leur argent dans des banques plutôt que dans des appareils productifs. Dans la mesure où il n’y a pas de production, ni de flux de capitaux dans un système où l’on cache son argent à la banque, dans des coffres-forts ou sous son matelas, les problèmes d’ordre financier, tels que l’inflation du coût de la vie ou l’effondrement économique, deviennent inévitables. C’est ce qui s’est passé avec la crise. financière globale : l’arrêt de la production, l’absence de flux monétaires et l’immobilisation de l’argent dans les banques afin de gagner des intérêts causèrent l’effondrement de l’économie. Dans Ses versets, Dieu nous incite cependant à éviter l’intérêt usuraire et met en garde Ses serviteurs contre les maux qu’il déclenche : « Ceux qui mangent de l'intérêt usuraire ne se tiennent (au jour du jugement dernier) que comme se tient celui que le toucher de Satan a bouleversé. Cela, parce qu'ils disent : "Le commerce est tout à fait comme l'intérêt." Alors que Dieu a rendu licite le commerce, et illicite l'intérêt. Celui, donc, qui cesse dès que lui est venue une exhortation de son Seigneur, peut conserver ce qu'il a acquis auparavant ; et son affaire dépend de Dieu. Mais quiconque récidive... alors les voilà, les gens du feu ! Ils y demeureront éternellement. Dieu anéantit l'intérêt usuraire et fait fructifier les aumônes. Et Dieu n'aime pas le mécréant pécheur. » C2^r275-276
Le manque de confiance en Dieu
Le manque de confiance en Dieu est le deuxième facteur majeur expliquant la crise financière. On oublie trop souvent que l’argent et les biens proviennent de Dieu. Il a fait la promesse de répondre aux prières et d’accorder ce qu’il y a de meilleur à l’individu tant qu’il s’en remet à Lui. Il le protégera alors et l’enrichira s’il en décide ainsi. Pourtant, certains s’imaginent que le capital qu’ils détiennent constitue une force supérieure et, en tant que tel, protège et garantit leur avenir. C’est pourquoi ils sont toujours soucieux et inquiets.
Pour pallier à leurs inquiétudes, ils dissimulent leurs biens, comme si cela suffisait à assurer leur avenir. Ils oublient malheureusement que le véritable secours vient de Dieu Seul. Il leur suffirait simplement de faire confiance à Dieu pour connaître l’abondance et le bien-être. Tous ces capitaux immobilisés inutilement, par crainte de l’avenir, n’ont jamais travaillé. C’est ainsi qu’une crise financière voit le jour. Tous les biens appartiennent en réalité à Dieu. Tout secours provient de Dieu. L’argent caché ne peut aider personne sans la permission de notre Seigneur. Ce n’est certes pas l’argent thésaurisé qui protégera les hommes ni aujourd’hui ni demain, mais notre Seigneur. Il révèle d’ailleurs dans un verset : « Si Dieu vous donne Son secours, nul ne peut vous vaincre. S'il vous abandonne, qui donc après Lui vous donnera secours ? C'est en Dieu que les croyants doivent faire confiance » (Coran 3:160).
Les hommes accumulent avidement des biens, par “crainte de la pauvreté” ou par crainte du lendemain, notion inculquée par Satan. Ceux qui ne parviennent pas à avoir une foi solide vivent constamment dans la crainte qu’un malheur ne s’abatte sur eux, qu’ils n’aient plus d’argent, qu’ils vieillissent seuls, etc. Aussi passent-ils leur temps à élaborer des plans et investissements personnels pour leur avenir. Malgré leur prévoyance, ces individus omettent de se préparer pour le Jour du Jugement, auquel personne ne pourra échapper. Ils sont tellement absorbés par leur vie. au quotidien que c’est à peine si l’idée du Jour du Jugement les effleure. Dieu rappelle dans le Coran que ceux qui sont désertés par la foi se font manipuler par Satan : « Le diable vous fait craindre l'indigence et vous recommande des actions honteuses ; tandis que Dieu vous promet pardon et faveur venant de Lui. La grâce de Dieu est immense et Il est omniscient. » (Coran 2:268)
L’avarice et la parcimonie
Certains individus dévorés par la crainte du lendemain et l’amour des choses matérielles sont peu enclins à dépenser l’argent qu’ils ont ou alors le font avec parcimonie. Leurs politiques sont en général basées sur l’affaiblissement et l’élimination du faible afin de s’enrichir et de se renforcer davantage. C’est pourquoi ils n’ont aucun remords à exploiter les pauvres, à ne distribuer aucune aumône, à ne faire preuve d’aucune générosité, à ne rien dépenser pour eux-mêmes : ils mettent de côté au cas où l’avenir se retourne contre eux. Le fait est que cet argent ne produit rien. Gardé en réserve dans L’espoir de le voir fructifier grâce au système usuraire, cet argent ne parvient plus à suivre le rythme de l’inflation et finit donc par perdre de la valeur. Ce capital n’a jamais produit l’abondance escomptée. La production stagnante a toujours été la conséquence de l’exclusion (volontaire liée à la parcimonie) de ces capitaux des marchés.
Il suffirait pourtant d’obéir au commandement de Dieu nous invitant à faire preuve de générosité pour accéder à l’abondance. Dieu a déjà révélé que l’intérêt ne pourrait fructifier, et que seules les aumônes distribuées pour Sa satisfaction recevront une récompense inégalée dans ce monde et dans l’au-delà. « Tout ce que vous donnerez à usure pour augmenter vos biens aux dépens des biens d’autrui ne les accroît pas auprès de Dieu, mais ce que vous donnez comme aumônes, tout en cherchant la face de Dieu (Sa satisfaction)... Ceux-là verront leurs récompenses multipliées. »
En effet, la finance islamique pourrait offrir une réelle alternative à l’actuelle économie de... marché, ou du moins y être bien intégrée en tant que complément indispensable. La finance islamique a fêté en 2005 ses 30 ans d'existence, durant lesquels elle a enregistré des taux de croissance variant entre 10 et 30 % en fonction des classes d’actifs. Actuellement, sa taille de marché représenterait entre 500 et 700 milliards de dollars, basés essentiellement en Moyen-Orient.
Mais qu’est-ce que la finance islamique ? La finance islamique prône une économie :
1. Pas de “riba” (intérêt, usure) : Les prêts d’argent doivent être dénués de profit, ce qui revient à des taux d’intérêts proches de zéro ;
2. Pas de “gharar” ni de “maysir” (spéculation, incertitude) : Les jeux d’argent basés sur le hasard sont prohibés, de même que les transactions à visée spéculative ;
3. Pas de “haram” (secteurs illicites) : Sont aussi défendus tous les investissements dans les secteurs illicites par la Charia (alcool, tabac, pornographie,...) ;
4. Obligation de partage des profits et des pertes : Que ce soit entre associés ou. Entre banque et client, le partage des profits et des pertes est obligatoire, il se fait selon le contrat initial ou selon les apports respectifs.
5. Principe d’asset-backing (adossement à un actif tangible) : Les transactions financières islamiques doivent avoir un lien direct avec un actif réel et tangible, donc avec l’économie réelle.
L’application de ces principes islamiques aurait-elle pu éviter une telle crise ? Techniquement, l’application stricte des cinq principes de la finance islamique n’aurait pas eu pour conséquence la crise des subprimes. Celle-ci est d’abord fondée sur l’octroi de crédits immobiliers à des populations risquées, du point de vue de leurs revenus, par rapport à leurs charges de remboursement, puis sur le repackaging de ces crédits de base dans des structures financières très complexes et très risquées.
Les crédits hypothécaires risqués, les subprimes, et leurs dérivés extraits de structures de titrisation sont fondés sur les taux d’intérêt. Comme ces derniers sont interdits en islam, Alors effectivement, on n’aurait pas pu rencontrer un tel cocktail explosif dans le monde musulman.
Remède : se conformer aux valeurs morales coraniques. Une telle crise financière trouve ses racines dans un système financier basé sur l’intérêt, dans le fait que les individus, avares, préfèrent dissimuler leur argent au lieu de l’investir généreusement dans l’appareil productif, que ces individus refusent de distribuer des aumônes et surtout de se soumettre à Dieu, avec la conviction que Dieu est Celui qui accorde argent et richesse.
Un système financier non usuraire n’est pas indifférent au sort des pauvres. Au contraire, les plus aisés soutiennent les indigents en leur garantissant un pouvoir d’achat. Avec l’augmentation de la demande, la production est revigorée. Si la production augmente ainsi que le pouvoir d’achat, les usines fonctionnent à pleine capacité pour répondre à l’augmentation des ventes. Les marchés stimulés attirent les capitaux thésaurisés. Le pauvre peut s’enrichir et le riche aussi. L’abondance consécutive à la réintroduction de capitaux jusqu’alors dissimulés sera, bien évidemment, considérable. C’est la seule solution à la situation de crise que traversent tous les pays du monde. Cette solution est non seulement logique mais aussi compatible avec les valeurs morales énoncées par le Coran. L’aide et le soutien de Dieu sont indiscutables pour quiconque agit conformément aux valeurs morales coraniques. Dieu montrera alors à quel point l’abondance est liée à un comportement vertueux. Notre Seigneur nous fait cette promesse : « Ceux et celles qui font la charité et qui ont fait à Dieu un prêt sincère, cela leur sera multiplié et ils auront une généreuse récompense ». C57V18
Ceci dit, actuellement, la finance islamique n’est pas encore totalement exempte de critiques car comprenant plusieurs points faibles auxquels les musulmans doivent apporter des améliorations. Nous pouvons citer le fait qu'elle soit basée sur des règles morales et non juridiques, la tendance des banques et institutions. financières islamiques à financer des opérations commerciales (risque de contrepartie élevé), leur tendance à financer des opérations d’exploitation et non des opérations d’investissement, leur tendance à financer des opérations en dehors du monde musulman (risque pays élevé), leur tendance à financer des opérations libellées en devises étrangères et non en monnaies locales des pays musulmans (risque de change élevé) et ils sont rarement destinés et orientés vers les titres de participation et des actions en capital malgré leur importance, leurs produits et leur licéité.
La mise en place des règles et des produits de la finance islamique n’a jamais été une chose aisée car confrontée non seulement à la réticence et au refoulement de la finance universelle mais aussi à l’embargo médiatique, si ce n’est la déformation délibérée de ses motivations et de ses objectifs.
Mais la crise actuelle va certainement donner un nouveau souffle à cette branche ô combien sensée en ces temps de vaches maigres et de débats plus. Ou moins objectifs. Enfin, il nous paraît pertinent de souligner que les hommes politiques, les pouvoirs financiers et monétaires, et les penseurs de tous bords s’accordent tous, pour une fois, à dire qu’il y a nécessité de moraliser les marchés. Or, la morale est ce que prêchent les religions, notamment l’Islam. Serait-il alors possible de concilier les deux sphères morales et matérielles ? Ben Hamid
Source: www.oumma.com 158
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