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L'Autre Regard #22
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Burkina Faso
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- Articles de journaux (3615 items)
- Titre
- L'Autre Regard #22
- Editeur
- L'Autre Regard
- Date
- 5 janvier 2015
- numéro
- 22
- Résumé
- Mensuel d'information islamique
- nombre de pages
- 16
- Sujet
- Abdoul Aziz Compaoré
- Action sociale
- Association du Message Islamique
- Attentat contre Charlie Hebdo
- 15e congrès de l'AEEMB
- Ismaël Derra
- Jeunesse musulmane
- Saïd Muhammad Ouédraogo
- Modernité
- Association des Élèves et Étudiants Musulmans au Burkina
- Mouvement Sunnite du Burkina Faso
- Aïd al-Adha (Tabaski)
- Aïd el-Fitr
- Pauvreté
- Démocratie
- Civilisation occidentale
- Hadith
- Sunnah
- Fiqh
- Intégrisme
- Fondamentalisme islamique
- Terrorisme
- Langue
- Français
- Contributeur
- Frédérick Madore
- Identifiant
- iwac-issue-0000180
- contenu
-
CHEIKH ISMAEL DERRA
RENCONTRE DU PF AVEC LES FORCES VIVES
Le contenu des différentes déclarations
DR. SAID MUHAMMAD OUEDRAOGO, RESPONSABLE D’UNE ASSOCIATION DE SOLIDARITÉ VIE DE COUPLE
Les raisons d’un échec
PRÉDICATION
Comment parler intelligemment des choses de l'islam ?
FOYER MUSULMAN
La place de la femme aujourd'hui
« Beaucoup de responsables musulmans ne méritent pas leur place »
15e CONGRÈS NATIONAL DE L'AEEMB
Les avantages tirés du rappel d'Allah « Adhikr » et de nouvelles missions
PROMOTION DE LA JEUNESSE MUSULMANE
Le Mouvement sunnite donner « la clarté en islam fait parité de la foi »
Une violence contre l'Islam
ÉDITORIAL
ATTAQUE CONTRE CHARLIE HEBDO
La violence contre l’Islam
Quand on partage la foi musulmane et qu’on vit ce que le monde entier a vécu en ce début de l’année 2015, on ne peut que se sentir meurtri. On reste là et on se perd dans des questionnements sur le comment du pourquoi des individus dont la foi leur commande de distiller l'amour et de faire la paix. peuvent commettre tels actes d’un barbarisme extrême. Cet attentat, selon le journal satirique Charité Kebda, si l'on s’en tient aux révélations des médias, se justifie par la volonté de venger le prophète (psl) et des caricatures faites par ce journal en 2011. Le dénigrement contre le prophète de l'Islam est aussi vieux que l'avènement de l’islam. Tout musulman doit le savoir. Le Coran et la Sunna font état de plusieurs sortes de dénigrement, en paroles ou en actes, à l'encontre du prophète. Son peuple à l'époque l’a traité de menteur, de poète, de dément, et que sais-je encore. Aujourd’hui, cette fratrie moqueuse continue d’exister sous d'autres formes, comme ces caricatures et bien d’autres. Ces caricatures, selon leurs auteurs, sont faites sous le couvert de la liberté d’expression. Une liberté d’expression à l’occidentale, dont la mise en œuvre n’est pas exempte de critiques. C’est un constat : quand il s’agit de faire des critiques sur le prophète de l’Islam, l’on est prompt à évoquer le privilège de la liberté d’expression. liberté d’expression. Par contre, lorsqu’un musulman use de sa liberté d’expression pour critiquer les politiques ou les modes de vie occidentaux, il est taxé de fondamentaliste. Lorsque, sous le couvert de la liberté, un musulman prétend mettre en pratique les préceptes de l’Islam dans son mode de vie, là il est taxé d’intégriste. La question du port du voile illustre parfaitement cette dualité. Outre cette attitude de deux poids, deux mesures, on se demande si la liberté d’expression permet tout. Une liberté sans bornes ni limites est-elle juste ? La liberté absolue, par ailleurs, n'existe pas. Elle reste un mythe. La liberté d’expression, comme toute liberté, s’arrête où commence le droit au respect des autres ; ceci est un principe élémentaire. Si la liberté vue par l’Occident est sans bornes, il nous faut, nous musulmans, savoir y répondre. Avec tact et intelligence, comme l’avait fait notre messager à l’époque. Il nous faut éviter de tomber dans le fanatisme aveugle, l’exagération outrageante, ou le... terrorisme comme malheureusement l’ont fait ces tueurs de Charlie Hebdo. En réalité, ces attaques barbares constituent un poison contre l'Islam. Cette manière d’y répondre constitue du pain béni pour tous ceux qui croient encore, comme on nous l'a fait croire depuis des siècles, que l’Islam s'apparente à la violence. Pire encore, elles aggravent la situation des musulmans dans nombre de pays, laquelle situation reste encore perfectible.
Les petits esprits trouvent en ces attaques une bonne dose d’inspiration, pour vilipender la religion musulmane, par essence pacifique, et la présenter comme une religion qui puise sa source dans la violence et la barbarie. Toute chose qui va à l'encontre des principes basiques de la religion. Le prophète, principal victime de ces caricatures, n’aurait sans aucun doute choisi cette... voie pour se rendre justice. La tradition prophétique en est un témoignage probant. Le musulman, où qu'il soit, qui qu'il soit, trouvera en le prophète « un excellent modèle à suivre ». Comment le premier défenseur de l’Islam a-t-il réagi quand les critiques les plus acerbes, les actes de dénigrement de toute nature, fusaient de toute part contre sa personne et contre la religion de Dieu ? Telle est la question que tous ceux qui prétendent défendre l’Islam par le terrorisme doivent se poser.
La première des attitudes adoptées par le messager de Dieu et enseignée par l’Islam, c’est de prier Allah pour tous ceux qui constituent une menace pour l’Islam afin qu’ils délaissent ces actes et prônent la foi. Une autre attitude, et c’est la règle d’or en Islam, c’est de patienter et d’endurer, comme l’avait fait le premier des musulmans. Le musulman doit faire preuve d’équité et de justice à tout instant en toute circonstance. Car l'une des preuves évidentes de la foi, c’est d’être juste au moment où l’on ressent la... Colère. « O vous croyez, soyez attentifs pour Dieu à être témoins en toute justice. Et que la haine pour un peuple ne vous incite pas à l'injustice. Soyez justes, cela est plus proche de la piété. Et craignez Dieu, car Dieu connaît tout ce que vous faites », nous interpelle le Coran à la Sourate 5 au verset 8.
Si nous prétendons aimer Dieu, la moindre des choses, comme le dit le Coran, c’est de suivre le prophète. Nous, musulmans, devons comprendre que ce n’est pas en dénigrant ceux qui nous dénigrent que nous aurons le dessus. Cela est encore la preuve de notre peu de foi, de notre ignorance avérée de notre religion et de sa mission première qui est de prôner la paix sur toute l’étendue de la terre.
Ce qui peut aider notre religion à aller de l’avant, nous ne cesserons de le dire et de le redire, c’est le retour à notre religion. Tout autre itinéraire est voué d’avance à l’échec. La suprématie des musulmans sera une réalité si et seulement si nous, musulmans, acceptons de nous plier à la volonté de Dieu par un. suivisme rigoureux de ses injonctions et un respect strict de ses interdictions. La conviction que nous pouvons changer les choses par la violence est une illusion en plus qu'elle est condamnée par Dieu et par sa religion.
La Rédaction
RECEPISSE
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Siège social : Ouagadougou
Secteur 10 - 01 BP 2481 Ouaga 01
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Directeur de Publication : Guigma Arounan
Rédacteur en chef : Abou Waqâss SANOU
Tel. : 76 00 73 34
Équipe de rédaction : Tiendrebéogo Ousmane, Ouédraogo Ahmad dit Karamssamba, Zoungrana Ablassé, Nébié Zakaria, Guigma Arounan, Nana Moumouni
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L'Autre Regard - N°022 du 05 janvier au 05 février 2015
La musulmane
FOYER MUSULMAN
La femme aujourd’hui
Sous nos yeux, la pauvreté, la souffrance, la Misère, toutes ont un visage féminin. Les femmes, c’est un constat, souffrent le martyre pour pouvoir s’occuper de leur mari, de leur progéniture. La norme religieuse selon laquelle il revient à l’homme de s’occuper de la famille et de satisfaire aux besoins de celle-ci semble remise en cause dans notre société.
Le besoin des enfants, leur éducation notamment la scolarité, font partie des préoccupations de nos mamans. Elles se lignent dans tous les sens pour que ces derniers aillent à l’école. Les hommes, certains hommes, ont démissionné de leur rôle. Désormais, dans bon nombre de foyers, la pitance quotidienne incombe aux femmes. C’est à elles de serrer le pagne pour veiller à ce que la famille puisse être à l’abri de la faim. La gestion de la plupart des foyers repose essentiellement sur nos mamans. Elles fournissent des efforts considérables pour la survie du foyer en bravant tous les risques, se levant très matinalement pour balayer les rues. De ces femmes, on note celles qui font des dizaines de... kilomètres, à vélo, souvent à moto, commerce oblige. Elles sont également présentes dans des travaux physiques comme sur les sites aurifères où elles concassent les pierres, tout cela à la recherche de quoi nourrir la famille et s'occuper de la scolarité des enfants. Le domaine informel est bondé de ces femmes qui cravachent dur pour épauler leur mari dans le foyer. Les femmes sont dans tous les secteurs d’activités au Burkina Faso. Le constat est clair : beaucoup d’hommes ont démissionné de leur mission première. Dans le lot, il y a d’un côté, ceux qui se battent pour reprendre la main, puis d’autres, on ne sait pourquoi, qui prennent du plaisir à voir leurs épouses braver les difficultés pour que la famille tienne. L’Islam recommande à l’homme d’aimer sa femme et ses enfants, de travailler pour pouvoir prendre en charge sa famille. Cela suppose la prise en charge de celle-ci, de son dortoir, son habillement, son alimentation et ses besoins importants. La religion n’interdit pas cependant que la femme apporte son soutien à la famille. Mais telle n’est pas la règle. Il n’est pas autorisé en Islam de laisser sa femme et sa famille sans ressources. La loi musulmane est faite de sorte que la demeure du musulman reste le dernier lieu de refuge, de tranquillité et de sécurité. Il impose même à l’homme de regagner son foyer après la dernière prière sauf cas de nécessité. Tout cela dans le but d’entretenir l’harmonie dans la famille et participer à l’éducation des enfants.
À ce sujet également, le constat est amer. Beaucoup d’hommes ne regagnent leur domicile que tard dans la nuit sans raison valable, remettant l’éducation des enfants aux femmes uniquement. Les enseignements de la vie du musulman en matière de famille sont foulés aux pieds par nombre de fidèles. Encore une fois, qu’on se le tienne pour dit, l’Islam tient l’homme pour responsable de la gestion de la famille ; il n’en demeure pas moins que la femme doit l’aider dans cette tâche. Elle peut être celle qui possède plus de moyens. Mais cet état de fait n’enlève en rien la responsabilité de l’époux. La vie du couple demeure une conjugaison des efforts entre l’épouse et l’époux. Il y a assez de copies à revoir. AROUNAN GUIGMA. Il est le tourbillon qui dévaste les champs de nos espoirs et nous oblige à nous séparer dans la douleur et le regret. Il est le feu aidant qui consume les liens de notre engagement à vouloir vivre heureux ensemble. Il est la force qui nous pousse violemment dans le lit de la séparation. Le divorce est le cauchemar de nos rêves, parce qu’il est la roche qui brise le fruit de l'amour. Se marier, c'est décider d’exécuter ensemble un projet de vie pensé et défini par nous. De nos jours, les hommes ont un désir fort de vivre en couple, mais malheureusement, ils ont une piètre idée de la profondeur réelle du mariage. Vivre en couple sans préalablement avoir une vue claire et réaliste des mécanismes qui rendent agréable le mariage, c’est vouloir construire un avenir sans lendemain. On veut diriger une « entreprise conjugale » et on ne prend. Pas la peine de savoir les grands défis qui nous attendent. Aveuglés par la passion, la logique du coup de foudre, nous opérons au choix de notre « associé » dans un esprit de naïveté déconcertant et un peu insensé. Au lendemain du mariage, on est étonné d'avoir fait le mauvais choix quand, en réalité, on n’a fait aucun effort pour aboutir à un résultat meilleur.
La plupart des échecs de la vie de couple résultent le plus souvent de la mauvaise qualité du « casting » effectué. Le mariage aujourd'hui se présente comme une réunion de syndicalistes, chacun n’agissant que pour défendre et promouvoir ses droits. On oublie que l’autre qui vit avec nous a besoin d’être rassuré, tranquillisé, protégé et encouragé. Le mariage se veut le rendez-vous par excellence du donner et du recevoir. Donner, c’est offrir à l’autre ce qui lui permettra d’être équilibré et heureux. Donner, c’est partager avec son partenaire la part de bonheur qui participera à faire de chaque instant de son « séjour ». Votre Mensuel d’information islamique à ne pas manquer !
Donner, c’est vouloir et savoir faire plaisir. Donner demande donc que l’on sache préalablement ce dont a besoin notre partenaire. C’est malheureusement cet exercice qui nous fait défaut dans notre volonté de faire plaisir à notre associé. Nous pensons que l’idée que nous nous faisons du bonheur est celle toujours partagée par notre conjoint. Nous lui offrons tous les jours de nombreux cadeaux, quand réellement, pour son bonheur et son bien-être, il n’a besoin de nous que d’un petit sourire, un câlin ou une toute petite marque d’attention. Ignorer ou faire fi de ce que l’autre attend effectivement de nous contribue à ouvrir la porte de notre union à toutes les incompréhensions et à toutes les frustrations. Ainsi, notre vie de couple se transformera en un cauchemar qui va nous précipiter dans les bras de la séparation. Aimer « l’autre », c’est décider de lui procurer le maximum de joie et de bonheur. dans les limites de nos possibilités. Vouloir vivre heureux en couple, c’est accepter, pour le bonheur de notre union, de nous départir de ce qui irrite, choque ou contrarie notre partenaire. Quand, dans les liens du mariage, chacun reste arcbouté à ses petits intérêts égoïstes et égocentriques, le bonheur de la vie en couple restera à jamais pour nous une illusion.
El Hadj SANOGO Mamadou (Correspondance particulière)
L’Autre Regard - N°022 du 05 janvier au 05 février 2015
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Culture
LE FONDAMENTALISTE
L’INTEGRISTE ET L'ISLAM
Quelle frontière ?
S’il est deux termes qu’on a pris l’habitude d’employer à tort et à travers, ce sont bien « intégriste » et « fondamentaliste ». Leur emploi à propos de musulmans est devenu tellement courant que leur sens ne soit aussi apparent. Il serait peut-être temps de s’interroger : que signifient vraiment les mots « fondamentaliste » et « intégriste » ? Sont-ils applicables à des courants musulmans ?
Origine des termes « intégrisme » et « fondamentalisme » : Au XVIIe siècle, dans le Droit fil du cortège de conflits d'actions et de réactions que, depuis la Renaissance en Europe occidentale, humanistes puis libres penseurs d’une part et clergé catholique d'autre part entretiennent - les premiers au nom d'une certaine vision de l’homme et au nom de la raison, les autres au nom de la foi - un mouvement voit le jour qui entend vouloir passer au crible de la raison chaque donnée de la foi chrétienne et de la Bible et critiquer tout ce qui apparaît irrationnel. C'est le « rationalisme », et certains penseurs occidentaux nommeront la période qui s’ouvre : « l’âge de la raison ». Lord Herbert et Hobbes sont quelques-uns des leaders de ce mouvement de pensée. On dira de Voltaire (XVIIIe siècle) qu’il appartient à la même tendance. Les idées rationalistes seront reçues différemment dans les milieux croyants du christianisme. Parmi les deux grandes tendances qui se dessinent figurent d'un côté le « modernisme », de l’autre le « renouveau catholique ». La tendance « moderniste » entend allier la foi. chrétienne à laquelle elle est attachée et les arguments des rationalistes, aux idées desquels elle est également sensible. Elle reste convaincue de la véracité de la Bible dans son essence, mais pense que l’interprétation en a été faite par l’Eglise d’une façon qui est discutable et qu’une révision complète des dogmes de la foi chrétienne s'impose à la lumière de la rationalité moderne ; certaines parties non importantes du texte biblique peuvent également, en cas de nécessité, être considérées comme non authentiques. Ernest Renan appartient à ce courant de pensée.
Pour le « renouveau catholique », en revanche, il est hors de question de remettre en cause les dogmes de la foi chrétienne professés depuis tous ces siècles ; ce mouvement refuse donc aussi bien les idées rationalistes, qui sont d’ailleurs souvent édictées sur le ton du scepticisme voire de l’ironie, que les idées modernistes. Les idées « modernistes » sont condamnées par l’Eglise en 1907. Pour cette dernière, tous les dogmes adoptés par les chrétiens. Depuis des siècles, ces principes sont valables, et le renouveau consiste à les affirmer de nouveau. C’est dans ce contexte que naît le terme « intégrisme ». Critiquant les « modernistes » et leurs revendications de faire des choix dans les éléments de la foi chrétienne en fonction de leur conformité ou non-conformité avec les principes de la raison, des catholiques entendent défendre l’intégrité de la foi. Ils sont alors décriés par des modernistes comme étant des « intégristes ».
C’est à propos d’une problématique voisine, mais cette fois dans la tradition protestante, que naît le terme « fondamentalisme » : certains pasteurs rejettent les théories darwiniennes relatives à l’évolution des espèces, car ils pensent qu’elles contredisent la lettre du récit biblique de la création du monde en six jours ; ces pasteurs fondent alors la World Christian Fundamentalist Association, pour défendre les points de la foi qui sont fondamentaux à leurs yeux. Ils sont alors décrits par leurs opposants comme étant des « fondamentalistes ». Ces deux dernières explications proviennent d'un article du Monde écrit par Xavier Ternis ion cl publié le 8 octobre 2001. Intégrisme et fondamentalisme ont donc tous deux comme point commun que, face aux affirmations ou aux critiques formulées sur la base de la raison, ils réaffirment la véracité des données chrétiennes. Intégrisme et fondamentalisme diffèrent cependant quant aux sources de ces données : dans le cas de l’intégrisme, ces données sont issues non pas seulement des Écritures mais des Écritures perçues au travers de la Tradition, c’est-à-dire de l'interprétation de ces Écritures telle qu’elle a été fixée au cours des siècles par les différents Conciles, les Pères de l’Église et les Papes. Dans le cas du fondamentalisme, en revanche, les données à réaffirmer sont issues directement des Écritures - conformément à la tradition protestante de retour aux sources (« sola scriptura ») -, mais ces Écritures sont considérées dans leur stricte littéralité. Il y a donc dans l’intégrisme l'idée d’un refus de Reconsidérer la Tradition par rapport à la rationalité, et dans le fondamentalisme l’idée d’un refus d’adopter une interprétation allégorique de certains passages des Écritures par rapport à la rationalité. D’après une seconde définition du terme « intégrisme », celui-ci remonterait au XVIIIe siècle, quand un prêtre en Espagne tente de nouveau l’intégration de la structure étatique à la structure religieuse catholique. L’objectif est donc d’intégrer l’une à l’autre ; de là le terme « intégriste » pour décrire ce genre de personnes. Ces deux termes sont-ils applicables aux écoles de pensée musulmanes ?
Dans l’espace de la civilisation musulmane, différentes tendances existent quant au champ à donner à la raison par rapport aux textes de la révélation. La tentation était forte d’appliquer les tenues « fondamentalistes » et « intégristes », issus de la civilisation chrétienne, à certaines de ces tendances musulmanes, et certaines personnes n’y ont pas résisté : on s’est donc mis à qualifier d’« intégristes » les musulmans qui désirent rester fidèles à la Tradition, c’est-à-dire à l’interprétation des Écritures héritée des ulémas de siècles passés ; de « fondamentalistes » ceux qui entendent, pour l’orientation de leur pensée et la conduite de leurs affaires, revenir aux Écritures (Coran et Sunna), considérant prioritairement celles-ci et secondairement la Tradition, c’est-à-dire l’interprétation des écoles ; enfin d’ « intégristes » tous ceux qui n’entendent pas séparer le religieux du social dans les pays musulmans, l’out cela par analogie avec l'histoire des actions et réactions, réformes et contre-réformes que la civilisation occidentale a connues dans ses rapports avec le religieux.
Mais la question que tout musulman est en droit de poser à ceux qui font ces analogies et emploient ces termes à son sujet est : Qu’entendez-vous par « fondamentalistes » et « intégristes » ? Car tout est-il semblable entre les courants chrétiens portant ces noms et les courants musulmans ? - Sont-ils comme les « intégristes » chrétiens, les musulmans qui n’entendent pas faire de coupure entre les textes des sources et la gestion de la cité ? Selon la seconde définition du terme « intégriste », les « intégristes catholiques » furent des personnes qui désiraient intégrer le religieux à l’institution étatique des pays chrétiens, mais qui désiraient le faire par le biais d’un clergé ; en effet, dans le catholicisme, c’est le clergé qui est le moyen d’exprimer le religieux, et le sacre est la solution pour montrer que Dieu est du côté de l’autorité civile. Or en islam il n’y a pas de clergé : pas d'intermédiaire entre Dieu et la conscience et pas de hiérarchie institutionnalisée et infaillible. Chaque musulman est à la fois civil et religieux et il n’y a ni classe sacerdotale ni sacre. En islam il y a certes la Loi, mais la Loi n'est pas donnée de façon détaillée en ce qui concerne le domaine des affaires sociales. Le terme d'origine espagnole « intégriste » n’est donc pas applicable à des musulmans simplement parce qu’ils ne font pas de coupure entre. sources de nature religieuse et société majoritairement musulmane. - Sont-ils comme les « fondamentalistes » chrétiens, ces musulmans qui sont de la tendance réformiste ? Non, car si les musulmans de la tendance réformiste, y compris, entendent revenir aux Écritures tout en tenant compte de la Tradition, c’est avec l'idée de pouvoir justement adopter une dynamique permettant de tenir compte des découvertes et du contexte. — Sont-ils comme les « fondamentalistes » chrétiens, ces musulmans qui sont de la tendance littéraliste (zâhirite) ? Non, car chez eux le littéralisme revêt un tout autre aspect que celui qu’il possède chez les courants protestants dont nous avons parlé plus haut. On peut prendre la mesure de ces différences en étudiant la méthodologie et les avis d'Ibn Hazm, un des savants les plus connus de la tendance littéraliste zâhirite. Si le protestantisme a lancé comme mot d’ordre « l’Écriture seule » (« sola scriptura »), force est de constater - et c’est la première différence avec le zâhirisme - qu’il n’a pas fait un retour aux Écritures seules comme le prône le zâhirisme. Cette tendance musulmane considère que tout ce qui ne relève pas strictement des textes des Écritures ne s'impose pas à elle. On pourrait objecter à cela que Calvin ne fit que suivre le consensus dégagé lors des Conciles de Nicée (325) et Chalcédoine (451), et que le zâhirisme considère lui aussi le consensus des ulémas (ijmâʿ) comme étant loi formelle. Mais en fait, déjà il faudrait établir que lors des conciles de Nicée et de Chalcédoine il y a bien eu consensus de l’ensemble des docteurs chrétiens. D’un autre côté, pour la majorité des ulémas - zâhirites y compris - le consensus n’est possible que s'il se fonde sur un texte du Coran ou de la Sunna (voir Ussûl ul-fiqh al-islâmî. Az-Zuhaylî, tome 1 pp. 558-560). De plus, la tradition zâhirite considère quant à elle que le consensus des ulémas (ijmâʿ) sur un avis donné n’a force de loi absolue que si auparavant il n’y a pas eu à son sujet des avis divergents chez les ulémas ; sinon, cela n’a pas de valeur. pense que le consensus n’a pas force de loi formelle (voir Ussûl ul-fiqh al-islamî, tome 1, p. 591). Enfin, au cas où deux avis ont été formulés par des savants de par le passé, la tradition zâhirite pense que les ulémas compétents ont l’entière possibilité de penser un troisième ou un quatrième avis, en tant que nouvelle façon de concilier les différents textes existants (voir Ussûl ul-fiqh al-islamî, tome I, p. 492).
Deux principes essentiels découlent également de la conception zâhirite et régissent les obligations et les interdictions en islam : l’homme bénéficie de l’absence d’obligation (harâ'at udh-dhimma ou al-barà'a al-asliyya) et de la permission originelle concernant l’ensemble des choses terrestres (al-ibâha al-asliyya) tant qu’un texte du Coran ou de la Sunna ne vient pas nuancer cet état des choses. Tous les ulémas sont d’accord sur ces deux principes ; mais la tradition littéraliste zâhirite les a poussés à leur paroxysme en enseignant d’une part que le texte en question doit être parfaitement. authentique (s’il relève de la Sunna) et d’autre part qu’il n’y ait pas d’analogie possible (qiyâs) entre le cas spécifié dans un texte comme étant interdit et un cas passé sous silence dans les textes ; or, le terme présent dans le texte est pris dans sa stricte littéralité (zâhir ul-lafz). Ce qui aboutit parfois et paradoxalement à des permissions plus larges que dans d’autres traditions.
La règle première étant l’absence d'obligation, l’école zâhiritte, considérant que le hadîth rendant obligatoires les petites ablutions avant de toucher une copie coranique n’est pas parfaitement authentique et que le verset du Coran («Là yamassuhû illâ al-mutahharûn», 56/78-79) n’est pas explicite sur le sujet (car il peut n’évoquer que les anges), dit que les petites ablutions ne sont pas obligatoires avant de toucher une copie coranique.
On le voit, la tradition littéraliste zâhirite est différente des courants littéralistes issus de la tradition protestante.
Conclusion
La Raison est la faculté qui permet à l’homme. d’analyser et de critiquer les données intellectuelles qui lui parviennent. La Modernité consiste à accepter l’idée du changement et du progrès et à pouvoir adopter la nouveauté. Les Fondements de l’Islam, c’est-à-dire ses Écritures, sont le Coran (parole de Dieu) et la Sunna (paroles, actes et approbations du Prophète) ; la dimension d’Écriture du texte coranique est évidente car ce texte a été transcrit intégralement du vivant même du Prophète ; quant à la Sunna, elle était certes, du vivant du Prophète, pour une petite partie, rédigée et pour la plus grande partie transmise oralement ; cependant, depuis sa transcription systématique aux premiers siècles de l’Islam, elle n’est désormais plus disponible que sous forme écrite, dans les recueils de Hadîths. La Tradition est quant à elle formée de l’ensemble des interprétations faites par les savants nous ayant précédés : les Compagnons du Prophète, leurs élèves, les élèves de leurs élèves, ensuite tous les savants s'étant réclamés de leur voie. jusqu’à aujourd'hui. Il faut aussi rappeler qu'en langue française, le suffixe « -asie » exprime souvent l'idée d'excès dans le rattachement à un élément donné par rapport à un autre élément, cet autre élément étant susceptible de concurrencer le premier élément et d'établir une perspective d'équilibre. Ainsi, « moderne » désigne « celui qui est favorable à la modernité ».
L’Autre Regard - N°022 du 05 janvier au 05 février 2015
Culture
PRÉDICATION AUJOURD’HUI
Comment parler intelligemment des choses de l’islam ? Le discours de nos prédicateurs, s’il n’est pas en déphasage avec les réalités, est soit précipité, soit lassant. On ne prend pas toujours en compte les priorités de l’auditoire. Pourtant, ces ratés ne doivent pas faciliter l’essence du message véhiculé.
Esquisse sur la manière dont le prophète abordait les gens.
A) Les priorités à établir pour en parler : Un point qu’il est important de noter est qu’il s’agit de privilégier, parmi les enseignements de l’islam, les éléments les plus importants pour en parler. Et il est pour... Il est nécessaire de tenir compte de la réalité dans laquelle on se trouve et de se préserver de raisonner avec devant soi l’idée d’une réalité d’autres temps et/ou d’autres lieux. Parce que nul ne peut nier que certains jeunes sont loin, très loin des réalités spirituelles. Alors si on parle seulement ou principalement du rituel, sans jamais ou presque jamais tenir de paroles qui sont à même de toucher le cœur (jamais on ne parle de Dieu selon Son Attribut correspondant à Son Nom « al-Wadûd », « Celui qui Aime ») ; si on focalise son rappel et son action sur des choses qui ne sont que recommandées alors même que des choses obligatoires sont délaissées de façon générale ; si on insiste sur le fait de se préserver d’actes qui ne sont que légèrement déconseillés en ne réalisant pas que le public à qui on s’adresse est plongé dans ce qui constitue des kabâ'ir, on se trompe de priorités. Et ce n’est pas là la façon de faire du Prophète (sur lui la paix).
B) Le moment pour en parler
Pour ce qui est du rappel concernant Un point qui est erroné, on peut parfois être amené à parler immédiatement, parfois choisir d’intervenir plus tard. Par contre, pour ce qui est du rappel général, il s’agit de ne pas être lassant. Abdullâh ibn Abbâs avait ainsi fait cette sage recommandation à son élève Ik’rima : « Fais aux gens le rappel chaque vendredi, ou deux fois par semaine, ou trois fois par semaine, et ne les amène pas à être lassés de ce Coran. Et que je ne te voie jamais te rendre auprès de gens occupés à parler, te mettre alors à leur faire le rappel après avoir interrompu leur conversation ; tu les fatiguerais [de l'islam et de ses enseignements].
Modernité et qui en prend une part conséquente ; par contre, « moderniste » désigne « celui qui ne considère que le nouveau, se projette dans le futur et rejette tout ce qui vient du passé ».
Ces deux rappels effectués, voici ce que nous pouvons dire... Nous, musulmans, sommes attachés aux Écritures (Coran et Sunna), que nous considérons comme des Sources (masdar) et des Fondements (ussûl). qui intéressent la globalité de la vie. Mais nous ne sommes pas fondamentalistes car la structure même des textes de ces Écritures permet la contextualisation de leur contenu par le biais de l'ijtihâd (effort de réflexion à propos des silences des textes). Mais dans pareil cas, reste silencieux. S'ils te le demandent, fais-leur le rappel, qu'ils auront alors l'envie d'écouter » (al-Bukhârî, 5978). Ibn Abbâs ne faisait qu'exprimer là ce qu’il avait appris du Prophète (sur lui la paix). En effet, Abdullâh ibn Mas’ûd raconte : « Le Prophète choisissait des jours pour nous faire le rappel (« al-maw'iza »), de crainte que nous éprouvions ensuite de la lassitude » (rapporté par al-Bukhârî, 68, et Muslim, 2821). Le Prophète savait parler des choses de la spiritualité et de l’au-delà sans oublier les choses de la vie quotidienne. Et il savait être un ami, un compagnon des discussions des gens qui l’entouraient. Alors qu’on demanda un jour à Jâbir ibn Samura : « T'asseyais-tu en compagnie du Messager de Dieu ? », il répondit : « Oui, souvent. Il se levait rarement du lieu où il avait accompli la prière de l'aube avant que le soleil se lève. Il s'en levait après que le soleil se fut levé. Les Compagnons se parlaient et évoquaient la période de l'Ignorance ; ils riaient alors et le Prophète souriait » (Muslim 670, 2322). Zayd ibn Thâbit relate : « Quand nous parlions des affaires de ce monde, il parlait de cela avec nous. Quand nous parlions des choses de l'au-delà, il parlait de cela avec nous. Et quand nous parlions de nourriture, il parlait de cela avec nous » (at-Tirmidhî dans Ash-Shamâ'il, 328, la chaîne de cette parole n’est cependant pas correcte, à cause de la présence de Sulaymân ibn Khârija).
C) La façon d’en parler
La façon de dire quelque chose compte également, à côté de ce que l’on dit. Primo, il s’agit de parler aux gens de ce qu’ils sont à même de comprendre. Ainsi, en Inde on aime les histoires qui sortent de l’ordinaire ; en Europe, on est plus cartésien. Récemment, Cheikh Abdullâh Patel, ancien directeur de la Darul Ulûm Falâh-é Dârayn du Gujerat, de passage dans notre aussi à propos de l’interprétation de nombreux textes), donc par un effort de Raison. Ceci entraîne, de l’autre côté, que nous sommes rationnels car nous considérons positivement la Raison et lui accordons son droit, mais que nous ne sommes pas rationalistes car ce que la raison a découvert dans le monde, nous en orientons la perception et l’application par les principes issus des Sources.
Nous, musulmans, sommes attachés à la Tradition (la somme des interprétations faites par les savants prédécesseurs : aqwâl ul-fuqahâ). Cependant, nous ne sommes pas traditionalistes car dans le domaine des ‘âdât, la règle première est la permission et nous pouvons donc le pratiquer.
Il me disait que, à certains jeunes ulémas de Plndc qui sont ses anciens élèves et qui sont invités à faire des discours en Angleterre ou dans d’autres pays occidentaux, il a recommandé d’éviter de bâtir des discours sur les histoires dont on est si friand en Inde, arguant que les deux. Les publics n’ont pas la même mentalité. Je lui dis alors : « Ici aussi, certains frères ne comprennent pas ce point ; voyez : un jour, quelqu'un racontait comme histoire qu'un jour en Inde, une tombe s'étant ouverte à cause d'une crue de la rivière voisine, on y vit un scorpion anormal. On chercha à le tuer, mais aucun coup ne lui faisait rien, jusqu'à ce qu'un grand savant présent récite telle sourate du Coran, et le scorpion diminua de volume jusqu'à disparaître. » Je n’avais pas plutôt fini de lui relater l’histoire qu’il me dit en substance : « Comment s'attendre à ce que les jeunes d'ici croient en cela ? » Puis il me raconta que quelqu’un de sa connaissance, établi dans un pays occidental et biologiste de formation, parlait aux musulmans des merveilles de la création en reliant à chaque fois cela à la Puissance du Créateur, et que cela enchantait son public (fin de citation). Tout cela rejoint le contenu d'une parole d'Alî, qui disait : « Relatez aux gens ce qu'ils sont à même de comprendre. Aimeriez-vous que... » « L'on dise de Dieu et de Son Messager qu'ils sont des menteurs ? » (al-Bukhârî 127 ; « wa-l-murâd bi « ma y a 'rifùn » : ay yafhamûn » : Fath ’ ul-bârî 1/297). Ce n’est pas à dire qu’il y a des choses qu’il faille dissimuler ; c’est à dire qu’il faut choisir ses sujets en fonction de la mentalité de son auditoire.
Secundo, il s’agit de faire appel non pas seulement à la raison de son interlocuteur et/ou de son auditoire, mais aussi à leurs sentiments. Car le Prophète savait, lui, émouvoir son auditoire : un Compagnon rapporte de lui et des autres que c’était comme s’ils voyaient le paradis et la géhenne (Muslim 2750). Un autre rapporte que lui et les autres rapportent avaient « eu le cœur touché », même si les prédécesseurs ne l’ont pas connu. De plus, parmi les règles ta’abbudî, donc les interprétations elles-mêmes, une partie conséquente fait l'objet de divergences chez les prédécesseurs eux-mêmes et peut donc connaître une contextualisation par rapport à la Modernité. Ceci entraîne, de l'autre côté, que nous... sommes modernes mais non pas modernistes car nous orientons la concrétisation de la modernité par les interprétations faisant l’objet d'un consensus (ijmâ) au sein de la Tradition (aqwâl ul-fuqahâ). Il n’est pas en soi impossible d'employer les termes d'une civilisation donnée pour décrire les concepts d’une autre civilisation. La démarche « et les yeux ruisselant» de larmes (at-Tirmidhî 2676, Abû Dâoûd 4607). Faut-il parler avec douceur ou dureté ? Il est vrai que parfois le Prophète a fait des sermons sur un ton de colère (voir par exemple al-Bukhârî 672 ; voir aussi Muslim 867) ; il est vrai aussi que, s'adressant directement à des personnes, il lui est aussi arrivé de leur parler avec colère (voir al-Bukhârî 5761) : al-Bukhârî a même titré : « Al-ghadhab fi-l-maw 'iza wa-t-ta 'lîm idhâ ra 'â ma yak 'rah» («Le fait de se mettre en colère dans le conseil ou dans l'enseignement, quand on voit ce qui ne va pas») (Al-Jâmi'us-sahih, kitâb ul-'ilm, tarjama n° 28). Mais peut-on nier que généralement, aux personnes à qui il s’adressait directement. Le Prophète expliquait avec douceur (par exemple Muslim 537) ? Dieu ne lui a-t-il pas dit dans le Coran : «C'est par une miséricorde de la part de Dieu que tu as été si doux envers eux. Et si tu avais été rude, au cœur dur, ils se seraient enfuis de ton entourage» (Coran 3/159). En fait, il faut prendre en compte la réalité dans laquelle on se trouve : en certains lieux et à certaines occasions, «pousser un coup de gueule» (mais qui constitue vraiment «un cri du cœur») n'est pas malvenu, bien au contraire ; mais en règle générale, ce n’est pas ainsi qu’il s'agit de procéder : «La douceur ne se trouve en quelque chose qu'elle embellit» (Muslim 2594). Lire notre article au sujet du nah’y ‘an il-munkar.
Tertio : le Prophète parlait de façon très claire : Aïcha raconte que, dans le propos du Prophète, chaque mot était prononcé de façon claire (al-Bukhârî 3375, Muslim 2493) et qu’il «n'enchaînait pas propos sur propos mais tenait un propos au milieu duquel se... trouvaient des pauses (« baynahù fasl »), en sorte que chaque personne assise auprès de lui mémorisait (facilement) » (at-Tirmidhî 3639). Wallàhu A‘lam (Dieu sait mieux).
Par Anas, demande cependant un minimum de méthodologie. Quand on sait qu’on ne peut pas « exporter » tels quels des outils adaptés au réseau électrique d’un continent donné vers un autre continent sous peine de causer de graves problèmes, on se demande pourquoi on n’adopte pas la même démarche à propos des termes et des concepts. Il faudrait donc avant tout faire l'effort de comprendre ce que les termes désignent ici et ce que les concepts sont là avant de les appliquer tels quels à d’autres traditions religieuses, là où les catégories, les problématiques et les dynamiques sont totalement différentes.
Par Anas, L’Autre Regard - N°022 du 05 janvier au 05 février 2015 Page 5 [Entretien CHEIKH ISMAEL DERRA « Beaucoup de responsables musulmans ne méritent pas leur place »]. Nous savons qu’aujourd'hui la question de la bonne gouvernance pose problème. en Afrique. Chez nous, cela s'est traduit par les événements que nous avons tous vécus qui ont conduit au départ du président Blaise Compaoré après 27 ans de pouvoir. Y a-t-il une conception islamique de la bonne gouvernance ? C’est ce que nous avons tenu à savoir par cet entretien que nous avons eu avec le Cheikh Ismaïl Dcrra. La question de la gouvernance a-t-elle une trace dans la religion islamique ? Louange à Allah, seigneur des mondes, le meilleur gouvernant de tous les temps. Nous prions sur le prophète (psl), sur sa famille et sur ses compagnons. Nous vous remercions pour l'occasion que vous nous offrez encore une fois pour que nous apportions des éclaircissements sur un sujet aussi important. La question que vous posez est d’actualité et elle nous préoccupe tous vu son importance et sa pertinence. L’Islam se veut une religion réaliste qui est en conformité avec les valeurs humaines. Pour cela, il a institué des bases de gouvernance pour l’homme et pour toute la société où les hommes peuvent vivre en. Toute harmonie cl dans la paix. La gouvernance en Islam tire sa source du Coran et de la Sunna du prophète (psl). À titre illustratif, c’est le prophète qui fut le premier gouvernant quand il installa ses bases à Médine après l’Hégire. Pour asseoir une gouvernance équitable, le Pacte du prophète a été la rédaction d’une constitution pour régir les Médinois, Arabes et Juifs. Cette constitution servait de code de conduite en matière de gestion des pouvoirs par le prophète (psl). Ensuite, il a mis l’accent sur certains aspects comme la justice, la solidarité, la cohésion sociale, la sécurité territoriale, l’éducation, la santé, et la finance. Cette forme de gouvernance instituée par le prophète (psl) et ses compagnons englobait les deux dimensions, notamment religieuse et mondaine. Par exemple, la constitution reconnaissait la place des Juifs dans la société médinoise. Dans la philosophie musulmane, il n’y a pas une dichotomie entre le spirituel et le mondain. Ce n’est pas en se cloîtrant à la mosquée ou en se clouant à. La maison à réciter des versets en oubliant les choses de la vie terrestre qu’on peut avoir le paradis. C’est plutôt la conciliation des deux dimensions qui fait de nous de vrais musulmans. C’est pour cette raison que la gestion du pouvoir par les Califes après le prophète englobait ces deux aspects.
La bonne gouvernance est-elle nommément citée dans le Coran ? Tout à fait, le Coran trace des directives de la bonne gouvernance. Il y a plusieurs passages qui interdisent la corruption sur terre, l’injustice, le racisme, et prônent la solidarité. Le Coran donne des exemples sur des prophètes antérieurs qui furent justes dans leur gouvernance à l’instar de David, du Roi Salomon, de Joseph et d’autres personnes illustres. Il prend également exemple sur des gouvernants qui ont semé la division dans leur peuple, le racisme, l’injustice, la corruption comme le roi Pharaon et d’autres hommes de pouvoir.
Revenons au prophète (psl) et à ses compagnons qui furent de meilleurs exemples en matière de bonne gouvernance. Gouvernance. Cela est-il valable pour nos gouvernants actuels, politiques comme leaders religieux ? La bonne gouvernance n’est pas forcément spirituelle ou religieuse. Elle répond à des valeurs universelles, notamment la dignité de la personne humaine, l’intégrité des hommes, l’amour de la vérité, de la justice, de la solidarité. Ces valeurs sont humainement et universellement partagées par tout le monde depuis la création du monde. Il en est de même que les hommes ont horreur et repoussent le mensonge, l’immoralité, l’injustice, la cupidité, la corruption et bien d’autres maux similaires à ceux-ci. Par conséquent, la bonne gouvernance, qu’elle soit religieuse ou politique, doit répondre à ces valeurs.
Que peut-on retenir d’un bon gouvernant, notamment président d’une république, ministre, chef d’entreprise, chef religieux ? En définitive, ce que l’on peut retenir d’un président en matière de gouvernance, c’est qu’il sache qu’il est au service du peuple. Ce n’est pas un dépôt de prestige et d’égocentrisme, c’est plutôt de la responsabilité. En matière de bonne gouvernance, nous pouvons nous référer à la gestion du deuxième Calife de l’Islam, Omar, qui occupait ses nuits et ses journées aux affaires de l’État. Les gens lui demandaient ce qui le motivait à cela. Sa réponse était que s’il dormait la nuit, il ne pourrait pas accomplir d’actes surcroît. Quant à la journée, il sillonnait la ville et veillait aux droits des citoyens ; il prêtait oreille aux critiques et revendications des gens. De Médine, il pensait aux provinces de l’État musulman, notamment l’Irak et bien d’autres. C’est dire qu’un gouverneur ou un président se doit d’être responsable et prendre à bras-le-corps la question du bien-être des populations. Malheureusement aujourd’hui, nos gouvernants ne connaissent pas les besoins de leurs peuples encore qu’ils n’en font pas un problème. Nos gouvernants sont éloignés de leurs gouvernés, raison pour laquelle ils ne sont pas préoccupés par leurs réalités. Il est impératif pour tout dirigeant de s’entourer de gens compétents, que ce soit ses conseillers, ses ministres. Rompre avec le favoritisme, le népotisme et la corruption, choses qui mettent en péril la gestion d’un État. La question de la justice fait souvent défaut dans la gouvernance ! Tout dirigeant doit être juste et équitable. Il doit être l’artisan de la justice et s’astreindre à faire la promotion de celle-ci. Il faut que la justice s’applique sur lui-même s’il en est coupable ainsi que sur sa famille. Il faut qu’il mette tous les citoyens sur un pied d’égalité. La loi doit s’appliquer sur toutes les personnes et sur toutes les couches sociales. La corruption est également une gangrène pour la bonne gouvernance. Je l’ai dit haut et fort, de la même manière qu’il nous faut un président capable et honnête, cela suppose que ceux qui doivent l’accompagner soient loin de toute injustice à l’instar de ses ministres. À titre illustratif, il faut que les fonctionnaires de l’État comprennent qu’ils travaillent pour les populations. Il faut que les pots de... vin que d'autres soient punis. Le prophète (psl) a dit : « Que Dieu maudisse le corrupteur et le corrompu... ». Au vu de votre explication, nous sommes exaspérés de voir que les musulmans manquent à cette éthique musulmane, pourtant bien structurée du président au citoyen.
Maintenant, comment doit se présenter la gouvernance des musulmans au sein d’un pays comme le nôtre ? Avant de tomber sur la gestion de l’Islam, je rappelle que la gouvernance classique a été évoquée par la loi musulmane. En cela, comprenons que l’Islam c’est la vie, cela suppose qu’il faut élaborer des directives permettant aux hommes de vivre dignement, d’où l'élaboration des lois, des institutions et autres règles régissant la vie politique, socio-économique des gens vivant dans une contrée donnée.
À l’avènement de l’Islam, avec Muhammad (psl), la même politique de gouvernance fut instituée et perpétuée par les successeurs des Califes jusqu’en 1924 avec pour dernier calife Abdul Hamid II et la Turquie comme la capitale. l’Islam. Il avait en gestion plusieurs nations musulmanes comme l’Arabie Saoudite, la Syrie, l’Égypte, et même la Tunisie, le Maroc. Pour la gouvernance des affaires musulmanes au Burkina Faso, il faut revoir les associations qui se veulent les responsables des musulmans. Que ces leaders comprennent que l’on est responsable au vu de ses mérites et, parlant de mérite, cela suppose des conditions à respecter : Primo : il faut une connaissance suffisante de la religion musulmane. Du simple fait que l’on ne peut pas donner la gestion d’un ministère à un profane, c’est à cause de la même rigueur qu’on ne devrait pas non plus donner la gestion des affaires islamiques à des profanes. Secondo : il faut de l’efficacité ; qui fait mention de cet aspect, tient compte des ressources et des relations qui permettront aux responsables d’atteindre leurs objectifs. Les responsables musulmans doivent être compétents et efficaces. Tertio : les responsables de la gouvernance musulmane doivent être intègres et probes. Ils doivent se débarrasser de l’égoïsme et de la cupidité et avoir un sens élevé de l’intérêt des masses musulmanes.
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L’Autre Regard - N°022 du 05 janvier au 05 février 2015
Entretien
Quel constat faites-vous de la gouvernance actuelle des leaders musulmans ?
En toute sincérité, la gestion actuelle n’est pas conforme à l’enseignement islamique et beaucoup ne méritent pas la place qu’ils occupent actuellement. Dans notre pays, nous avons besoin de réformes afin que l’on puisse faire un renouvellement pour un changement tenant compte des aspirations spirituelles des musulmans et de leur positionnement dans les affaires politiques, économiques, sociales ; tout ce qui est en concordance avec la réalité de la gouvernance classique dans un monde capitaliste. Malheureusement, dans les deux cas, notamment religieux et mondains, les musulmans sont à côté de la plaque. Les musulmans sont victimes de leur propre ignorance et de leurs actes. Est-ce que cela n’est pas lié aux débats incessants des courants musulmans ? notamment sur la question de l’innovation et autres sujets de la foi, qui freinent notre clan dans la participation aux affaires ? La question de l’innovation est cultuelle. Il n'y a aucun lien avec la participation à la gestion des affaires de la société. L’Islam s'adapte au temps et aux réalités auxquelles il doit y faire face. Dire que faire face à des réalités politiques, économiques et sociales relève de l’innovation, ce serait une mauvaise lecture de l’Islam. Le Bid'a (innovation) en exemple, c’est de faire un rajout ou une omission à une loi déjà inscrite par le Coran ou le prophète (psi). Le Coran dit clairement que Dieu nous a créés pour que nous bâtissions le monde. Pas de se contenter des actes cultuels et spirituels seulement.
Mais les divergences et conceptions de la loi ne seraient-elles pas pour quelque chose dans le sous-développement des musulmans ou dans leur isolement par rapport aux affaires de la vie ? Pour vous répondre, il y a deux lectures à observer ; la première, ce sont les interprétations et autres analyses peuvent converger dans un même sens, pour le bien-être spirituel du musulman. Les musulmans ont le loisir de varier dans leur compréhension afin de concilier les positions. Cette attitude est encouragée par la loi du Coran. La divergence objective des pensées en Islam est une richesse et une force invincible pour les musulmans à l’instar des quatre écoles de pensée notamment Malékite, Hanbalite, Chaféite, Hanafite... Elles se divergent dans les interprétations et ont un but commun, l’accession à la compréhension des masses musulmanes. Imam Châfi fut élève auprès de Malik, et Imam Ahmad priait à tout moment pour l'Imam Châfi tant et si bien que son fils l'interrogea un jour sur la cause d’un tel respect : « Imam Châfi est comme le soleil pour les hommes, comme le soleil est pour la terre », répondit Imam Ahmad. Du vivant du prophète (psl), ses compagnons n’avaient pas la même compréhension des questions de la religion mais ils ne se battaient pas et ne se divisaient pas et le Le prophète (psl) a toujours respecté leur choix. Par contre, au Burkina, nos divergences sont celles que l’Islam condamne, elles ne sont pas objectives parce qu’elles ne relèvent pas de la connaissance musulmane. C’est un manque de savoir. Quand un musulman ou un groupe de musulmans se situe dans la voie de la vérité et met le reste sur celle du mensonge, cela n’est pas islamique. L’Islam n’est pas une propriété privée ou celle d’un groupe de personnes donné. Il est pour tous ceux qui se reconnaissent dans l’Unicité d’Allah et la prophétie de Muhammad (psl). La religion musulmane a pour objectif de guider les gens. Ce qui nous incombe en premier, c’est le souci de pouvoir guider ces personnes ; ce n'est pas le rejet, la haine de ces personnes qui doivent nous admirer. Sinon, au Burkina Faso, les positions et les divergences des musulmans les ont affaiblis ; raison pour laquelle ils ne peuvent pas s’entendre pour de grandes réalisations religieuses ou mondaines. Les autres confessions se divergent, mais quand il... Il s’agit des affaires mondaines qui resserrent leurs rangs et voilà qu’elles sont dans toutes les sphères de la vie de la nation. Sur ce sujet notamment, il y a encore des efforts à faire. Est-ce que le rattachement exclusif à l’au-delà n’est pas une explication à cette faiblesse des musulmans ? C’est Dieu qui dit aux musulmans de chercher la vie d'ici-bas et celle de l’au-delà. Les deux mondes méritent qu’on s’engage.
Nous sommes un pays où la majorité des commerçants sont musulmans, les intellectuels musulmans sont considérables et dans tous les domaines, la présence musulmane est significative. Ce qui nous manque, c’est l’organisation. Quelles prières faites-vous pour les autorités de la transition ? Elles ont pris un accord avec le peuple et la communauté internationale pour une transition d'une année afin de pouvoir organiser des élections libres et transparentes en respectant la charte de la transition. Le peuple a foi en ces autorités. En 2015, les partis iront à la conquête du pouvoir, c’est de les Interpeller déjà, qu’ils doivent comprendre le message du peuple, qui a besoin de mesures sociales qui vont booster l'économie. Le peuple a ses aspirations, c’est de les respecter une fois au pouvoir. Pour finir, c’est de lancer un appel à ce peuple d’être patriote et intègre. De ne plus donner sa voix pour des choses insignifiantes qui ne servent pas du tout. Choisissez les candidats en fonction de leur programme.
Nous prions pour nos nouvelles autorités pour la transition et pour le pays afin que la démocratie véritable s’installe et que nous puissions prospérer.
Entretien réalisé par Arouna Guigma.
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Société
CONGRES NATIONAL DE L’AEEMB
Une nouvelle équipe pour de nouvelles missions
L’Association des élèves et étudiants musulmans au Burkina (AEEMB) a tenu son 15e congrès les 25, 26, 27 et 28 décembre 2014 à Ouagadougou. Le clou des activités a eu lieu dans la matinée du dimanche au sein de l’Université de Ouagadougou. Le fait majeur de ce congrès, c’est bien le renouvellement du bureau de la plus grande association musulmane de jeunesse. Un parterre de personnalités religieuses a honoré de sa présence cette cérémonie. L'Association des élèves et étudiants musulmans au Burkina Faso a convié les musulmans le dimanche 28 décembre 2014 à l’Université de Ouagadougou. Objectif : présenter les nouveaux membres qui vont présider aux destinées de l'association les deux prochaines années. Le président sortant, Issaka Ouédraogo, a dans son allocution d'au revoir, salué tous ceux qui ont aidé l’AEEMB à écrire ses lettres de noblesse. Pour lui, si l’AEEMB est ce qu’elle est aujourd'hui, « c'est grâce au soutien moral, financier et technique des différentes associations. islamiques du pays, à la bienveillance de l'administration, aux conseils de généreuses personnes et à la contribution de ses partenaires ». Il a également porté à la connaissance de l’assistance que ce congrès est une instance de prise de grandes décisions pour la vie de FAEEMB. Le président sortant n'a pas manqué de prodiguer des conseils à la toute nouvelle équipe. Il a notamment attiré l’attention de la nouvelle équipe sur les difficultés auxquelles elle sera confrontée. « Vous réussirez cette mission si vous placez Allah au centre de vos affaires », a-t-il conseillé. Issaka Oucdraogo a témoigné son admiration pour le dynamisme et le résultat auxquels ils sont parvenus. Le tout est à la tête d'une équipe de 17 membres pour un mandat de deux ans. Le nouveau président est le frère Ali Sawadogo, étudiant en 3e année de géographie.
Par Arounan Guigma
SERMON DU 7 NOVEMBRE 2014
Comment se prémunir des calamités
Au nom d'Allah, le Tout Clément et le Miséricordieux. Nous le louons, nous implorons son secours. Que Sa Paix et Son salut se déversent sur le Prophète Mohammad (SAW), sa famille, ses compagnons et sur tous ceux qui emboîteront leurs pas jusqu'au jour dernier. Chers frères et sœurs dans la foi, comment se prémunir des calamités ? Tel est le sujet de notre sermon du jour. Allah (SWA), dans sa sagesse, a promis d’éprouver ses créatures et surtout celles qui portent la foi. Il a dit dans le Coran 2, je cite : *Nous vous éprouverons par des choses comme la peur, la famine, la réduction de vos biens et de personnes et par la destruction de vos récoltes. Mais annonce la bonne nouvelle aux patients*. Ainsi, pour le musulman, tout ce qui l’atteint comme épreuves heureuses ou douloureuses est l’accomplissement de la volonté d'Allah. À Lui nous appartenons et vers Lui nous retournerons. Cela dit, Allah (SWA), dans sa justice et dans sa volonté de protéger ses créatures, nous a enseigné des voies et moyens pour nous aider à nous prémunir des calamités. Si nous faisons nôtres ces enseignements, par sa volonté, nous arriverons. à éviter nombre de calamités sur nos biens et sur nos personnes. Il faut souligner d’ores et déjà que les actes d’adoration que le musulman accomplit dans la recherche de l’agrément d’Allah (SWA) constituent également des causes de préservation contre les épreuves douloureuses. Dans un hadith authentique, le prophète (SAW) nous a fait cas de ces trois individus qui s’étaient retrouvés coincés dans une grotte. Aucune solution ne se présentait à eux. Alors, ils eurent la présence d'esprit d’évoquer les bonnes actions que chacun d’eux avait accomplies par le passé avec l’espoir que cela constituerait une solution à leur problème. L’un d’eux s’est fondé sur le respect qu’il avait pour ses parents. L’autre a évoqué le fait qu’il avait été juste envers son employé. Le troisième a évoqué le fait qu’il était en mesure de commettre l’adultère mais a renoncé par crainte d’Allah. C’est alors que la pierre qui les avait enfermés dans la grotte fut écartée pour leur permettre de sortir. Ainsi, déjà ces trois moyens. constituent des causes de préservation contre une épreuve. Du fait de leurs bonnes actions, Allah a remplacé la difficulté à laquelle ils étaient confrontés par une issue favorable. Chers frères dans la foi, la crainte d’Allah en tout temps et en tout lieu est un moyen efficace contre les calamités. Allah (SWA) a dit dans le Coran, je cite : « Quiconque craint Allah, il lui trouve une porte de sortie ». Ce verset a un sens global. Il s’agit d’une porte de sortie dans toutes les difficultés. Le prophète a ajouté à cela, dans un hadith authentique, je cite : « Préserve Allah et il te préservera. Préserve Allah, et tu le trouveras à tes côtés ». Préserver Allah signifie éviter de commettre ce qu’il déteste et se conformer à ses injonctions. Ensuite, un autre moyen d’échapper aux calamités, c’est de se confier et de placer entièrement sa confiance en Allah seul. Il a dit dans le Coran, je cite : « Quiconque se confie à Allah, Allah lui suffira ». Il y a aussi comme moyen, le fait de s’accrocher aux... Invocations du matin et du soir. Elles sont certes nombreuses, mais chacun selon ses capacités peut s’accrocher à certaines d’entre elles et les réciter quotidiennement. Il y a également le fait d’être en permanence dans les évocations. On se rappelle l’exemple du prophète Younouss quand il était dans le ventre de la baleine. Allah nous confie dans le Coran que s’il n’avait pas été du nombre des évocateurs, il y serait resté jusqu’au jour dernier. À cela, on peut ajouter le fait d’accomplir les prières en groupe, et surtout celle du matin. Le prophète (SAW) a dit que celui qui accomplit la prière de Fajr en groupe, il sera sous la protection d’Allah. La liste est longue. On retiendra l’accomplissement du bien, l’entraide, l’aumône dans le licite et tout ce qui est agréé par Allah de façon générale. Le prophète (SAW) a dit, je cite : « L'accomplissement éloigne l'homme des calamités. L'aumône anéantit la colère d'Allah. L'accomplissement de la piété filiale est une source de longévité ». Retenons que la Protection dont il est fait cas englobe même les membres de la famille de celui qui accomplit les actes que nous venons de citer. Nous en voulons pour preuve l’exemple cité dans la sourate Kahf lorsque Moussa et Aïdara ont construit le mur des orphelins. La raison évoquée était que leurs parents étaient des gens bien. C’est dire que tous ceux qui sont sous notre protection peuvent bénéficier par ricochet de nos bonnes actions. Ajoutons aussi le fait d’enjoindre le bien et de s’interdire le blâmable. Si dans une communauté cela n’existe pas, quand il y a une calamité, elle s'abat surtout sur le monde. Qu’Allah nous en préserve. Qu’il nous éloigne des calamités. Qu’il nous pardonne nos fautes et nous guide sans cesse sur le droit chemin.
Imam Mahmoud Ouédraogo
La liste des membres du Comité exécutif du mandat 2014-2016.
Porter Nom Prénom Niveau d'Étude Contact
Président Savvado Ali Graphique 3 70878011
1er vice-président Iboudo Mahamady SEC 3 72845972
2e vice-président Dama Vaya Anglais 2 75367533 Secrétaire général : Sa ko Abdoulaye SVT2 71821567
Secrétaire général adjoint : Savvadogo Boubacar SEC. 1 78077014
Trésorier général : Sawadogo Karim SEG2 73612439 70460657
Trésorier général adjoint : Mandé I lamadc SIKH
Secrétaire à l'Organisation et à la Communication : K A EGA Saydou Génie Civile 2 71652511
SOC adjoint : BARRY I lassane Psycho 1 60706092
Secrétaire aux Activités Culturelles : NI K IBM A A lassane SJP4 71095646
SAC adjoint : SANA DAOUDA Histoire 1 70757562
Secrétaire à la Mobilisation et à la Formation des sœurs : KABORE Eatoumata Anglais 4 t 76672711
SMFS adjoint : Fatoumala SJP 1 78653 567
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PROMOTION DE LA JEUNESSE MUSULMANE
L'Italie sunnite donne l’exemple
Du 2 au 4 janvier 2015, la cité de Naaba Onbri a accueilli la jeunesse du Mouvement sunnite venue des quatre coins du pays. Il s'agissait pour ces jeunes d'élaborer un plan stratégique au profit de la jeunesse musulmane avec pour finalité de trouver des réponses aux besoins. spirituels, socioéconomiques et civiques. Cet atelier a eu pour thème : « Promotion de la jeunesse du mouvement sunnite : quelles stratégies, enjeux et défis » et était placé sous le parrainage de El Hadj Adama Soudré. Ils étaient au total 95 jeunes issus des mouvements associatifs de jeunesse musulmane à prendre part à cet atelier d’élaboration du plan stratégique au profit de la jeunesse musulmane du mouvement sunnite. Ce cadre d'échange, qui découle d'un processus de sensibilisation, d’encadrement et de responsabilisation de la jeunesse musulmane, a eu pour thème général : « Promotion de la jeunesse musulmane : Quelles stratégies, enjeux et défis ».
La jeunesse musulmane, c'est une lapalissade, souffre des mêmes maux que connaît la jeunesse burkinabè, mais avec un accent encore particulier. Ces maux sont assez nombreux, divers et diversifiés pour ne pas être connus. Ils ont pour nom, le manque de qualification, conséquence immédiate du nombre, nous sommes les mieux nantis pour faire changer beaucoup de choses dans. Ce manque d’emploi et du chômage ; d'accompagnement financier ou non ; le manque d’encadrement et j'en passe. Ce qui pose le problème de son plein épanouissement. Pour trouver des réponses à tous ces besoins, « le Mouvement sunnite a décidé, au cours de son dernier congrès, de créer un Commissariat général en charge de la jeunesse. Depuis lors, nous avons ensemble discuté sur ces questions afin de trouver la formule appropriée pour les résoudre. C’est dans ce cadre qu'intervient cet atelier d'élaboration de notre plan stratégique qui prendra en compte les trois prochaines années », a noté le commissaire général de la jeunesse du Mouvement sunnite, El Hadj Abdoul Aziz Compaoré. « Vous savez, nous les musulmans, nous sommes une force. Nous sommes les plus nombreux. Nous pouvons de ce fait trouver toutes les solutions aux problèmes de notre communauté. Il faut juste une organisation et une structuration pour y parvenir. C’est en cela que cet atelier, une première, est la bienvenue », confie le parrain de l’activité, El Hadj Adama Soudré. Le président du Mouvement Sunnite, El Hadj Adama Nikièma, dans son allocution, a salué cette initiative de la jeunesse. « Le Mouvement sunnite, en créant au cours de son dernier congrès le département de la jeunesse, a conclu que si la jeunesse s'organise et s'épanouit, c'est toute la communauté qui y gagne parce que nous sommes les plus nombreux. Rien ne nous empêche de nous organiser. Ensemble et avec l'aide de Dieu, nous pouvons permettre à la jeunesse de passer au crible les problèmes qu’elle connaît et d'élaborer une vision commune et des propositions qui seront reversées au bureau national pour leur mise en œuvre dans l’intervalle des trois prochaines années. Ces propositions ont pris en compte divers domaines allant de la question spirituelle à celle de la citoyenneté, en passant par les questions de santé. Renforcement des capacités des jeunes, de leur structuration... Pour le bureau, des dispositions sont prévues pour la mise en œuvre de ces propositions. « Nous pouvons avec l’aide de Dieu mettre en œuvre ce plan stratégique. Nous avons tout ce qu'il faut pour y parvenir », rassure le président, El Hadj Adama Nikièma.
Le commissaire général de la jeunesse, El Hadj Abdoul Aziz Compaoré, a également confié que tout sera mis en œuvre pour qu’au cours des trois prochaines années, ce plan soit entièrement exécuté. « Nous pouvons réaliser ce plan avec l’aide de Dieu. Pour nous les musulmans, le problème de moyens ne se pose pas. Si nous sommes unis, nous pouvons réaliser beaucoup de choses. C'est pourquoi je lance un appel à l’union de tous les musulmans. Cela nous permettra de mieux exploiter notre force. »
C’est sur cette note d’espoir que les participants se sont donné rendez-vous pour les prochaines échéances. Selon le chronogramme, une rencontre de lancement du plan stratégique aura lieu dans six mois. Bobo-Dioulasso n
Par Abou Waqâss
Axe 1 : jeunesse musulmane et spiritualité
Axe 2 : jeunesse musulmane et éducation
Axe 3 : jeunesse musulmane et emploi
Axe 4 : jeunesse musulmane et santé
Axe 5 : renforcement des capacités des jeunes
Axe 6 : assistance sociale et appui-conseils
Axe 7 : jeunesse musulmane et développement du sport
Axe 8 : organisation et structuration de la jeunesse musulmane citoyenneté.
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L’Autre Regard - N°022 du 05 janvier au 05 février 2015
Nos pieux prédécesseurs
Les principales particularités de la biographie prophétique
La biographie du prophète est encore méconnue par nombre de musulmans. Cette biographie, par rapport à celle des autres envoyés de Dieu, est bien fournie. Nous vous livrons quelques particularités de la biographie du dernier messager de Dieu.
Premièrement : L’authenticité basée sur les narrations par le biais de chaînes de rapporteurs continues, constituées de personnes honnêtes et dignes de confiance, qui ont partagé avec le Messager (Paix et bénédiction). d’Allah sur lui) des moments de sa vie, puis les disciples des Compagnons (Tâbioun) qui ont vécu avec ces derniers, ont entendu d'eux et ont rapporté d'eux. Les Compagnons ont vécu avec le Prophète (Paix et bénédiction d'Allah sur lui) et ont participé au façonnage de sa biographie ; ensuite, beaucoup parmi eux ont vu leur vie se poursuivre pendant de longues périodes après le décès du Prophète (Paix et bénédiction d’Allah sur lui) ; ils vécurent avec leurs disciples pendant une longue période.
Dès lors que nous savons que parmi les Compagnons, il y en a qui ont vécu jusqu’à l’an cent de l’hégire et même un peu au-delà, comme Abu Toufail Amir ibn Wâtsilah qui est décédé en l'an 101 H, Mahmoud ibn Rabî’ en l’an 99 H, Abdullah ibn Bisr Al Mâzaty en l’an 96 H, Anas ibn Mâlik en l’an 93 H, qu’Allah soit satisfait d’eux ; que nous savons également que la compilation de la Sunna commença officiellement sous le règne de Oumar ibn Abdul Aziz -qu’Allah lui accorde la miséricorde- et que ce dernier est décédé en l’an. 101 H ; si donc nous savons tout cela, il devient certain pour nous que la continuité de l’apprentissage de la Sunna et de la biographie prophétique ne s’est jamais rompue ; et qu'il n’y a pas eu une période de passage à vide entre la compilation de la Sunna et l’apprentissage du Messager (Paix et bénédiction d’Allah sur lui), puis des Compagnons, puis des disciples des Compagnons.
Deuxièmement : La compilation de la biographie prophétique a eu lieu de bonne heure : La compilation de la Sunna commença en même temps que celle de la biographie prophétique, très tôt du vivant du Messager (Paix et bénédiction d’Allah sur lui) et cela par le biais de la rédaction des hadiths ayant trait aux événements qui eurent lieu à son époque comme par exemple le début de sa mission prophétique, le début de la révélation, ce qu’il a enduré à la Mecque avant son émigration vers Médine et avant cela, l’émigration de certains de ses Compagnons vers l’Abyssinie, ses épouses, ses expéditions. militaires et ses voyages, et bien d’autres choses qui ont un rapport avec sa personne et son comportement durant toute sa vie. Toutes ces choses sont enregistrées dans la Sunna et ses livres. Quant à la compilation complète de la biographie prophétique, elle commença à l’époque de Mouawiya ibn Abî Soulyan - Qu’Allah soit satisfait de lui - lorsque Abdullah ibn Abbas - Qu’Allah soit satisfait de lui - décédé en l'an 68 H - enseignait à ses élèves la généalogie du Prophète (Paix et bénédiction d’Allah sur lui) et ses expéditions militaires tandis que ses élèves écrivaient cela. Abdullah ibn Amr ibn Al Âcc - Qu’Allah soit satisfait de lui - décédé en l’an 63 H - fit la même chose, de même que Al Barra ibn Âzib - Qu’Allah soit satisfait de lui - décédé en l’an 74 H - il enseignait à ses élèves les expéditions militaires du Messager d'Allah (Paix et bénédiction d'Allah sur lui). À l'époque des Tâbioun - ceux qui ont vécu avec les Compagnons et ont appris auprès de ces derniers - on commença à écrire des livres sur la biographie prophétique ; le livre de Ourwa ibn Az-Zoubair ibn Al-Awâm -décédé en l’an 93 H- y fut écrit ; c’est le Ris de l’illustre Compagnon Az-Zoubair ibn Al-Awâm -Qu’Allah soit satisfait de lui-. Il écrivit le livre Les expéditions militaires du Messager d'Allah (Paix et bénédiction d’Allah sur lui).
Les principaux livres écrits par les disciples des Compagnons sont ; le livre de Abânc ibn Ulhman ibn Affân -décédé en l’an 105 H- c’est le Ris du calife du Messager d’Allah (Paix et bénédiction d’Allah sur lui). Il acheva son livre sur la biographie prophétique et les expéditions militaires avant l’an 83 H ; ensuite le livre de Wahb ibn Mounabih -décédé en l’an 110 H-, une partie de son livre Les expéditions militaires (Al Maghazi) se trouve dans la ville de Heidelberg en Allemagne ; eux tous ont vécu avec les Compagnons et ont appris auprès d’eux.
Les deux livres les plus complets sur la biographie du Prophète (Paix et bénédiction d’Allah sur lui) sont : As-Siyar wal Maghazi de Muhammad ibn Ishaq - décédé en l’an 151 - Al-Siratoun Nabawiya de Ibn Hicham - décédé en l’an 213 - et tous ces deux auteurs ont vécu avec les Compagnons et ont appris auprès d'eux.
Troisièmement : L’intégralité et la clarté : Les détails de la biographie du Prophète (Paix et bénédiction d’Allah sur lui) sont établis de manière intégrale et claire dans toutes ses étapes, depuis le mariage entre son père Abdullah et sa mère Amina bint Wahb jusqu’à sa naissance, puis le début de sa mission avec tout ce qu’il a traversé avant cela, de la propagation de son message jusqu’à son décès.
Ainsi, toute personne qui veut connaître les détails de la vie du Messager (Paix et bénédiction d'Allah sur lui) peut y parvenir aisément à partir de nombreux livres de référence dont l'appartenance à leurs auteurs est vérifiée et les détails historiques authentifiés de manière scientifique.
Le Messager (Paix et bénédiction d’Allah sur lui) - comme l'a dit l’un des critiques occidentaux - « est le seul qui est né sous la lumière ». De la Sunna et de la biographie prophétique contiennent, ainsi que le Qur’an noble, tous les détails de la vie publique et privée du Prophète (Paix et bénédiction d’Allah sur lui). De nos jours, nous connaissons avec précision la description de son aspect, de son caractère et de ses mœurs. Nous connaissons par exemple : la couleur de sa peau, la forme de son nez et de ses fosses nasales, la forme de sa bouche et de ses dents, la couleur de ses cheveux, sa taille, sa démarche et sa manière de s’asseoir, sa manière de parler et de rire, sa nourriture préférée, sa manière de manger, de boire, voire ses rapports conjugaux, son comportement envers ses épouses ; et mieux que cela, les vestiges et les restes de sa maison et sa tombe dans laquelle il fut enterré sont présents jusqu’à l’heure actuelle. Il est possible de s’assurer de tous les caractères qu’on lui attribue par le biais des outils scientifiques modernes. La biographie du Prophète (Paix et bénédiction d’Allah sur lui) a bénéficié d’une préservation et d’une sauvegarde telles qu’on n’en a jamais vues pour une personne auparavant et telles qu’on n’en aura jamais avec quiconque après lui. Ces trois particularités nous donnent une certitude absolue quant à la biographie du dernier des Prophètes, Muhammad ibn Abdullah (Paix et bénédiction d’Allah sur lui), et nous donnent la certitude fondée sur une base scientifique et méthodique qu’il est le Messager envoyé par Allah à l’humanité toute entière.
Les références de la biographie prophétique L’authenticité est considérée comme la qualité principale dans tout l’héritage islamique. C’est une spécificité qu’Allah -l’Exalté- a attribuée exclusivement au message final et cela procède de sa sagesse parfaite ; En effet, la dernière religion doit être préservée et sauvegardée afin d’être héritée successivement par toutes les générations humaines jusqu’au Jour de la Résurrection. Pour cela, Allah -l’Exalté- dit : « En vérité, c'est Nous qui avons fait descendre le Coran (Dzikr), et c'est... » Nous qui en sommes gardiens (sourate Al Hijr, verset 9) faisons partie de la préservation du message, c'est-à-dire la législation islamique tirée du Qur’an et de la Sunna, ainsi que la préservation de la biographie de celui qui l’a apportée. Pour cela, Allah a voulu que la biographie de Son Messager (Paix et bénédiction d’Allah sur lui) soit préservée dans plusieurs références authentifiées.
Les principales références de la biographie prophétique sont au nombre de trois :
1. Le Qur'an noble : une bonne partie de la biographie du Prophète (Paix et bénédiction d’Allah sur lui) est mentionnée dans le Qur’an. Allah -l’Exalté- a évoqué la situation du Prophète (Paix et bénédiction d’Allah sur lui) depuis son enfance dans ce verset : « Ne t'a-t-il pas trouvé orphelin ? Alors il t'a accueilli ! Ne t'a-t-il pas trouvé égaré ? Alors il t'a guidé » (sourate Ad-Douha, versets 6-7).
2. La Sunna prophétique : nous avons déjà expliqué dans ce qui précède que la Sunna prophétique comporte l'essentiel des détails de la biographie du Prophète. (Paix et bénédiction d’Allah sur lui) ; que ce soit ce qu’il a lui-même rapporté sur sa personne ou ce qu’ont rapporté de lui ses Compagnons - qu’Allah soit satisfait d’eux tous. Nous avons évoqué l’authenticité de cette référence ainsi que la méthode scientifique méticuleuse que les savants ont mise sur pied pour étudier la Sunna et ses références.
Les livres écrits sur la biographie du Prophète (Paix et bénédiction d'Allah sur lui) : nous avons suivi l'enchaînement de la compilation de ces livres et avons indiqué qu’il a commencé depuis l’ère des Compagnons - qu’Allah soit satisfait d'eux - et plus précisément sous le règne de Mouawiya ibn Abî Soufyan - qu’Allah soit satisfait de lui. L’écriture effective des livres commença et se poursuivit jusqu’à l’époque des disciples des Compagnons et ceux qui vinrent après eux. Il est possible de se référer au sous-titre relatif aux particularités de la biographie prophétique pour découvrir ces détails.
Par Salah Houssin, Autre Regard - N°022 du 05 janvier au 05. février 2015
RENCONTRE DU PF AVEC LES FORCES VIVES
Le compte rendu des différentes délibérations
Le président du Faso, Michel Kafando, a reçu tour à tour les Organisations de la société civile et les partis et formations politiques, le mardi 6 janvier 2015 à Kosyam. Faire le bilan des actions déjà menées par le gouvernement et recueillir des propositions pour la suite ; tel était le contenu de cette matinée d’audience. Des questions tenant à l’organisation des élections, à la constitutionnalisation de la CENI, le vote des étrangers, l’arrivée du Groupe international de contact à Ouagadougou... ont été abordées. Ils étaient nombreux à effectuer le déplacement de Kosyam en cette matinée du 6 janvier. Le jeu en valait la chandelle car c'était la toute première rencontre entre le PF et les OSC, ainsi que le PF et les partis et formations politiques. Le présidium était composé du Président du Faso, de son ministre de la Communication, Frédéric Nikimma, et de son directeur de cabinet, Mathieu Tankoano. Le premier groupe à fouler le... Sol de Kosyam a été celui des Organisations de la société civile. À celui-ci, le Chef de l’État a dit ceci : J’ai voulu cette rencontre d’abord pour vous faire le point de ce que votre gouvernement de transition a pu faire jusqu’à présent à l’issue du mandat que vous lui avez confié. Si nous sommes ici, c’est parce que vous, OSC, organisations politiques, forces vives avez dit non, et que vous avez voulu vous débarrasser d’un régime que le peuple ne voulait plus. Par conséquent, vous avez souhaité avoir des gens pour conduire la transition. Nous sommes vos serviteurs, nous ne sommes rien d’autre...
Sur le plan des institutions, nous avons formé le Gouvernement qui, il faut le reconnaître, comporte des hauts et des bas. J’ai toujours dit que quand vous venez comme ça, j’allais dire en novice, sur une aire qui a déjà été élaborée pendant 27 ans, c’est vraiment difficile que vous puissiez trouver de bonnes graines. Nous, nous avons mis notre bonne volonté à le faire. Il y a des ratés parce qu’il y a des... nominations qui n’ont pas plu et encore je dis, le gouvernement est ouvert à la critique. Si vous voyez des choses qui sont répréhensibles, vous devez le faire savoir, mais dans l’ordre et la compréhension. Vous devez le faire savoir mais ce n’est pas la peine de se mettre à faire un certain nombre d’exercices qui ne sont pas du tout dans le sens de la paix et de la tranquillité que nous voulons pour ce pays-là.
Deuxièmement, nous avons mis en place le Conseil national de transition, qui a pris fonction et qui a commencé à travailler et dont la première tâche a été la vue du budget. Mais il va certainement continuer parce que maintenant nous abordons la phase la plus dangereuse qui va consister à s’organiser à donner un programme pour que nous puissions aller aux élections. J’ai bien précisé à la communauté internationale, ceux-là même qui au début ont voulu nous sanctionner, que l’exemple du peuple burkinabè ne peut pas être compris comme l’exemple d’autres peuples où le pouvoir a été pris de façon plus. Ou moins préparée. Sachez que ce que vous allez faire pour la réussite de cette période est une référence non seulement pour l’Afrique, mais pour le monde entier et pour ces pays dont les chefs d’État rêvent encore de rester au pouvoir en manipulant leur constitution. Le Burkina aura de nouvelles institutions en novembre 2015, vous pouvez nous faire confiance. Je le dis encore, nous ne pouvons rien faire sans vous. Vous êtes le support de la transition. Je ne voudrais pas le répéter, sans vous, il n’y aurait pas eu de transition ; sans vous, nous ne serions pas ici pour vous parler en tant que président de la transition. C’est vous qui avez pris vos responsabilités ; s’il y a des choses qui ne vont pas, dites-le nous mais de façon gentille. Nous sommes des frères, nous sommes tous des filles et fils de ce pays.
À la suite de l’intervention du président du Faso, la parole est revenue à Jonas Bien pour s’exprimer au nom de toutes les OSC. Ce dernier, dans son adresse, a soulevé les différentes questions en débat au. sein des OSC et les différentes opinions qui les soutiennent.
« Excellence Monsieur le Président du Faso, Les organisations de la société civile (OSC) saluent cette rencontre avec vous autour des consultations électorales à venir. Ne maîtrisant pas à l’avance le format de cette rencontre, c’est-à-dire les points saillants devant faire l’objet d’échanges, nous n’avons pas organisé, en notre sein, des concertations larges devant donner lieu à des positions communes sur les points qui viendraient à être évoqués ici. Mais, étant donné que les organisations invitées sont celles actives dans le domaine de la gouvernance démocratique et des élections, nous pensons pouvoir apporter des contributions et points de vue, après vous, dans le sens de l’accompagnement de la Transition à réaliser ce que chacune et chacun de nous attend à la fin de cette transition. Ainsi, nous allons vous exposer un certain nombre de points de vue qui sont exprimés au sein des OSC (comme dans d’autres entités) et qui portent, pour L’essentiel, sur le couplage ou non des élections à venir, le vote ou non des Burkinabè de l’étranger pour l’élection présidentielle de cette année, la question de la candidature indépendante, la limite de la durée de mandat des élus nationaux (Députés) et des élus locaux, la constitutionnalisation de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) et de la professionnalisation de la CENI.
S’agissant du couplage des élections, deux opinions majeures se dégagent. La première est celle qui voudrait un couplage présidentielle - législatives. La deuxième prône des élections générales ou simultanées, c’est-à-dire l’élection présidentielle, les élections législatives et celles municipales, au même moment.
L’avantage du couplage présidentielle - législatives ou élections générales réside dans la réduction des coûts d’organisation des élections, en termes d’organisation matérielle et de déploiement de personnels. L’inconvénient, notamment des élections générales, c’est la difficulté qu’auront les populations. analphabètes à faire le choix des candidats ; ce qui va produire beaucoup de bulletins nuls. Concernant le vote des Burkinabè de l’étranger, les opinions sont aussi partagées. Une partie est pour le vote de nos compatriotes de l’étranger pendant l’élection de cette année et l’autre estime qu’il est matériellement difficile, au regard des réalités sur le terrain que la CENI avait relevées après des missions à l’étranger, mais à condition que la CENI rassure sur la faisabilité si toutes les conditions sont réunies. Permettre donc à ces compatriotes de voter serait leur rendre justice, conformément à la loi, mais la difficulté pourrait se trouver dans la pratique, pour cette élection de 2015, au regard du temps qui reste.
Pour ce qui est de la candidature indépendante, aux élections législatives et municipales, une seule opinion semble se dégager au sein des OSC et est favorable aux candidatures indépendantes. Pour les OSC, il s’agit simplement du respect de la Constitution qui reconnaît à chaque citoyen qui jouit de ses droits. Droits civiques d’être électeur et éligible pour la gestion des affaires publiques ; donc pour plus de démocratie. Seulement, l’inconvénient réside dans le mode de scrutin dans notre pays qui est un scrutin de liste, ce qui fait d’ailleurs qu’on parle de candidatures dépendantes et non de candidatures individuelles. D’aucuns pensent même qu’il faut donc arriver aux candidatures uninominales.
De plus en plus, la jeunesse a un intérêt pour le champ politique, et on devrait travailler à lui donner la possibilité de participer à la gestion des affaires publiques. C’est pourquoi, une opinion prône la limitation de la durée des mandats pour les élections législatives et municipales. Pour cette opinion, après avoir été élu trois fois (un mandat de cinq ans), c’est-à-dire après avoir été Député pendant quinze ans, on ne doit plus être éligible au poste de Député afin de mettre fin à des députations de carrière. La même opinion est valable pour les élus locaux (Maires, Conseillers municipaux). Certes, l’inconvénient pourrait être l’instabilité des partis politiques, car celui qui sait qu’il n’a plus de possibilité d’être élu Député, Maire ou Conseiller, ne trouverait pas intérêt à continuer dans les partis politiques. La constitutionnalisation de la CENI est jugée importante afin de faire de la CENI une institution républicaine en lieu et place de l’institution démocratique qu’elle est actuellement. Sur cette question, une même opinion semble également se dégager au sein des OSC, surtout qu’elle ne présente pas d’inconvénient.
Toujours par rapport à la CENI, faut-il garder la CENI actuelle ou y apporter des ajustements, voire même la dissoudre ? Les OSC ont des opinions divergentes sur cette question. Pour les unes, l’organisation des élections est un impératif pour la Transition et mettre en place ce que certains appellent CENI de transition entraînerait d’autres types de difficultés qui ne permettront. Pas de tenir les élections dans les délais au regard du temps qui reste. Cette première opinion prône donc le maintien de la CENI actuelle pour bénéficier de l’expérience qu’elle a déjà pour permettre d’aller plus vite. Toutefois, cette opinion est pour des réformes mais applicables aux élections qui viendront après la phase de la transition.
La deuxième opinion soutient le contraire et veut la professionnalisation de la CENI qui passerait par un recrutement de compétences qui seront formées à la gouvernance électorale et qui se chargeront d’organiser les élections de cette année et des autres années. La désignation de nouveaux membres de la CENI, la mise en place des démembrements, leur formation prend du temps et une opinion le relève comme inconvénient majeur s’il faut bouleverser la CENI actuelle et vouloir tenir les élections dans les délais voulus par la Transition.
Excellence, Monsieur le Président, il s’agissait là de vous donner des orientations sur les opinions au sein des OSC sur la question des élections. Élections qui vont certainement contribuer à alimenter les discussions afin de sortir des solutions qui permettent d’atteindre les objectifs de la transition en matière d’élections. Compte tenu du temps de cette rencontre, quelques interventions des participantes et participants ici présents viendront renforcer la synthèse des opinions que je viens de vous exposer.
Après les OSC, place a été faite pour les responsables et membres des partis politiques. Le contenu du message à leur livrer par le PF n’est pas aussi différent de celui des OSC. Après les salamalek, le PF a laissé entendre pour ce qui est du bilan qu’on peut faire à l’heure actuelle, que « ça va. Le Gouvernement a été mis en place, le CNT également, même si c’est avec quelques couacs. La Commission réconciliation, vérité et justice est déjà là. Sur le plan diplomatique aussi, ça va. Au départ, nous avons eu quelques difficultés. Certains pays n’ont pas accepté la prise de conscience du peuple burkinabè. Nous avons travaillé à leur faire. comprendre que la situation du Burkina Faso est spécifique. Dans notre cas, contrairement à d’autres pays, c’est tout un peuple qui a dit non à un système qu’il ne voulait plus. À l’heure actuelle, nous avons réussi à leur faire accepter notre situation particulière. Le Canada était l’un des pays qui refusaient de comprendre, mais tout dernièrement, le Canada l’a accepté. Nous n’avons plus de problème à ce niveau. Tout le monde a compris que c’est la voie et la volonté du peuple. Au niveau des pays voisins aussi, ça va. La Côte d’Ivoire n’a pas compris les choses au début comme nous l’aurions souhaité. Mais j’ai dit au président ivoirien « je comprends votre gêne parce que notre ancien président est chez vous. C’est un problème délicat pour vous... Mais nous avons fini par nous retrouver. À la réunion de Nouakchott, c’est le président ivoirien qui est venu lui-même me dire qu’il veut qu’on se rencontre. Nous nous sommes rencontrés, nous nous sommes expliqués et nous nous sommes compris. Pour ce qui est de la Transition, vous conviendrez avec moi que nous abordons désormais la phase la plus cruciale qui démarre avec ce mois de janvier. Nous avons rencontré la CENI pour arrêter les politiques, les échéances et la question des couplages est revenue sur la table. Mais nous avons quand même trouvé un point commun. C’est que pour des raisons budgétaires, il nous faut opter pour le couplage. Cependant, nous pensons que si on veut tout coupler, nous risquons de perdre l’essentiel, c’est-à-dire que nous n’aurons pas des élections transparentes telles que nous le souhaitons.
Alors le schéma qui se dessine, c’est de coupler la présidentielle et les législatives et d’organiser par la suite les municipales ou même qu’on laisse le soin au prochain exécutif de le faire. Le problème difficile du vote de l'étranger ; le vote de l’étranger donne l’air d’être simple mais dans la réalité, c’est plus difficile que cela. Nous n’avons plus que 9 mois... Il faut noter que le vote des Burkinabè de Côte d’Ivoire risque d’être assez. Difficile. D’abord, c’est la plus grande communauté que nous avons à l’étranger et c’est le pays où nous n’avons pas beaucoup d’amis. Il y a aussi certaines opérations qui auraient dû être faites et ne l’ont pas été. La question paraît difficile. Nous avons peur aussi que le danger ne vienne de là-bas. Nous avons peur que les choses se gâtent ici parce que là-bas, on aurait manigancé quelque chose. Toutefois, vous devez y réfléchir aussi.
13 janvier, réunion avec le Groupe international de contact ; le groupe international de contact est composé de la CEDEAO, de l’UA, des Nations Unies et de certains bailleurs de fonds. Son objectif est de suivre la situation au Burkina Faso, d’évaluer ce que nous avons fait et ce que nous devons faire.
Je crois que trois chefs d’État viendront voir ce que nous avons pu faire : ce sont les présidents sénégalais, togolais et ghanéen. Nous aurons besoin de votre concours, de vos conseils et de votre assistance. C’est extrêmement important si nous voulons réussir la... transition. C’est pour cela que j’ai pensé qu’il faut que nous ayons un contact, d’autres contacts viendront.
Par Abu Waqâss
L'Autre Regard - N°022 du 05 janvier au 05 février 2015
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Les avantages tirés du rappel d’Allah (Ad-Dhikr)
Il y a dans le Dhikr plus de cent avantages (parmi lesquelles) :
1 - Il chasse Satan, le réprime et le brise.
2 - Il entraîne l’agrément de Dieu.
3 - Il dissipe les soucis et les angoisses du cœur.
4 - Il procure au cœur la joie et l’allégresse.
5 - Il illumine le visage et le cœur.
6 - Il fortifie le cœur et le corps.
7 - Il attire la subsistance.
8 - Il revêt l’invocateur de respect, de douceur et d'aspect agréable.
9 - Il fait acquérir l’amour qui est l’esprit de l’Islam, le moteur de la religion et l'axe du bonheur et du salut.
Dieu a suscité une cause à chaque chose et celle de l'amour (de Dieu) est inscrite dans la continuité de la pratique du Dhikr. Celui qui veut gagner l'Amour de Dieu doit Le mentionner souvent. C’est que le Dhikr est la porte de l'amour, son plus. Grand symbole et sa voie la plus droite. 10-11 fait acquérir à l’invocateur qu’Allah l’observe et le fait de s'introduire dans la porte qui mène au degré de l'ihssan (la perfection dans l’adoration). Ainsi, il adorera Dieu comme s’il Le voyait. Il n’y a donc à l’insouciant aucune autre issue vers le rang de l’ihssan que celle du Dhikr, de la même manière que celui qui demeure assis ne pourra jamais rejoindre sa maison qu’en marchant. 11-11 fait obtenir la qualité de « la remise confiante à Dieu dans toutes ses affaires », c’est-à-dire le retour à Dieu. Et celui qui se retourne souvent vers Dieu au moyen du dhikr, verra son cœur se tourner vers Dieu en toutes circonstances. Dieu devient ainsi son refuge et son asile, son Protecteur contre les calamités et les malheurs de la vie. 12-11 héritera une place rapprochée de Dieu. Ainsi, en fonction de l’ampleur de son Dhikr se situe sa position par rapport à Dieu. C’est dire que plus son Dhikr est abondant, plus il se trouve dans la proximité de Dieu et plus son... L'insouciance s’accroît (en ne se rappelant pas Dieu), plus son éloignement s’accentue. Il lui ouvre une des plus grandes portes de la connaissance. C'est-à-dire que son savoir grandira au fur et à mesure que ses évocations se multiplieront.
Il lui procure le respect mêlé de crainte envers son Seigneur, Sa magnificence en raison de l'emprise que le Dhikr a sur son cœur, et de sa présence constante avec Dieu. C’est le contraire de l’insouciant dont le voile du respect mêlé de crainte est trop épais dans son cœur.
Il lui procure la mention que Dieu fera de lui, comme l’indique ce verset : « Souvenez-vous de Moi et je Me souviendrai de vous » (Sourate 2, verset 152). S'il n'y avait que cela comme bienfaits du Dhikr, cela suffirait comme mérite et noblesse. Le Prophète -salla Allahou 'alayhi wa sallam- a rapporté ce que son Seigneur a dit : « Celui qui se souvient de Moi en lui-même, Je Me souviendrai de lui en Moi-Même. Celui qui me mentionne dans une assemblée, Je le mentionnerai dans une assemblée. meilleure. » [Rapporté par Bukhârî] 16-11 réconforte la vie du cœur. J'ai entendu le chaykh al-Islâm Ibn Taymiyya - qu'Allah lui fasse Miséricorde - dire : « Le Dhikr est au cœur ce que la peau est au poisson. Quel serait l'état du poisson s'il venait à quitter la peau ? » 17-11 évacue la rouille du cœur. Chaque chose a sa rouille et celle du cœur, c’est l’insouciance et les passions irréfléchies ; et son polissage se fait par le Dhikr, le repentir et la demande du pardon à Dieu. 18-11 efface les fautes et les élimine complètement. Il compte au nombre des plus grandes œuvres et celles-ci chassent inévitablement les mauvaises actions. 19-11 détruit l’appréhension (al waheha-tou) qui sépare l’adorateur de son Seigneur. C’est qu’entre l’insouciant et Dieu, il y a une cloison (appréhension) qui ne peut être effacée que par le Dhikr. 20 - Lorsque le serviteur fait la connaissance de Dieu à travers son Dhikr pendant les jours heureux, il le connaîtra aussi pendant les jours sombres. En effet, lorsque le serviteur Obéissant, qui invoque Dieu, est gagné par l’adversité ou demande à Dieu de satisfaire un de ses besoins, les anges disent : « Ô Seigneur ! C’est une voix connue d’un serviteur connu. » Par contre, quand l’insouciant appelle Dieu et lui demande quelque chose, les anges disent : « Ô Seigneur ! C’est une voix inconnue qui provient d’un serviteur inconnu. »
Il sauve du châtiment de Dieu, comme l’a indiqué Mu’âdh - qu'Allah l'agrée : « Il n’y a pas meilleur salut vis-à-vis du châtiment de Dieu que le Dhikr de Dieu. » [Rapporté par Tirmidhi.] C’est la cause qui fait descendre la sérénité (sakina), celle de la manifestation de la miséricorde et le regroupement des anges autour des invocateurs, comme nous en a informé l’Envoyé de Dieu - qu'Allah lui fasse miséricorde.
Il occupe la langue, et de ce fait celle-ci ne commet pas de calomnie et médisance, ni de mensonge, ni turpitude ni de vaines choses. C’est que l’homme est obligé de parler. Donc s’il n’occupe pas sa langue à invoquer Dieu et à rappeler. Ses prescriptions qu'il met en pratique, il lui donne toute la latitude pour verser dans le langage prohibé. Or, il n'y a pas de voie plus salutaire pour se débarrasser de toutes les formes d’insanité, que le Dhikr. Les témoignages et les expériences le prouvent. En effet, celui qui habitue sa langue à invoquer Dieu, il la protège dès lors de ce qui est vain et des propos malsains. Par contre, celui dont la langue omet le Dhikr, il se laisse aller à la malfaisance et à l’immoralité. Il n'y a de force ni de puissance qu’en Dieu.
Les assemblées du Dhikr sont aussi celles des anges. Quant à celles des paroles oiseuses et de la dissipation d’esprit, elles relèvent du domaine des démons. Que le serviteur opte pour ce qui lui convient. Son choix l’accompagnera toute sa vie et ira avec lui dans la vie dernière.
L’invocateur éprouvera du bonheur avec son Dhikr. La même sensation sera ressentie par celui qui prendra place à ses côtés. C’est là l’homme béni, là où il se trouvera. Quant à l’insouciant, son... absence d’esprit et ses paroles inutiles le rendront malheureux. Celui qui le côtoiera souffrira des mêmes effets.
26 - Le Dhikr préserve le Dhakir des regrets du jour du jugement. C’est parce que la participation à toute assemblée, où le Seigneur n’est pas invoqué, sera source de regret et de désolation dans le jour du jugement.
27 - Pour les larmes versées, (lors du Dhikr) à l’abri de tous les regards, Dieu mettra son serviteur à l’ombre de Son Trône pendant la grosse chaleur du Jour de la résurrection.
28 - Se préoccuper du Dhikr procure à l’évocateur une faveur de la part de Dieu, meilleure que celle qu’Il donne aux demandeurs. Selon Omar Ibn al-Khattâb -qu'Allah l'agrée-, l’Envoyé de Dieu -salla Allahou 'alayhi wa salam- a dit : « Dieu dit : À celui qui est occupé par la lecture du Coran et par Mon Dhikr, Je lui donne plus que ce que Je donne aux demandeurs. »
29 - Le Dhikr est la plus facile des pratiques cultuelles mais il compte au nombre des plus magnifiques et des plus profitables. C’est que le Le mouvement des lèvres est plus aisé que celui des membres. Alors que si quelqu’un se met à bouger un de ses membres nuit et jour comme le Dhakir (l’invocateur) bouge sa langue, cela l'épuiserait et le fatiguerait, et il lui serait impossible de continuer.
Il constitue la pépinière du Paradis. Tirmidhi - qu'Allah lui fasse Miséricorde - a rapporté ce bon témoignage de ‘Abd Allah Ibn Mas'ûd - qu'Allah l'agrée - : « L’Envoyé de Dieu - salla Allahou 'alayhi wa sallam - a dit : « J’ai rencontré, au cours de mon ascension nocturne, Ibrâhîm al-khalîl qui m’a dit : « Ô Mohammad ! Transmets mon Salam (mes salutations) à ta Communauté. Apprends-leur que la terre du Paradis est pure (tayyibah), que son eau est d’une agréable saveur, qu’elle est formée de terrains encaissés et que les plantes de sa pépinière sont : Gloire à Dieu ! (subhana Allah) Louange à Dieu ! (alhamdou lillah) Il n’y a de dieu que Dieu (la ilaha ilia Allah) et Dieu est le plus grand (Allahou akbar). » »
Les dons et les faveurs de Dieu. correspondant au Dhikr ne sont égalés par aucune autre pratique de piété. Bukhârî et Muslim - qu'Allah leur fasse miséricorde - ont rapporté ce hadîth d’Abu Hurayra - qu’Allah l'agrée : « Celui qui dit cent fois par jour : « Il n’y a de dieu que Dieu, Unique et sans associé, à Lui le Royaume, à Lui la louange, et en toute chose, Il est omnipotent » aura une récompense égale à l’affranchissement de dix esclaves ; il lui sera inscrit cent bonnes œuvres et cent mauvaises œuvres lui seront effacées. Il sera, ce jour-là, préservé de Satan du matin jusqu’au soir. Personne n’obtiendra une telle faveur, sauf l’homme dont l’œuvre sera supérieure à la sienne. »
L'Envoyé de Dieu - sall Allahou ‘alayhi wa salam - a dit aussi dans le même ordre : « Celui qui dit un jour cent fois : Gloire à Dieu et Louange à Dieu, verra ses péchés effacés, même s’ils sont plus nombreux que l’écume de la mer. »
La continuité de l’invocation du Seigneur, Béni et Très-Haut, sécurise l’homme contre l’oubli, celui-ci clamant une cause des... Peines endurées par le serviteur dans sa vie présente et sa vie future. Oublier le Seigneur, Glorieux et Très-Haut, entraîne l'oubli de soi-même et de ses intérêts. Dieu dit : « Ne soyez pas comme ceux qui ont oublié Allah ; (Allah) leur a fait alors oublier leurs propres personnes ; ceux-là sont les pervers. » (Sourate 59, verset 19)
Ibnul Quayim
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L’Autre Regard - N°022 du 05 janvier au 05 février 2015
Interview DR. SAID MUHAMMAD OUEDRAOGO, RESPONSABLE D'UNE ASSOCIATION DE SOLIDARITÉ
« La solidarité en islam fait partie de la foi »
Le Cheikh Dr. Said Muhammad Ouedraogo revient dans cet entretien qu’il nous a accordé pour parler de l’importance de la solidarité. Pour ce savant de l’Université d’Al Azhar, la plus grande université sunnite, les prêches et autres interpellations doivent aller aussi dans le sens de la solidarité à l’instar des premières sociétés musulmanes où l’individu était au centre des préoccupations des responsables. Nous avons passé en revue les réalisations de l’association qu’il... dirige, ses perspectives et les difficultés qu’il rencontre. Qu’est-ce qui a constitué le déclic et qui vous a motivé à créer cette association qui fait dans la solidarité ? Le prophète (psl) nous recommande de donner un bon nom à nos enfants, cela est valable pour toute initiative. C’est pour cette raison que notre structure porte le nom « Association du Message Islamique ». C’est en 2003 que nous avons lancé nos activités après que nous ayons tiré leçon de l’exemple d’un pays comme l’Égypte. Chose qui nous a motivés à créer une telle association. En Égypte, la solidarité existe dans tous les domaines. Les gens s’entraident dans tous les sens, notamment au niveau social. En tant qu’étudiants, nous avions de l’habillement gratuit, des fournitures offertes, la question de l’alimentation était assurée. En tant qu’étrangers, les gens nous venaient en aide avec toutes sortes de nourriture. Les orphelins, veuves et vieilles personnes touchent une pension. C’est cet élan de solidarité qui m’a incité à créer une. association à même de faire comme les Égyptiens. Que peut-on comprendre par solidarité en Islam ? La solidarité en Islam relève de la bienfaisance (Ihssân). La miséricorde de Dieu est proche des bienfaiteurs, dit le Coran. Il renchérit par un autre verset : « nous faisons profiter notre miséricorde à qui nous voulons ». Et les bienfaiteurs ne sont jamais lésés. Est sur le sentier d’Allah, celui qui s’astreint à venir en aide aux veuves et aux orphelins. L’Islam encourage la solidarité, raison pour laquelle la zakât a été instituée par la religion de Dieu. C’est le fondement même de la foi.
L’histoire retient que le prophète ainsi que ses compagnons furent des porte-flambeaux des grandes œuvres, qui ont par cet état de fait, marqué l’humanité. Toute personne désireuse de ce bas monde et de l’au-delà doit se mettre dans l’assistance des masses défavorisées. Toutes les grandes personnes qui sont retenues par l’histoire de façon générale et celles de l’Islam en particulier ont été au secours de... L’humanité. Le Calife Abu Bakr affranchissait des esclaves pour qu’ils recouvrent la liberté à l’instar de Bilal et beaucoup d’autres. Le prophète (psl) fit un appel à soutien aux musulmans pour une de ses expéditions si bien que chacun fit un élan de solidarité que l’histoire retiendra à jamais. Le Calife Abu Bakr ordonna à sa famille de prendre tous ses biens pour le prophète. Le Calife Omar, lui, a fait don de la moitié de ses biens. Le troisième calife fit énormément d’œuvres sociales comme l’achat d’un puits au profit des musulmans. Ces personnes ont été réalistes et ont posé des actions claires auxquelles les gens se réfèrent. Par contre, nous avons des riches qui préfèrent investir leur fortune dans l’illicite et les œuvres de moindre importance. Il faut que l’on se reconnaisse en nos prédécesseurs en matière de solidarité.
Souvent, il est porté à croire que la solidarité est réservée à une catégorie de personnes. L’élan de solidarité est multiforme ; tous les musulmans doivent être solidaires. Fonctionnaires, prédicateurs, commerçants, riches comme pauvres. Le nécessiteux peut se sentir solidaire par sa personne et ses bons conseils. Les savants pensent que la solidarité revient aux riches seuls, pourtant ils sont les premiers à mettre la main dans la poche. Revenez à vos réalisations. Vous avez deux grandes mosquées au Togo, une au Ghana et une autre au Tchad. Vos actions ne sont donc pas seulement limitées au plan national ? Le musulman doit comprendre que la terre appartient à tout le monde. La question des séparations des pays est l’œuvre de la politique et des aspirations de l’homme. Sinon, les musulmans ont une seule identité, qui est l’Islam. Ceci étant, notre association a pour vocation de toucher les besoins sensibles à travers l’Afrique, raison pour laquelle nous avons érigé des mosquées au Ghana, au Togo, au Tchad. Nous allons à la rencontre de ceux qui sont dans le besoin crucial. Au Burkina, nos constructions sont également faites en fonction des priorités. Suite page 16 Interview en matière. de zôric. Plusieurs personnes travaillent cependant pour le compte de l'association, notamment des Burkinabé, des Émiratis, des Ghanéens et bien d'autres. Concernant les mosquées, ce sont de grandes constructions de 500, 300 places... Entre autres lieux où ces mosquées ont été érigées, il y a Téma-Bokin, Song-naaba, Luyargo, Goulagou, Riga, Yaltenga, Li, Rambo, Nakolba, Tanghin-Dassouri, Koumbia. Récemment, nous avons réalisé une mosquée à Tampouy. Au total, c'est 21 mosquées que nous avons construites au Burkina Faso. À l'extérieur, nous avons, comme je l'ai dit, une au Ghana, trois au Togo, une au Tchad.
Y a-t-il des réalisations en dehors des mosquées ? Nous érigeons des médersas et nous sommes à 42 réalisations, dont la plus grande médersa se trouve à Téma-Bokin avec 18 classes, y compris des bureaux et des magasins ; c'est du primaire au lycée. En plus de cela, nous avons construit des dortoirs séparés pour hommes et femmes afin que les élèves qui veulent rester pour étudier puissent le faire. Ces Les dortoirs sont bien équipés. Nous organisons des formations annuelles pour les enseignants, les imams et autres prêcheurs, ainsi que pour les femmes. Les gens ont besoin de soutien périodiquement, comme lors des fêtes ; c'est pour cette raison qu’à chaque Ramadan, nous organisons des ruptures du jeûne dans 42 provinces. Ils ont de quoi rompre leurs jeûnes convenablement. Au même moment, chaque année, nous distribuons 10 tonnes de riz aux jeûneurs, cela en fonction de la taille des familles. Pendant la Tabaski, nous immolons des bœufs et des bovins que nous mettons à la disposition des nécessiteux, des veuves et des orphelins. Parmi nos activités, on note aussi la distribution de vêtements aux musulmans, hommes, femmes et enfants, en conformité avec les propos d’Allah. Cela se fait tous les ans.
Nous avons réalisé des forages dans des villages où il n'y a pas d'eau potable. En plus de cela, nous avons offert plus de 40 000 exemplaires du Coran aux élèves. Dans le domaine de la santé, nous avons constaté également que... Des femmes et enfants ne partent pas aux centres de santé pour des raisons de moyens. Un autre volet, c’est de pouvoir fournir des médecins femmes pour s'occuper des patientes femmes. C'est dire que nous devons réagir face à ce besoin crucial afin de permettre la réalisation de centres de santé et faire en sorte qu’il y ait des prises en charge gratuites. Croyez-vous que les musulmans sont prêts pour de telles initiatives ? C'est un manque de volonté. Les musulmans ont les moyens sans doute. C’est plutôt leur désunion qui les empêche d'avoir une action commune, notamment pour la construction de centres de santé et autres. Par la grâce d’Allah, nous comptons réaliser des CSPS dans les villages. Car c’est une priorité. Dans la capitale, les musulmans se doivent de construire l’un des plus grands centres de santé en matière de superficie, d’équipement et bien d’autres aspects. Cela y va du respect de notre religion dans la société. Par exemple, j’ai un ami ghanéen qui, à lui seul, a réalisé un centre de santé à Koumassi, doté de 36 chambres et très bien équipé avec ses travailleurs. Les musulmans parlent beaucoup avec moins d'action. L’Islam, c'est le travail. Nous sommes une communauté qui regorge de personnes nanties. Vous êtes une association qui existe depuis plus de dix ans. Quelles sont les difficultés que vous vivez ? La question est pertinente, nous avons des problèmes liés à l'acquisition des terrains et à la procédure administrative pour les dossiers.
Nous avons construit des mosquées dans les villes de notre pays et même ailleurs. Mais à Ouagadougou, on n'a pas encore réalisé une seule mosquée. Donc, on a un problème d'acquisition de terrain afin de réaliser des orphelinats, des centres de santé, d'autres écoles et Medersa. Le deuxième problème, c’est justement l'acquisition des papiers. Il faut que les autorités soient regardantes à ce niveau et accordent des facilités pour ceux qui veulent investir pour tout le monde.
Par Arounan Guigma
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L'Autre Regard • N°022 du 05 Janvier au 05 Février 2015