Article
Hadj 2003 : "Ce n'est pas un pèlerinage au rabais"
- Resource class
- Article
- Item sets
- L'Observateur Paalga
- Title
- Hadj 2003 : "Ce n'est pas un pèlerinage au rabais"
- Creator
- Adama Ouédraogo
- Publisher
- L'Observateur Paalga
- Date
- February 10, 2003
- Abstract
- Les pèlerins burkinabè ont finalement pu partir à la Mecque à une semaine de la Tabaski et après d'énormes difficultés liées aux problèmes de visas et de transport. Des critiques fusent de partout par rapport à l'organisation de ce hadj 2003. Nous avons approché le Cercle d'étude, de recherche et de formation islamiques (CERFI) de Ouagadougou pour qu'il s'exprime sur la question. C'est son président Belem Salifou, chargé de production à la TNB, qui a bien voulu répondre à nos questions. Il parle de «problèmes récurrents» dans l'organisation du hadj et invite le gouvernement à créer un cadre de réflexion pour une organisation plus parfaite. Malgré toutes ces difficultés et ce grand retard, il affirme que le hadj 2003 ne sera pas «
- Subject
- Hadj
- Salifou Belem
- Cercle d'Études, de Recherches et de Formation Islamiques
- Commission Nationale d'Organisation du Pèlerinage à La Mecque
- Aïd al-Adha (Tabaski)
- Aïd el-Fitr
- Language
- Français
- Contributor
- Frédérick Madore
- Identifier
- iwac-article-0000536
- content
-
Les pèlerins burkinabè ont finalement pu partir à la Mecque à une semaine de la Tabaski et après d'énormes difficultés liées aux problèmes de visas et de transport. Des critiques fusent de partout par rapport à l'organisation de ce hadj 2003. Nous avons approché le Cercle d'étude, de recherche et de formation islamiques (CERFI) de Ouagadougou pour qu'il s'exprime sur la question. C'est son président Belem Salifou, chargé de production à la TNB, qui a bien voulu répondre à nos questions. Il parle de «problèmes récurrents» dans l'organisation du hadj et invite le gouvernement à créer un cadre de réflexion pour une organisation plus parfaite. Malgré toutes ces difficultés et ce grand retard, il affirme que le hadj 2003 ne sera pas «
Pouvez-vous nous donner la signification et l'importance du pèlerinage ?- Le hadj est le 5e pilier de l'islam. A ce titre il incombe à tout musulman qui remplit un certain nombre de conditions de l'effectuer. Il faut avoir les moyens et les possibilités physiques de s'en acquitter. Le verset 97 de la Sourate III du Coran dit ceci : «Dieu a prescrit aux hommes par déférence envers Lui de se rendre en pèlerinage pour quiconque en a les moyens». Pour les musulmans, le hadj est souvent vu comme le couronnement d'une vie spirituelle. C'est pourquoi ils sont prêts à tous les sacrifices licites pour l'effectuer.Parlant de sa signification, l'islam et les 2 autres religions monothéistes (christianisme et judaïsme) remontent à celui que nous appelons le père du monothéisme, le prophète Abraham. Ce dernier a eu une vie spirituelle dans l'actuel Lieu saint de la Mecque.C'est lui et son fils Ismaël qui ont édifié la Kaaba. Il y avait auparavant abandonné une partie de sa famille (son fils Ismaël et son épouse Haggar) sur l'ordre de Dieu qui lui a intimé dans un songe d'immoler Ismaël, lequel fut remplacé par un mouton par Dieu quand Abraham voulut exécuter l'ordre de Dieu.
C'est au mont Arafat (un des Lieux saints du hadj) que selon la tradition le pardon de Dieu leur fut accordé après leur expulsion du paradis.Le hadj se veut donc un retour aux sources du monothéisme et une obéissance à une injonction d'Allah. C'est finalement un acte de piété à l'instar des autres piliers. Le hadj 2003 a connu d'énormes difficultés cette année. Quel a été le vrai problème ?- Le hadj était organisé par les associations islamiques jusqu'en 1995. Les difficultés étaient énormes et récurrentes. L'Etat a donc, en toute logique, mis en place une structure nationale (à laquelle il est partie prenante) pour mieux organiser ce voyage important à plusieurs titres. Avec l'intervention de l'Etat, il y a eu effectivement une nette amélioration des conditions de voyage, mais les difficultés sont apparues de nouveau.
Le problème de cette année a été relatif au transport et au visas d'entrée.Le problème des visa (lié aux informations sur la méningite au Burkina) a été rapidement réglé grâce à nos hautes autorités (et c'est ici le lieu de leur rendre hommage). Le «retard» dans le transport des pèlerins est venu compliquer ensuite la situation.Vous savez, le hadj comporte une charge émotionnelle telle que cette situation de retard a été vécue avec anxiété par tous. Quoi de plus normal quand on sait que le hadj ne ressemble à aucun autre voyage pour le musulman.Vous mettez en cause le rôle l'Etat dans les difficultés constatées. Pourtant, c'est parce que les associations islamiques ont montré leurs limites dans l'organisation du hadj que l'Etat a dû y intervenir...- Vous faites sans doute allusion à l'interview que j'ai accordée à RFI relativement au même sujet.Ce n'est certainement pas pour moi une remise en cause du rôle de l'Etat. L'Etat a un rôle régalien qu'il joue et cela est salutaire pour tous. J'ai voulu simplement faire un constat : la persistance des problèmes dans l'organisation du hadj. Notre association est membre de la CNOPM et à ce titre, nous sommes comptables des défaillances organisationnelles constatées par tous du reste. Ce n'est pas parce nous sommes dans la structure que nous ne pouvons pas dire ce que tout le monde voit.Ceci dit, nous continuons de penser qu'il est temps de s'arrêter et de réfléchir sérieusement et sincèrement sur cette situation qui n'honore personne. En tant que responsable religieux, j'ai des engagements envers les musulmans, mais j'ai un engagement envers Dieu et chaque fois que l'intérêt des musulmans et de l'islam est en jeu, le minimum que je puisse faire c'est au moins de m'inquiéter et de penser à des solutions. Dans la sous-région, nous avons des exemples d'organisation de hadj réussies. Pourquoi ne pas jeter un coup d'oeil sur leur expérience ? Et quelle est cette expérience ?L'Etat continue de jouer son rôle de protection des intérêts des citoyens et de garant des règles du «jeu».
Pour ce qui nous concerne, je pense qu'une réflexion plus approfondie doit nous conduire sereinement à une solution qui protège l'intérêt des pèlerins.Sans préjuger des solutions qui seront éventuellement trouvées, j'ai pensé que l'Etat pouvait entre autre se mettre au-dessus des structures d'organisation comme «surveillant» après avoir organisé ces structures et arrêté les règles du «jeu». Bien sûr, le CERFI n'a pas le monopole des solutions, mais il a le devoir d'alerter. C'est ce que nous avons fait. La responsabilité de la compagnie aérienne sollicitée est-elle engagée et à quel degré ?- C'est là une question à laquelle seule la CNOPM peut répondre et j'espère que nous aurons à l'heure du bilan une réponse satisfaisante.Qu'est-ce que le CERFI propose concrètement pour une meilleure organisation du hadj ?- Je l'ai dit plus haut. Nous devons nous asseoir (toutes les parties prenantes) et revoir toutes les entraves à une bonne organisation. Les Burkinabè sont réputés doués dans l'organisation des grands événements : SIAO, FESPACO, grandes rencontres internationales...Pourquoi des problèmes récurrents quand il s'agit d'une chose aussi importante que le hadj ? Je pense que nous avons l'intelligence et les moyens de réussir. Il faut peut-être que nous nous rappelions que nous servons les hommes, mais aussi et surtout Dieu le Tout-Puissant qui lit dans nos coeurs.Finalement avec ces différents problèmes, tous les pèlerins ont-ils pu partir ?- Par la grâce de Dieu, tous les pèlerins ont effectivement pu partir. Ils sont environ 1500. Il y a d'autres pèlerins qui sont allés au Ghana et au Mali pour embarquer de là-bas compte tenu des difficultés qu'ils voyaient venir.Certains vols initialement prévus à Ouaga ont eu finalement lieu à Bobo. Quels commentaires en faites-vous ?- L'essentiel est que les pèlerins ont pu partir à la Mecque. Ceci-dit, je ne cerne pas tous les contours de l'information. J'espère seulement que cela n'a pas engendré des désagréments supplémentaires.
Dans tous les cas, une telle situation participerait à une mauvaise organisation, préjudiciable aux pèlerins, fatigués avant même le début des «épreuves» aux Lieux saints.Le fait que des pèlerins vont prendre en cours de route le pèlerinage ne pose-t-il pas un problème spirituel ? Pourront-ils également accomplir tous les rites ?- Il y a certes eu un retard dans le voyage, mais cela n'a pas pu jouer sur l'accomplissement des rites du hadj.Nos pèlerins sont arrivés dans les délais quant à la période réservée aux rites du pèlerinage. Il n'y a aucun problème spirituel à cet égard et tous ont accompli tous les rites.On ne peut donc pas parler de pèlerinage au rabais.Les années passées, nos pèlerins qui arrivaient plus tôt continuaient à Médine, la ville du Prophète (PSL), pour un séjour d'une dizaine de jours avant d'aller aux Lieux saints pour le hadj lui-même. Cela a l'avantage de les acclimater et de mieux les préparer. Bien sûr, aller à Médine n'est pas une obligation du hadj et ce séjour peut se faire parfaitement après le hadj. Certains pèlerins d'autres pays font ainsi.Quels sont au fait les différentes phases du hadj et combien de jours faut-il pour les accomplir ?- Le hadj lui-même se fait en des jours précis et tout se passe en l'espace de 6 à 7 jours.Par habitude, nos pèlerins se rendent à Médine pour une dizaine de jours puis à l'approche du hadj prennent le départ pour la Mecque après avoir porté l'habit de sacralisation. Le trajet vers la Mecque s'effectue en récitant la «talbia» (me voici Seigneur.... me voici...).
Dès l'arrivée à la Mecque, le pèlerin effectue le petit pèlerinage à l'intérieur de la Mosquée sacrée puis se désacralise en attendant le hadj. Deux jours avant le jour j, il se remet en habit de sacralisation, se rend à Mina, y passe la journée et le lendemain, va stationner au mont Arafat où il passe toute la journée en prières et en invocations. A la tombée de la nuit, il rejoint Mina qu'il atteint au petit matin, fait la première lapidation des stèles de Satan, se rase et retourne (si possible) à la Mecque pour la circumambulation autour de la Kaaba. Puis il sacrifie son mouton et retourne à Mina pour un séjour de deux à trois jours. Après quoi, le hadj est en principe fini. A son retour à la Mecque et avant de quitter les Lieux saints pour son pays, le pèlerin fait un dernier tawaf à la Kaaba. On a entendu dire que les pèlerins retardataires vont commencer les différents rites par la fin. Qu'en-est-il exactement ?- Comme je l'ai dit plus haut, il y a un ordre de déroulement qui est valable pour tous et il n'est pas possible de commencer par la fin.Il ne faut pas confondre le hadj proprement dit et les visites «touristiques» des pèlerins, qui peuvent se faire à tout moment.Sous quel signe placez-vous la fête du mouton cette année ?- L'expression «fête du mouton» est une expression populaire sinon il s'agit de la fête du sacrifice, en souvenir de ce qu'a fait Abraham.En tant qu'association, nous voulons souhaiter une bonne fête à tous et prier pour la paix au Burkina et dans le monde.
Au-delà de l'acte rituel qu'est le sacrifice, c'est la fête et nous voulons la célébrer avec tout le monde. Sur notre terre commune, nous avons à travailler pour plus de solidarité, de justice. Nous avons une pensée particulière pour tous ceux qui souffrent.Il semble que le sacrifice du mouton est obligatoire dès qu'on le commence...- Dieu n'impose à aucune âme ce qu'elle n'est pas capable de supporter. Le sacrifice du mouton obéit à des conditions et n'est pas obligatoire pour qui ne les remplit pas. Que pouvez-vous sacrifier si vous n'avez pas les moyens ?