Article
Des revendeuses de fruits accusent les producteurs
- Title
- Des revendeuses de fruits accusent les producteurs
- Publisher
- La Nation
- Date
- August 11, 2010
- Abstract
- Avec le démarrage du jeûne depuis quelques jours, les prix des fruits ont connu une augmentation sur nos différents marchés. Des témoignages recueillis auprès de vendeuses des marchés de Cadjèhoun et Gbégamey, cette flambée est surtout imputable aux producteurs qui, chaque année à l'approche du jeûne des musulmans, renchérissent le coût des produits vivriers, notamment les fruits.
- Page(s)
- 11
- Rights Holder
- La Nation
- Language
- Français
- Source
- La Nation
- Identifier
- iwac-article-0004180
- content
-
Avec le démarrage du jeûne depuis quelques jours, les prix des fruits ont connu une augmentation sur nos différents marchés. Des témoignages recueillis auprès de vendeuses des marchés de Cadjèhoun et Gbégamey, cette flambée est surtout imputable aux producteurs qui, chaque année à l'approche du jeûne des musulmans, renchérissent le coût des produits vivriers, notamment les fruits.
Une constante se dégage après le recoupement des déclarations des revendeuses de fruits. Selon les bonnes dames approchées, les producteurs sont les principaux auteurs de la hausse des prix des papayes, ananas, oranges, bananes, goyaves et autres. Pour s’en convaincre, dame Pauline rencontrée au marché de Cadjèhoun, a laissé entendre que les paysans ne sont plus dupes. Selon elle, tout porte à croire qu’ils sont bien informés du démarrage de la période du jeûne. Elle justifie que le carême constitue sûrement pour eux, une opportunité d’affaires. Car, conclura-t-elle, les paysans savent bien que les musulmans sont contraints de consommer les fruits, quel que soit leur prix.
Pour dame Rose, d’autres raisons justifieraient cette flambée. Elle déclare à cet effet que l’octroi des microcrédits aux femmes a favorisé l’accroissement de l’effectif des vendeuses de fruits. Ces «nouvelles» commerçantes, déplore-t-elle, n’hésitent pas à corrompre les paysans en déboursant plus de sous pour acheter les produits et revitaliser leur stock. Pour dame Rachelle vendeuse au marché de Gbégamey, si les fruits ont pris de la valeur, c'est parce que certaines femmes d’un standing élevé, ont pris l’habitude de s’approvisionner directement auprès des paysans. Nanties, elles ne débattent plus le prix avant de se faire servir. Conscients de cette réalité, souligne t-elle, certains producteurs font même de la surenchère, confiants qu’ils livreront leurs articles.
« Si le prix d’achat des produits à la source est déjà élevé et s’il faut également prendre en compte les frais de transport sans cesse croissants du fait de la crise financière qui secoue le pays, on ne peut pas nous en vouloir de fixer en conséquence le prix de vente des fruits, pour nous permettre de dégager un minimum de marge financière», se désole dame Suzanne, visiblement mécontente du fait que les revendeuses soient toujours considérées comme les responsables de la montée exponentielle des prix des produits en période de Ramadan.
Le Ramadan ou la course aux fruits
Le jeûne du Ramadan a, pour peu qu’on connaisse les habitudes du milieu du commerce en cette période, des retombées économiques certaines. En effet, c’est la ruée vers le ravitaillement, en particulier les fruits, pour les familles musulmanes, qui voient en ce type d’aliments une source énergétique de choix. De plus, ils sont quasiment indispensables pour la rupture du jeûne. Cependant, la pénitence spirituelle et charnelle entraîne la pénitence des bourses. Eh effet, le mois de Ramadan est l’occasion pour les commerçants de procéder à une hausse des prix, la loi de l’offre et de la demande oblige. Tenez ! Au marché Fifatin de Cadjèhoun ou au marché de fruits de Gbégamey, le panier d’oranges passe facilement des 1000 francs qu’il coûte en période ordinaire, à 1500 francs. Ce n’est que le début, et l’affluence au niveau des étals de fruits se multiplie sous les hangars, révélant ainsi le don de polyvalence de certains commerçants habitués à écouler des marchandises d’un autre type.
Les musulmans quant à eux ne sont pas encore nombreux à se présenter pour ces emplettes saisonnières, nous confie une vendeuse. Néanmoins, elle ne s’en inquiète guère, habituée qu’elle est de ce commerce : «Le Ramadan commence à peine, ils viendront.» Son sourire en dit long...
Victor-Emmanuel EKWA-BEBE III