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A l'approche de la Tabaski : flambée des prix du mouton sur les marchés
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- Title
- A l'approche de la Tabaski : flambée des prix du mouton sur les marchés
- Publisher
- La Nation
- Date
- October 24, 2012
- Abstract
- Les musulmans béninois, à l’instar de leurs homologues de la communauté internationale, célèbreront la Tabaski ou Aïd El Kébir, vendredi 26 octobre prochain. A la veille de cette fête qui commémore l’obéissance et la soumission d’Abraham à Allah, le prix du mouton a pris l’ascenseur sur les marchés de bétail.
- Page(s)
- 1
- 16
- Rights Holder
- La Nation
- Language
- Français
- Source
- La Nation
- Identifier
- iwac-article-0003461
- content
-
Les musulmans béninois, à l’instar de leurs homologues de la communauté internationale, célèbreront la Tabaski ou Aïd El Kébir, vendredi 26 octobre prochain. A la veille de cette fête qui commémore l’obéissance et la soumission d’Abraham à Allah, le prix du mouton a pris l’ascenseur sur les marchés de bétail.
Chaque année, se procurer un mouton à l'approche de la fête de la Tabaski, devient un casse-tête pour de nombreux fidèles musulmans. Approprié pour accomplir le sacrifice indiqué pour la circonstance, l'animal se présente comme une denrée assez précieuse. Son prix ne cesse de flamber. Il échappe à tout contrôle et n'est plus à la portée de tout le monde.
Du coup, l’affluence sur les différents marchés de bétail où les vendeurs attendent désespérément, laisse à désirer. Au même moment, les démarcheurs qui sont à leurs services, scrutent l'horizon en guettant l'arrivée d'un éventuel client. Pour s'en convaincre, il suffit de faire un tour à Zongo à Cotonou ou au marché de bétail de Sèmè-Podji. Aujourd’hui, pour s'offrir un mouton, les fidèles musulmans sont invités à débourser plus. Ils viennent d’abord prospecter, avant de se décider.
Des clients rencontrés au marché de bétail de Sèmè-Podji se disent ne plus être surpris par cette situation. Selon certains, les prix des bêtes ont pratiquement doublé. Ce qu’ils pouvaient s'offrir avec 35.000 F CFA, il y a quelques jours, est subitement passé à 50.000, sinon 80.000 F CFA. Des bêtes de 90.000 hier coûtent aujourd'hui, 200.000 et d'autres jusqu'à 1.200.000 F CFA, sont proposées.
Aboubakari Kélani a dû retourner bredouille chez lui. Des moutons de 90.000 et de 100.000 francs CFA qu'il espérait plutôt prendre respectivement à 45.000 et 60.000, lui ont été présentés à Zongo. Comme Aziath Osséni rencontrée du côté de Sèmè-Podji, il dénonce la surenchère qui a court. Seydou Séni ne partage pas leurs avis. Il trouve le marché abordable. « Le marché est pourvu en bêtes, mais les vendeurs ne parviennent malheureusement pas à s'entendre avec les clients. Sinon, comparativement à l'année dernière, les prix semblent être plus intéressants. Les vendeurs montent les enchères. Il suffit seulement que le client soit patient et il finit par trouver ce qui lui convient », avouera-t-il. Très prévoyant, Affissou Anonrin, s'y est pris à temps. Il a déboursé 90.000 F CFA pour avoir deux brebis. Si ce n’est pas à cause de l’envolée spectaculaire que connaissent actuellement les prix de ces animaux sur le marché, il se serait déjà procuré un troisième.
Les causes de la flambée
Pour Radji Soumanou surpris également à Zongo, ce sont les vendeurs qui profitent de la situation. « Ils savent que le croyant musulman ne doit pas trop marchander le prix d’une bête qui est destinée pour le sacrifice. Un sacrifice n’a pas de prix », a-t-il expliqué. « Vu l’importance du sacrifice du mouton, le jour de la Tabaski, il y a des fidèles qui pensent qu’ils sont obligés de l’acheter, quelque soit son prix », déplorera Séïdou Zakari. « A l’impossible, nul n’est tenu. On ne doit pas voler pour aller acheter un mouton destiné à ce sacrifice. Le Saint Coran n’a pas non plus recommandé d'aller l’acheter à crédit », a-t-il poursuivi.
La flambée des prix du mouton, selon quelques vendeurs, serait due à plusieurs raisons. Cette année, la plupart des enclos sont restés vides, parce que les Maliens, les Burkinabé et les Nigériens ont décidé de ne pas exporter une grande quantité de moutons vers le Bénin.
A en croire le vendeur Sagné Allassan, ce sont les animaux venus du Burkina Faso qui coûtent les plus chers. Ils sont les plus convoités à cause de leur race et de leur teneur en viande. Malheureusement, ils ont été décimés par une épidémie. Ainsi, l'offre en la matière ne permet pas de faire face à la demande sur les marchés.
Outre l'achalandage du marché, les taxes et l'entretien auxquels les bêtes sont assujetties, contribuent également à la flambée de leurs prix. «En dehors des 2.000 F CFA comme taxe, tous les jours, nous payons 50.000 au Burkina Faso et 55.000 au Bénin. Le transport nous revient à 400.000. A l’approche des fêtes de la Tabaski, ils nous arrivent de débourser parfois jusqu’à 900.000 F CFA pour assurer le transport des animaux du Burkina Faso au Bénin», ajoutera Sagné Allassan. Il sera d’ailleurs appuyé dans ses propos par le Nigérien Zibo Arouna qui craint de voir son commerce se solder par une perte. « Nous louons des enclos et payons des taxes à la mairie. En plus de cela, il nous faut acheter du fourrage pour nourrir nos animaux. C’est tout ceci que nous sommes obligés de répercuter sur les prix. Nous sommes des commerçants et nous devons réaliser des bénéfices, surtout lorsque le marché est moins approvisionné », a-t-il déclaré.
Le prix du mouton n’a donc pas fini d’augmenter. Au fur et à mesure que la date du vendredi 26 octobre s’approchera, il sera toujours à la hausse. En attendant le moment où ils feront de bonnes affaires sous les regards des agents de la compagnie mixte constituée des militaires et des éléments de la gendarmerie qui assure leur sécurité, les vendeurs du marché de bétail de Sèmè-Podji continueront à prendre leur mal en patience.
De petites activités créées sur le dos du mouton
Pendant que l’absence des clients constitue un souci pour les vendeurs, il y en a qui se sont rapidement trouvés des occupations sur le marché de bétail de Sèmè-Podji, le temps de la fête de la Tabaski. Il s’agit des démarcheurs qui jouent le rôle d’intermédiaires. Postés au bord de la voie, ils rabattent les éventuels clients vers les vendeurs à la disposition desquels, ils se sont mis. Ils le font en contrepartie d'une rémunération ou d'une commission sur le montant de la bête vendue grâce à leurs services.
A côtés de ces démarcheurs, ce sont également de jeunes enfants qui s’amusent à laver les moutons dans un lac de circonstance. « Le mouton totalement blanc est très prisé par la clientèle. C’est pourquoi, nous veillons à ce que sa toison soit propre et d’un bon éclat », explique le vendeur Moudachirou Abdel Rahim. Sur la vingtaine de ses brebis qu’il a conduites au bord du lac, une quinzaine avaient déjà été contrainte, sous la houlette de cinq garçonnets conviés à cette tâche, à prendre ce bain forcé. Avant la mi-journée de ce mardi 23 octobre, Azizou, 17 ans révolus, avait déjà lavé 11 moutons, à raison de 200 F CFA par bête. Il a de quoi se réjouir comme Anicet Dékakpoévou qui aide les vendeurs à approvisionner leurs bêtes en fourrage. Anicet Dékakpoévou n’est pas le seul à s’adonner à cette activité. De même que ses "collègues", il propose également le ballot de fourrage à 1.800 F CFA. Certains clients, pour que leurs bêtes ne manquent pas de fourrage, ont également recours à eux.
M.G.
Les vendeurs dans l’expectative
Contrairement à l’année dernière, reconnaît le vendeur Sagné Allassan, originaire du Burkina Faso, ce n’est pas encore la grande affluence. « Les clients viennent seulement demander les prix, pour se retourner ensuite. Il m’arrive de vendre par jour, 12 moutons contre 28 à la même période, l'année dernière », regrette-t-il.
« Les rares clients qui viennent, proposent des prix qui sont loin de nous arranger », précise Sagné Allassan. Il a toutefois tenu à les rassurer qu’ils peuvent avoir des moutons, selon le cordon de leurs bourses. « Les prix varient de 35.000 à 245.000 voire même 1.200.000 F CFA. Ceux de 1.200. 000 viennent de Porto-Novo. Leurs propriétaires ont l’habitude de s'approvisionner auprès de nous. Un an après, ils les ramènent sur le marché après les avoir soumis à une alimentation spécifique différente de celle à laquelle, ils ont droit avec nous. Ils sont bien entretenus », justifie Sagné Allassan.
Il garde espoir que les clients finiront par les envahir au dernier moment. Dans le cas contraire, Sagné Allassan compte, tout comme les autres vendeurs, attendre encore une semaine après la Tabaski, pour voir s’il pourra vendre le reste. Il a d’ores et déjà exclu l’hypothèse de retourner chez lui avec des bêtes. Quant à Moumouni Djibril, il est sur le site de Sèmè-Podji depuis plus d'une semaine. Venu de Zinder pour écouler des moutons d’origine nigérienne, il semble ne pas être encore satisfait. Anxieux il prie, chapelet en main, pour que les clients viennent à lui. « Les clients ne se pressent pas. Hier je n’ai vendu que quatre moutons. Actuellement, je suis à 7 », a-t-il confié.
M.G
Mévente à Bohicon
Dans quelques jours, les fidèles musulmans du Bénin à l’instar de leurs coreligionnaires du monde vont célébrer la fête du mouton. Mais les préparatifs ne sont pas aisés du fait de la cherté du bétail spécifique. Mais les vendeurs de bétail du marché Houétchénou de Zakpo à Bohicon, tout en se plaignant de la mévente, la lient plutôt aux effets de la crise économique.
Par Alain ALLABI
Au marché de mouton de Zapko, les fidèles musulmans se font rares à quelques jours de la tabaski. Ce n’est qu’à Zongo, que certains fidèles de l’islam ont pu être rencontrés. Comme d’autres musulmans, Osséni Mon-Hibi trouve que la célébration de cette année n’est pas aisée. La preuve, selon le directeur de l’école publique franco-arabe de Bohicon, en est la cherté du mouton. Poursuivant ses explications, il estime que cette année, l’animal coûte plus cher que par le passé. « Le mouton destiné à la Tabaski n’est pas à la portée de n'importe qui. Vous pouvez en trouver entre 45.000, 70.000, voire 120.000 F CFA », a-t-il précisé avant d’ajouter que le prix varie selon la grosseur de l’animal. Quant à lui-même, il a remercié Allah de lui avoir permis d’en acheter pour sa famille. Il a fait savoir qu’en temps ordinaire, ce type de mouton ne coûte pas si cher et a conclu que les commerçants profitent toujours des occasions pour monter les enchères. « Ce qui se vend aujourd'hui à 50.000F CFA pouvait s’acheter, quelques semaines plus tôt, 35.000F CFA», démontre Osséni Mon-Hibi. D’autres difficultés ont aussi jalonné les préparatifs. A ce sujet, il évoque l’habillement des enfants et de leur mère qui préoccupe aussi.
Gratien Gangan, vendeur de mouton au marché Houétchénou de Zakpo à Bohicon, reconnaît qu’il y a moins d’affluence des clients musulmans cette année au marché en prélude à la tabaski. De 8heures jusqu'à à 12heures passées, il dit n'avoir encore rien vendu. A son avis, cet état de choses n’est pas lié à la cherté du mouton. « Les prix ont baissé légèrement par rapport à l’année dernière », fait-il observer, précisant que le coût n’explique pas la mévente ni la rareté des clients musulmans. Expliquant la situation, il estime qu’elle serait plutôt due à la crise économique généralisée qui n'épargne aucun secteur ni aucun pays. Toutefois, il nourrit l’espoir que les clients arriveront en masse les jours à venir ou le dernier jour du marché avant la fête. De son côté, Florentine Hounsinou, vendeuse de mouton dans ce même marché, apporte des précisions. Elle reconnaît qu'à l’approche de la tabaski comme de toute fête, le prix des animaux connaît toujours un léger renchérissement. Mais comparant le coût actuellement pratiqué à celui de l’an dernier, elle soutient que les prix sont moins élevés.
Devant l'impossibilité de s'offrir un bélier comme le recommande le Coran, le fidèle n'a pas trop de soucis à se faire. Il peut se contenter du poisson, acheter de la viande de bœuf ou autre pour fêter. C’est ce que propose Osséni Mon-Hibi, selon les prescriptions du Coran. Comme quoi, sans moyen, l’on peut quand même célébrer la fête du mouton sans mouton.