Article
El Hadj Idriss Koudouss Koné (Président du CNI) : "Je ne sais par quel miracle les élections se tiendront en octobre"
- Title
- El Hadj Idriss Koudouss Koné (Président du CNI) : "Je ne sais par quel miracle les élections se tiendront en octobre"
- Type
- Article de presse
- Creator
- Satigui Koné
- Publisher
-
Le Patriote
- Date
- August 1, 2005
- DescriptionAI
- El Hadj Koné Idriss Koudouss, Président du Conseil national Islamique, présente l'école confessionnelle "IQRA" qu'il dirige : unique en Côte d'Ivoire, elle combine le programme national avec l'arabe et l'éducation musulmane, affichant un excellent taux de réussite et étant ouverte à tous. Il exprime également son incompréhension face à l'arrêt des travaux de la mosquée du Plateau et partage ses vives inquiétudes quant à la tenue des prochaines élections ivoiriennes, qu'il juge irréalisable à la date prévue, tout en appelant à la paix et à la concorde.
- Subject
- Idriss Koudouss Koné
- Mosquée Salam du Plateau
- Groupe Scolaire IQRA
- Enseignement confessionnel islamique
- Conseil National Islamique
-
Conseil Supérieur des Imams, des Mosquées et des Affaires islamiques
- Language
- Français
- Contributor
-
Frédérick Madore
- Identifier
- iwac-article-0011452
- content
-
Le samedi 23 juillet dernier, nous avons rencontré El Hadj Koné Idriss Koudouss, Président du Conseil national Islamique. Cette structure est propriétaire d'une école confessionnelle dénommée "IQRA". L'Imam nous parle, dans cet entretien, de cette école, se prononce sur le blocage des travaux de la mosquée du Plateau et donne sons avis sur la tenue des élections prochaines.
El Hadj Idriss Koudouss Koné, aujourd'hui, l'école ivoirienne traverse une crise. Comment la vivez-vous dans votre établissement ?
El Hadj Idriss Koudouss Koné : Nous n'échappons pas à cette réalité de l'école ivoirienne ! Mais notre particularité est que nous sommes unique en notre genre. « Iqra » est en effet, la seule école en Côte d'Ivoire qui appartient à la communauté musulmane. C'est vrai que des particuliers ont des écoles confessionnelles, mais nous sommes les premiers à avoir ouvert une école pour la communauté.
Votre particularité influence-t-elle le programme de vos enseignements ?
Absolument ! Nous respectons scrupuleusement le programme officiel de l'enseignement public national. Mais en plus, nos élèves reçoivent des cours d'arabe et une éducation musulmane. Aujourd'hui, nos élèves ont l'avantage de pouvoir s'exprimer aussi bien en français qu'en arabe.
Ne craignez-vous pas que vos élèves soient débordés et qu'ils n'arrivent pas à être à la hauteur de leurs camarades des autres établissements pour les examens nationaux ?
Sur ce point nous sommes très heureux de vous informer que notre école a participé cette année au concours d'entrée en sixième. Et nous avons réalisé un taux de 87,5% d'admis. Sur trente deux élèves en examen, vingt huit ont réussi. Et tous nos élèves ont eu plus de cent points à l'examen. C'est vous dire que le système de notre enseignement est excellent.
Pratiquez-vous les mêmes frais de scolarité que les autres écoles primaires de Côte d'Ivoire ?
Nous faisons d'ailleurs moins que les autres. Nous faisons du social. Notre objectif étant d'aider, nous faisons des facilités à tous les parents d'élèves qui inscrivent les enfants chez nous.
Votre école étant de confession musulmane, est-elle ouverte aux seuls enfants musulmans ?
Nous avons déjà des élèves non musulmans dans nos classes. Il est clair que « Iqra » est avant tout une école ivoirienne. Les élèves musulmans et leurs camarades non musulmans vivent et travaillent en très bonne symbiose au sein de l'école. Et les résultats parlent d'eux-mêmes !
El Hadj, l'on ne peut vous rencontrer sans vous demander ce qui se passe au niveau de la mosquée du Plateau dont les travaux sont arrêtés depuis plusieurs années.
J'avoue que ça me gêne un peu de parler de la Mosquée du Plateau. La Communauté musulmane avait demandé que les travaux lui soient confiés. Mais les pouvoirs ont rétorqué que la Cathédrale avait été construite par l'Etat et qu'il n'y avait aucune raison que les travaux de construction de la Mosquée du Plateau ne soient pas menés à bon port. Mais aujourd'hui, nous sommes au regret de constater que la Mosquée n'avance pas.
Concrètement, qu'est-ce qui explique l'arrêt des travaux ?
La communauté musulmane ne sait vraiment pas pourquoi les travaux sont arrêtés. Nous avons couru après les informations en vain. Tout ce que nous apprenons ne sont que des bruits de couloirs que nous ne pouvons pas prendre pour argent comptant. Donc, pour tout dire, nous ne savons absolument rien. Ce qui est triste et regrettable.
L'actualité ivoirienne est marquée par le débat sur les élections du 30 octobre prochain. Quelle lecture faites-vous de cette actualité?
À l'instar de la plupart de nos compatriotes je suis sérieusement inquiet. Et je sais que même les acteurs politiques, y compris l'équipe dirigeante, sont tous inquiets. Nous ne savons pas de quoi demain sera fait en Côte d'Ivoire.
Dans une telle situation, la population se tourne vers Dieu et les hommes de Dieu. Quel message avez-vous à lancer aux Ivoiriens dans ces moments d'incertitudes ?
Notre message a toujours été constant depuis la création du COSIM et du CNI. Nous avons toujours invité les acteurs politiques à éviter le chaos au pays. Certains nous ont mal compris au début. Mais, notre religion étant fondée sur la recherche de la paix, ils sont en train de comprendre que notre message n'est pas du tout partisan et qu'il a pour but de mener le pays tout entier à la concorde.
El Hadj, avez-vous cesser de mener les médiations qui avaient pour but de rapprocher l'opposition politique, la rébellion et le pouvoir pour que le pays puisse aller aux élections?
Nous ne pouvons jamais abandonner les médiations ! C'est vrai que nous ne faisons ni tapage ni publicité autour de nos actions, mais nous continuons de discuter dans la stricte discrétion avec les différents acteurs pour que le pays puisse aller à la paix.
Vous, en tant que chef religieux, pouvez-vous courageusement demander aux hommes politiques d'envisager une nouvelle date pour les élections, quand il est évident que leur tenue le 30 octobre paraît impossible ?
Je ne suis pas politicien. Mais je souhaite que les engagements que les politiciens ont pris soient respectés. Mais en tant qu'homme du peuple je crains que les élections ne puissent pas se tenir à la date du 30 octobre. Franchement, je ne sais pas par quel miracle cela pourrait se faire. Pour moi en tant que novice de la politique, je ne sais pas. Moi-même, je n'ai même pas de carte nationale d'identité à plus forte raison une carte d'électeur. A quel moment toutes ces questions pourraient trouver réponses pour que nous tenions les élections le 30 octobre ? Pour nous en tant que novice de la politique, nous pensons que les élections le 30 octobre, ce n'est pas possible.