Article
Odienné : dans l'univers des célébrants du Maoulid à Kelindjan et Dabadougou
- Title
- Odienné : dans l'univers des célébrants du Maoulid à Kelindjan et Dabadougou
- Type
- Article de presse
- Creator
- Rahoul Sainfort
- Publisher
-
Le Patriote
- Date
- January 6, 2015
- DescriptionAI
- La célébration du Mahoulid (naissance du prophète Mohamed) a attiré des milliers de fidèles ivoiriens et ouest-africains à Kelindjan et Dabadougou, en Côte d'Ivoire. Ces pèlerins se sont rassemblés autour des saints hommes Cheikh Boike Matche Samassi et Cheikh Ousmane Doumbia pour des jours de prière, de dévotion et de bénédictions. L'événement, soutenu par les autorités locales, est perçu comme un facteur de développement religieux, culturel et économique pour la région.
- Spatial Coverage
- Gambie
-
Côte d'Ivoire
-
Guinée
-
Mali
-
Sénégal
- Man
- Odienné
-
Niger
- Sierra Leone
- Touba
- Samatiguila
- Language
- Français
- Contributor
-
Frédérick Madore
- Identifier
- iwac-article-0011273
- content
-
Le Mahoulid ou naissance du prophète Mohamed a été célébré dans la nuit du samedi 3 au dimanche 4 décembre. La célébration de cette fête religieuse donne lieu à un retour en masse des ressortissants d'Odienné partis à l'aventure mais surtout à un déferlement de populations ivoiriennes et étrangères à Kelindjan et à Dabadougou, deux localités de la région. La raison : la présence en ces lieux de deux saints hommes, El Hadj Boike Matche Samassi et El hadj Ousmane Daba.
Le jour du Mahoulid, après une vingtaine de minutes sur une route poussiéreuse et escarpée, nous arrivons à Kelindjan. 13 km de piste le sépare de Samatiguila. Juste à l'entrée du campement dont la renommée dépasse aujourd'hui les frontières de la Côte d'Ivoire, un gendarme nous indique que notre véhicule ne peut passer. Commence alors le pèlerinage pour tous les journalistes qui descendent du véhicule pour parcourir à pied les quelques mètres qui nous séparent du campement. Nous effectuons le trajet avec les célébrants du Mahoulid, venus nombreux malgré la fraicheur de l'harmattan. Nous dévalons une petite côte, traversons un pont qui donne accès au campement, puis remontons une autre côte et nous voici dans le célèbre village de Kelindjan qui veut dire en langue locale longue portion de terre servant de passage dans un cours d'eau.
Kelindjan est un campement d'environ une cinquantaine de cases. Les seuls maisons en dur sont les deux concessions de El Hadj Matche Boike Samassi, construites par de généreux donateurs. Au moment où nous arrivons sur les lieux, le campement grouille de monde. Les gens sont venus de partout en Cote d'Ivoire et des pays de la sous région comme le Mali, la Guinée, le Sénégal, le Niger, le Nigeria, la Sierra Leone et la Gambie. Les organisateurs avancent le chiffre d'un peu plus de 10 000 personnes. Parmi elles, on compte 8500 talibés c'est-à-dire des disciples du Cheik Samassi, âgé aujourd'hui de 85 ans.
Chaque année à la même période, ceux-ci se retrouvent à Kelindjan pour célébrer avec le Cheik Boike Samassi le Mahoulid et en même temps solliciter ses bénédictions, selon Fadiga Lamine, venu de Man et qui est cette année à sa quatrième participation. Les talibés sont logés par délégation. Pendant au moins dix jours, ils se consacrent à la prière sur le prophète Mohamed. Cela, matin, midi et soir. Car le Cheick s'est assigné comme mission de propager la Dalahiloul Kayrate [invocation recommandée par Dieu sur le prophète] dans le monde. Pour lui « on ne saurait avoir une foi complète sans l'amour du prophète ». Pendant donc les 10 jours, la nourriture abonde grâce à de généreux donateurs. Le Cheick et les talibés ne manquent de rien. Une répartition des tâches est faite au campement. Les femmes sont chargées de faire la cuisine tandis que certains jeunes sont commis à la corvée d'eau et autres. Le dernier jour, à savoir le jour du Mahoulid, le Cheick procède à la bénédiction finale pour libérer ses talibés. Les populations accourent de partout pour assister et bénéficier des prières du Cheick.
Le lendemain les populations se déportent à Dabadougou, chez le Cheick El Hadj Ousmane Doumbia, disciple de Cheick Samassi pour la même cérémonie de bénédiction finale. Toutes ces cérémonies sont marquées par la présence des autorités et des cadres.
Les cadres d'Odienné, avec à leur tête le ministre Gaoussou Touré, sont fortement impliqués, depuis trois ans, dans l'organisation du Mahoulid à Kelindjan et Dabadougou. A Kelindjan, le ministre Gaoussou Touré s'est réjoui que d'année en année, l'évènement s'amplifie. « Les gens peuvent considérer que c'est une perte d'argent lorsque nous venons investir ici mais pour nous le secteur culturel et religieux constitue un facteur clé de notre développement. Le fait que des populations qui n'étaient pas venus depuis 30 ans voir leurs parents est une bonne chose. Grâce au Mahoulid beaucoup de cadres ont commencé à entreprendre dans leurs villages », a déclaré le ministre Gaoussou Touré. Non sans promettre de faire en sorte que les pèlerinages de Kelindjan et de Dabadougou où il s'est fait représenter par son épouse Touré Diabaté Massogbe et le commissaire Krouma Mamadou soient à la hauteur sinon dépasse celui de Touba, au Sénégal, qui accueille plus d'un million de pèlerins chaque année.