Article
Rébellion armée en Côte d'Ivoire : les chefs religieux font leur diagnostic
- Title
- Rébellion armée en Côte d'Ivoire : les chefs religieux font leur diagnostic
- Type
- Article de presse
- Creator
- A. L. I.
- Publisher
-
Le Jour
- Date
- November 29, 2002
- DescriptionAI
- Confrontés à la rébellion armée en Côte d'Ivoire depuis 2002, les chefs religieux de toutes confessions s'accordent sur un diagnostic commun : la crise découle d'un déficit spirituel et des péchés des Ivoiriens. Ils préconisent un changement intérieur, le pardon mutuel et un recours massif à la prière. L'objectif est de promouvoir un citoyen nouveau, craignant Dieu et aimant son prochain, comme solution fondamentale à la crise.
- number of pages
- 1
- Language
- Français
- Contributor
-
Frédérick Madore
- Identifier
- iwac-article-0011192
- content
-
Rébellion armée en Côte d'Ivoire
Les chefs religieux font leur diagnostic
La Côte d'Ivoire vit depuis le 19 septembre 2002 une crise sans précédent. Des rebelles qui occupent 40% du territoire depuis cette date sont en négociation à Lomé avec le gouvernement ivoirien en vu de trouver des voies et moyens d'une sortie de crise. Les religieux de leur côté ont cherché à savoir le pourquoi de cette rébellion.
« L'Eternel est le rocher des siècles. L'heure est arrivée pour que chaque Ivoirien comprenne qu'il tient sa vie de Dieu. Il est le Dieu des armées et c'est lui qui libèrera la Côte d'Ivoire. Prions pour que le Seigneur parle à la conscience de ceux qui assaillent notre pays, avant que n'arrive son châtiment. Car bientôt les bruits des armes se tairont pour faire place à la paix ». Ces propos ont été tenus par le pasteur Benjamin Boni, président du conseil national des églises protestantes évangéliques de Côte d'Ivoire (Cnepeci) le samedi 12 octobre dernier. Au cours d'une croisade de prière en faveur du retour de la paix, organisée au stade Robert Champroux de Marcory. Pour Soumah Yadi la crise actuelle trouve sa racine dans les péchés des uns et des autres. « Si Dieu a permis ce qui nous arrive, c'est que nous avons à régler notre attitude devant lui. Car nous ne pouvons rien demander et obtenir de Dieu si notre cœur n'est pas pur », a-t-il fait remarquer.
Refusant de se contenter de réponses faciles, les religieux ont cherché à comprendre ce qui arrive à la Côte d'Ivoire, en remontant à la racine même du mal. Tous s'accordent à reconnaître que cette crise tient d'un déficit spirituel chez les Ivoiriens.
UN SAISISSANT AVEU
Comme une forte envie de cohésion, les religieux de toutes les confessions se sont mis à parler le même langage et à avoir la même approche dans la résolution de la crise ivoirienne. Tout se passe comme s'ils se sont assigné pour tâche de se racheter. Des musulmans aux chrétiens, en passant par les bouddhistes, les violons s'accordent pour « un changement intérieur » de leurs fidèles. Car disent-ils : « Beaucoup d'Ivoiriens aujourd'hui sont dominés par l'égoïsme, l'avidité et la recherche effrénée de leurs intérêts mesquins. Si nous voulons que les choses changent autour de nous, commençons par changer nous-mêmes ».
Le cardinal Bernard Agré ne disait pas autre chose à l'occasion de la journée nationale de la paix. « Il y a eu trop de mauvaises choses qui se sont passées dans ce pays. Il nous faut demander pardon à Dieu pour nos fautes individuelles et collectives. Nous devons regretter nos silences coupables dictés par la négligence, la méchanceté et la solidarité dans le mal ». Pour l'archevêque d'Abidjan la solution de la crise n'est ni dans les discours ni dans les forums. Il importe selon lui de promouvoir le citoyen ivoirien nouveau. C'est-à-dire celui qui craint Dieu et par conséquent aime son prochain comme l'y invite ce passage biblique : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ».
LE RECOURS MASSIF À LA PRIÈRE
La capacité de pardonner soulignent les dignitaires religieux, est la seule force qui puisse résoudre toutes les tensions de l'humanité, même si le pardon à formuler n'est pas facile à faire dans la réalité. C'est fort de cette vertu Mgr Bernard Agré a encore demandé aux Ivoiriens, le 15 novembre dernier, d'avoir l'amour des assaillants et des étrangers.
Et depuis, les mosquées, les églises, les temples et autres sanctuaires ne désemplissent pas. Tous prient pour le retour de la paix. Une sorte de sursaut religieux dont la portée spirituelle ne sera pas, à coup sûr, sans effet dans l'issue de cette crise.
A.L.I.
Le cardinal Bernard Agré (notre photo) et l'imam Idriss Koudouss Koné demandent aux Ivoiriens d'avoir la crainte de Dieu et d'agir les uns envers les autres avec amour.