Article
Vœux de nouvel an des leaders religieux et politiques
- Title
- Vœux de nouvel an des leaders religieux et politiques
- Type
- Article de presse
- Creator
- Félix D. Bony
- Publisher
-
Le Jour
- Date
- December 31, 2002
- DescriptionAI
- À l'occasion du Nouvel An 2003, des leaders religieux et politiques ivoiriens ont formulé des vœux pour un retour rapide à la paix et à la normalité en Côte d'Ivoire, après la crise de fin 2002. Tous ont appelé à la réconciliation, au pardon, à l'unité nationale et à la fin des hostilités, soulignant l'importance du dialogue, de la vérité et de la justice pour reconstruire le pays.
- number of pages
- 1
- Language
- Français
- Contributor
-
Frédérick Madore
- Identifier
- iwac-article-0011207
- content
-
Vœux de nouvel an des leaders religieux et politiques
Au seuil de la nouvelle année 2003, des chefs religieux et des leaders politiques n'ont pas failli à la tradition de vœux à l'endroit de leurs compatriotes. Tous souhaitent pour la Côte d'Ivoire, leur patrie, un retour rapide à la paix et à une vie normale, après une fin d'année 2002 mouvementée depuis le 19 septembre.
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**Cardinal Agré, archevêque d'Abidjan**
**« Que ceux qui parlent de paix ne fassent plus semblant »**
Chers frères,
Chères sœurs,
« L'année 2002 s'achève sur une symphonie inachevée, cassée. Dieu nous éprouve, il veut peut-être tremper notre foi et notre espérance comme l'orfèvre trempe l'acier et l'or. Tous, nous passons par les grandes eaux purificatrices.
Que vous souhaitez, croyants et non croyants, chrétiens, musulmans, adeptes des autres religions, sinon d'abord d'une soumission totale à Dieu, notre créateur et notre Père. Ayons le courage de lui demander pardon pour nous-mêmes et pour tous ceux, Ivoiriens et étrangers, commanditaires et exécutants de ce désordre national le plus grave de notre histoire. Que dieu change leur cœur et y verse en abondance le remord et la pitié. Qu'ils arrêtent maintenant de faire souffrir le peuple. Pardon...
Que souhaiter aux Ivoiriens, sinon la lucidité, le courage pour vivre dans la vérité, la justice, l'amour et la liberté, convaincus que nous devons être les premiers à rechercher et à trouver les vraies solutions à la crise en cours et aux problèmes énormes de l'après-guerre.
Il est facile d'assassiner un pays ou de le retarder pour des années. Cela, les ennemis de la Côte d'Ivoire l'ont bien réussi. Bravo ! Mais reconstruire la confiance entre les hommes et rebâtir le matériel, c'est autre chose.
Que souhaiter à nos dirigeants africains, sinon ce qui leur manque depuis de longue date : le courage et la solidarité. Que leur égoïsme et leur recherche de leadership fassent place à l'humilité et à un amour fou des intérêts des peuples africains.
Je souhaite beaucoup de sérénité et de persévérance dans le dialogue entre les responsables religieux, les dirigeants politiques et tous les membres de la société civile.
Que tous ceux qui parlent de paix ne fassent plus semblant.
Que le spectre de la famine s'éloigne. La Côte d'Ivoire pleure, notre mère mérite un meilleur traitement. Travaillons à la paix, la joie de vivre.
Bonne et radieuse année 2003.
*Bernard Cardinal Agré*
*Archevêque d'Abidjan*
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**El Hadj idris Koudouss, président du Conseil national islamique**
**« Que l'entente revienne entre les enfants de Côte d'Ivoire »**
**« Confions ce qui s'est passé à Dieu »**
« Pour cette nouvelle année 2003 que nous abordons dans la crise, je souhaite que la paix revienne très vite en Côte d'Ivoire. Il faut pour cela que nous soyons nés de nouveau. La crise que nous vivons, nous en sommes tous responsables à divers niveaux. Donc mon message pour le nouvel an est plutôt une adresse de pardon et de tolérance pour que la paix revienne dans nos cœurs. Que tous les Ivoiriens se ressaisissent. Qu'ils oublient tout ce qui s'est passé et confient tout à Dieu pour le bonheur de tous. Bonne année 2003 dans une Côte d'Ivoire unie. »
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**Sénior Jacob Ediémou, chef du diocèse de l'église du christianisme céleste de Côte d'Ivoire**
La Côte d'ivoire traverse un moment très difficile de son histoire, en cette fin d'année 2002 et en ce début d'année 2003. La seule chose qu'on puisse faire pour sortir de cette crise grave, c'est la prière. Nous religieux, nous demandons à toutes les populations qui vivent sur cette terre ivoirienne, de prier davantage pour que la paix revienne dans ce pays, en ces moments difficiles que nous connaissons.
Mon premier vœu en début de cette année 2003, que la guerre cesse. Que l'amour et la paix habitent à nouveau dans tous les cœurs. Je souhaite beaucoup de bonheur et de prospérité pour la Côte d'ivoire, la paix dans nos familles, sur nos lieux de travail, partout dans le pays et dans le monde entier. Que l'amour et l'entente entre tous les fils de Côte d'Ivoire revienne. Bonne année à tous ».
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**Henri Konan Bédié, président du PDCI**
**« Faisons l'économie de la guerre... »**
« Dans quelques heures, les derniers lampions de l'année 2002 vont s'éteindre. 2002 ! Une année qui marquera d'une trace indélébile la mémoire de chaque Ivoirienne et de chaque Ivoirien, en raison des malheureux événements survenus, singulièrement ceux du dernier trimestre !
Les militants de notre parti, le Parti démocratique de Côte d'Ivoire, se rappelleront sans doute également la grande manifestation que fut le onzième congrès. Organisé dans des conditions difficiles, le onzième congrès a montré la maturité de notre formation politique. Malgré les pièges qui lui ont été tendus, le parti en est sorti renforcé ! Il s'est en effet donné une nouvelle direction, un président élu démocratiquement à plus de 82%, un nouveau secrétaire général et des organes qui lui ont permis de s'assurer une victoire aux consultations départementales. En dépit d'une organisation scandaleuse de ces consultations, notre formation politique a obtenu le plus grand nombre de conseils généraux, en confirmant ainsi sa position de première force politique de la Côte d'Ivoire.
En ce début de l'année 2003, mes vœux aux militants du PDCI-RDA et à l'ensemble des habitants de ce beau pays sont d'abord et avant tout des vœux de retour à la paix dans notre pays, la paix sans laquelle rien de solide ne peut se construire. C'est bien la raison pour laquelle, dans mon tout premier message qui remonte à trois jours francs après le début de la crise, j'insistais pour que s'engage un dialogue avec les insurgés, car la guerre ne résout rien en définitive. Après la guerre, il faudra, inévitablement, revenir à la table de négociations. Il faut donc faire l'économie de la guerre : morts d'hommes, destructions de biens, pauvreté et misère accrues.
En plus de la paix, je veux adresser mes vœux de bonne santé à tous et à chacun. C'est parce que nous serons en bon état de santé que nous pourrons mettre ensemble nos moyens, matériels, intellectuels et moraux, pour remettre en état, ce beau pays, notre chère Côte d'Ivoire.
Ces vœux nous les adressons au nom du PDCI-RDA, à tous les Ivoiriens, hommes et femmes de toutes les régions, notamment aux familles endeuillées, aux déplacés, à tous nos militants.
Bonne et heureuse année 2003 à toutes et à tous et que Dieu protège la Côte d'Ivoire ».
*Abidjan, le 31 décembre 2002*
*Henri Konan Bédié*
*Président du PDCI-RDA*
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**Alassane S. N'Diaye, SG UDPCI**
**« Que nos cœurs se libèrent et deviennent propres »**
Janvier 2003
« L'histoire de la Côte d'Ivoire a parfois fait perler à ceux yeux des larmes. La Côte d'Ivoire a pleuré. Elle a su toujours et en de nombreuses occasions, bien vite, trouver le mouchoir de l'amour qui est mouchoir de vérité, pour sécher ses larmes. Toute cela n'a été possible que par la pratique des valeurs et principes de fraternité que quarante ans de l'affirmation d'une politique, celle de l'immense homme, a permis.
Les larmes inondent et ravinent depuis la mort de Félix Houphouët-Boigny, les joues du peuple de mon pays.
La guerre s'est installée dans nos cœurs, avant d'envahir nos savanes, nos montagnes, et nos plaines verdoyantes. La peur, la misère et la mort nous hantent parce que devenues nos voisines.
Des prières sont dites. Les prières montent chaque jour vers Dieu. Elles appellent Dieu au secours.
Et s'annonce l'an nouveau : le 3ème du millénaire. Et nous sommes humides de pleurs. Les vœux qui sont les nôtres, en ce début d'année, sont que nos cœurs d'abord se livrent et deviennent propres. Nous voulons ardemment que l'autre soit nous, nous-mêmes.
Notre vœu le plus ardent est que les Ivoiriens, chacune, chacun et tous, aient ce supplément d'âme qui les sorte des basses contingences politiciennes, ethniques, tribalistes et religieuses, afin de porter le regard franc sur la misère du peuple de Côte d'Ivoire. Ce regard-là doit être limpide pour voir en face la mère : la magnifique et unique Côte d'Ivoire.
Nobles sont les ambitions. Ephémères sont les calculs et les intrigues.
Tout est possible, si chacune et si chacun d'entre nous se donne la peine de tourner le regard vers son cœur, de s'interroger, de se regarder dans le miroir intime que Dieu a placé dans la poitrine, à cet endroit-là. La conscience n'a pas d'autre signification.
La bonne année ne saurait être, que si l'on a le courage de regarder les « dégâts » dont nous sommes responsables et dont nous sommes coupables, sur le cours de celle qui vient de s'achever.
Dieu sait que nous avons tous, à des degrés divers, fauté.
A la demande de pardon que nous adresserons au Seigneur, Tout Puissant et Tout Miséricordieux, couplons la demande de pardon à notre voisin : à l'allogène qui doit redevenir autochtone ; à l'étranger qui doit redevenir frère ; à l'épouse qui est mère et qui doit le rester dans son statut sacré ; à l'enfant qui est lumière sur demain ; aux frères et aux sœurs qui doivent redevenir nous.
Séchons donc nos larmes si nous prenons sincèrement ces résolutions.
Car dieu dit : demandez et vous recevrez, confessez et il vous sera pardonné.
C'est ce même Dieu qui nous procurera toutes les forces pour vaincre l'adversité et fera jaillir du ciel un rayon de lumière, rayon qui embrasera le ciel des feux du bonheur vrai.
Que l'an 2003, en Côte d'Ivoire, soit illuminé de ces feux de la paix ».
*Professeur Alassane Salif N'DIAYE*
*Secrétaire Général de l'UDPCI*
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Propos recueillis par Félix D. Bony