Article
Procès des journalistes de "Plume Libre" : le procès reprend ce matin
- Title
- Procès des journalistes de "Plume Libre" : le procès reprend ce matin
- Type
- Article de presse
- Creator
- Mory-Frey Touré
- Publisher
-
Le Jour
- Date
- March 2, 1995
- DescriptionAI
- Les journalistes Dembélé Fousséni et Doumbia Ibrahima de "Plume libre" ont comparu devant le tribunal d'Abidjan, accusés d'incitation au désordre et à la haine tribale et religieuse. Ces accusations découlent d'articles de février 1995 dénonçant une prétendue "chasse aux cadres musulmans" et la "marginalisation des musulmans ivoiriens". Le procès, initialement reporté à la demande de la défense, n'a finalement pas eu lieu suite au retrait des avocats et des prévenus, malgré l'insistance du tribunal.
- number of pages
- 2
- Language
- Français
- Contributor
-
Frédérick Madore
- Identifier
- iwac-article-0010600
- content
-
# 42 PLOME LIBRE
## LE PROCES
## REPRESND
Inculpés pour délit d"incitation au désordre et à la haine tribale et religieuse" et placés sous mandat de dépôt le 21 février, MM. Dembélé Fousséni et Doumbia Ibrahima, respectivement directeur de publication et journaliste à "Plume
libre" ont comparu hier devant le tribunal des flagrants délits d'Abidjan. L'audience aussitôt ouverte, a été reportée, à la demande des prévenus et de leurs avocats. Le temps pour ceux-ci de coordonner les moyens de la défense.
# Procès des journalistes de "Plume libre"
## Le procès reprend ce matin
Inculpés pour délit d"incitation au désordre et à la haine "tribale et religieuse" et placés sous mandat de dépôt le 21 février, MM. Dembélé Fousséni et Doumbia Ibrahima, respectivement directeur de publication et journaliste à "Plume libre" ont comparu hier devant le tribunal des flagrants déliits d'Abidjan. L'audience aussitôt ouverte, a été reportée, à la demande des prévenus et de leurs avocats. Le temps pour ceux-ci de coordonner les moyens de la défense.
"Chasse aux cadres musulmans, l'épuration ethnique continue", "les musulmans ivoiriens, cette minorité qui gêne": deux articles publiés par "Plume libre" dans son édition $n^{\circ}$ 36, datée de février 1995, ont valu à Dembélé Fousséni et Doumbia Ibrahima de comparaître devant le tribunal d'Abidjan pour répondre du délit
d'incitation au désordre et à la haine tribale et religieuse".
Dans le premier article, on peut lire notamment ; "Après l'éviction de leur poste de la première vague de nordistes tels que Hadji Diarra, Ali Coulibaly, Issa Diakité et autres dans le cadre d'une opération de "dédramanisation" tous azimuts, il y a eu le coup de la CAA (Caisse autonome d'amortissement), où Coulibaly N'Golo et tous ceux qui avaient le malheur de s'appeler Ouattara, Coulibaly ou Koné, ont été évincés de leurs postes ; aujourd'hui, c'est une nouvelle purge qui voit le jour"...
Dans le second article intitulé "les musulmans ivoiriens, cette "minorité" qui gêne", "Plume libre" s'évertue à mettre en évidence l'importance, au plan socio-économique, de la communauté musulmane de Côte d'Ivoire et le malaise qui existe-
M. Dembélé Fousséni, Directeur de publication de "Plume Libre".
rait entre le pouvoir en place et cette communauté.
Coup de théâtre : juste après les premières questions du président du tribunal aux prévenus, le collectif des avocats demande au juge, M. Blé, d'accepter de reporter le procès à une date ultérieure. Le temps pour eux de mieux maîtriser le dossier, afin de coordonner les moyens de la défense. Le représentant du ministère public, M. Blé n'est pas de cet avis. Le président du tribunal ordonne donc de poursuivre les débats. C'est alors que le collectif des neuf avocats demande une suspension d'audience de cinq minutes.
MM. Blé et Blé n'y voient aucun inconvénient. Retour à la salle d'audience et insistance du président du tribunal et du procureur de la République à vouloir poursuivre les débats. Non, répondent les avocats de la défense qui prendront tour à tour la parole pour se "dépor-
ter", selon le langage consacré. Les deux prévenus "embouchent la même trompette" que leurs conseils. L'assistance retient son souffle... mais de procès, il y en n'aura point. En dépit de la volonté manifeste de MM. Blé d'en découdre rapidement avec les prévenus et leurs avocats.
Que perdent ces deux acteurs du prétoire à attendre que les avocats soient en pleine possession des moyens de la défense? Le président du tribunal qui a insisté auprès des prévenus pour qu'ils choisissent dorénavant d'autres avocats que ceux qui étaient présents hier, fonde-t-il son argumentation sur des dispositions légales précises ? Tous les avocats que nous avons interrogés ont répondu par la négative à cette question.
Touré Mory-Frey.