Article
Célébration du 5e anniversaire de radio Al Bayane / El hadj Cissé Djiguiba, directeur général : "Al Bayane n'appartient pas exclusivement aux musulmans"
- Title
- Célébration du 5e anniversaire de radio Al Bayane / El hadj Cissé Djiguiba, directeur général : "Al Bayane n'appartient pas exclusivement aux musulmans"
- Type
- Article de presse
- Creator
- Coulibaly Zoumana
- Publisher
-
Le Jour Plus
- Date
- February 15, 2007
- DescriptionAI
- Radio Al Bayane célèbre son 5e anniversaire, marquant une expansion significative de sa couverture (jusqu'à 200 km) et de ses programmes, désormais diffusés en 18 langues et incluant des thèmes culturels, de santé et d'histoire, au-delà du contenu religieux. Le directeur, El Hadj Cissé Djiguiba, insiste sur le fait que la radio n'est pas exclusivement musulmane et a reçu le soutien d'autres communautés. L'entretien aborde également la profanation de la mosquée du Plateau, avec un appel à y reprendre les prières du vendredi comme un acte d'indignation et de réappropriation.
- pages
- 8
- number of pages
- 1
- Subject
- Djiguiba Cissé
- Mosquée Salam du Plateau
- Radio Al Bayane
- Mahomet
-
Conseil Supérieur des Imams, des Mosquées et des Affaires islamiques
- Mosquée
- Femmes
- Jeunesse
- Paix
- Charia
- Language
- Français
- Contributor
-
Frédérick Madore
- Identifier
- iwac-article-0010460
- content
-
Célébration du 5e anniversaire de radio Al bayane/ El hadj Cissé Djiguiba, directeur général
"Al Bayane n'appartient pas exclusivement aux musulmans"
La commémoration des cinq ans d'existence de la radio Al Bayane démarre aujourd'hui. Dans cet entretien, l'Imam El Hadj Cissé Djiguiba, directeur général relève l'opportunité de l'organisation de ces festivités. Il donne au passage ses sentiments suite à la profanation de la mosquée du Plateau.
Imam, vous célébrez du 15 au 18 février les cinq ans d'existence de la Radio Al bayane. Quel sens donnez-vous à cet anniversaire ?
Pour cet anniversaire il faut d'abord remercier Allah qui nous a permis de réaliser un rêve qui était très cher à la communauté musulmane et en particulier aux imams. Deuxièmement, c'est le lieu d'exprimer notre satisfaction d'avoir réalisé un pari d'avoir eu la radio mais de la faire vivre et développer. Nous avons d'abord commencé avec une émission émettant dans un rayon de 50 kilomètres autour d'Abidjan. Cela a duré trois (3) ans et nous avons amorcé une deuxième phase de développement qui nous permet aujourd'hui d'atteindre 150 à 200 kilomètres en dehors d'Abidjan.
Le troisième motif de satisfaction c'est le fait que si nous sommes partis avec des moyens traditionnels de diffusion, nous avons aujourd'hui un équipement moderne. Notre régie de production a été informatisée. Et nous avons également informatisé la régie de diffusion. Nous avons aussi un abonnement internet qui nous permet de rentrer en contact avec l'extérieur pour savoir ce qui est fait sur les autres radios à caractère religieux et non religieux.
Il faut aussi noter que grâce à l'appui de médiatel nous avons aujourd'hui un site internet qui permet au monde entier d'entrer en contact avec notre programme pour s'instruire, se cultiver et avoir les meilleures informations sur l'islam à travers cette radio.
Quatrièmement au départ, nous avions quatre langues le français, l'arabe, l'anglais et le dioula dans lesquelles nous diffusions. Chemin faisant nous étions conscients que la communauté musulmane est une communauté multiforme, multiraciale et linguistique. Il fallait opérer le choix de grands groupes linguistiques, ce qui nous emmène à pouvoir diffuser dans au moins dix huit (18) langues qui sont parlées en Côte d'Ivoire et en dehors de la Côte d'Ivoire. Ce qui nous donne une certaine performance de proximité par rapport à nos auditeurs.
Y a-t-il eu des changements du point de vue des émissions diffusées ?
Il y a également cette autre satisfaction pour nous d'avoir pu réaliser cet autre pari que la radio au lieu d'être seulement en train de diffuser que le coran pendant 12 heures, nous avons varié nos productions. En effet, en plus des enseignements du coran, des enseignements du prophète Mohamed (Saw) nous avons d'autres émissions à caractère culturel, des émissions de santé, des émissions littéraires, des émissions sur l'histoire et la civilisation.
Nous avons des émissions qui permettent aux femmes d'avoir des informations spéciales les concernant. Cela est une contribution au développement de la conscience sociale et culturelle de la femme pour ne pas dire l'émancipation. C'est une richesse, le fait qu'aujourd'hui la radio n'est pas une radio appartenant exclusivement aux musulmans. A preuve, d'autres communautés non musulmanes se sont adressées à nous qui pour nous féliciter qui pour apporter leur contribution financière et matérielle et même leur appui intellectuel pour rendre la radio davantage plus performante.
Célébrer les cinq ans de la radio c'est célébrer un parcours, c'est faire un bilan à mi-parcours. Cinq ans ce n'est rien dans la vie d'une radio mais c'est aussi important pour une question d'aération et savoir où nous sommes arrivés, voilà le chemin parcouru et voilà ce qui reste à faire. A cet effet, nous sommes aujourd'hui en train de mener les études pour la troisième phase de développement qui nous amènera à moyen terme à couvrir toute l'étendue du territoire.
La célébration de ce 5e anniversaire de la radio vise-t-elle des objectifs particuliers ?
Assurément, l'un des objectifs majeurs, c'est de permettre aux cibles de la radio de savoir physiquement ce que c'est que la radio. Mais appréhender également les problèmes auxquels la radio est confrontée et qui doivent nécessairement être résolus avec leurs concours. Et cela toutes les autorités politiques, les entreprises de presse et de communication parce que c'est la fête de la communication. La meilleure communication, c'est celle qui crée le sentiment d'appartenance mais également le partage de nos intérêts. On pense que la communication c'est la voie qui permet d'asseoir un climat de paix, de cohésion. C'est le lieu de remercier tous les organes de presse qui nous appuie par les interviews et les communiqués qui passent.
Quels seront les temps forts de cette cérémonie ?
La cérémonie va s'étendre sur quatre jours. Le lancement des festivités va se faire jeudi (Ndlr : aujourd'hui). Les imams seront là, tous les opérateurs économiques qui ont pris des stands seront également sur place. Et nous allons lancer avec les bénédictions et les prières afin que ces journées se passent dans la paix, dans la joie, dans toute la ferveur escomptée et intéressante que nous escomptons à travers cette cérémonie. Le deuxième jour c'est un jour extrême vendredi, là c'est aussi un moment important parce que ce sera des émissions abondamment interactives et le studio va se transférer à l'extérieur du lieu des studios habituels. Nous aurons les deux, il y en aura un troisième qui va se retrouver à l'extérieur. Nous aurons plusieurs consultants en matière d'histoire, de droit islamique qu'on appelle charia. Nous saurons ce que c'est. Il y a aura des émissions de jeunes et de femmes. Ce sera l'occasion pour nos Oulémas, nos érudits de pouvoir répondre à de nombreuses questions que le public se pose souvent. Il y aura un stand appartenant aux imams et à la Ligue islamique des prédicateurs musulmans. N'oublions pas que nous avons des artistes musulmans qui chantent le prophète (Saw), la morale du coran et les vertus de l'islam. Ceux-là seront de la partie en permanence avec nous. Après vendredi, l'apothéose ce sera la cérémonie officielle qui est placée sous la haute autorité du conseil supérieur des imams et le patronage du ministre Coffi Studer déléguée à la Communication et le parrainage de El Hadj Samba Coulibaly. Nous avons invité pour cette occasion
J'avoue que dans les 90% des cas, nous ne payons rien. Ils nous signifient que cela est leur contribution. Il en est de même pour l'association des radios et télévisions privées en Côte d'Ivoire qui nous a réservé des plages dans les différents supports pour faire le maximum de publicité autour de cet anniversaire de la radio. Voilà en quelques sortes les temps forts de la cérémonie. Nous allons terminer la cérémonie des quatre jours par un match de gala qui va opposer les différentes radios confessionnelles en Côte d'Ivoire. C'est le tournoi de la fraternité, de la confraternité entre les différentes confessions religieuses.
Imam, depuis quelques jours des informations font état de la profanation de la grande mosquée du Plateau. Quel(s) commentaire(s) le guide spirituel que vous êtes peut faire ?
Ce sont des informations aussi déroutantes qu'indignantes. Nous avons été profondément touché, choqué par l'information selon laquelle la mosquée est devenue un lieu de passe. L'information a été vérifiée et ce qui a été écrit reflétait les réalités. Puisque les autorités qui sont chargées du suivi des travaux de la mosquée ont été obligées de changer de gardiens. Ce ne sont même pas des gardiens professionnels, ce sont des vigiles qui ne sont pas issus de sociétés officielles de gardiennage et qui viennent là s'adonner à ce genre de pratiques moyennant paiement. On a changé les hommes mais on n'a pas changé les habitudes.
Qu'avez-vous fait lorsque vous avez reçu cette information ?
Nous avons entrepris les démarches auprès des autorités politiques, au niveau du Bureau national d'Etude techniques et du développement (Bnetd) afin que cette situation cesse. Mais également que très rapidement, nous puissions prendre possession de cet édifice important pour la communauté nationale. Une mosquée de cette envergure au Plateau, est un édifice de très grande portée. Par voix de conséquence nous sommes capables de gérer notre mosquée. Nous sommes capables de prendre des sociétés de gardiennage professionnelles. En y étant nous sommes convaincus que ce genre de comportements blasphématoires, indignants ne se reproduiront plus jamais.
Suite à ce qui s'est passé, la jeunesse musulmane propose que les prières du vendredi débutent à la mosquée le 9 mars prochain, cela est-il possible ?
La mosquée peut-être maintenant utilisée en attendant que les travaux reprennent pour la finition totale. L'esplanade est suffisamment large, la salle de prière est terminée. L'espace peut contenir 4 à 5000 personnes. Au lieu de continuer d'aller prier sur l'esplanade comme on le fait depuis 15 ans en bravant pluies, chaleur et bruits, il serait mieux que nous soyons dans notre mosquée et chemin faisant, les travaux peuvent continuer autant que cela se doit pour que nous puissions avoir en quelques moments la dimension de notre mosquée à la l'espoir que nous avons nourri dès le début des travaux.
Vous partagez donc ce point de vue ?
Oui, notre objectif était même de commencer les prières dans la mosquée dès le début du mois de ramadan passé.
Pourquoi les prières n'y ont donc pas commencé ?
Cela est dû à un certain nombre de considérations. Nous avons voulu passer par les ministères, le Bnetd. Nous en avons aussi parlé aux autorités. L'espoir nous a été donné, mais nous n'avons pas pu commencer les prières. Là où nous prions actuellement, l'espace a même été réduit de moitié ce qui ne nous permet plus d'effectuer correctement les pièces. Il n'y a pas d'autre solution que d'intégrer la mosquée quitte à ce que les travaux se poursuivent au moment où nous y sommes. Leur intervention est donc légitime et salutaire. Leur action est là à encourager. C'est aussi cela, une dimension importante de la foi que celui qui voit le mal cherche le moyen licite qu'il faut pour qu'il change. S'il ne peut pas qu'il le dénonce pour qu'une solution soit trouvée.
Cet acte sera un acte historique. C'est une date que personne ne doit manquer parce que là ce ne serait pas la prière de l'inauguration de la mosquée mais la prière d'intégration à la mosquée pour y faire régulièrement les prières. Ce sera un jour mémorable, un jour de recueillement plein de bénédictions. Pour ceux qui ont profané la mosquée ce sera l'occasion de venir se repentir parce que des prières se feront. Il l'on fait librement mais pas impunément. Je prie Dieu pour qu'ils aient un esprit de repentir parce que tout le monde peut commettre un péché mais le meilleur des pécheurs c'est celui qui se repent. Et c'est ce que nous attendons de ceux qui ont profané la mosquée.
INTERVIEW RÉALISÉE PAR COULIBALY ZOUMANA

