Article
El Hadj Abdourahamane Ahmad Konaté, guide de la communauté Mouhammadyyat : "Voici le sens profond de la fête de la Tabaski"
- Title
- El Hadj Abdourahamane Ahmad Konaté, guide de la communauté Mouhammadyyat : "Voici le sens profond de la fête de la Tabaski"
- Type
- Article de presse
- Creator
- Abou Traoré
- Publisher
-
Le Jour Plus
- Date
- December 18, 2007
- DescriptionAI
- El Hadi Abdourahamane Ahmad Konaté, guide de la communauté Mouhammadyyat, explique le sens profond de la Tabaski (Aïd el Adha). Cette fête commémore la soumission du prophète Abraham à Allah, symbolisant l'unicité divine et le don de soi. L'entretien aborde les règles du sacrifice animal, sa symbolique complexe (liée aux prophètes et à la foi en Mahdi/Messie), les comportements à adopter, et l'importance de l'unité des dates de célébration basée sur l'observation lunaire, appelant à une soumission totale à la volonté divine.
- pages
- 6
- number of pages
- 1
- Subject
- Abraham
- Ismaël
- Mahomet
- Moïse
- Jésus
- Communauté Islamique Mouhammadiyyat
- Aïd al-Adha (Tabaski)
- Sacrifice
- Unité
- Prière
- Famille
- Ramadan
- Language
- Français
- Contributor
-
Frédérick Madore
- Identifier
- iwac-article-0010321
- content
-
El Hadj Abdourahamane Ahmad Konaté, guide de la communauté Mouhammadyyat
« Voici le sens profond de la fête de la Tabaski »
La communauté musulmane célèbre demain la fête de la Tabaski. À propos, El Hadj Abdourahamane Ahmad Konaté, guide de la communauté Mouhammadyyat, «le messie promis Nabioulah Issa d’Abengourou», dans cet entretien évoque le sens profond de cette célébration et les comportements à adopter par les musulmans.
La fête de l’Aïd el Adha que commémore t-elle ?
« Le Possesseur de la connaissance c’est Allah Seul. L’Aïd el Adha ou Tabaski commémore d’abord l’unicité de Allah, ensuite le don de soi et enfin l’acceptation des commandements divins. Il s’agit pour le musulman de se souvenir de la soumission du prophète Abraham, de sa femme Agar ainsi que de leur fils Ismaël à la volonté de Dieu. En effet, Allah montra au prophète Abraham en songe, qu’il immolait son fils Ismaël. Il informa son enfant de ce projet. Ce dernier rétorqua à son père qu’il était tout disposé à suivre cette injonction divine en ces termes : « Cher père exécute ce qui t’a été ordonné tu me trouveras s’il plaît à Allah parmi les endurants ». Au moment de passer à l’acte, Allah informa Abraham qu’il ne s’agissait que d’une épreuve.
Quelles sont les dispositions à prendre pour celui ou celle qui voudrait sacrifier une bête ?
L’immolation est une obligation au même titre que la prière pour tout musulman qui en a les moyens. Le prophète Mouhammad (saw) nous a enjoint que quiconque formule l’intention d’accomplir cet acte, doit s’abstenir de se raser ou de se couper les ongles pendant les 10 premiers jours du mois de Dhoul hidja. Le musulman doit se conformer aux écrits et non aux spéculations verbales. Le saint prophète enseigne que la meilleure bête est le mouton (ovin). A défaut de celui-ci on peut immoler un caprin, mais par manque de moyens on peut s’associer pour acheter un bovin ou un chameau. En résumé il ya quatre catégories de bêtes qui peuvent servir au sacrifice : les ovins ; les caprins ; les bovins ou les camélidés.
Quel était le type de bête que le prophète Mouhammad (SAW) sacrifiait le jour de l’Aïd el adha ?
Aïcha (raa), l’épouse du Saint prophète a dit : « Mouhammad (saw) a sacrifié le jour de l’aïd adha un grand et beau bélier cornu. On ne peut pas cerner toute la sagesse contenue dans la pratique prophétique encore moins dans la parole d’Allah. On peut retenir comme symbolique, que les cinq parties au noir représentent les cinq grands prophètes appelés « Ouloul Azam », c’est-à-dire les prophètes cardinaux, qui sont Noé -Abraham -Moïse – Jésus et Mouhammad (saw). Parmi ces cinq messagers, le Saint prophète est le plus éminent. Ainsi les quatre pattes du bélier représentent Noé -Abraham –Moïse – Jésus. Le bélier peut survivre si on lui ampute l’une des quatre pattes, cependant il devient infirme. Par conséquent si on venait à lui enlever son museau, il mourra, car élément essentiel de sa subsistance.
Mouhammad représente donc le museau c’est-à-dire qu’autant l’islam est la synthèse des autres religions, le Saint prophète est le dénominateur commun des autres messagers ; raison pour laquelle il symbolise le museau qui est la voie d’entrée de la subsistance qui est indispensable au reste du corps.
Quant aux deux yeux qui sont dans une orbite, ils représentent la venue de deux disciples spirituels après Mouhammad qui sont le Mahdi et le Messie. Ces deux personnes sont la symbolique des deux yeux qui regardent dans le noir. Le museau symbolise la tête qui est le prophète. Cependant, accepter le Saint prophète et nier l’un des quatre précédents prophètes équivaut à amputer le bélier d’une patte. Par contre celui qui nie l’apostolat de Mouhammad n’a pas de raison d’exister, car le bélier ne peut survivre si on lui arrache son museau. Tous ceux qui n’ont pas compris le prophète Mouhammad (saw) sont donc comme des morts. Ainsi, tout musulman qui nie l’apostolat du Mahdi ou du Messie promis est assimilé à un bélier borgne, ou justement ce bélier est inapte à faire partie des bêtes à immoler pour l’Aïd el adha. Ceux des musulmans qui ne croient pas au Mahdi et au Messie sont comme des béliers ayant les deux yeux crevés qui ne peuvent servir au sacrifice car le but de notre existence est justement de se sacrifier pour Allah, à l’image d’Abraham et sa famille.
Comment se fait le partage de la chair de la bête immolée ?
Il est recommandé de partager la bête immolée en trois parties. Une partie doit être destinée à sa famille ; une autre doit être distribuée en aumône aux pauvres et nécessiteux et la dernière partie est destinée aux amis et voisins même si ceux-ci ne sont pas musulmans. La bête immolée est un sacrifice exclusivement réservé à Allah. Rien ne doit faire l’objet d’un commerce. C’est pourquoi celui qui offre les services pour l’abattage de l’animal, ne doit pas être rémunéré en chair de viande, il doit recevoir son salaire en espèces d’argent.
Quel comportement adopter lorsque le jour de l’Aïd coïncide avec le vendredi ?
Comme nous l’avons dit précédemment, le fondement de l’Islam c’est les écrits et non les vaines spéculations humaines. Lorsque l’aïd et le vendredi coïncidaient les deux fêtes de Noël, le prophète Mouhammad (saw) disait que deux fêtes se sont rencontrées, il formulait donc une intention commune pour les deux le matin. Ainsi il faisait la prière de l’aïd en deux raka’ats et il ne faisait plus de prière jusqu’à la prière de Asr. Tel fut aussi la pratique de ses compagnons. Mais pour celui qui n’a pas pu se présenter à la prière de l’aïd, il doit faire la prière de vendredi ou celle de zohr (13 heures). Cependant, il n’est pas interdit de faire la prière de l’aïd et celle du vendredi, bien que cela ne soit pas une pratique du prophète de l’islam.
(Cf. Abou Daoud)
Contrairement aux autres confessions religieuses, pourquoi les musulmans ne fêtent t-il pas le même jour à travers le monde ?
D’entrée de jeu, sachez que l’Islam est une religion de droiture et d’ordre, tout dans la pratique musulmane est a été codifié et structuré. C’est une religion universelle qui transcende le temps et les frontières. Contrairement aux autres religions qui ne peuvent s’adapter ni dans le temps ni dans l’espace, l’islam a une vocation mondiale. Mais ce fait ne saurait masquer la grande pagaille qui règne au sein de ceux qui s’affirment être musulmans. Le Coran nous enseigne que le prophète a été envoyé « Kafatane linass » c’est à dire à toute l’humanité sans exception. Les deux fêtes musulmanes, l’Aïd el fitr et l’Aïd adha sont liés à l’apparition du croissant lunaire quel qu’en soit le lieu. Ainsi, si la lune apparaît et qu’elle est observé par des musulmans intègres où qu’ils soient nous devons commencer le mois du Ramadan ou y mettre fin, il en va de même pour l’Aïd el adha. Les frontières nationales n’existent pas en Islam, par contre cette cacophonie qu’on observe à travers le monde, est une honte et cela porte trop de préjudice à cette noble religion qu’est l’Islam. Il faut savoir que les fêtes se font à des dates précises, se méprendre donc sur elles nous fait perdre tout le bénéfice de la baraka qu’elles portent. Le jour d’Arafat c’est le 9è jour de Dhoul hidja et non une autre date. Vouloir nationaliser l’islam est une méconnaissance des principes islamiques. En effet, il n’y a pas plus de 24 heures entre deux différents points du monde. Il s’agit simplement d’un décalage horaire. Ce qui est donc valable en Côte d’Ivoire l’est en Arabie Saoudite et en Iran etc. ainsi lorsque le croissant lunaire est observé en Arabie Saoudite nous ne devons le nier ni en Côte d’Ivoire ni ailleurs. Quel que soit le pays qui affirme avoir vu la lune, les autres musulmans de part le monde doivent s’y conformer, car la fraternité musulmane va au-delà de nos frontières nationales qui ne sont que des inventions humaines. Lorsque vous prenez les fêtes de Noël ou le nouvel an elles se pratiquent le même jour à travers le monde entier avec seulement des décalages horaires. Il est donc impérieux que les musulmans apprennent les fondements de leur religion pour mettre fin à ce désordre.
Comment les musulmans doivent-ils se comporter lors des fêtes islamiques ?
La fête en Islam est une occasion de reconnaissance à Allah et de réjouissance. Qu’il s’agisse de la fête de Ramadan ou de l’Aïd el adha, les musulmans doivent se soutenir mutuellement, se demander pardon et surtout assister les plus démunis et les nécessiteux de parmi eux. Pour le Ramadan, nous devons donner nos zakats fitr aux pauvres afin qu’ils puissent être heureux comme nous le jour de la fête. Il en est de même pour l’Aïd el adha, où le tiers de la bête immolée leur est destiné. Pendant les fêtes nous devons aussi assister les vieilles personnes, les détenus, les malades et rendre visites à nos morts afin de prier pour eux.
Ce qu’il faut par contre éviter, c’est de transformer nos enfants en potentiels mendiants en les laissant déambuler à travers nos rues sous le prétexte que nous sommes en fête. Il faut correctement habiller nos filles, pour ne pas qu’elles fassent l’objet de convoitise. Il faut enfin empêcher nos femmes d’organiser des danses sur les places publiques.
Quels conseils prodiguez-vous aux musulmans à la veille de la fête de l’Aïd el Adha ?
Il faut avoir à l’esprit que cette fête n’est qu’un rappel de l’œuvre d’Abraham. On ne peut prétendre être un vrai musulman sans un don de sa personne à Allah. Il faut aimer Dieu plus que sa personne, et plus que sa famille. A l’image d’Ismaël, il faut être prêt à mourir pour la cause d’Allah. A l’image d’Abraham, prêt à tuer pour Allah. Voici le sens de cette fête. L’essentiel n’est pas d’immoler un mouton quand nous-même nous refusons d’exécuter les injonctions divines en nous rebellant à la loi de Dieu. Autant l’animal vit sans loi, autant nous devenons nous mêmes des moutons si nous refusons d’appliquer la loi de Dieu. C’est donc comme si des moutons égorgeaient d’autres moutons. Il faut donc tourner le dos au monde matériel et sacrifier tout son être pour la cause d’Allah. En définitive, les hommes doivent être comme Abraham, les femmes comme Agar, et les enfants comme Ismaël.
Interview réalisée par ABOU TRAORE